CE JOUR 03/01/22
j'attaque une nouvelle version de ODYSSEUS qui s'intitule les
Brouillons d'Odysseus .
02/09/21Correction
nouvelle version d'Odysseus établie après la correction réalisée
par Clément début septembre 2021.
LES BROUILLONS
D'ODYSSEUS
LIVRE
I
ODYSSEUS
Autofiction
TOME
I
Livre 1
Les
Éditions Inconnues
J
ODYSSEUS
Autofiction
TOME
I
Livre
1
Le
rivage
Avis au
lecteur
Eu
égard au fait que souvent mes pas m'égarent, et pour compléter mon
dessein de n'être que librement moi-même dans toutes circonstances,
j’ai tenu à restituer ce tapuscrit Odysseus
exactement dans l'état où me la laissé mon alter ego J. On ne sera
pas étonné, par conséquent, à la lecture de ce manuscrit d'y
trouver des brouillons et des parties inachevées ; j'ai cru
comprendre pour ma part qu'elles appartenaient à cette autofiction
et qu'il n'y avait à priori nulle raison de les en soustraire.
LES
ÉCRITS*
(Ancienne
page de garde des écrits)
J
Premier
Opuscule
PREMIÈRE PARTIE
-
UN PEINTRE DÉBUTANT, UN ÉCRIVAIN IMAGINAIRE -
PRÉFACE
J'étais
un écrivain imaginaire. J'avais beaucoup écrit jusqu'ici, mais
n'avais jamais rien montré. C'est normal, j'étais plutôt un
peintre
et l'idée d'apparaître comme
écrivain était toujours restée chez moi du domaine du fantasme .La
somme considérable de brouillons que j'avais laissé derrière moi
était effrayante Je devais réduire tout ça. Les textes que
j'avais écrit étaient pour la plupart des textes autobiographiques
.C'est un fait, j'ai tenté pendant de nombreuses années de raconter
l'histoire de ma vie; je raturais, je me reprenais ,j'inventais des
parties de mon passé ; j'écrivais dans des registres très
divers. J'inventais souvent à chaque fois un nouveau nom d'auteur car
je n'étais jamais certain du mien . Écrire était pour moi une
délectation et une souffrance. Devenir le raconteur de ma vie, cela
avait quelque chose d'exaltant mais de pénible et d'assez compliqué
vu que souvent je me perdais dans mes récits. Mes récits étaient
contenus dans des textes anciens que j'avais rassemblé sous des
titres divers; mais celui qui prédominait; c'était celui que j'avais
intitulé -LES ECRITS -En me relisant
je trouvais parfois dans mes
brouillons des passages de prose qui m'avaient été inspiré par
les écrivains que j'admirais ;ces écrivains m'avaient insufflé
leur foi, leur passion. Et une petite part de leur génie .J'avais
continué à écrire ,mais j'avais renoncé à devenir
écrivain, j'avais décidé de m’engager dans la peinture; je pensais
depuis longtemps que c'était la ma véritable voie .J'avais du
franchir beaucoup d'obstacles avant d'y arriver ,mais j'avais
persisté et finalement j'étais devenu peintre. Comme je n'étais
certain de rien concernant mes écrits, il me semblait que j'avais
engendré un monstre informe .Lors d'un voyage (en Chine), alors que
la peinture stagnait ; le désir de relire mes brouillons me
prit .En me relisant ,je suis tombé sous l'emprise d'une
hallucination ,je voyais apparaître dans mes écrits les fastes –
D'un roman
de l'écriture- que j'avais laissé à
l'abandon. C'était -Les Ecrits-J 'avais au moins deux mille pages de brouillon dans les mains ;ces
brouillons ,c'étaient les variantes autobiographiques de ma vie
transformées en roman. J'ai réalisé ,que l'écriture
;cette activité que j'avais pris
pour une activité secondaire ,était devenue pour moi une activité
plus qu'essentielle. Je voulais appréhender à travers elle -
l'essence de ma vie. Un être héroïque
marchait à mes côtés dans un grand océan de lumière et de papier
(les Écrits) il cherchait son chemin ;c'était un être
insaisissable ; un être imaginaire surgit d'un rêve. Les brouillons
d'Odysseus, c'étaient sa propre version de ma vie; elle ressemblait
en beaucoup d'endroits à un songe dans lequel je m'étais perdu.
24/12/21
UNE
DEUXIEME VERSION DE LA PREFACE
J'étais
un écrivain imaginaire. J'avais beaucoup écrit jusqu'ici, mais
n'avais jamais rien montré. C'est normal, j'étais plutôt un
peintre et l'idée d'apparaître comme écrivain était toujours
restée chez moi du domaine du fantasme. Je m'étais même fabriqué
un nom d'auteur, J, pour ne pas apparaître sous mon vrai nom.Je
voulais surtout rendre justice à mon passé d'écrivain
imaginaire.La somme considérable de brouillons que j'avais laissé
derrière moi ,m'invitait dans un premier mouvement à renoncer à
ce projet;mais des rêveries lointaines en provenance de mon
adolescence me relançaient dans cette folie. La quantité
considérable d'écrits retrouvés dans la caverne de mon ordinateur
me fît blêmir. Il y avait là un tel fatras de choses à décrypter
que j'ai failli abandonner . Je devais réduire tout ça.Les
textes que j'avais écrit étaient des textes autobiographiques
souvent défaillants .J'ai tenté pendant de nombreuses années de
raconter l'histoire de ma vie;j'avais du mal d'y arriver; je
raturais ; j'écrivais dans des registres très divers.Je
m'inventais à chaque fois un nouveau nom d'auteur. Écrire ranimait
en moi des émotions enfouies. Devenir le raconteur de ma vie,cela
avait quelque chose d'exaltant mais d'assez compliqué .Mes récits
me paraissaient peu digne des grands écrivains que j'admirais dans
mon adolescence .J'ai souvent cherché à leur ressembler sans succès
. Je les copiaient ; j'ai trouvé dans le fatras de mes écrits
quelques passage de prose sublime qui m'avaient été inspiré par
eux ;ces écrivains m'avaient insufflé leur foi, leur passion.,et
une petite part de leur génie. J'ai pourtant renoncé à devenir
écrivain; quelque chose me freinait. J'avais décidé de m’engager
dans la peinture;c'était la que se tenait ma voie.J'avais du
franchir beaucoup d'obstacles ,mais j'avais persisté et j'étais
devenu peintre.Comme je n'étais certain de rien concernant mes
écrits, je les avaient mis de côté,j'étais découragé. C'est
lors d'un voyage (en Chine), alors que la peinture stagnait, que le
projet insensé de relire mes brouillons ma pris.J'ai cru sous
l'effet d'une emprise passagère, voir apparaître dans ces écrits
dispersés – Un
roman
de l'écriture-.Je
voyais quelqu'un qui cherchait à se frayer un chemin à travers une
mémoire qui semblait défaillante. Ce quelqu'un c'était moi;j'avais
du mal à émerger .J'avais au moins deux mille pages de brouillon
dans les mains ;c'étaient hallucinant;ces brouillons ,c'étaient
les variantes autobiographiques de ma vie transformées en roman.
J'avais appelé ça
- Les
Écrits-
c'étaient une partie de ma mémoire métaphysique qui reposait là.En
me relisant,j'ai soudain réalisé ,que l'écriture ;cette activité
que j'avais pris pour une activité secondaire ,était devenue une
activité essentielle pour moi .Lorsque j'écrivais un être héroïque
marchait à mes côtés ,j'avais rêvé de lui ,depuis ma tendre
enfance,il marchait au milieu de mes manuscrits dans un grand océan
de lumière il symbolisait mon désir d'élévation...,Lorsque cet
être intemporel à surgit ;j'ai compris que c'était lui que
j'attendais;c'était le héros que je poursuivais dans mes rêves
étant enfant . A cet instant je l'ai vu distinctement ,encadré
par mes songes
,il
marchait dans mes écrits;il s'appelait Odysseus
il me livrait sa propre vision du monde ,sur mon passé;elle
ressemblait à celle d'un rêve que j'avais fait,un rêve
fou,inaccessible .
24/12/21
ODYSSEUS
Que
celui qui m'accuse de lenteur regarde bien dans notre époque. S’il
s’assoit deux minutes pour examiner avec soin les folies qui nous
bercent, il conviendra que la lenteur a du bon, car il trouvera à me
lire avec lenteur la satisfaction de trouver un individu pas moins
perturbé que celui qu'il porte en lui.
Avis
au lecteur
Première
version des Écrits
2001, réactualisée en 2020 :
Si tu
as eu l'imprudence d'ouvrir ce livre, ami lecteur, ne sois pas étonné
de la façon dont il va s'ordonner. Je suis un écrivain abandonné
et sans expérience, les chapitres que tu t'apprêtes à lire sont
totalement improvisés, je viens juste de rédiger celui-ci. À
l'instant. Nous sommes le 17 octobre 2001, il est 21 heures. Je suis
en train de mettre en scène la trame de lecture du puissant
chef-d’œuvre que j'appelle Mes
Mémoires, que
j'ai voulu appeler à d'autres époques Les
Écrits et qui s'intitule à présent
Odysseus. Ce livre met en scène ma vie
à travers le fatras de mes anciens souvenirs et de mes vieux écrits.
La première partie de mon mémoire retrace ma vie depuis l'âge de
quatorze ans et continuera bon gré mal gré jusque l'âge de trente
ans. Mais je ne suis pas sûr de respecter cet ordre. J'ai choisi
d'écrire le plus souvent au débouté, en faisant des incursions
dans des parties de ma vie qui sautent gaillardement toutes les
époques sans m'occuper de la chronologie.
Note datée
du 16 octobre 2001 :
ODYSSEUS
« Je ne
savais pas où j'allais, mais j'allais. J'avais décidé de procéder
ainsi, rien n'était prédéterminé dans ma démarche, je
construisais au jour le jour "mon grand œuvre" (façon de
parler). Je la construisais un peu en aveugle, presque en somnambule,
beaucoup en improvisant. J'étais incertain des résultats. J'avais
du mal à me représenter son corps en entier ; c'est pourquoi je me
demandais dans quelle galère je m'étais embarqué en voulant
raconter ma vie ».
Première
version des Écrits,(2001), révisée en 2020
-
UN PEINTRE DÉBUTANT, UN ÉCRIVAIN IMAGINAIRE -
La
photo de moi en uniforme militaire que j'avais placée en page de
garde de la première version des Écrits et qui figure à présent à
la fin de ce premier livre ; annonce une période où j'écrivais
surtout des pièces de théâtre. L'essentiel de mes activités de
création entre dix-huit et vingt-cinq ans (essais, esquisses
littéraires, ou projets pour des pièces de théâtre) se trouvait
depuis rassemblée dans des cartons que j'avais abandonnés et qui je
traînais derrière moi .C'est lors de mon départ précipité de mon
pied-à-terre des bords de Seine où j'avais trouvé refuge, à la
fin des années 90 que je me suis décidé à en éliminer une
partie. J'avais quarante huit ans .J'abritais dans cet espace
alternatif (depuis quelques années) une vie de peintre dans les
marges ;le lieu était menacé de disparition. J'avais décidé
d'abandonner derrière moi les restes de ma vie d'écrivain
fictif,fictif,car je n'avais jamais rien publié . Si j'avais eu en
tête à ce moment mon projet autobiographique, j'aurais peut-être
tenté de sauver plus de documents. Ces documents touchaient à une
période de ma vie qui n'avait rien donné .Mon périple littéraire
était réduit à une peau de chagrin.Comme j'étais sentimental,
j'avais quand même gardé quelques archives ;entre autres, une
photo de ma main en train d'écrire, prise par un ami. À l'époque
où cette main a été prise en photo, je m'exerçais
consciencieusement à écrire. J'avais seulement quinze ans ;je
travaillais depuis peu dans une usine textile .J'avais vaguement
l'idée de devenir écrivain ,mais c'était juste un fantasme ;ma
grande ambition c'était surtout de devenir peintre.J'étais doué
pour le dessin et la peinture .Je m'étais inscrit à des cours par
correspondance je voulais me perfectionner.Quelques années plus
tard vers mes dix sept ans ,je me suis réveillé avec l'idée de
devenir dramaturge.Je voulais toujours devenir peintre mais
l'admiration que je portais pour Tête D'or, (le héros d'une pièce
écrite par Claudel),m'invita à écrire des pièces de théâtre.Je
vénérais cette pièce elle traduisait mon penchant pour les
actions héroïques et pour les êtres aux destins sublimes. J'ai
échoué à écrire ma première réplique de Tête d'Or,je ne
maîtrisais pas les codes dramaturgiques..Six ans plus tard ,je
travaillais toujours dans une usine textile .je peignais rarement;je
venais d'accomplir mon service militaire ,je venais d'écrire ma
première pièce de théâtre -le journal d'un fou en campagne- je
croyais dur comme fer que ma vocation c'était de devenir
dramaturge ;j'étais très prolifique .J'entassais mes
projets dans des cartons ;mais je parvenais rarement à les finir;;je
prenais beaucoup de plaisir à écrire . C'était ces chefs-d’œuvre
que j'avais décidé de faire disparaître. Nous étions dans la
deuxième période des années 90, j'allais sur mes 48 ans. ,je ne
me voyais plus en dramaturge,j'étais devenu un peintre à part
entière.
ODYSSEUS
Je m'étais
jeté dans la peinture vers mes quinze,dés ma sortie de
l 'école;c'était après ma rentrée à l'usine. C'était une
véritable échappatoire.Je prenais beaucoup de plaisir à peindre.
Je passais une partie de mes journées en dehors du travail à
sillonner la campagne;je m’exerçais à peindre d'après nature
comme me le conseillaient mes cours par correspondance. J'étais un
peintre d'instinct;je ne concevais pas de faire autre chose .
ODYSSEUS
ECRIRE
C'est
probablement après m'être vautré dans les chefs-d'œuvre de la
littérature française que le désir d'écrire ma envahit.Je me
souvenais que j'avais rédigé de bonnes rédactions à l'école
,mais j'avais surtout conservé le souvenir déplaisant des
nombreuses fautes d'orthographe que je faisais en rédigeant mes
rédactions. Devenir écrivain, c'était je crois un rêve ,mais
surtout un travail harassant Je m'identifiais avec les écrivains que
j'admirais .Je n'imaginais pas devenir une gloire littéraire ;écrire
,c'était une épreuve abominable,jouissive et terrifiante;devenir
écrivain;c'était hors de question.
ODYSSEUS
SUITE
Lorsque
je me suis décidé à brûler mes anciens projets en théâtre ,la
peinture m'absorbait totalement.J'avais changé de vie depuis bien
longtemps ,oublié mon travail adolescent à l'usine ,j'étais
devenu étudiant en théâtre;je vivais à Paris . Un jour j'avais
rompu avec le théâtre,j'avais décidé de devenir peintre. Je
vivais une vie compliquée ; j'avais rejoins le groupe art-cloche,un
groupe d'artistes alternatif .Nous avions réussi à nous propulser
dans l’arène médiatique des années 80 Sur le nouveau lieu ou
j'habitais à présent,un lieu en friche situé en bords de Seine
,j'avais construit un atelier ,je commençais à prendre un peu plus
de distance avec ma vie d'avant.J'avais l'impression que la partie
de ma vie la plus héroïque;celle avec le groupe art-cloche était
derrière moi.Je voulais m'abandonner à la peinture ,dans un esprit
détaché des contraintes commerciales.L'époque glorieuse de la
médiatisation artistique à outrance commençait pas prendre
fin,c'était le moment d'en profiter pour dériver,hors des sentiers
battus Nous étions au début des années 90 .Mes explorations
artistiques utopiques du début des années 80 avec les
Transmigrationistes me revenait en tête;à l'époque je me sentais
le continuateurs des folies dadaïstes ,et surréaliste;j'aimais
Daumal et les disciples du grand jeu ,Duchamps et toute la clique
,des artistes utopistes des années soixante dix m'avaient fait
rêver,je marchais dans leur sillage .J'étais gonflé à bloc
,j'annonçais dans mes manifestes ,qu'une révolution poétique
allait bientôt surgir .Mes discours se nourrissaient d'une vision
métaphysique imprégné par des réminiscences de mes visions
psychédéliques.Je
m'inventais des scénarios pour nager dans l'univers de la nouvelle
civilisation cosmique qui allait émerger Je faisais partie des
rêveurs radicaux qui croyaient au génie humain et à la
transmutation de l'humanité;je voyais la terre comme une sorte de
grande base spatiale intemporelle.- Certaines
frontière,certaines limites certains territoires; sont en train de
basculer.la conscience du monde est en train de changer-.
Voila ce que j'écrivais dans mes manifestes.C'est pourquoi je
m'étais de nouveau abandonné à mes rêves utopiques les plus
fous.Le lieu en friche sur lequel je vivais ,m'invitait à naviguer
hors champs .Je voulais dériver sans contraintes et explorer les
mondes souterrains qui faisaient partie de ma folie ordinaire.
J’étais Odysseus à ma façon ,même si
je n'avais pas encore idée de qui était Odysseus.
ODYSSEUS
Un
autre petit bout de mon histoire
Vers l'âge
de vingt quatre ,j'avais réussi à m'extirper du milieu dans lequel
je vivais.,j'étais parti à Paris, pour y poursuivre des études de
théâtre. J'avais trouvé là un moyen pour prolonger la vie du
dramaturge que je croyais ,être à ce moment .J'avais rejoins une
université crée par des intellectuels de gauche après mai 68 .ils
voulaient démocratiser le savoir .Je vivais dans un rêve; je
voyais un nouveau monde s'ouvrir devant moi;il ressemblait à
l’Amérique des campus que j'avais pu observer de loin à la
télévision .Les cours de théâtre se passaient sur les pelouses ou
dans des salles dépourvus de sièges,c'était la nouvelle manière
d'aborder le théâtre;je trouvais cette façon de faire
originales ;j'étais content de faire partie de cette folie ;les
professeurs étaient sympas,les cours étaient décontractés;cette
nouvelle vie à moitié géniale à moitié superficielle me
plaisait;cette société qui s'inventait ses propres règles et des
savoirs alternatifs;ça me changeais des durs plaisirs de l'usine.
Le soir en
marchant sur les boulevards à paris ,je devais sortir de mon rêve
pour affronter la réalité;je marchais sur des trottoirs sombres
,dans des rues qui n'en finissaient jamais de s'étirer ,je rentrais
dans l'anonymat d'un monde triste,dans une ville somptueuse que nous
enviaient le monde entier,mais que je trouvais hostile.Je marchais
souvent à pieds car j'aimais la marche.Ma vie à Paris c’était
ça des marches dans la nuit,et des soirées passées dans un espace
étroit planqué sous des escaliers dans un meublé du 11ème ;
j'avais dû me loger à bas prix,j'avais l'impression d''être
devenu un paria et je devais lutter contre la solitude . Cette ville
m’impressionnait.en la traversant de long en large ,en plein jour
,je me rendais compte de son exceptionnelle beauté Je passais à
présent beaucoup de mon temps libre à l'explorer,j'étais
désargenté mais je jouissais de l'attrait prestigieux qu'elle
offrait .Je sillonnais ses rues au hasard .Entre temps je m'étais
fait des amis;cette ville me paraissait moins étrangère. En me
promenant dans les rues ,quand je voyais des êtres errants les yeux
hagards qui quémandaient leur pitance;j'imaginais voir Henri Miller
mon écrivain fétiche d'alors en train de faire la manche ; je me
souvenais de l'avoir admiré pour ça ;mais je ne parvenais pas même
en imagination à vivre une expérience similaire.J'étais protégé
par mon statut d'étudiant Je pouvais imaginer que j'allais faire
une carrière théâtre,car je venais seulement de rentrer à la fac.
Au bout de
deux années passées dans le maelstrom utopiques de la fac post
soixante-huitarde,je commençais pas être un peu moins enthousiaste
.L'exaltation que j'avais eut au début pour ma vie toute neuve
d'étudiant s'estompa; une sorte de lassitude s'empara de moi;
;j'avais l'impression de faire du surplace.J'avais pourtant décidé
de rester dans le giron de la fac;je m'étais habitué à ce havre
temporaire de sécurité;rester étudiant;c'était vivre sous la
protection éphémère de mes diplômes universitaire;en demeurant
étudiant j'avais une identité propre;je faisais partie d'une élite
sociale potentielle;surtout,j'avais un numéro de sécurité sociale
et une carte d'étudiant qui me permettait de manger des repas à
des prix abordables dans les cantines universitaires.Ma passion pour
le théâtre ne s'était pas complètement envolée ,j'écrivais
toujours des pièces;mais j'avais un peu perdu la foi ,ces pièces
d'ailleurs n'aboutissaient jamais à des publication ou encore moins
à des réalisations;j'étais toujours une sorte d'écrivain
imaginaire;je me disais pour me défendre que ce n'étais pas mieux
d'être un pur artiste errant célèbre comme Henry Miller (qui
devait faire la manche, pour survivre);qu'être étudiant perdu dans
une ville mirage comme Paris.Je trouvais mon sort misérable,mais je
me trouvais des circonstances atténuantes vu que je n'avais pas
encore terminé mes errances héroïques dans cette vie.
Ce qui
devait arriver arriva;au bout de deux années passées à la fac ;je
me suis affaissé .Je me suis affaissé d'un seul coup . J'avais
l'impression d'être tombé dans un puits . En rentrant à la fac
,javais réalisé un rêve ,mais ce rêve s'était effondré.
Mes errances dans les lieux réputés
de la culture théâtrale parisienne, mon désir de réussite,mes
ambitions théâtrales prenaient soudain la forme d'un cauchemar,pire
d'un rêve inaccessible.J'avais renoncé a faire une carrière de
dramaturge.Le désenchantement m'avait pris ,sans même que je sache
pourquoi il était là..Une nuit plus déprimante que d'autres
,j'avais plié l'échine je m'étais retrouvé sur le sol terrorisé
;j'avais aperçu à l'intérieur de ma tête un trou noir énorme
.À mon désir flamboyant, de vaincre s'était substituée les
vision terrifiante de mon impuissance à affronter le monde.Je
contemplais ma vie avec l’œil d'un naufragé.Je ramais pour essayé
de m'extraire de cette vision horrible Il me semblait que mes
énergies se délitaient et se rétrécissaient. Je n'étais qu'une
infime parcelle de la poussière du monde.Ma vie glorieuse me
lâchait.Je devais me reprendre si je ne voulais pas couler.
Heureusement j'avais une muse;elle était comme moi étudiante en
théâtre;nous partagions les mêmes galères et les même folies
mégalomaniaques;elle rêvait d'être actrice comme moi je rêvais
d'être dramaturge.J'avais été son amant ,après un accident de
voiture;elle avait un corps sensuel que j’aimais caresser;elle
avait l'esprit vif ,de beaux seins elle était dynamique ,et
passionnée ,elle fumait de l'herbe ,elle se prenait aussi parfois
pour une pasionaria .Nous étions diplômé;mais nos diplômes ne
servaient à rien;J'étais à la recherche de mon identité ;j'étais
aussi repris par des folies littéraires.Avec ma muse nous
effectuions des jobs divers pour qui assurer notre survie.Elle
aimait faire l'amour dans les trains lorsque nous étions
enquêteur;moi j'étais rentré dans ma période d'errance;elle
allait durer au moins deux ans. .
SUITE
Elle
avait plus que moi le désir d'en découdre avec la vie ,elle était
un peu plus jeune et avait besoin de s'affirmer.Sa vie était à
l'opposé de la mienne;elle venait d'une famille d’artisans
entrepreneurs . Elle aimait et admirait passionnément son père qui
était armurier.Son père avait dans l'idée de transmettre à ses
fils le relais de l'entreprise familiale;sa sœur et elle avaient
été reléguées au second rang.Elles s'étaient révoltées chacune
à leurs façon .Sa sœur était partie en Afrique ,elle à
l'université pour y faire du théâtre .J'étais pour ma part
accroché à la seule chose que j'étais capable de faire;j'écrivais
;j'étais obsédé par la création d'une œuvre intemporelle.
J’écrivais Une théorie des
Récits.une intuition ,m'avait fait
imaginer que c'était là que se tenait le nœud de
l'existence ;toute ma vie d'écrivain imaginaire tenait dans
cette théorie.J'avais cru déceler dans cette théorie l'origine
métaphysique de tous mes conflits
Je
continuais à peindre ,des choses qu’aujourd’hui,je ne pourrais
plus peindre ,car elles étaient trop proches de la peinture sociale
.La peinture brut et primitive qui sommeillait en moi, à émergée
d'un seul coup d'une façon brutale .C'est le choc de mon histoire
d'amour avec E... qui en a été le détonateur .Notre relation s'est
désintégrée d'un seul coup. Je suis tombé dans les abîmes. Je
marchais sur un fil,et le fil qui me soutenait c'est rompu .J'ai été
aspiré par l'abîme. C'est la peinture;qui ma sauvée ;elle
produisait en moi des effets réparateurs ;lorsque je peignais je
retrouvais goût à la vie;mes peintures devenaient des icônes
flamboyantes. J'ai peins de nombreuses fresques sur papier durant
cette période; leur caractère extrêmement brut et spontané me
rappelle malgré leur extrême simplicité que la peinture ma
sauvée des eaux La peinture ,me permettait de marcher
au dessus des abîmes ;j'avais de nouveau l’œil fixé sur le
ciel.
ODYSSEUS
Ma vie
dans les années 90
Je
vivais dans un atelier que j'avais construit de mes propres
mains;j'avais franchis les épreuves que la vie impose aux être
assez fou pour faire une carrière artistique dans un monde dominé
par la compétition.
.Dans mon nouvel atelier ,j'ai écrit
en arrivant un texte La quête
immobile,ou je résumais mes dix
premières années de vie dans la peinture . En relisant ce
texte ,mes visions délirantes d'antan me reviennent à
l'esprit.Le texte dont je parle,celui de la quête immobile à été
écrit par un fou;ce fou c'était moi à l'âge de quarante ans .Le
texte de la quête immobile me donne l'occasion de revoir les
guerres secrètes qui m'assiégeaient l’esprit. J'avais sous titré
mon mon mémoire -les
écrits d'un peintre égaré dans la splendeur du temps. .Ce
mémoire contenait un
lyrisme prophétique qui m’énerve à présent .Je croyais à une
époque que ce lyrisme reflétait les beautés sauvages de mon âme
,je crois à présent qu'il en montre surtout les fêlures. Ce texte
m’a servi de point de repère pendant plusieurs années ;il
décrivait assez justement la cartographie de mes vies
dérivantes,ils montrait ce que j'appelle aujourd'hui mes fêlures
;il montrait surtout le cheminement d'une pensée en quête d'absolu
.Ce n'était d'ailleurs pas un texte limpide ,c'était un texte
besogneux; le Graal mythique et mystique qui me rongeait était à
l’œuvre dans mon mémoire;il montrait de l'intérieur ce qu'était
devenue ma vie dérivante à l'âge quarante ans. Odysseus,ce fou
,cet illuminé me taraudait toujours ;alors que j'aurais dût
être sage je devenais de plus en plus déraisonnable.
PAYSAGE
Le
lieu sur lequel je m'étais installé était dans mon esprit autant
un lieu d'utopie qu'un lieu d'affrontement . Des guerres secrètes se
tramaient dans la tête des individus qui étaient venus s'installer
dans cet endroit situé hors du temps .Je me voyais comme un
héros;je traversais les steppes noires de l'art urbain ( l'art
underground);j'étais un rêveur de mon époque . J'étais
quotidiennement envahi par des visions métaphysiques. Je voyageais
dans les espaces de mon imaginaire avec aisance.Comme je voyais
depuis la fenêtre de mon atelier une abbaye ; je croyais que je
vivais dans un nouveau moyen-âge;celui auquel va succéder une
renaissance.Je peignais souvent l'abbaye :en la contemplant
,j'étais envahit par des ondes de sérénité;c'est comme si
j'étais retombé dans une de mes ancienne vie qui se passait dans
une époque lointaine . Je voyais surgir à mes côtés des êtres
imaginaires;ils défilaient dans les airs sur la ligne d'horizon
lointaine ,et dans les arbres tout proches . La seine coulait devant
mes fenêtres ,la Seine m'apaisait ;j'aimais ce fleuve . Ses
flots charriaient dans ses remous des histoires qui m'incitaient à
la rêverie. Je regardais mon siècle,le XXème siècle finissant en
m'imaginant que j'étais devenu un être intemporel.La télévision
suspendue au-dessus de ma mezzanine,me ramenait brutalement dans mon
époque; je regardais avec un sentiment de joie d'effroi et de
désolation le monde qui s'agitait. Je ne pensais la plupart du temps
,qu'à mon plaisir de peindre,la peinture agitait toute ma vie.Mais
j'étais aussi poursuivi par une obsession;j'étais obsédé par la
recherche du Graal. En regardant dans le ciel; les oiseaux qui
volaient,je me demandais s'ils connaissaient la mystérieuse origine
de la vie;leurs vols azuréen m'invitait à la méditation ;le
fer rouillé et les sables rose que j'utilisais pour construire mes
œuvres,me renvoyait à l'origine intemporelle du monde;je
recherchais à atteindre le Graal par le biais d'une immersion dans
mes œuvres que je voulais intemporelles.Je nageais dans le bonheur
absolu et éphémère de la Création. ; je nageais dans la
béatitude.,d'autre fois je retombais les pieds sur terre avec une
furieuse envie de m'échapper de ce monde pour rejoindre une vie
spirituelle située hors d'espace et du temps .
ODYSSEUS
Moi,
Odysseus, j’ai déployé mes ailes avec émerveillement dans des
mondes assurément surnaturels .Mais une fois redescendu sur terre,
je devais me rendre à l'évidence : je n'étais qu'un simple
mortel.j'étais sujet à des variations d'humeur et à des maladies
comme tout le monde,je devais regarder mes fêlures en face ,avant de
m'embarquer vers d'autres chimères. Je tenais un journal de bords de
mes pérégrinations;cela dura jusqu'au moment fatidique où arrivé
vers la cinquantaine,je profitais de la naissance de mon fils pour me
relancer dans de nouveaux projets d'écriture .A ce moment ;
j'entendis de plus en plus
distinctement une voix qui disait dans mon dos : «
Tu dois devenir un autre ».Tu
dois te transformer ,te transcender ;tu dois regarder ta
vie enveloppée par le l’œil de feu tout puissant que contient
l'univers- .C'est ainsi c'est ta destinée,et tu dois
l’assumer!.Odysseus
que je croyais parti ,venait de ressurgir. .
ODYSSEUS
Un
ancien voyage
Okapoulkofou,
J'ai
retrouvé le manuscrit du
journal d'un fou en campagne que
j'avais écrit à
l'armée. Je me sentais à l'époque l'âme d'un dramaturge. -Le
journal d'un fou en campagne -.était
ma toute première pièce ,et j'en revendiquais encore la paternité.
En la retrouvant dans mon fourbi, j'avais redécouvert glissé au
milieu d'elle un manuscrit que je croyais perdu.Ce manuscrit ,
m'avait torturé l'esprit lorsque j'étais étudiant en théâtre.
C'était en fait un mémoire de maîtrise qui avait mal tourné .La
vie fantastique d'
Okapoulkofou.;c'était
son titre me renvoyais à un ancien délire..C'était un mémoire de
maîtrise ,mais j'avais voulu en faire un essai romanesque, c'était
en fait un simple délire littéraire. Le héros qui m'obsédait
s'appelait Okapoulkofou;il fouettait l'air à travers des obsessions
fougueuses. Il était né dans un cosmos imaginaire;le monde réel
lui échappait;ce cosmos imaginaire ,c'était le ventre de sa mère.
C'était déjà d'une certaine façon un sorte d' Odysseus avant
l'heure. le
portrait que j'avais fait d'Okapoulkofou
,ressemblait
étrangement à celui d'Odysseus.
J'ai
retrouvé dans mon fouillis , un
nu qui faisait partie des images que j'avais placé dans
,Okapoulkofou
je
constate avec étonnement que certaines images ,comme celle de cette
femme nue et les têtes qui l'accompagnaient faisait déjà partie de
mes obsessions;je crois que je suis toujours obsédé et fasciné par
l'antique origine de l'humanité qui se confond pour moi avec
l'univers de la féminité.
Un
nu prémonitoire
Okapoulkofou
UN
DELIRE ANCIEN
J'avais
tenté sous le coup d'une inspiration irrépressible de faire surgir,
une poétique nouvelle. Je voulais sonder ma créativité intérieure.
Je voulais appréhender ma vie à travers un espace symbolique
allégorique ;je voulais mettre à jour une espèce de poétique
. Okapoulkofou était un héros. dont les organes avaient été
dispersés dans le cosmos originel .Okapoulkofou racontait sa
naissance ,comme aujourd'hui Odysseus essaye de le faire
.Okapoulkofou racontait sa naissance à l'aide de chants entre
autre qui rappelaient ceux des aèdes antiques. Ses chants
témoignaient de son combat douloureux pour parvenir à naître .
Okapoulkofou décrivais ma vie à travers mes œuvres
naissantes;j'avais crée des peintures nouvelles , je jugeait à
l'époque que les miennes n'étaient pas assez nombreuses. J'avais
étalé mes essais dramaturgiques ils étaient assez abondants. ;
même s'ils n'étaient que des fragments, Je m'étais inventé des
écrits poétiques, .Okalpoulkofou cherchait à accoucher d'un être
imaginaire ,d'un être mythique.La peinture le théâtre ;et la
poésie était ses trois vecteurs .Je m'étais échiné durant des
mois à faire émerger cette chimère;hélas tous mes efforts pour me
hisser dans cette œuvre imaginaire avaient échoués ;j'avais
surestimé mes talents,je m'étais ramassé .Tout cela n'avait pas
fonctionné;je crois surtout que j'étais un néophyte dans l'art de
conter. Mon mémoire avait été repoussé . J'allais sur mes trente
ans. L'échec de cette tentative d'écriture m'avait profondément
abattu ;mais étant d'un naturel obstiné ,je n'avais pas renoncé
entièrement à l'idée de construire une œuvre mythique ;
d’ailleurs renoncer à écrire, je n'y arrivais pas;même si
j'écrivais mal ,je croyais toujours en mon génie.Dans l'espoir
qu'un jour la force me revienne pour me relancer dans mes chimères
,je tenais en attendant qu'elle survienne des journaux intimes ou je
relatais ma vie ordinaire.
ODYSSEUS
Le
mystère de l'origine
Je n'ai
jamais cessé d'interroger l'énigme de ma naissance. Mon père
n'avait jamais réussi à percer l'énigme de la sienne,il ne
semblait pas préoccupé par la question;comme j'aimais mon père
cela ne me préoccupait non plus .Pourtant l'énigme de ma
naissance a fini par me préoccuper .Le besoin de remonter aux
origines pour découvrir qui j'étais vraiment ,et devenu une
obsession presque à mon insu .Okapoulkofou était je crois un
concentré de cette obsession.Je cherchais à travers lui mon
véritable moi,celui qui était caché au sein du cosmos originel.Le
cosmos originel avait beaucoup de ressemblances avec le ventre de ma
mère;je spéculais sur les origines du roman familiale,j'étais à
la recherche d'une entité originelle qui me fuyait,car mon père
qui n'avais pas connu son véritable géniteur ,ne m'avait pas permis
de construire une histoire cohérente du passé;j'étais devenu
Okalpoulkofou par
la force des choses ,j'avais imaginé une histoire délirante qui
expliquait ce passé;j'avais peut être été un juif errant dans
une vie passé,où même un être fantastique ,car je me voyais
souvent avec des ailes dans le dos comme les anges ,j'étais peut
être issus d'un monde surnaturel,je recherchais mes origine dans une
légende qui ressemblait à un conte . Aujourd'hui ,je suis tenté
de croire ,que je recherchais le Graal (Une sorte de vie éternel)
mon obsession sur l'origine n'était qu'un prétexte pour dériver
vers des mondes inconnus qui ressemblaient au monde Idyllique et
mystérieux du ventre de ma mère. Je voulais peut être raconter
l'histoire qui me liait au ventre de maman mère;mais de cela même
je n'étais pas sûr.Je pouvais aussi bien me tromper.
ODYSSEUS
Car même
lorsque ma vie était remplie de bonheur, je continuais à errer à
la recherche d'une vérité un peu surnaturelle . Un être utopique
impersonnel collait à mes basques;il avait des exigences,il aspirait
à une vie supérieures . Aujourd'hui encore, mon obsession de
dépassement me harcèle encore ;même dans l'état de délabrement
psychologique dans lequel je me trouve,je suis aspiré par l' idée
qu'il existe un monde supérieur d'ordre intemporel .
ODYSSEUS
Mon
entreprise littéraire souterraine ma absorbée durant une grande
partie de ma vie.Elle a surtout commencé à prendre forme ,lorsque
l'idée m'est venue de mettre en forme mes brouillons anciens ,et
d'appeler ça -Les Ecrits- . J'ai
retrouvé le passage glorieux ou je m'interrogeais sur l'entreprise
hasardeuse que je venais d'entreprendre .
L'art
du soliloque
Un brouillon daté de
2001 :
Premier
soliloque sur les Écrits
J'ai
appris en relisant mes brouillons à considérer mes imperfections
comme
une tare, nécessaire!.J'aimerais
pouvoir écrire d'une seule traite sans ratures, mais je n'y arrive
pas; c'est pourquoi j'ai décidé de me mettre à aimer mes
brouillons bien qu'ils soient laids et imparfaits.Finalement ,je
crois bien que j'aime cet état d'imperfection .C'est comme si
j'étais un homme de ratures. En feuilletant mes brouillons,
j'apprends à devenir modeste, ce qui est strictement nécessaire
pour moi qui ai toujours tendance à me prendre pour un génie. Mes
ratures m'apprennent à me regarder en face ,elles me laissent croire
que demain je peu devenir plus vrai. J'ai espoir que demain surgira
un autre livre bien meilleur que celui que je m'efforce de mettre à
jour aujourd'hui ,demain je saurais sans doute mieux écrire.Mais ,
je me dis aussi que ce « bien écrire »n'est qu'une
illusion. Demain, je ne saurai pas mieux écrire qu'aujourd'hui.
Quelque chose m'échappera qui rendra la chose irréalisable .
D'autres clartés surgiront qui me ralentiront,d'autres détresses
viendront remettre en question mes certitudes sur la vie.Tout ce que
je croirai savoir en bien et en mal sur le monde ,tout cela
s'évanouira.
ODYSSEUS
J'avais
pensé hier en commençant la rédaction de mes écrits,que
j’appelais aussi Des
mémoires
improvisées
qu'une seule manière de voir était possible. J'avais caché en moi
un dessein très littéraire. Je voulais rendre ma vie beaucoup plus
exaltante, du moins plus sublime qu'elle n’était. Je pensais que
seule une transposition poétique de ma vie ; pouvait la rendre
plus vraie. La vérité brute importait finalement moins que la
vérité poétique. C'était une belle façon de voir,mais j'étais
incapable de mis tenir;j'étais trop indiscipliné trop imprévisible
pour m'inscrire dans un registre aussi précis. Mes textes filaient
dans toutes les directions,ils m'échappaient;c'est pourquoi je
pensais que j'étais vraiment nul dans l'art d'écrire.J'avais un
sens de l'esthétique qui était foncièrement anarchique, je
dérivais dans tous les sens .J''apercevais plus de laideur que de
beauté dans mes entreprises et je m'en désolais;mais dans le même
même temps, je trouvais à contempler mes brouillons une sublime
délectation.J'étais un être partagé.
Une page de
mes anciens écrits (Mes brouillons) pris au hasard.
Je
pouvais admirer à travers mes manuscrits,la trace mystérieusement
persistante de mes ratures et mes fascinations pour elles me
renvoyaient à un roman idéal qui s'écrivait dans les marges ;je
pouvais contempler à travers mes ratures un écrivain qui cherchait
sa voie à travers le ciel imaginaire de mes manuscrits.Je me disais
parfois « ces ratures, ce sont les plus vraies, les plus
authentiques parties de toi ! ».
Les autres parties de toi, celles que tu montre une fois corrigées
mentent. Elles ne montre que l'état artificiel de ta vie mis en
forme une fois corrigées ;elles te trahissent. Tes brouillons
parlent plus vrai, car ils disent mieux la vérité sur toi que tes
textes fini.Conserve tes brouillons, c’est les parties les plus
authentique de toi !.
ODYSSEUS
J'ai
fait hier une chose que je n'avais jamais pris le temps de faire,
concernant mes brouillons (Mes
Écrits) :
j'ai compté (en gros) le nombre de pages qu'ils pourraient contenir
si je me décidais à les mettre en forme d'une façon définitive.
J'ai vu se dresser en rêve treize volumes, qui étaient censés
contenir ma vie, et surtout mes mémoires. C'était un véritable
cauchemar! Je me demandais si je n'avais pas rêvé en regardant tout
ce que j'avais fixé bêtement sur le papier jusqu'ici.Conserver mes
brouillons c'était bien,mais les livrer tel quel à un futur lecteur
était une chose impossible à réaliser ,qui aurait le courage
d'absorber toute cette mélasse.
ODYSSEUS
Vingt
ans plus tard, j’avais envie de comprendre pourquoi l’envie de
coucher sur le papier cette monstrueuse saga littéraire à base de
brouillons m’est venue à l’esprit.Ma passions pour les
brouillons me venait ,je crois de mon adolescence.Je lisais
régulièrement un ouvrage qui me servait de référence ;cet
ouvrage - L'histoire illustrée de la
philosophie- m'avait conquis ;
j'apercevais dans mon livre. les pages d'écritures des écrivains et
des penseurs célèbres;elles étaient toutes raturées;elles
m'avaient immédiatement attirées;je n'avais eu qu'un envie en les
voyant c'était de faire pareil .Mon modèle d'écriture était une
écriture raturée .À l'époque, j'écrivais à la plume et
j'écrivais très mal. Je couchais sur le papier mes gribouillages
avec un sentiment de fierté absolu;je faisais des ratures;j'étais
d'une certaine façon légal des penseurs et des écrivains de
génie,j'étais comme eux. Je dissimulais aussi mon écriture pour
que maman ne puisse pas me lire,je voulais entre autre garder ma vie
secrète. .
DELIRES ADOLESCENTS
J'avais
aperçu entre temps (dans la même période) des sonnets de
Shakespeare, j'étais tombé pieds et poings liés dans son
admiration. J'étais grisé par ces sonnets que je lisais en anglais
à l'aide d'un dictionnaire. Mon anglais était un anglais bidouillé.
Je lisais sans comprendre le sens des mots. Heureusement, des
traductions me permettaient de me rapprocher de mon idole. Mon
obsession pour la langue anglaise me rendait malheureux, car le sens
des mots m'échappait. Avec mon admiration pour Shakespeare, je me
suis découvert une passion pour le théâtre. Je me suis inscrit
dans la troupe de théâtre amateur de ma paroisse. Je lisais tout ce
qui me passait sous la main concernant le théâtre. Shakespeare
avait exercé sur moi une telle fascination qu'il représentait un
idéal à atteindre. J'aurais bien aimé vivre à l'époque de
Shakespeare. Je n'avais pas encore l'ambition de devenir dramaturge.
Je lisais beaucoup, même durant mes heures de travail. J'étais
poursuivi par le besoin d'apprendre. Mes auteurs préférés étaient
Montaigne, Chateaubriand, Artaud, Elie Faure et beaucoup d'autres
dont j'ai oublié les noms. Le travail à l'usine me donnait une
certaine indépendance, mais l'usine me déplaisait ; je n'étais
pas vraiment libre. C'était un lieu d'asservissement. Je m'étais
payé des cours de peinture par correspondance, puis j'ai fait la
même chose avec des cours d'apprentissage littéraire. À peine
sorti de l'usine, j'allais battre la campagne pour m'exercer à
peindre. Je m'exerçais à peindre d'après nature. J'étais agité
par mon génie naissant. Mon imagination me jouait des tours :
je ne me voyais pas tel que j'étais. Je me voyais disproportionné,
tantôt comme un futur génie, tantôt ballotté par des forces
contradictoires.,je me sentais humilié du fait de devoir travailler
Je voulais contempler la beauté à l'état pur. J'aurais voulu
accélérer le cours des choses qui n'allaient pas assez vite à mon
goût ,je voulais .créer une œuvre de titan une œuvre gigantesque,
être reconnu et montré du doigt comme un être d'exception,un
génie. À d'autres moments, paradoxalement je voulais devenir
anachorète ,je n'aspirais qu'à me retirer pour méditer dans un
lieu perdu au milieu du désert.Ce que j'aimais le plus, c'était
m'abandonner à mes rêveries;ma propension à me projeter hors de la
réalité me faisaient évoluer dans un monde presque surnaturel.
J'avais l'esprit attaché à des idées sublimes, je me voyais
évoluer dans des mondes raffinés et extraordinaires , je refusais
la banalité. On m'avait tellement seriné à l'école que j'étais
destiné à la médiocrité puisque à part le dessin je n'avais pas
de qualités;à part celle d'être un être banal ;que je ne désirais
rien de plus que me grandir . Mais je reportais ma consécration à
plus tard, je savais que je n'étais pas encore prêt pour réaliser
la grande destinée que je pressentais pour moi .Je savais que je
devais fabriquer moi-même la barque qui me propulserait dans une vie
héroïque ;ma barque attendait couchée sur le flanc.J'avais décidé
d'être un vainqueur,et de ne pas céder au découragement ;si
j'échouais dans cette vie je boirais la ciguë comme Socrate dont je
connaissais l'histoire.j'avais décidé de mourir en martyr. Quand je
sortais de mes spéculations et de mes rêveries ;je retrouvais
devant moi le mur froid de la réalité. Ce mur était en dur, conçu
pour résister aux coup de boutoir de ma propre volonté;plus je
m'obstinais à vouloir le fracasser plus il résistait ; mes
rêves de gloire et de reconnaissance s'effondraient, j'avais
immédiatement envie de mourir, je voulais disparaître six pieds
sous terre, faire en sorte qu'on ne me revit jamais ! J'étais sujet
à des bouleversements erratiques cyclothymiques?;je les croyaient
passager ,mais ils n'ont jamais ,cessé de me poursuivre ma vie
durant. C'est comme si la destinée avait fabriquée pour moi un
moule dans lequel j'étais rentrer de force et duquel j'avais du mal
de m'extraire.Pour m'en extraire je devais sans cesse lutter.
SENTIMENTS
Ma vie
à cette époque était contrastée ,j'étais joyeux ,triste et
révolté ;bien que pleine de promesses ma vie était surtout
peuplée d'incertitudes. La peinture était le seul oasis ou je
pouvais me réfugier . Lorsque je dessinais ou me m'étais à peindre
je devenais un autre ,je devenais instantanément joyeux et
optimiste. Je m’entraînais à peindre régulièrement et avec
ardeur,je savais qu'il fallait m'exercer beaucoup avant de devenir un
grand peintre. J'avais un démon qui se m'était en travers de ma
route,je voulais obtenir des formes
parfaites,comme j'en obtenais rarement je
me mettais à douter ;je devais me reprendre;cela me
ralentissais,j'étais furieux,mais cela m'obligeait à me surpasser.
Lorsque j'écrivais c'était une autre histoire ,c'était bien
pire; « mon génie spontané » ne pouvais pas
s'exercer ; j'étais toujours ralenti par une dose
invraisemblable de contrariétés, j'étais insatisfait, je
noircissais des pages qui laissaient voir mon talent naissant mais
mon talent s'effondrait aussitôt Mes écrits me semblaient
inconsistants ,énigmatiques et inquiétantes . Je les regardais
s'étaler sur la page avec un sentiment d'angoisse et de défaite ;de
temps en temps un retour d'orgueil me les faisait voir comme des
objets précieux.C'était mon narcissisme exacerbé ,qui me
trompait;je voyais dans mes ratures de grandes beautés.;j'y
décelais les marques de mon futur génie Cette façon d'écrire
imparfaite qui ne semblait mener à rien était devenue ma marque de
fabrique;c'était le signe que j'étais un mutant, un être
d'exception destiné à créer une révolution dans le monde de
l'écriture.Je rêvais régulièrement que j'étais un être
incompris un reprouvé;je me voyais en artiste maudit;je construisais
une œuvre qui ne serait déchiffrée que dans des temps futurs;je
savais que je serais jamais reconnu de mon vivant. Cette idée
romantique de ma destinée ne contrariait pas les feux de gloire
que j'aurais aimé recevoir de mon vivant. Pour moi la gloire était
un sentiment fabrique par mon imagination;c'est pourquoi je pouvais
me satisfaire d'une gloire posthume Cette imagerie glorieuse et
dramatique de ma destinée ma toujours collée ;elle me susurrait à
l'oreille des choses invraisemblables du genre : « Ne cède pas
! Tu travailles hors du temps,pour toi les jours les années ,les
siècles ne comptent pas ,tu es un héros intemporel ! ».
Je suis hanté régulièrement par cette voix ,elle me vient, d'une
folie que je porte en moi .J'éprouve une sensations de plénitude et
de griserie, à recueillir ces délires et admonestations.De temps en
temps je les étalent au grand jour ,pour monter mon héroïsme et
surtout mon inadaptation à ce monde ; moi Odysseus je suis un génie
mais aussi une monstruosité de la nature.
ODYSSEUS
Hier
,j'étais persuadé que de mes ratures sortiraient demain une œuvre
intemporelle. L’idée précoce que mes ratures contenaient
potentiellement une partie de mon génie est restée gravée dans ma
mémoire. Cette idée que j'étais un être à part m’a poursuivi
toute ma vie durant sans jamais faiblir. Elle a persisté et persiste
encore à imprimer ma psyché d'une façon régulière,elle me
poursuit sans que je puisse la chasser de mon esprit. Cette passion
pour mon individualité en rupture avec le monde banalisé m’a
amené à partir vers l'âge de vingt-quatre ans pour Paris;je
voulais poursuivre une vie héroïque de dramaturge que j'avais
esquissé quelques années auparavant en écrivant des pièces
avant-gardistes. Je me suis retrouvé quelques années tard ,plongé
dans le milieu étudiant;puis jeté dans une vie parallèle qui
m'était tombé sur la tête sans presque crier gare.Ma destinée
avait virée,je m'étais retrouvé dans la peau d'un autre moi;cet
autre moi s'était mis mis dans l'idée de crée un mouvement d'art
intemporel .J'étais devenu un artiste dans les marges ,qui vivait
ses délires au cœur Paris;j'étais devenu un héros du nouveau
Bateau Lavoir ,qui avait implanté son campement au cœur de la
société matérialiste des années quatre vingt.Des années était
passées ,et j'avais écris pour me souvenir de ces folles années
une fiction poétique que j'ai intitulé - La
Folle Légende- .Dedans
j'avais retrouvé Bel Astre, mon
alter ego ,il décrivait avec emphase et lyrisme l'époque ou il
était devenu un artiste amoureux la rose d'or.
LA
FOLLE LEGENDE
Dans
le premier livre, de la Folle Légende,que j'avais rédigé ,j'avais
montré la vie tourmentée de Bel-Astre,(héros de cette épopée).Son
histoire avait commencée dans les années soixante dix sur une
maison violette (un squat ); il vivait là en compagnie de Désir qui
deviendra l’héroïne clés de cette épopée .Dans le second livre
,,après moult aventures ,Bel Astre ,voit apparaître la base
céleste qui accueillera les aventuriers de la confrérie
d’art-cloche,tous membres rose d'or; la scène se passe au début
des années 80.Il faut se remettre dans le bains littéraire de
cette saga pour en apprécier le style ,qui est légèrement
flamboyant.
LA
FOLLE LEGENDE (Livre II)
MONTRER
LA COUVERTURE
Apparition
de la base Art-Cloche.
Chapitre I
Année
1981 Paris . Visite de Bel-Astre à Raie d'or et à Splendeur (ses
amis) . Vision de Bel Astre qui aperçoit une cloche d'or rayonnante.
Il aperçoit à l'entrée du squat Manteau d'Or, celui qu'on appelle
aussi Foudre d'Or à cause de sa voix tonitruante . Il aperçoit
comme dans un rêve les feux qu'il allume pour faire fondre les
métaux précieux qu'il récupère et vendra à prix d'or sur le
marché de la ferraille de Paris l'immense mégapole.
Lorsque
Bel-Astre vint rendre visite à Splendeur, qui vivait dans le squat
ouvert par Raie d'Or et ses amis, il vît apparaître la base
alternative qui rayonnait de mille feux. Elle était lumineuse et
d'une beauté hors du commun. Il n'aperçut pas les vieilles bâtisses
et les déchets, les vitres et portes déglinguées, les sombres
couloirs et les fils électriques qui pendaient de partout, il ne vît
que la coque resplendissante d'un navire qui luisait d'or au milieu
des vieux immeubles parisiens et des tristes HLM qui l'entouraient.
Il vît surtout apparaître ce qu'il est convenu d'appeler un mirage,
un beau mirage d'où semblaient s'échapper des fumées d'or fin qui
montaient vers le ciel en volutes harmonieuses. Il vît le soleil
resplendir et former un sorte d'écrin majestueux autour de
l’illustre bâtiment. Il vît aussi surgir en lettres d'or écrit
haut sur le ciel ces mots venus d'ailleurs « ICI RÉSIDE LA
NICHE EN OR CÉLESTE DE LA NOUVELLE POÉSIE MODERNE ».
L'instant d'après, il vît apparaître une cloche d'or géante. Elle
émettait en tintant un son si particulier qu'il crût entendre
résonner plusieurs centaines d'autres cloches. À travers son
battement résonnait des cloches de balise, des cloches de houle, des
cloches de cheval, des cloches de chameau, des cloches de bois, des
cloches tibétaines, des cloches minuscules, toutes invisibles,
alignées en rang d’oignon. Elles tournaient, tournoyaient, en
émettant milles sons qui récitaient mille poèmes sonores en même
temps. Il aperçut comme dans un rêve des sonneurs alignés sur une
planche dorée qui poussaient et tiraient sur des cordes et faisaient
danser les célestes cloches et les carillons. Aussitôt que les sons
apparurent, il vît la céleste base qui s'ouvrît de l'intérieur
comme une fleur géante, et l'instant d'après, il vît surgir une
céleste rose. Elle resplendit, merveilleuse et virginale dans
l'azur. Il vît surgir de son cœur à peine ouvert un démon couvert
d'or et de noire fumée, un homme barbu couvert des haillons qui lui
servaient de manteau. Il ressemblait à être mi démon mi Dieu,
surgi des profondeurs d'un volcan. Il criait à pleins poumons en
émettant des sons épouvantables. On aurait cru un loir géant surgi
des entrailles de la terre. C'était un des clochards célestes qui
venait de faire son apparition. On l'appelait « Manteau d'or »
où parfois « Foudre d'or », à cause de sa terrible voix
qui résonnait comme un trompe accrochée sur un boomerang. Certains
l'appelaient « Pompon la ferraille », car c'était avant
tout un excellent et très grand ferrailleur. Il brûlait dans la
cour du céleste squat des pneus tout noirs devenus tous rouge de
feu. Une fumée noire épaisse montait au-dessus dans les airs, qui
devait effrayer tout le céleste voisinage. Lorsqu'il vît Bel-Astre,
il s'élança sur lui un grand bâton de fer et de feu à la main en
lui disant « Que viens-tu foutre chez moi, jeune merdeux ? ».
Bel-Astre recula et n'eut pas le temps de lui répondre, que déjà
le céleste personnage était parti ailleurs en marmonnant des
paroles indélicates. Il semblait parler à un autre que lui.
Bel-Astre resta immobile et contempla les lieux sordides autour. La
vision divine qu'il venait d'apercevoir s'était envolée, il n'y
avait plus devant lui qu'une sinistre baraque aux airs piteux et
misérables. Apparut subitement Raie d'Or. Il déboula sans crier
gare en emportant dans son sillage une nuée de poudre dorée
étincelante. Alors la sinistre baraque s'alluma de mille feux et
Bel-Astre vît que Raie d'or était beau. Avec ses longs cheveux
noirs, ceint dans un grand manteau qui lui couvrait tout le corps, il
resplendissait. Il ressemblait à un poète descendu d'un monde
surnaturel. « À ce que je vois, tu as été reçu par le
comité d’accueil de la maison » lui dit son ami en
plaisantant. « Pompon est juste un grand enfant qui s'amuse
avec le feu » lui dit Raie d'Or. « Il récupère le
cuivre qui est contenu dans ces merdiques pneus. Une fois qu'ils sont
cramés, il revend la ferraille. Cela empeste dans tout le voisinage
et nous crée des ennuis. Mais ce n'est pas grave, les gens s'y sont
habitués ». Manteau D’or est le capitaine du bateau fou qui
gire ici de droite et de gauche contre vents et marées. Il faut le
respecter, c'est notre plus vieux bateleur ! « Bienvenue à
toi, mon ami, sur notre base céleste ! Je vais te la faire
visiter en long et en large et te montrer par la même occasion où
réside ton nouvel ami Splendeur ! Je vais te faire voir en premier
le vaste campement où résident mes rêves de steppe et de poésie
nomade. Viens ! ». Il fît rentrer Bel-Astre par une très
petite porte et ils plongèrent dans un couloir aussi sombre que la
nuit, puis ils s’enfilèrent dans un escalier plus sombre encore
que le noir le plus sombre. Arrivé à l'étage, Raie D'or, d'un
geste royal, écarta une tenture. Il alluma une prise électrique qui
fît surgir du noir une suite de scènes d'une beauté hallucinante.
Sur le devant de l’entrée de ce qui semblait être une grotte,
brillait une pancarte. Elle était illuminée par plusieurs néons :
« ICI RÉSIDE LA STEPPE POÉTIQUE INTEMPORELLE DE L'ART
NOMADE ». C'était ça l'espace de création intemporel de Raie
D'or. Il y avait tellement de choses hétéroclites et
extraordinaires rassemblées à l'intérieur de ce splendide
labyrinthe d'art brut que Bel-Astre ne savait plus où donner de
l’œil. Il y avait rassemblé ici multiples choses stupéfiantes.
Il remarqua à l'entrée une sorte de mannequin habillé de vêtements
de récup dont le visage était recouvert par une photocopie noir et
blanc moulée sur un masque. Il reconnut le visage de celui qu'on
appelait Mao le Grand Timonier. Il était assis derrière une caisse
enregistreuse, il attendait, assis derrière la caisse, que les
visiteurs égarés dans le lieu insolite viennent contempler les
rêves d'un créateur fou qui s'appelait Raie D'or. D'autres visages
apparaissaient ici et là sur d'autres mannequins vêtus de façons
toutes aussi excentriques. On reconnaissait des poètes oubliés, des
écrivains, des philosophes et des gens du cirque, connus et
inconnus, des acteurs décadents et même parfois des stars de cinéma
embellies ou défigurées par la magie du copié-collé des ciseaux
célestes de Raie d'or. Mais il y avait surtout, au centre de tout ce
peuplement, les habitants de la céleste maison, les artistes égarés
et les clochards et ferrailleurs qui étaient passés ici, dont le
visage avait été découpé, sculpté, modelé et plaqué en papier
photocopié sur des mannequins aux airs surréalistes, presque
démesurés. « Ce sont les gardiens de la steppe épique que
j'ai imaginée » s'exclama Raie d'or. « Tout ce fourbi,
tout ce bazar, toute cette merde, c'est ma divine comédie à moi !
Je suis comme tu le vois un poète récupérateur et partiellement
bricoleur. J'ai voulu ériger ici un pet de merde savant, une divine
fresque qui honore héroïquement, avec des débris, les poètes
modernes que sont les artistes bruts, les poètes squatteurs et les
célestes ferrailleurs et récupérateurs qu'on dit aussi clochards.
Ces artistes de la création souterraine du vingtième siècle
finissant sont entourés par des célébrités qui sont descendues de
leur trône en dorure de merde pour tenir compagnie à ces héros
souterrains ». Lorsque l'on s'enfonçait plus loin dans la
steppe, imaginée par Raie d'Or on tombait sur de vastes yourtes
réalisées en toiles ou avec des sacs, des vêtements usagés et de
la moquette. « Regarde ! ».Raie
D'or montra à Bel-Astre des chameaux réalisés en papier mâché,
des oasis peuplées de plantes artificielles et d'ingénieuses
constructions faites de bric et de broc qui jaillissaient de l'ombre,
certaines parfois illuminées par des ampoules récupérées sur les
sapins de Noel. « C'est comme la maison de Noé s'exclama Bel
Astre ! Elle transporte toutes les créations du monde ! ».
Bel-Astre aperçu des animaux imaginaires de dimension supérieure
qui surgissaient de l'ombre. Ils achevaient la grande steppe poétique
de l'art brut imaginée par Raie D'or. C'était lumineux, ténébreux
et fantastique. Bel-Astre, surpris et émerveillé, n'imaginait pas
qu'on puisse, avec seulement des produits de rebus, fabriquer un tel
magnifique chef-d’œuvre. Il félicita chaleureusement son ami.
Raie D'or resta modeste. Ils se dépêchèrent ensuite de grimper les
autres étages de la céleste base car Bel-Astre était pressé de
revoir Splendeur, son autre ami.
FIN
DE SCENE
ODYSSEUS
La vie
légendaire que Bel Astre décrit dans la Folle Légende , n'ait
pas étrangère a celle que j'ai vécue vers l'âge de trente ans
dans les squats à Paris .elle en est le reflet idéalisé (idéalisé
par le feu de mon imagination) .Cette vie n'est pas étrangère au
penchant que j'avais étant adolescent pour les ratures littéraires.
La base art-cloche est une rature ,dans le sens où c'était une
demeure à moitié en ruine occupée par des clochards .Cette maison
valait bien dans mon imagination les ratures que j'apercevais étant
adolescence ,à travers les œuvres raturées de l'histoire de la
philosophie.Dans mon esprit ,les choses étaient sans doute un peu
équivalentes.Pour construire la Folle Légende je m'étais pourtant
inspiré d'une des plus belle page de la littérature française;je
m'étais inspiré du
Roman de la Rose ,un récit codé de l'initiation amoureuse datant du
douziéle siécle . Je ne faisais
que suivre mon instinct ;je considérais sans doute que ma période
art-cloche ,correspondait à une forme d'initiation sociale que
j'avais dût traverser pour découvrir que la finalité de l'art et
celle de l'amour,c'était presque pareil;j'étais un utopiste.Mon
héros Bal-Astre était monté sur Paris pour construire une œuvre
intemporelle ,comme celle des poètes insoumis du moyen âge.L'esprit
rebelle d'un poète exalté (peut être celui de A.Artaud) m'avait
incité à m'élancer.C'était après avoir fait la rencontre de
Désir une amante en rébellion contre les lois de notre monde que
j'avais basculé dans une vie poétique déjantée.;elle m'avait
incitée à rompre avec ma vie rangée.
La
folle légende est une fiction qui a ses racines dans ma vie
personnelle.A ma rentrée art-cloche mon sentiment était que la
société bourgeoise avait édifié des normes de comportement
esthétique qui étaient bidonnées.Le groupe art-cloche était dans
mon esprit un mouvement de protestation identique à celui qui avait
animés les artistes de l'art moderne avant qu'ils soient récupérés
par les institutions.Mais mon héros Bel-Astre était possédé
également par l'idée qu'à travers l'art il poursuivait une quête
mystique ;dans ma fiction poétique les membres d'art-cloche
étaient aussi des membres d'un mouvement ésotérique et mystique
.J'avais une certitude ancrée en moi;c'est qu'il existait une
dimension sacrée dans l'existence et qu'elle devait être mise en
avant...,c'est pourquoi j'avais écris -Une
légende moderne aux consonances initiatiques
-.Il y avait une dimension purement fictive dans mes récits qui ne
correspondait pas à ce qu'on appelle la réalisé sociologique .La
réalité sociologique ne m'intéressait pas .C'est pourquoi deux
visions du monde se croisaient en permanence dans mes écrits .Une
vision poétique et une vision sociale .Bel Astre mon héros voulait
reconquérir l'âme des temps sacrés;c'était un héros mystique et
utopiste ,et moi être profondément rationnel ,je voulais expliquer
les choses avec la raison;j'avais flairé instinctivement le côté
réducteur de cette société matérialiste;mais j'avais lu Marx et
partagé ses idées;j'étais encore imprégné de sa manière
critique de décrypter le monde réel. Comme j'avais été entraîné
dans la mystique rationnelle déjantée du groupe
Transmigration;j'avais l'impression que de nouvelles idées
imprégnait ma façon de voir;j'étais devenu un rêveur utopiste un
mystique en devenir.
Dans
les années quatre vingt,sur les espaces en friche ou je passais une
partie de ma vie ;j'envoyais paître instinctivement les normes
établies,je le faisait par tempérament,mais aussi en pensant de
temps en temps, à la révolution poétique que j'avais appelé de
mes vœux dans mes manifestes. J'étais le disciple d'une vision
anarchique poétique et mystique de la création.J'étais traversé
par des visions parfois contradictoires.Aujourd'hui en l'an 2022 ou
j'ai presque anéantit tout jugement sur l'art et sur la création
;je me retrouve en proie à une crise de jugement qui me fait trop
souvent défaillir .Ma vie ne revêt un sens que lorsque j'aperçois
devant moi le regard de l'amateur fou qui se jette sur mes œuvres
comme si il craignait de les voir disparaître;il me donne
l'impression qu'elles sont indispensables à sa survie;alors que
c'est à la mienne qu'il contribue .C'est sont regard qui me sauve
de la plongée dans les abîmes on j'ai de plus en plus souvent envie
de m'enfoncer.
ODYSSEUS
Hier ,je
trouvais mes ratures belles, parfois laides, d'autres fois
insupportables et provocantes;je les critiquaient;mais par dessus
tout ,je crois que je les aimaient ;cela ne m’empêchais pas
d'avoir sur elle un jugement critique.Hier ,j'avais une conception
idéale et verticale de l'art,en même temps je ne croyais qu'en la
création spontanée. Seule l'idée d'une liberté totale devait me
guider.Comme l'imperfection était dans la nature humaine ,je n'avais
pas envie de la dissimuler ;elle devait aussi s'exprimer,c'est
pourquoi je vénérais narcissiquement mes brouillons. Cette
philosophie anarchique autocentrée ,me permettait de sauter les
obstacles qui se trouvaient sur mon chemin .Je me fiais avant tous
à mes intuitions,et mes intuitions me portaient à idéaliser les
mondes imaginaires et les réalités intemporelles. J'étais un
simple vagabond.
VISION
RETROSPECTIVE
Vers
mes quatorze ans ?avant
d'être un être révolté, je me sentais l'âme emportée par une
grande ambition. Je voulais devenir une sorte de génie. Je
n'apercevais le génie qu'à travers le visage des êtres admirables
que je vénérais. J'avais à cette époque une grande admiration
pour Delacroix ; je regardais Shakespeare comme un être
exceptionnel J'avais l'impression qu'une vie surnaturelle
m'attendait. Un sentiment d'élévation puissant me transportait
au-delà du monde banal. J'étais dans mes rêveries légal de ces
êtres admirables;j'étais destiné à accomplir de grandes choses,
j'étais investi d'une mission.Je voulais atteindre l'authenticité
par le biais d'une œuvre sublime. J'avais dans l'idée de devenir
peintre ,et l'idée de devenir dramaturge m'avait un peu effleurée.
C'était des rêves qui s'étaient fixé en moi. Je leur
obéissaient. Je ne doutais pas, je voulais devenir ces deux choses
en même temps,je me voyais aussi parfois devenir écrivain Parfois,
je me raisonnais , je me disais devenir « Devenir peintre c'est
déjà bien assez ». J'envoyais
paître le dramaturge et je renonçais à devenir écrivain .Je
m'étonnais de ces curieuses envies qui me relançait à la conquête
de mes rêves .Je priais le ciel pour que mes rêves se
réalisent;mais le ciel restait souvent muet. J'avais le cœur
envahit par des visions contraires;le ciel de mes rêves ne
s'éclaircissait que lorsque je me décidais à passer à
l'action;alors je retrouvais mes envies de peindre et d'écrire;elles
me harcelaient d'une façon merveilleusement attentatoire.
ODYSSEUS
ECRIVAIN
Lorsque
j'ai commencé par tenter d'écrire mes mémoires au début des
années 2000, j'ai entrevu la possibilité de revoir mon passé d'une
façon plus objective . J'avais contemplé les héros qui avaient
envahit ma vie à différentes période.Je m'étais attardé sur l'un
deux qui me semblait refléter une partie essentielle de ma
personnalité. Ce héros,je l'appelais Saint Jean; car j'avais gardé
en moi des images de mon passé qui me rappelait que j'étais envahis
parfois par des visions surnaturelles ;en plus de vouloir devenir
peintre ou écrivain ,je voulais devenir l'équivalent d'un Saint;une
partie de moi aspirait à la sublimité et à la
transcendance.J'étais rempli d'une conviction que j'avais une
mission à accomplir dans l'ordre spirituel; ma vie qui avait été
plongée depuis ma plus tendre enfance dans le bestiaire des saints
en avait gardé un souvenir vivace,à tel point que j'étais pris
parfois d'un désir d'élévation qui se manifestait en moi d'une
façon troublante. A travers Saint Jean je cherchais à redonner vie
à cette partie de moi que j'avais tenue secrète,car elle reflétait
un pan brouillée de ma destinée.Je n'étais pas seulement un génie
torturé par des ambitions créatrices, un écrivain en herbe
tourmenté, un peintre débordant de talent. J'avais aperçu en moi
un être poursuivi par un souci ardent de vérité .Saint Jean était
le prétexte qui m'obligeait à montrer l'image d'un être
énigmatique qui logeait en moi et qui m'interrogeait . A travers
lui;c'était une partie de ma vie intérieure que je voulais
décrypter. Moi écrivain j'aurais aimé rendre plus nettes des
parties de moi ,mal dessinées;des parties de moi que je croyais
connaître et qui m'étaient restées au final assez énigmatiques.
Écrire c'était aussi pour moi ,tenté de mieux me connaître.
ODYSSEUS
Dans mes
premiers récits sur Saint Jean (entrepris en 2001), je voulais
montrer un héros qui essayait de s’affranchir de sa condition de
laborieux en écrivant;car la rédemption à ce moment passait pour
lui par l'écriture. J'avais retrouvé un brouillon de cette période
dans le quel je tentais de décrypter cette partie énigmatique de
ma personnalité .
BROUILLON
SAINT JEAN
Saint
Jean,vers ses seize ans, disposait d'une grande table pour se livrer
à ses activités littéraires. Cette grande table octogonale était
couleur chêne clair, c'était la table de la salle à manger
familiale. Il avait l'honneur d'en disposer pour ses recherches. Sa
mère lui avait permis d'en disposer à sa guise. La grande table de
la salle à manger était plus prestigieuse que celle de sa chambre.
C'était sur elle qu'on déposait les jours de fête les meilleurs
plats. Saint jean avait en écrivant sur cette table un sentiment
glorieux;celui que conférait la dignité des objets ménagers
vénérés par sa mère. C'est sur cette table presque sacrée qu'il
exerçait son génie. Cette table au luxe ostentatoire lui conférait
par mimétisme une stature d'écrivain. Il était l'écrivain de la
salle à manger. C'est pourquoi cette table est restée pendant très
longtemps associé à sa passion d'écrire. Il utilisa la table
jusqu'au jour où la télévision à fait irruption dans la pièce,
rendant plus compliqué le squat intégral de celle-ci. Son père,
qui était accro à la télévision, lui disputait son territoire.
D'ailleurs, le sentiment d'exaltation qu'il éprouvait lorsqu'il
était assis à cette table ne durait jamais très longtemps. Il
était confronté à des tas d'obstacles. Lorsqu'il imaginait un
essai par exemple (il avait déjà la passion des essais), tout son
plaisir s'envolait d'un seul coup,lorsqu'il tentait de coucher ses
idées sur le papier .Pourtant, il ne renonçait jamais. Il était
obstiné.Au début, lorsqu'il rêvait d'être un génial écrivain,
tout lui semblait facile, ses gribouillages lui paraissaient d'une
beauté surnaturelle. L'écrivain facétieux qui logeait en lui
enfantait essais, romans, pièces de théâtre, d'un coup de
baguette magique. Écrire lui paraissait facile car au départ,il
écrivait presque exclusivement dans sa tête. Écrire, cela devint
compliqué lorsqu'il tenta de coucher ses essais, ses romans, ses
réflexions sur le papier. C'était incroyablement plus difficile
d'écrire en vrai que dans sa tête. Pour pallier cette difficulté,
il s’entraînait à copier ses auteurs préférés
Rimbaud,Montaigne, Verlaine, tout y passait .C'étaient des auteurs
au style noble,rapide,et puissante ,d'un style bien supérieur à
celui des auteurs de romans policiers qu'il trouvait un peu trop
bâclés. C'étaient des écrivains à l’allure noble
.Chateaubriand était celui qu'il admirait le plus. Il prenait place
dans esprit à côté de Montaigne. Montaigne était son plus fidèle
ami.Suivaient parfois Elie Faure et Mallarmé. Il admirait Mallarmé,
mais son génie tragique lui faisait peur (il s'était suicidé).Le
génie tragique de Mallarmé était pourtant moins obsédant que
celui d'Artaud le génie torturé. La fascination qu'exerçait sur
lui l'auteur du théâtre et son double lui posait des questions.
Avait il une attirance pour lui à cause qu'ils était du même
signe astrologique ?. Cela l'invitait à penser qu'il était
peut être dans son for intérieur possédé par les mêmes tragiques
obsessions.Il ne savait pas pourquoi il avait une attirance pour
Artaud. Il essayait de s'en défaire;mais elle lui collait à la
peau.Il y avait en lui un sens du tragique qui l'attirait vers ce
auteur.Il vénérait ces grands hommes . Il aurait voulu leur
ressembler;il s'essoufflait vainement à tenter de les imiter.Il
n'avait pas encore le même génie ;mais avec le temps ça
viendrait ,il deviendrait comme eux. Il sentait jaillir de ses
entrailles le même feu intérieur ;sa lumière surnaturel le
stimulait;il savait qu'il été destiné à accomplir des choses
exceptionnelles.La foi qu'il avait en son génie était
désarmante;mais comme elle provenait d'une intuition ;elle était
presque l'équivalent d'un signe qui lui était envoyé par le ciel
;un être supérieur veillait sur lui;il l'aiderait à réaliser ses
desseins .
Plus
tard, alors qu'il avait cessé de croire aux contes de fée de son
enfance ; son intelligence semblait s'éclaircir;il tomba
subitement en admiration devant Proust. Il avait lu de lui un
essai,;l'essai Contre Sainte-Beuve, il y avait pris instantanément
fait et cause pour lui. Il fût étonné de le lire si facilement,
car on lui avait dit que Marcel,était un auteur compliqué. Dans les
livres de lui qu'il avait ouverts auparavant, il avait découvert un
auteur difficile. Il écrivait en faisant de très longues phrases
qui semblaient ne jamais finir. -Il
s'était mis, comme lui au début, à écrire en faisant de très
longues phrases . Cela avait quelque chose de gratifiant pour un
écrivain en herbe. Ses longues phrases qui s’étiraient sur toute
la page ,lui donnait l'impression d'être à la hauteur du génie de
Marcel .Cela lui jouait fréquemment des tours, car, arrivé au
milieu d'une phrase, il oubliait souvent ce qu'il avait à dire.
Pourtant dans son Contre Sainte-Beuve Marcel était simple et
accessible.C'est
pourquoi il n'aspira plus qu'à écrire d'une façon aussi moderne
s'enticha vraiment de Marcel. Il découvrit que le plaisir d'écrire
avait la même finalité que le plaisir de lire .Mais il retomba très
vite dans ses plus sombres défauts;il cessa d'écrire et s'abîma
dans ses rêves,en se disant qu'il avait le temps de devenir un
génie.
ROMANTISME ?
Il
retomba dans son vice principal,il n'écrivait pas il rêvait , il
ne faisait qu'essayer d'écrire. Essayer ,c'était son plus plaisir,
sa vocation peut-être. Il adorait se vautrer dans les écrits des
autres, en les lisant il devenait comme eux,il s'imprégnait de leur
génie;il avait le sentiment d'être pareil qu'eux.Il lisait et
relisait Chateaubriand;durant de longues heures;ses écrits
miroitaient dans sa tête;ses phrases reflétaient les miroirs
secrets qui dansaient sur les lacs éphémères qui dormaient en lui
;il apercevait des ondes de lumière qui miroitaient dans l'espace .
Il alternait la lecture de Marcel avec celle de Chateaubriand;il leur
trouvais des affinités ,il voyait s'agiter des souvenirs d'enfance
qui le relançaient dans son désir d'écrire. Il tentait de capter
l'essence des choses . Après ses lectures; il voyait les eaux de ses
lacs de montagne favoris qui surgissaient comme foudroyées par des
ondes de lumière;il voyait les montagnes et les vallées de son pays
natal se transformer en fresques surnaturelles. Les paysages qu'il
parcourait à pieds après son détestable labeur à l'usine se
transformaient en jardins enchantés. Chateaubriand lui faisait voir
le monde avec l’œil d'un peintre.Proust transformait les eaux
claires-obscures des lacs Vosgiens en de somptueux paysages empreints
de langueurs romantiques. Sa prose le plongeait dans des extases:il
rêvait en le lisant à ce qu'il aurait pu écrire lui même si il
était écrivain.Il s’abîmait juste après dans la contemplation
vertigineuses de ses ratures. Il se débattait sur sa table
d'écrivain sans parvenir à déchiffrer ou se tenait sa propre part
de génie. Le pire, c'était lorsqu'il devait quitter ses lecture
chéries ,ou abandonner ses chers brouillons pour aller s'exiler dans
le grand tissage lumineux qui étouffait sa vie d'artiste.Son
désarroi était à son comble ,il avait la l'impression de n'être
plus qu'un insecte ;c'était comme si on l'avait jetée vivante
dans une boîte en verre ;Dieu le regardait du haut du ciel
,complètement indifférent à son sort. La nuit dans son sommeil,il
voyait des mains hostiles étendre des filets d'or sur son
chemin;il vivait une épreuve dans l'enfer terrestre ou la destinée
l'avait abandonnée.
ODYSSEUS
Moi
Quel moi ?
À distance
de moi, quel moi ?
C'est
selon toutes probabilités parce Saint Jean, ce double de moi-même,
m'est apparu à travers une faille de ma mémoire ,que je l'ai vu
errer dans mes écrits.J'avais perdu sa trace ,je le voyais avec la
distance du temps erré dans l'enfer d'un tissage.Au début, de mes
récits emporté par l’enthousiasme ,je voyais Saint Jean
s'élever jusqu'au ciel, il devenait un être glorieux
intemporel;c'était un effet de mon imagination;car bientôt j'ai vu
l'être sublime qui vivait en lui se rétracter;un mur s'était
dressé entre lui et la réalité ;il ne voyais plus que les
flétrissures du mondes;c'était paradoxalement à ce moment qu'il se
transformait ;il devenait un autre,un autre qui ressembait à celui
que j'appelle ODYSSEUS.
IL
ECRIVAIT AVEC LA MEME DETRESSE ET LA MEME DETERMINATION
Il
écrivait à la même table, sur la même où Saint Jean tentait
d'écrire ses mémoires lorsqu'il était adolescent. . La table n'est
plus à la même place,elle avait voyagé. Il n'avait plus seize ans
mais plus de la quarantaine.Il écrivait :
Après
la mort de notre père, il a fallu prendre la décision (c'est
surtout mon frère aîné qui s'en est occupé) de placer maman à la
maison de retraite, elle perdait la mémoire.Nous nous sommes
partagés ses trésors. J'étais presque sans biens;j'ai hérité du
buffet et de la table ,ainsi que de quelques objets précieux.La
table me rappelait le souvenirs des joyeuses fêtes de famille qui
avaient eut lieu dans la salle à manger ,elle me rappelait surtout
mon passé d'écrivain raté .Une vie d'écrivain imaginaire me
revenait en mémoire . Dans ma nouvelle vie je n'écrivais plus, je
peignais,. J'avais réalisé mon ambition ,qui était de devenir
peintre. Une furieuse envie d'écrire me repris. Une chose qui
m'échappait était en train de se produire;la vue de la table sans
doute ! .J'ai posé mon ordinateur sur la table ,et j'ai
commencé par écrire. En appuyant sur les touches synthétiques
noires de mon ordinateur ;je me revoyais en train de noirci des pages
d'écriture lorsque j'avais seize ans;j'avais retrouvé un sentiment
de joie et d'exaltation.Mon ordi remplaçait mes plumes à
écrire ;mais j'avais la même sensation de béatitude et
soudain une angoisse me prit . L'écriture avait été ma perdition
hier, il n'y avait pas de raison que cela change !.Je repensais
à mes affreux essais littéraires; j'y pensais avec effroi et
délice, car me revenaient aussi en mémoire les ravissements et
les horreurs que j'éprouvais par le passé à l'instant d'écrire.Et
aujourd'hui je retombais dans le même supplice.
Alors
je revis ma vie a travers un songe rapide ! Je retrouvais ma vie
d'écrivain raté et j'étais effrayé ;les mêmes chimères
semblaient reprendre racine en moi . C'était comme si le temps
n'avait pas eu d'emprise sur moi,j'étais resté le même. J'étais
attiré par les mêmes errements , aspiré par les mêmes folies ;je
retrouvais les même symptômes qui avaient jadis produits les même
formes d'égarement ;c'était sur une machine que
j'écrivais,mais ;c'était la même folie qu'hier qui reprenait ,je
voulais de nouveau créer un chef-d’œuvre ,une œuvre
magistrale;une création purement intemporel ;j'avais échoué
par le passé ;mais aujourd'hui,je réussirais !J'étais fou à
lier.
ODYSSEUS
suite
Lorsque
cette folie ma pris à revers ,j'étais installé avec femme et
enfant dans un nouvel atelier en banlieue,j'avais décidé de
rédiger mes mémoires par à - coups
.J'avais écrit un texte pour faire le point sur
ma vie présente.Je voulais montrer ma vie au jour le jour dans tout
ce qu'elle avait de plus banal et de plus ordinaire
UN
BROUILLON 2001
L'espace
que j'observe autour de moi n'est plus aujourd'hui celui de la saga
familiale qui absorbait ma vie à mes quinze ans. Aujourd’hui,je
n'ai plus sous les yeux la maison blanche du maire qui se trouvait
juste en face de nos fenêtres . Cette maison blanche à deux étages
se trouvait au-dessus d'un magasin de vente de vélos.Dans mon
atelier derrière la baie vitrée ,j'aperçois à présent seulement
de grands arbres. Les arbres laissent passer assez de clarté pour
que je puisse, lorsque je peins, voir la surface blanche de mes
toiles. Mon atelier est encombré par une multitude d'objets
inutiles ; j'entasse sur une mezzanine toute sortes de choses
insolites destinées à devenir soi disant des chefs d'œuvre. Je
suis surtout prisonnier de mes obsessions . J'ai créé le concept
de «squatting». Il est issu de mes tribulations artistiques dans
les marges. Aujourd'hui, je continue, à bricoler par jeu ;car
ce que j'aime par dessus tout ,c'est la peinture ;bricoler c'est
amusant !;c'est peindre par d'autres moyens.Je me suis fait
bricoleur ;à cause de ma passion pour la chasse aux matériaux de
récupération;je peux faire surgir des mondes originaux à travers
des rebuts ;
avec
de la colle, et des ciseaux une scie un marteau et des pointes je
peux réinventer le monde et peindre mes visions avec des riens ;je
redeviens soudain,un enfant qui s'ébroue dans une grande cour de
récréation;je règne en maître au sein d'un monde imaginaire où
les créatures divine sont issues de mes rêves .On dit souvent que
les artistes sont des êtres irritables,capricieux;;lorsque j'entends
des mauvaises langues affirmer que les artistes sont des êtres
purement égoïstes, je m'insurge.Non l'artiste est un être qui a
une mission à accomplir ,il ne vit que pour accomplir sa mission
;s'il est égoïste;c'est que dans son combat pour la survie,il doit
combattre toutes sortes d'adversités,les railleries quand elles
surviennent et surtout l'indifférence.Accéder a la notoriété
n'est pas le seul et unique objectif;les plus irascibles en ont un
autre beaucoup plus noble,ils veulent,atteindre le Graal;cette chose
universelle invisible qui traverse les sphères est leur seul
objectif;certain y consacrent tous leur temps;d'autres plus pressés
s’arrêtent en route et cèdent au sirènes des flatteries
.L'artiste des temps modernes est un héros anonyme. .Peu parviennent
au Graal de la notoriété et encore moins au Graal tout court. ceux
qui parviennent le mieux à s'en sortir sont ceux qui sujet à des
songes,parviennent à voler très haut dans les sphères sans se
préoccuper des bruits et de fureur du monde ici bas.
Quelques
années plus tard.
ODYSSEUS
Je
me demande pourquoi j'ai écris ces bêtises. Dans
la chambre ou je dors et ou s'accomplissent mes rêves ,je revois
souvent mon passé avec des yeux étonné .Ais je été un autre?.Le
suis je encore?.Mes écrits me donnent le tournis;qu'elle vie à été
la mienne;qu'est elle devenue ?.
Nous
sommes en 2018
J'ai
écris ça hier
Je
voudrais devenir - et c'est insupportable - un être aussi intemporel
qu'un écrivain maudit où qu’un poète qu'on vient de fusiller à
l'aube. . Je suis prisonnier de mon désir de créer des choses
sublimes, extraordinaires, presque irréelles. Ce désir m'envahit
comme une maladie qui me prend à revers et en profondeur.
J’ai
aussi écrit un poème en prose
Être
entièrement satisfait de moi, je n'y arrive pas.
J'erre
toujours à la recherche d'une vie meilleure,
D'une
vie encore plus extraordinaire
Que celle
que j'ai connue hier.
Être
peintre ne me suffit plus.
J'aimerais
devenir un être sublime, aussi sublime
Que ce
poème que Federico Garcia Lorca,
Que j'ai
retrouvé tout à l'heure étalé sur ma page.
Dans
la tour
De
l'aube
Marie
apprend à Vénus
À
filer la laine.
Vénus
lui enseigne tout
Ses
regards
Et
Marie reste interdite.
Dans
la tour
De
l'aube.
Ce matin,mes langueurs m'ont repris. Je suis comme emporté dans un
luxe de problématiques inutiles. J'ai lu l'autre soir un texte qui
m’a fait réfléchir.
« Écrire
quelque chose de l'allure du rêve, écrire dans le défilé muet,
incompréhensiblement, des deux rives qui viennent à moi et
s'écartent comme des lèvres d'une mer Rouge, fendue dans le
sentiment à la fois de la lenteur irréelle et de vitesse lisse que
j'ai cru retrouver parfois dans les plus beaux, les plus vastes rêves
d'opium de De Quincey. L'eau noire, l'eau lourde, l'eau mangeuse
d'ombres qu'a décrite Gaston Bachelard, celle qui ceinture l'Ile de
la fée... »
Julien
Gracq / Les
eaux noires – Éditions José Corti
ODYSSEUS
SOUVENIRS
Hier,
lorsque j'écrivais vers mes seize ans sur la table vernie :celle
où j'écris aujourd'hui;la même ou je tente cinquante années plus
tard de relancer mes souvenirs;j'ai la désagréable 'impression
d'être un nouveau Sisyphe;un Sisyphe condamné à faire rouler
jusqu'en haut d'une colline un rocher que j'appelle -Mes Ecrits- qui
,à peine hissé au sommet me retombe immédiatement sur le dos .
ODYSSEUS
Aujourd'hui,
le vernis de la table sur laquelle j'écris est toujours aussi
brillant. Ses arrondis et ses bords sculptés, je les aime toujours
autant.J'ai pensé pendant une grande période de ma vie que j'avais
vaincu Sisyphe.Dans ma jeunesse se succédaient en moi par
intervalles toutes sortes d'abattements, je pensais qu'un jour, mes
efforts pour m'élever vers les sommets paieraient .C'était sans
compter sur ma près grande naïveté. Je me souviens d'une anecdote
qui en témoigne .Un jour vers mes douze ans, mon oncle électricien
sachant que je voulais devenir peintre, m'avait fait l'honneur d'une
commande. Il m'avait demandé de réaliser en peinture une jument
verte. C'était ma première commande ,j'avais répondu enthousiasmé
à sa proposition ;j'avais pondu une jument verte .Lorsque j'ai
vu maman ma mère pâlir devant ma toile, tandis que mon oncle et mon
père se tapaient les cotes en observant ma jument ;j'ai réalisé
qu'il devait y avoir anguille sous roche. Je compris que la commande
de mon oncle ,comportait des secrets.J'ai vaguement compris que
j'avais été l'objet d'un complot. Me revint à l'esprit que mon
oncle Marcel collectionnait des revues de nus roses
extraordinairement sensuels. Je n'associas pas ma jument verte à des
corps dénudés .J'avais peint la jument verte en toute simplicité
et de bon cœur .Les histoires des adultes ne m'intéressaient
pas.Je ne n'avais pas compris que mon oncle m'avait passé une
commande et donné un billet non pas par ce qu'il admirait mes
talents;mais peut être uniquement pour jouer un tour à ma mère
.La jument verte avait été imaginée par Marcel Aimé, un écrivain
qui m'étais inconnu ;il avait écrit une histoire égrillarde qui
faisait se tordre de rire les adultes .Je regardais le monde du haut
de mes douze ans avec candeur.J'avais cru gagner un peu d'argent à
cause de mes talents;mais j'en avais gagné juste à cause de ma
naïveté .J'avais répondu à une commande de mon oncle qui adorait
faire des blagues; peindre une jument verte avait dans son esprit des
connotations sexuelles;pour moi pas !.Peindre me donnait
simplement des ailes,dans mon enthousiasme j'avais peins sans
réfléchir. Ma passion pour la peinture, m'avait fait tombé dans un
piège ;mes rêves de gloire et de beauté,se colorèrent d'une
légère déception;lorsque m’aperçus que j'avais été l'objet
d'une plaisanterie .Je n'en voulais pas à mon oncle,il m'avait filé
un billet,le premier de ma vie d'artiste peintre ! .Je pris
conscience tout à coup que je vivais dans un monde
illusoire ;j'étais le seul à croire en ma gloire,je venais de
commencer une carrière artistique qui préfigurait ,les vertiges
extatique,les enthousiasmes et les déceptions parfois terribles,que
j'allais rencontrer ,vers mes trente ans où après avoir beaucoup
trop tergiversé;j'avais enfin décidé de consacrer entièrement
ma vie à la peinture!.
ODYSSEUS
La
lutte pour conquérir les sommets est une lutte difficile sans doute
absurde. Pourtant, il faut parfois imaginer Sisyphe heureux. Je
marchais en somnambule dans le chaos qui régnait sur terre. J'avais
vingt ans, je m'étais saoulé de rêves ;j'étais envoûté. Le
chaos était joyeux, le monde une merveille . J'avais appris à
survivre dans un monde sans illusion ,je m'étais forgé une armure
spirituelle .Les beautés la création qui m’enthousiasmaient ,me
faisait voir le monde différent;ce regard m'ennoblissait,j'étais
déjà sans doute une partie d'Odysseus. Je me baignais dans le
sillage d'une clarté optimistes et joyeuse ;je m'envolais
chaque jour pour Cythère.
La création venait à moi sans fioriture.Elle venait à moi sous une
forme rêveuse;j'écrivais de fabuleuses pièces de théâtre ,mais
aussi des poèmes d'assez mauvaise qualité La beauté explosive de
la création engendrait en moi des turbulences et des bouleversements
que j'appréciais . Ma vie constamment en alerte était en proie à
de multiples excitations ,elle prenait souvent la forme d'un rêve
éveillé. je frissonnais de joie ,j'avais un sentiment de plénitude
et parfois je baignais dans l'extase;je baignais dans un univers
d'une richesse et d'une inventivité qui me surprenait .A travers mes
idées je pouvais récré le monde réel.Aller jusqu'au bout de mes
entreprise artistiques ,était un défi qui commençait par prendre
forme;en étalant sur le sol de ma chambre les produits de mes
créations;je pouvais contempler mes essais lumineux ;je
réalisais enfin une partie de mes fantasmes en matière de théâtre
; .Emporté par une détermination sans faille ,je construisais ,une
œuvre qui allait émerger des profondeurs de la nuit. J'avais le
temps ,puisque pour moi le temps n'existait pas.Le temps de la
création était jouissance.La jouissance que j'avais à faire
sortir de moi des spectacles grandioses me suffisait. Jusqu’à ce
que ,mes œuvres éclatent en plein jour,j'avais le temps,je n'étais
pas pressé ; je repoussais ile moment ou je devrais m'affronter à
la diffusion de mes œuvres dans la société réelle ; le
spectacle de mes créations reposait sur l'espérance sans fin que ma
création était géniale et qu'elle finirait un jour par trouver son
accomplissement. A la fin tous mes rêves ,ce sont effondrés dans
un éclat de rires joyeux.Je venais de réaliser que j'avais déjà
accueilli presque involontairement et s'en vraiment m'en rendre
compte le moment où ma mort de dramaturge m’apparaîtrait comme
la seule alternative possible à ma situation décalée .;c'était
mon plus cher souhait de disparaître avec mes œuvres dans un
tombeau de nuit;j'étais comme les artistes géniaux incompris ,qui
peuplait la société merdique de l'ostracisation sociale forcée
;je devais accepter de disparaître corps et bien ! .A quoi bon
écrire pour des bourgeois qui absorbaient avec des fourchettes en
or des contes à dormir debout sur la société des lumière ;la
société des lumières était un tissu d’hypocrisie !;à quoi
bon faire la révolution sur une scène de théâtre.Il fallait la
faire dans la vie réelle!.
Autre
moulure des Écrits
(2001), modifiée lors de l'écriture d'Odysseus :
ODYSSEUS
MES
ECRITS
Chaque
phrase de moi me porte un coup fatal. Je cours après les mots ;
ça devrait être l'inverse, ils devraient me courir après. Hier, en
écrivant, je cherchais la confirmation de mes talents. Cinquante
années plus tard, je suis redevenu Sisyphe ; derrière la table
étroite où j'écris, en face de l'arbre magnifique qui étale ses
branches près de la baie vitrée qui surplombe mon atelier, écrire,
c'est toujours le même supplice.Hier,j'avais seize ans je voyageais
dans ma tête plein d'enthousiasme.Aujourd'hui, je me tempère,car
j'ai perdu beaucoup de temps à parcourir des chiméres. J'aperçois
les essais et les brouillons que j'entassais sur ma table d'écrivain
en herbe. Mes tentatives pour écrire creusaient un sillon lumineux
dans mon cerveau. J'étais habité par une immense espérance, je
travaillais à la confection d'une œuvre géniale. Je traversais les
cotes, les plaines et les montagnes d'une langue qui m'enveloppait
tout entier. J'étais un jeune homme tourmenté par la laideur et la
beauté des choses .Je me disais combatif .J'étais
ensorcelé par un immense ambition;je voulais devenir un écrivain
célèbre. Cette disposition d'esprit illusoire me portait aux nues
! Aujourd'hui, arrivé à l'âge de soixante-dix berges;mes rêves
flamboyant se sont transformés en cauchemar ;mes peines,mes
ambitions ,mes folies ,s'agitent devant moi ,avec une
indélicatesse sinistre ;pourtant mes rêves de conquête sont
exactement les mêmes qu'hier ;ils me jettent dans des états
d'extase puissants;une joie immense m'emporte à chaque fois que je
suis plongé dans l'abîme de mes créations ;mais en même temps une
tristesse immense m'envahit lorsque je contemple ma vie de face ;mon
génie à failli;j'ai trop attendu avant d'enfanter ;mes œuvres
sublimes;mon génie baigne dans l'obscurité ;j'hésite;dois je
continuer à vivre comme un héros glorieux et immortel au sein d'un
monde qui n'a que faire de moi et de mes œuvres inconues.
ODYSSEUS
MA
FOLIE REPREND
Mon
projet d'écriture a repris son envol .Je
revois les effort accomplis pour marcher dans les sillons de cette
langue qui est la mienne. Dans ma mémoire
apparaissent comme des spectres ,une cohorte d'êtres stupéfiants ;
grammairiens, rhéteurs, encyclopédistes, foutres merdes à temps
plein ;ils défendaient la langue de mon pays.
J'aspirais à écrire
dans ma langue mais je ne la trouvais pas.La
langue imaginaire que je portais en moi était indomptable, et
désordonnée. C'était une langue inconnue ,une langue difficile
;j'avais son sang qui coulait dans mes veines,mais j'avais du mal de
la parler.Moi Odysseus je m'étais fixé pour but de la parler ,mais
cette langue qui m'échappait avait telle jamais existé .avait
elle une existence réelle;c'était là la question.
CHIMERE.
Dans
mon adolescence, j'étais amoureux de la langue française. J'aimais
son phrasé, ses tournures, j'admirais ses écrivains. Mais une
obsession s'était emparés de mon esprit;je voulais remonter le fil
de la langue que je portais en moi ,je la sentais qui
m'échappait;elle était indomptable, et désordonnée.Mon
imagination survoltée me l'avait fait entrevoir plusieurs fois ;mais
elle était insaisissable .Je tenais des journaux pour essayer de la
saisir;mais j'étais insatisfait;j'étais obstiné,peut être même
buté ;j'étais convaincu de son existence.
ODYSSEUS
UN RECIT
Un
jour j'avais à peine douze ans.où j'étais sur la fête de mon
village, je voulais jouer aux flipper. Je tentais d'introduire une
pièce de monnaie dans une des machines à jouer, j'étais maladroit,
j'avais du mal à faire rentrer la pièce dans le trou. Je cherchais
de l'aide, je ne comprenais pas pourquoi ma pièce ne rentrait pas.
Mon regard rencontra subitement celui du propriétaire des flippers
un gros forain au ventre bedonnant. Il se précipita sur moi en
hurlant : « Ah
! C’est toi ! Petit con ! Je t'ai vu, tu es pris !».
Il me saisit la main et failli la broyer .Dans ma main ;il y
avait une « bonne pièce »
Il retira prestement sa main étonné;il me
soupçonnait de l'avoir floué et d'introduire de fausses pièces
dans ses machines . Il ne s'excusa pas , il me regarda avec un air
méchant qui voulait dire : « Cause toujours petit
con! je t'ai à l'œil ! ». C'était pour moi une douche
froide;je venais du haut de mes douze ans de réaliser que la vie
pouvait être un enfer !.Des bandits la peuplaient et pour le
propriétaire de ces machines à sous;j'étais potentiellement l'un
d'eux;il me voyait comme un délinquant .Pendant très longtemps
j'ai voulu effacer l'image de cette homme stupide de ma mémoire.Mais
elle s'était incrustée en moi . De même je ne pouvais pas
effacer de ma mémoire la gifle que m'avait donné un instituteur
parce que j'avais pincé un de mes amis en rentrant dans un cour à
l'école .Cet instituteur était le même qui me traitait d'âne à
cause que je faisais des fautes d’orthographe,je le détestait ,il
représentait l'autorité administrative de l'école;c'était un
homme aussi stupide que le forain . Ces petits événements qui
semblent sans importance en avaient beaucoup dans mon esprit.Ces
petits incidents me faisaient craindre le monde plus que
l'aimer;ils montraient que ma sensibilité était trop vive mon amour
propre peut être trop fort;je ne supportais pas le monde tel qu'il
était fait ;et surtout l'injustice ,quand elle s’abattait
aveugle sur moi.J'étais capricieux;un jour je me suis mis à
détester,la grammaire excédé par ses multiples règles ; j'avais
l'impression à travers elles que toute la méchanceté du monde
s'abattait sur moi.J'étais ainsi fait.
POURQUOI MES
IDEES PARANOIAQUES SUR LE MONDE ONT PERSISTEES ET POURQUOI ELLES ME
POURSUIVENT ENCORE AUJOURD'HUI .
La
scène avec le forain est restée gravée dans ma mémoire comme une
scène d'injustice. Lorsque je vois défiler ma vie , je me dis que
mon idée noir romantique de la vie ,n'est peut être pas étrangère
à ce sentiment d'injustice que j'ai ressentit très tôt ;j'avais le
sentiment qu'on me prenais régulièrement pour un autre.Je n'étais
pas celui qu'on voyais.Un fossé séparait la perception qu'on
avait de moi,de celui que j'étais ;je n'étais plus un avec le
monde;j'en étais séparé ; j'avais l'impression qu'un complot
avait lieu;un voile de noirceur s’abattait sur moi;je devenais
paranoïa.Heureusement mon idée bleu
romantique de la vie- me faisait
renaître;je portait dissimulé en moi deux visions romantiques de la
vie qui étaient contradictoires ,cela m'effrayais de voir que
j'étais coupé en deux.
ODYSSEUS
MES
BROUILLONS
Pour
l'affreux romantique
qui reste blotti au fond de moi, mes
écrits,(Mes brouillons) restent géniaux et misérables .Le
romantique exalté qui est en moi croît que mes écrits sont beaux
,d'autres jours il les voient laides ,en fonction de mes humeurs mes
écrits sont d'exécrables ratures, ou des bijoux précieux J'ai
tendance à les surévaluer où à les sous estimer; .Ils sont
restés dans le même état d'agitation et de rêverie qu'à l'époque
où je tentais d'écrire vers mes seize ans et que je faisais des
plans sur la comète,pour donner une destinée glorieuse à ma vie .
C'est
mes humeurs changeantes qui rendent mes écrits instables. Au
départ ,j'ai voulu dans un élan de bravoure que ces écrits ne
soient issus que de la spontanéité .Je voulais écrire et raconter
ma vie sans chercher à la l'embellir c'est pour ça que j'ai appelé
mes écrits -des mémoires improvisées-
.Je croyais en la liberté et à la spontanéité ; je croyais à
mon génie;je m’apprêtais à dériver
au rythme de celui ci .Bientôt je me suis enfoncé dans un immense
labyrinthe;ma mémoire s’évasait,elle devenait capricieuses
,j'avais l'impression que mes écrits ressemblaient à des mirages .
Je me suis perdu peu à eu dans le maelstrom de mes souvenirs et
dans celui de mes rêves d'écriture;j'errais sur une mer inconnue.
ODYSSEUS
Un
vieux souvenir
LE
TISEUR
Lorsque
je déambulais dans l'usine textile ou j'avais échoué ,vers mes
quatorze ans, il ne m'était jamais venu à l'idée de comparer mon
labeur à celui d'un écrivain. Je voulais devenir peintre;c'était
mon rêve . Peindre et dessiner ; me rendais heureux;c'est
pourquoi je déambulais dans ce maudit tissage avec l'espoir de
devenir peintre;cela allait changer ma vie. Je pensais que ma vie
serait plus joyeuse lorsque je pourrais me livrer corps et âme à la
peinture qui était ma passion.Je ne sais plus exactement pourquoi ,
je me suis vu ,quelques temps plus tard en écrivain plutôt qu'en
peintre.Je crois que je m'étais pris d'amour pour des figures
magistrales ;j'adorais
Chateaubriand et je trouvais Rousseau génial .Bien des années plus
tard,;j'avais encore changé de vocation;je voulais devenir
dramaturge. Tout cela s'était passé presque d'une seule traite,sans
presque que je m'en rende compte.Ma vie avait flambé,comme une
allumette je ne l'avais pas vu passer.A mes vingt ans je m'étais
pris d'admiration pour nouvel écrivain ; il s'appelait Henry
Miller Ce penseur orgasmique avait dérobé mon âme.il devint mon
écrivain fétiche.Je ne pouvais désormais plus m'identifier à
d'autres héros littéraires .J'avais rejeté dans les limbes de mon
cerveau les romans que j'avais imaginés écrire lorsque j'admirais
les classiques .J'avais même oublié que je voulais devenir peintre
. J'étais tombé à la merci de mes caprices ,j'étais devenu
dramaturge.J'arpentais le ciel comme un objet lancé dans le vide
gravitationnel. Je voulais avoir une chance de conquérir le Graal,
je ne voulais pas rater ma vie ;c'est pourquoi j'écrivais .Mais
je n'écrivais pas pour la postérité ou pour un public
réel;j'écrivais pour un public imaginaire .Coincé dans mes
chimères ;j'oubliais que le temps avait une âme .J'étais perdu
dans mes délires artistique; le Graal se confondait pour moi avec la
réalisation d'une œuvre virtuelle imaginaire .Lorsque je me suis
réveillé ; je ne savais pas où j'avais atterrir. J'étais
toujours un héros potentiel ;j'avais le sentiment qu'une main
mystérieuse me guidait ;elle m'avait incité à poursuivre une
vie de rêveur à Paris ;cette main laissait filtrer une lumière
cristalline sur mon passage .Je devenais en la voyant un être
intemporel un héros sublime,je m'appelais probablement
Odysseus,mais je ne pouvais pas le savoir,j'étais perdu dans mes
pensées.
SOUVENIRS
SUITE
Une
voix m'appelle - Ô Odysseus, Arrête toi !. Qui
a déposé en toi une telle absurde et singulière folie ,vouloir
devenir un héros universel Tu dois te réveiller,revenir
les pieds sur terre;tu n'est qu'un misérable humain !-
ODYSSEUS
Retour
sur mes Écrits .
En
2001, je ne savais pas par où commencer pour écrire mes mémoires
. J'ai décortiqué mes brouillons je voulais voir si je pouvais en
tirer parti . Je voulais essayer de mettre en valeur des moments
magistral de ma vie. Mes souvenirs étaient souvent discontinus, ils
étaient aléatoires.J'avais dressé une liste de d'événements que
je voulais revoir;j'étais tombé sur un de mes brouillons qui
s'appelait -Souvenir de ma vie d'hier-.Cela me ramenait à une époque
ou j'étais rentré à l'armée comme appelé;j'étais assez étonné
de relire cette partie de ma vie que j'avais presque oubliée.
rappeler
.reprendre pour les perfectionner. 1)Nous
étions en soixante-huit,j'étais à l’armée ,j'écrivais
Le
journal d'un fou en campagne.2)
Je voulais sortir du monde contrarié et étriqué que je m'étais
fabriqué. 3)Petit catalogue de mes géniales pièces qui n'ont
jamais vu le jour.4) Un écrivain imaginaire.5)Deux brefs extraits
d'écriture imaginaire.
SOUVENIR
DE MA VIE D'HIER.Daté
2001 .Texte tiré des Ecrits.
Le
journal d'un fou en campagne.
Lorsque
j'écrivais Le
journal d'un fou en campagne,
un
des textes fondateurs de ma vie de dramaturge fictif, j'étais à
l'armée. J'avais été incorporé en mai soixante-huit dans un
régiment d'infanterie de marine (au Mans). J'ai commencé par écrire
les pages du journal d'un fou après quelques mois d'armée, alors
que me trouvais coincé dans un hôtel sous-off, comme gardien
réceptionniste. Une fois incorporé, après mes trois mois de
classes réglementaires, j'avais essayé d'échapper au sort
malheureux qui m'attendait. Je devais rejoindre une compagnie de
combat, je savais que ça allait être pénible ,car j'allais devoir
crapahuter à longueur de journée .Je n'avais qu'une idée en tête,
continuer à me livrer à mes activités d'écriture, de lecture et à
mes rêveries intermittentes de futur écrivain. Même si je débutais
et même si je n'étais qu'un écrivain imaginaire, je voulais
profiter de mon séjour à l'armée pour continuer mes tentatives de
création. J'avais dû faire des pieds et des mains pour m'extraire
des compagnies de combat où on voulait me tenir prisonnier. J'avais
été voir un officier-conseil à moustache noir très
impressionnant. Je lui avais dit que je poursuivais des études et
que j'aurais du mal à le faire tout en marchant dans les forêts
ensablées du Mans ;l'officier a grosses moustaches noires, me
regarda l'ai douteux,il me laissa repartir sans rien me dire.
Quelques temps plus tard, je reçus l'ordre,d'intégrer les
services.Juste avant j'avais dû affronter le capitaine corse de ma
compagnie,il voyait en moi un être récalcitrant, je marchais très
mal au pas ;c'était involontaire de ma part,je faussais la
marche de la compagnie. Le capitaine criait ,il ne supportait pas je
crois qu'un Lorrain, réputé pour être un soldat disciplinés
puisse défaillir. Je heurtais ses fantasmes de rigueur militaire
peut être . Ce capitaine que j'avais fini par oublier m'accusa à
la fin du service d'avoir passé trop de temps dans les
services;dans son esprit ,j'étais un tir au flanc. Seize mois après
mon incorporation je m'étais retrouvé devant le tribunal militaire
,sans savoir pourquoi j'étais là.
SOUVENIR suite.Un
rush N° 2 daté de 2001.
Devant
les gradés du conseil de discipline ,les scènes de ma vie de
militant syndicale me sont revenues en mémoire,je me demandais ce
qu'on me voulais . J'avais l'impression qu'une malédiction me
poursuivait.Une scène de mon passé me revenait à l'esprit ,la
gréve à laquelle j'avais participé dix ans en arrière était
finie.J'aidais mon père à casser du bois sur le trottoir devant
notre maison ;une voiture s'était arrêtée au stop .Je vis un type
à l'air louche qui me photographiait;cela m'avait stupéfait .Je ne
savais pas pourquoi cette scène sorti d'un roman policier me
revenait à l'esprit .Devant l'assemblée de militaires galonnés, je
me sentais démuni. Mon passé de militant syndical me revenait en
mémoire,je me demandais s'il n'était pas la cause de mes ennuis,car
je ne me souvenais pas d'avoir commis la moindre infraction depuis
mon entrée au service militaire .Certes, mon caractère spontané
pouvait m'attirer parfois des ennuis,c'était mon talon d’Achille.
Plusieurs fois durant ma courte existence, je m'étais laissé
piéger par mes réactions trop directes.En général, j'étais un
être doux et sensible,mais à certaines occasions je pouvais
m'emballer. Dans mes résolutions de combattre l'injustice, j'avais
parfois des attitudes de kami case;il me revenait à l'esprit que
lors de mon incorporation ,j'avais dit tout haut devant mes camarades
de chambrée, que je me rebellerais si j'étais obligé de m'attaquer
aux étudiants qui défilaient dans les rues de paris;nous étions en
68 on nous avait fait miroiter cette possibilité – l'armée
pourra intervenir pour réprimer les manifestations!- chantonnaient
les officiers autour de nous. .Pendant que je remémorais ma vie ;les
juges du tribunal militaire se concertaient, ils parlaient à mi-mot,
j'étais plongé dans des abîmes d'incertitude.Que me reprochai
t’ont ? Quelle faute avais je commis?Je n'en voyais aucune à
part ,le fais que j'avais voulu lire écrire et m'abîmer dans la
lecture au lieu de jouer au petit soldat .J'étais au garde à vous
devant les juges qui étaient assis sur une estrade.Cheveux rasés
cour ,je me tenais au garde à vous dans une pose impeccable;mais mon
esprit gambergeait ;me revenais surtout en tête ,la scène ou le
photographe
de ma compagnie ,m'avait accosté en me disant -Fait attention tu es
surveille!;par la sécurité militaire ,elle m'a demandé des photos
de toi-.Cela m'avais de nouveau stupéfait.Je tombais des nues ,je me
demandais en quoi je pouvais représenter
un danger.Je m'attendais au pire!mon côté pessimiste reprenait le
dessus.Les juges qui me faisaient face se levèrent;ils avaient
délibérés ,j'entendis sortit de leur bouche cette affirmation
étrange;ils disaient que le tribunal m'amendait faute de raisons
valables. Je n'étais coupable d'aucun délit !.J'avais répondu
«Merci!» d'une façon spontanée tant j'étais soulagé.Je ne
pouvais pas m'empêcher de penser que j'avais dressé quelques temps
auparavant le portait d'un
héros persécuté par des juges bornés qui voyaient des coupables
partout.J'avais décris par l'absurde les mécanismes d'une société
totalitaire.Je me sentais personnellement ostracisé ,à travers mon
héros le décrivais ma vision de l'existence en société.Je me
sentais comme un juif errant.Si on m'avait relaxé aujourd'hui;ce
n'était que l'effet d'un hasard ,je me disais que ce n'était que
partie remise ; on trouvera demain d'autres raisons pour me châtier
et me pendre.
ODYSSEUS
Je
voyais se refléter les scènes catastrophiques de mon séjour à
l'armée dans les scènes de déambulations du fou en campagne;mon
état d'esprit était fait d'un mélange d'optimiste et de
fatalité;je savais que les citoyens ordinaires ,étaient comme moi
sujet à des manipulations ; mais si j'étais encore relativement
optimiste,c'est que j'avais la conviction qu'en exerçant mon libre
arbitre,je pouvais me transcender ;j'avais au fond de moi la
conviction que mon intelligence et mes facultés critiquent pouvaient
m'aider à comprendre le monde et qu'elles pouvaient m'aider à
m'élever à dessus de la mêlée .Surtout j'avais vingt ans ;j'avais
des projets littéraires ;la conviction que je pouvais écrire des
choses fantastiques;je n'oubliais pas que j'avais été engendré
par une puissance divine qui avait le le visage de ma mère ,et
que j'étais un adepte du Revizor ,cette pièce admirable sortie du
manteau de Gogol .
SOUVENIR
DE MA VIE D'HIER SUITE.
Lorsque
j'ai été appelé à l'armée au début de l'année 68 l'agitation
estudiantine commençait à prendre forme.J'étais un fervent
partisan des utopies sociales.j'avais envisagé de devenir objecteur
de conscience ,car je me voyais en pacifiste. L'armée était pour
moi une aventure sans issue,je n'attendais rien d'elle. Je me
considérais comme un futur exilé.Quelques mois plus tôt ,dans la
petite chambre de la maison des commis,où je vivais en reclus,je me
voyais comme un futur Gogol. Mon exil avait commencé dans ma
chambre;il continuait à travers mon séjour à l'armée.J'écrivais
depuis mes différents lieux d’exil ;je me voyais en écrivain
social;je purgeais une peine,dans un goulag imaginaire .Je décrivais
la société telle qu'elle était .Certes mon génie avait du mal à
éclore.Je remettais toujours au lendemain les corrections de mes
manuscrits. J'étais atteint d'une maladie obscure qui me
freinait,je ne comprenais pas pourquoi,j'avais tant de peine à
écrire .Je sentais que ma vocation d'écrivain était
défaillante.Je travaillais en dilettante.mais je pensais que j'avais
toute la vie devant moi; En
me promenant dans les parcs ,je rêvais d''écrire des passages de
ma vie ancienne (qui n'était pas si longue ) ;j'aurais aimé écrire
une nouvelle version ,des rêveries d'un promeneur
solitaires;j'avais l'impression que j'aurais pu être Jean Jacques
lui même; la marche m'attisaiet l'âme. J'avais la sensation d'être
un exilé .Je reconstruisais en marchant des
passages des proses fulgurantes que j'avais imaginé écrire sous
l'effet d'une impulsion irrépressible Je voyais des phrases
étincelantes bondir devant mes yeux,j'aurais voulu les garder ,mais
une fois rentré dans ma chambre ,je les avaient oubliées.A part le
journal d'un fou en campagne,je ne parvenais pas à écrire.
UN
SOUVENIR.
Flash-back
Je
m'étais arrêté dans le café que le photographe qui m'avait
indiqué . Il m'avait dit que je pouvais le trouver là;il n'y était
pas.Dans le café ,par contre il y avait une faune intéressante. Je
me suis assis .Des jeunes gens du même âge que moi s'interpellaient
vivement .J'observais leur agitation avec des sentiments mêlés.
J'avais un sentiment d'étrangeté ;je me disais que j'étais
resté trop longtemps à l'écart du monde. Dans ma petite chambre de
service de l'hôtel sous-off, j'étais devenu comme un ermite .Je
m'étais plongé dans l'écriture de ma pièce de théâtre (Celle du
fou )c'était uniquement tout ce qui m'importait. Je découvrais
avec stupéfaction des jeunes gens de mon âge qui
s'agitaient;autour de moi ils critiquaient la société ;ils
s'animaient s'enflammaient et se promettaient de tout chambouler ;
je pensais comme eux;mais je m'étais trop éloigné en esprit
;j'étais devenu un promeneur solitaire indifférent au sort du
monde.
ODYSSEUS
Le grand
roman de mes mes déambulations physiques et psychiques en ce monde.
J'aimais me
battre au corps à corps;je prenais du plaisir à exercer ma force
J'avais entrepris de lire les penseurs qui contestaient l'ordre du
monde, j'avais besoin de contester cet ordre,car j'avais l'impression
que le grand roman de mes déambulations physiques et psychiques en
ce monde sonnerait le début de ma vie d'écrivain avant-gardiste.
Je me souvenais d'avoir lu Marx, Bakounine et Trotski, et l'enfer de
Dante;j'étais très littéraire .Je lisais dans les toilettes de
l'usine où je trimais étant adolescent .C'était ma passion pour
la lecture qui m'avait sauvée de la déchéance.J'avais étudié
les penseurs des lumières,je m'empiffrais de lectures.Rien ne
comptait plus que mon aspiration à un savoir universel. A
l'extérieur j'étais, timide à l'intérieur j'étais fragile
,j'étais révolté .J'avais souvent l'idée de m'enfuir.J'étais
devenu un penseur irrégulier,je ne me reconnaissais qu'à travers
les êtres qui déparaient.C'est pourquoi arrivé vers de vingt est
un an ;je m'étais mis en tête de devenir un héros
Millérien;je voulais rattraper le temps perdu ;accéder à
l'essence de moi même.J'avais le sentiment d'avoir perdu trop de
temps à me chercher .Je devais me réaliser.Plutôt que de chercher
à devenir dramaturge;je devais tout consacrer à ma passion
d'écrire .
Pourtant
pour me sauver ,j'avais décidé que je devais pour un temps suivre
ma passion théâtrale ; la fac expérimentale dans laquelle je
m'étais inscrit ,n'était qu'un tremplin pour me projeter dans une
vie d'écrivain.Je n'avais en tête que d'écrire.J'avais besoin
d'errer et de me perdre ,avant de devenir cet être imaginaire qu'une
partie moi espérait devenir. Tout consacrer à ma passion d'écrire
,c'était mon fantasme .Plutôt qu'acteur ou dramaturge,c'était ça
mon obsessions.J'étais absorbé par le feu ardent d'un Graal
imaginaire .Je recherchais une vérité transcendante
inaccessible,j'étais convaincu que ma mission dans cette vie c'était
d'écrire.
ODYSSEUS
Voyages
dans ma mémoire
Le grand
roman de mes mes déambulations physiques et psychiques en ce
monde.Suite.
Les
passages que j'ai écrits sur ma vie fantasmée d'écrivain sont à
lire avec précaution : je ne me reconnais que très
partiellement dans mes propres écrits.Une main mystérieuse
transforme mes souvenirs, elle les rend parfois troubles ;parfois
plus sombre,parfois plus éclatants ,mais souvent instables . J'ai du
mal à me reconnaître dans cette main qui écrit ;elle dit
parfois les choses de moi avec sincérité, et loyauté ;en
même temps ,il me semble qu'elle déforme souvent mes sentiments
et mes souvenirs et qu'elle dénature le contenu réel de ma vie.Dans
ce roman,je suis comme un poisson qui nage en eaux troubles .Lorsque
je retrouve des souvenirs de moi ,éparpillés dans mes écrits et
dans mes brouillons ;j'ai du mal de me reconnaître
entièrement.Des versions de ma vie s'affrontent à travers mes
écrits;elles sont parfois extrêmement contradictoires;elles
m'apparaissent parfois illégitimes
UNE
PHOTO DE LA MAIN
.
UN
AUTRE BROUILLON.
Écrits en (2001) :
1968 :
Quant
j'étais à l'armée, je ne pouvais pas goûter comme j'aurais voulu
aux fruits de la contestation. Je regardais les événements se
dérouler de loin, là où j'étais ,je ne pouvais pas espérer faire
grand-chose. On n'avait pas jugé bon de faire de moi un gradé,
j'étais deuxième classe. Je ne m'en plaignais pas, j'avais horreur
de l'autorité. Commander à des hommes de troupe me semblait une
stupidité. La seule fois où j'ai souvenir de m'être réellement
amusé;c'était au début de mes classes. On nous avait lâchés une
pleine nuit dans un bois pour combattre un ennemi fictif représenté
par une autre compagnie. À cette occasion, je m'étais souvenu que
j'aimais jouer à la petite guerre quand nous étions enfants
.J'avais régulièrement combattu le camp Zioum à l'époque de mes
treize ans. C'était notre ennemi juré. Notre campement se trouvait
sur les hauteurs du village,nous l'avions hissé sur une plate forme
en planche solidement arrimée entre trois immenses sapins. Le lieu
offrait une vue admirable sur les alentours. Nous pouvions voir
arriver nos ennemi de quelques côtés qu'ils arrivent. J'avais
retrouvé avec étonnement cette nuit-là,en rampant dans la nuit
humide d'une forêt du Mans les sensations excitantes que j'avais
éprouvées étant enfant, lorsque je rampais au milieux des fougères
à l'approche du camp Zioum, notre ennemi favoris. Il faisait une
nuit noire; je rampais avec casque et fusil dans une forêt; mon
excitation;était presque pareille à celle que j'éprouvais à mes
treize ans. Ramper en silence au milieu des bois, s'amuser à déjouer
la présence des sentinelles ennemies postées aux quatre coins d'un
camp fictif, réussir grâce à des ruses de sioux à contourner le
camp pour le prendre à revers, tout cela me rappelait ma vie de
guerrier en culottes courtes.Mes réflexes anciens ressurgissaient
d'une façon spontanée, j'avais l'impression d'être un guerrier né.
Organiser une embuscade surprise et réussir à dérober le fusil à
un grand braque de deuxième classe qui avait du mal à se mouvoir
car il était trop lent, c'était stupidement excitant. C'était un
garçon qui n'était pas du tout méchant, et que j'aurais serré
dans mes bras en temps normal tellement je le trouvais vulnérable.
Il nageait dans son uniforme trop grand, il était empêtré dans un
espèce de mouvement désordonné qu'il avait fait en tournant sur
lui-même lorsque nous l'avons saisi. Nous l'avions cerné à quatre
et immobilisé sans difficulté, c'était facile à faire, nous lui
avons dérobé son arme, c'était de la pure connerie, une petite
guerre de merde trop inégale. Je n'étais pas très fier après coup
de mon héroïsme, car c'était de toute évidence tellement facile
de s'attaquer à ce grand démunis que l'exploit devenait dérisoire,
presque ridicule. L'armée aimait jouer à la « petite guerre »
et j'étais tombé cette nuit-là dans son piège. L'armée qui était
totalement ennuyeuse pour moi avait tout à coup réussi par un coup
de génie à capter mon attention et à me désennuyer. J'avais
trouvé excitant de ramper dans le noir, de m'approcher d'un ennemi
fictif et de lui dérober son arme. Je continuais ma vie d'enfant;
c'était un jeu qui ne prêtait pas à conséquence. En temps normal,
je trouvais extrêmement laborieux toutes les disciplines, les
exercices de tir sur cible ou les attaques réglées qui devenaient
vite des modèles d'ennui, surtout lorsqu'ils étaient enseignés par
des gradés imbus de leurs savoir logistique et très peu accessibles
à l'humour. Dans d'autres attaques simulées plus conventionnelles,
il fallait ramper dans des bosquets épineux et attendre qu'un gradé
fasse péter de fausses grenades, attendre ses ordres et avancer par
vagues successives «dans un environnement hostile». C'était bête,
faussement surréaliste, c'était déprimant. Dans le fond, je
n'aimais que la guérilla ,la guerre qui laisse la place à
l'invention et à l'initiative ; je me sentais brimé chaque fois que
je devais attendre les ordres de supérieurs, dont peu possédaient
une seule once de génie stratégique.
Le grand
roman de mes mes déambulations physiques et psychiques en ce
monde(.III)
Au
début de mes classes, mes camarades m'appelaient «l'Anglais» car
j'avais une obsession, c'était de me promener avec un petit livre
qui me servait à apprendre des mots d'anglais. Apprendre l'anglais,
c'était une façon de me différencier. J'avais cette persistante un
peu bête qui consistait à croire que l'anglais c'était bien, à
cause du fait que personne autour de moi ne le parlait, j'essayais de
le pratiquer à des fins de prestige. Mais mon système
d'apprentissage était trop empirique, totalement coupé d'une
pratique vivante de la langue, je n'ai jamais réussi à apprendre
vraiment l'anglais à travers mes méthodes. J'ai régulièrement
tenté de pratiquer cette langue symbole de prestige pour les
français totalement inaptes à la parler que s'en était un peu
ridicule. Cette manière de m'accrocher même en crapahutant à des
bribes de savoir me rappelait celle obstinée que j'avais adopté
lorsque je travaillais comme apprenti dans mon tissage. Je sortais de
mes poches entre deux courses des petits papiers sur lesquels j'avais
inscrit des mots rares, des expressions savantes, des dates de
l'histoire que je voulais retenir, des noms de philosophes ou de
célébrités que je voulais garder en mémoire. Je tentais de
poursuivre tout en travaillant ce que j'appelais «mes humanités».
Je les poursuivais sur le tas, contre vent et marées. Cette façon
d'apprendre obstinée, presque buttée, aurait pu faire croire de ma
part à un détraquement - et s'en était un sans doute -, c'est
pourquoi je peine autant aujourd'hui encore à me l'expliquer.
C'était simplement la folie et l'obstination d'un individu qu'on
avait privé de savoir et qui désirait par-dessus tout s'en libérer,
qui me faisait réagir de cette manière un peu buttée . Je me
sentais humilié d'être privé de l'éducation à laquelle
j'estimais avoir droit. Si je poursuivais mes humanités avec autant
de rage, c'était que je me sentais victime d'une opération
d'exclusion et d'amputation de mon droit à la connaissance . Je
voulais apprendre et on m'obligeait à souquer à ramer à
crapahuter. Je faisais de la résistance à ma façon, c'est sans
doute pourquoi j'ai l'impression d'avoir commencé très tôt mon
apprentissage de la guerre et de la résistance. Cette guerre était
différente de celle que mon père nous racontait lorsqu'il nous
parlait de ses vies dans les maquis qui surplombaient les vallées
vosgiennes. Elle était différente cette guerre de la guerre contre
l'occupant, contre les boches, mais par certains côtés, elle était
pareille. Je résistais à l'ordre stupide qui m'avait placé dans
un monde à fabriquer du labeur et des automates .J'étais un
résistant d'instinct, je luttais avec la force du désespoir contre
l'anéantissement qui me guettait;j'étais obligé de combattre pour
ne pas être anéanti.Pour survivre,je devais me donner une
discipline ;c'était le plus difficile pour moi, qui semblait ne
prendre plaisir qu'à une vie d'anarchie.
Réminiscences
sur ma vie de résistance.
À
une période avant ma sortie de l'école, je voyais l'usine comme un
lieu d'émancipation. Elle pouvait me libérer des leçons de morale,
des problèmes stupide de robinet du calcul et des dictées que
j'assimilais à une espèce de torture.Pourtant je m'aperçus vite,
une fois rentré à l'usine, que c'était un lieu d'enfermement
encore plus brutal que celui de l'école. Je devais réagir pour ne
pas sombrer, j'avais peur de me vider de ma substance et de
suffoquer. C'est pourquoi je pratiquais des rituels de sauvegarde:
j'emportais avec moi au travail des bribes du savoir universel que je
vénérais, car il représentait une des multiples planches de salut
que l'humanité avait jeté sur la route des hommes de bonne volonté
pour aider à leur salut. Assimiler des bribes de savoir en
travaillant me purifiait l'âme. De même, j'ai compris
instinctivement en rentrant à l'armée que je devais me prémunir
contre le rouleau compresseur de la grande muette. Cette dernière
voulait me rendre docile bête comme un légume ; elle voulait
me tailler net, sans faille, me rendre propre et imbécile, sans
vraie singularité, comme tous ceux, naïfs, qui se jetaient dans ses
bras sans garder au fond d'eux un fond de dignité rebelle, une poche
innée de résistance qui les prémunissait contre l'abrutissement de
la pensée organisée selon un rituel d'asservissement propre à
toutes les sociétés convaincues de la nécessité de formater ses
citoyens en vue d'une guerre éventuelle. L'armée, si on la laissait
faire, n'avait qu'un objectif avec ses recrues les moins dotées de
diplômes, c'était de les rendre à terme sans aspérité, aussi
plats et silencieux qu'un bouton d'uniforme. Il fallait juste qu'ils
sachent appuyer sur la détente le jour où la mère patrie serait en
danger. On ferait de même qu'en 14 -18: on les enverrait tous à
l'abattoir. C'était une pure folie, c'était pourtant ce qui s'était
passé. Je n'avais aucune confiance en la beauté morale de l'état
nation. Relisant récemment certains passages du livre de Calaferte
Septentrion,
j'avais été étonné de retrouver chez cet auteur certaines scènes
tragiques de ma vie de laborieux. Les scènes décrites par Calaferte
me rappelaient ma vie de penseur souterrain et de résistant.
Calaferte lisait en pleine extase des passages de La
Divine Comédie
dans les latrines puantes de l'usine où il trimait. Je faisais à
peu près la même chose dans les miennes. Elles exhalaient une odeur
de tabac froid et de pisse qui me remontait à la tête et me donnait
envie de gerber. Même lorsque je lisais des pages apaisantes de la
pensée de Montaigne, j'avais cette sensation de perdition, je
résistais à la déprime grâce à Montaigne. La littérature était
associée pour moi à l'exil dans la puanteur. Dans mon esprit,
j'étais un héros qui vivait au-dessus des lois communes, je faisais
de la gymnastique intellectuelle au milieu de mes machines. Lorsque
j'ai aperçu, beaucoup plus tard, Miller qui travaillait dans sa
société télégraphique, me revenaient en mémoire des pages
entières de ma vie d'exilé dans la forêt du textile.Je pouvais
grâce à la littérature remonter les épisodes de ma vie de
résistant ;je remontais dans ma propre mémoire grâce à ces récits
qui cinglaient ma face, ceux de Miller me paraissaient absolument
géniaux,lorsque j'avais vingt ans;ceux de Rousseau et de
Chateaubriand étaient des talismans à mes seize ans;avec eux ,je
lévitais au-dessus du trou puant des latrines, je regardais le monde
à travers leur prose lumineuse.Je pratiquais déjà à cette
époque,les exercices de méditation des yogis. J'avais découvert
ceux-ci dans un dictionnaire génial qui ne me quittait plus. Sans
m'en rendre compte ma vie à cette époque a gardé dans mes
souvenirs ,le double aspect d'un trou de latrines puant gisant à mes
pieds et l'aspect sublime d’un éclair de beauté qui nageait
au-dessus de moi sous la forme d'un méditant. En lisant Rousseau,
Chateaubriand ou Shakespeare je m'échappais de l'enfer, on on
m'obligeais à trimer;je lévitais,comme un bienheureux au dessus de
la merde ;j'oubliais pour un instant le monde réel. J'en
découvrais grâce à la littérature un autre plus sublime. En
lisant, j'avais accès à des vertiges nouveaux;je pensais que la
prose lumineuse de mes héros littéraires, pouvaient me sauver de la
vie de l'enfer dans lequel je vivais .Souvent j'avais le sentiment
d'être prisonnier. Je n'avais pas de haine, juste un désir fervent
de m'envoler et de mélanger mon âme avec celle des génies qui
accouchaient d'un monde infiniment supérieur au mien. Mais une
vindicte me harcelait;une révolte jamais assouvie me relançait,
elle, elle provenait du sentiment d'injustice que j'éprouvais à
rester dépendant d'un monde si médiocre.Je suis rentré résolument
en guerre contre ce monde le jour où j'ai compris que je n'avais pas
d'autre choix pour ma survie que de résister. Même aujourd'hui à
travers les bienheureuse béatitudes d'esprit qui me reviennent
,lorsque je revois mon passé ,je reste troublé.Le monde que je
contemplais depuis les abîmes où je croyais vivre ,aurait pu être
pire;ce monde injuste qui fabrique des monstres,des individus
humiliés ,des parias et des exilés se déploie avec force et
permanence a travers les images de la société bienheureuse où
nous sommes réfugié (sous les murs protecteurs de la démocratie).Je
suis conscient que ce monde, le mien, n'était pas si cruel;il y
avait pire miséré que la mienne .J'ai seulement tenté à travers
mes récits de faire resplendir l'être tiraillé que j'étais hier .
Mon alter ego Odysseus plonge dans l'eau de ma mémoire en tenant
dans son bec une proie lumineuse qui ressemble aux étincelles du
passé ;cette proie qui s'agite au bout de mon bec;je ne sais
toujours pas ce qu'elle fait là!.Elle m'invite peut être écrire
-Le
grand roman de mes mes déambulations physiques et psychiques en ce
monde(.III)avec plus d'humilité.
ODYSSEUS
MA MEMOIRE REWRITEE
Suite
de mes Écrits revisités en 2019.
À
l'armée, je me consacrais avec passion à l'écriture de ma pièce
de théâtre Le journal d'un fou en
campagne, c'était une façon de me
confronter au monde réel. Si j'ai conservé comme une relique
pendant très longtemps ce manuscrit resté toujours en l'état -
c'est à dire inachevé -, c'est qu'il représentait pour moi le seul
jalon littéraire digne de représenter l'espèce humaine et une
partie de mon génie. Son état d'inachèvement était le signe de sa
beauté. Ce manuscrit inachevé montrait l'impossibilité pour moi de
trouver une voie décente pour écrire correctement, c'est à dire à
hauteur d'homme. Mon manuscrit ne pouvait pas obtenir de finition. Je
regardais le monde avec le regard d'un voyageur fou qui remontait le
cours d'un fleuve dont la source lui échappait. J'avais réussi à
mettre en scène le commencement d'une histoire vraie. Cette
histoire, c'était la mienne Le journal
d'un fou en campagne était un essai
personnel à caractère métaphorique. Je décrivais le monde tel que
je l'apercevais et sans doute même tel que je l'avais aperçu dés
le premier jour ma naissance;c'était un monde absurde grotesque et
injuste ;mais je commençais par croire que j'étais capable à
moi seul de pouvoir le réformer;j'étais un visionnaire de l'extrême
.J'avais réussi à faire surgir une vision de la réalité,que je
détestais ;je voulais l'exorciser. J'avais été poussé une
inspiration providentielle;je voulais montrer à travers cette
sinistre vision du monde qu'une rédemption était possible.Je
n'avais malheureusement pas réussi à terminer mon histoire;je
m'étais arrêté en chemin .Je me suis arrête au milieu du
chemin ;c'était incompréhensible,une force m'empêchait de la
terminer .J'étais paralysé. Le dégoût que m'inspirait la
finition de ma pièce m’avait obligé à tout arrêter.
Je ne désirais qu'une chose,c'était
de m'échapper et de plonger dans l'oubli. Cet oubli, c'était
celui sublime du chaos, que j'avais
toujours présent à l'esprit lorsque je regardais ma vie en face.
Pour accoucher
de ma pièce,j'aurais j'aurais du
m'affronter au vertige qui me collait à la peau . Je butais contre
un sentiment tragique d'impuissance qui m’empêchait d'aller
jusqu'au bout de mes efforts pour créer .J'avais peur une fois ma
pièce finie de me confronter au néant qui suivrait .Je reculais à
chaque le moment ou je devrais conclure mon œuvre. Je refusais
d'affronter le vide qui allait suivre. J'avais entrepris d'écrire
pour une dramaturgie critique,mais une révolte métaphysique
m'immobilisait .Je redoutais le moment ou je devrais me réveiller et
m’arrêter de créer pour retomber dans le monde réel.J'étais
poursuivi par mes obsessions nihilistes.
J'avais
crée en moi un double fantasmé de ma destinée. Il me projetait
dans un monde éternaliste .Je refusais d’assumer ma vie limité
d'auteur et de créateur à l'essai ;je ne me reconnaissais que dans
un monde infini ,sans limitations ni frontières .C'était mon
vision nihiliste qui me faisait chavirer elle luttait et s'opposait
à ma vision éternaliste .Je reculais;je me contentais à chaque
fois de quelques esquisses géniales,je croyais que c'était
suffisant pour que mon génie s'affirme .J'avais fais de cet art de
la défaite une manière d'écrire,j'avais inventé un art nihiliste
.Quelques années plus tard;je passais mon temps à écrire des
pièces de théâtre que je ne finissais jamais. J'avais pris goût
aux créations nihilistes ,aux créations jamais finies. Comme
j'avais vu luire dans l'œil de Marx une flamme d'une beauté
coupante je me nourrissais d'une conception dramaturgique qui
reposait sur une ironie féroce et sur un esprit de dérision qui
incarnait mon attachement à l'esprit nihiliste ; j'écrivais
mes pièces, emporté par la critique féroce et ironique du monde
réel ( le monde bourgeois) incarnation du monde réel . Dans la même
période je découvrais les livres de Henry Miller;il me livrait une
autre manière raconter la vie ;c'était plus cru,plus immédiat,plus
vrai que ce qu'écrivaient les auteurs raffinés que
j'admirais;c'était ce que je recherchais. Après la lecture de
Miller, j'étais convaincu que je devais laisser tomber ma vie de
dramaturge;je devais partir à la conquête du vrai monde;le monde de
la dramaturgie que j'avais tenté de conquérir me semblait
artificiel . Le monde vrai ,était le monde de la psyché -Le
grand roman de mes mes déambulations physiques et psychiques
,s'apparentait au monde Millérien;ce monde contenait
les promesses d'une vie plus vraie,plus héroïque,plus libre;j'étais
attendu ailleurs;je devais réaliser mon rêve d'écriture Millérien
et pour cela je devais me jeter dans les eaux tumultueuses de la vie
à venir .En m'affranchissant d'une partie de mon passé,je
réussirais peut être à devenir l'écrivain que j'avais toujours
rêvé de devenir.
Copié
/ Collé de mes souvenirs :
La
société d'hier, comme celle d'aujourd'hui, était prise de temps en
temps par des spasmes. Mai soixante-huit en était un. C'était une
sorte de petit séisme. Un séisme bien moindre que ceux qui
l'avaient précédé. Je pouvais apprécier cette explosion, même si
le lieu confiné (l'armée) où j'étais tombé à présent
m'empêchait d’en saisir tous les éclats. J'avais vingt ans,
j'appartenais à une génération qui avait tout l'avenir devant
elle. J'imaginais que la société allait bientôt émerger de sa
torpeur. Le travail de sape des contestataires finirait par payer.
J'étais ébloui par un optimisme né après les bouleversements
qu'avaient dû traverser les générations passées. Lorsque je
pensais à papa mon père et à maman ma mère, je voyais bien qu'il
y avait entre nous un écart fantastique. Leur mémoire était
imprégnée de toute la somme des malheurs que la France avait
traversés. C'est à peine si je pouvais me rendre compte de la
chance inouïe que j'avais de vivre dans un pays qui ne vivait plus
sous la menace permanente de la guerre. Car leur mémoire à eux
était emplie du souvenir de deux guerres. Pour moi, ces guerres
étaient trop lointaines, je n'en percevais que les échos. La
mémoire de mon père était surtout imprégnée des exploits qu'il
avait réalisés à l'époque de la deuxième guerre. Il avait pris
le maquis. Il nous racontait ses actions héroïques lors de la
résistance. Mon frère et moi, nous écoutions ses exploits sous la
lumière de la lampe qui éclairait d'une lumière vive la cuisine
familiale. C'était après souper qu'il les racontait, l'œil
enveloppé d'une étincelle de joie pure et de folie. Maman ma mère
ne le contredisait pas (sur le coup), mais les jours suivants, elle
nous racontait en cachette les souffrances qu'elle avait dû endurer
sous les bombardements lorsqu'elle accouchait de mon frère. Il y
avait une certaine vindicte dans ses propos : « Je n'avais
pas assez de nourriture. Il aurait pu m'aider davantage ».
Disait-elle en parlant de papa mon père. « Il travaillait en
Allemagne, il était bien nourri, il ne pensait qu'à lui ! ».
C'était un reproche que j'avais entendu plusieurs fois dans sa
bouche. Pour moi, à cette époque, les malheurs de la France se
résumaient au drame qu'avait vécu maman ma mère lorsqu'elle
accouchait sous les bombardements ; et au rôle héroïque
qu'avait joué papa mon père durant la résistance. Mon père voyait
la guerre tantôt en héros tantôt en vaincu. Il était un héros
lorsqu'il parlait de sa vie héroïque dans la résistance, il était
un vaincu lorsqu'il parlait des occupants, « les schleus ! »,
qu'il appelait aussi de temps en temps « les boches »
en leur prêtant des qualités, mais aussi des défauts que n'avaient
pas les Français. Je voyageais étant enfant à travers leurs
malheurs. L'histoire de France, en écoutant leurs histoires, me
paraissait mêlée de vues contradictoires. C'était une chance
pourtant de remonter à travers leurs souvenirs dans une époque si
éloignée. Je commençais quand même par me lasser, c'étaient
souvent les mêmes récits. Ces histoires du passé me servaient de
mise en mémoire. Elles me rappelaient que j'étais né dans une
matrice chargée d'histoire et que j'avais eu la chance de naître à
une époque où la France était libérée des angoisses de la
famine. Je voyais bien que j'avais échappé au pire. J'appartenais à
une nouvelle ère. La réconciliation entre l’Allemagne et la
France me semblait aller de soi, mais tout était encore imprégné
des malheurs passés. Je faisais partie de la génération glorieuse
de 1948, c'était le babyboum. Bien que ses rapports avec maman ma
mère se soient déjà probablement dégradés, mon père m'avait
engendré dans un sursaut de virilité. Je n'avais pas de récits
concernant ma conception, mais je savais qu'il en existait diverses
versions cachées. La vie amoureuse de mes parents devait était
taboue, elle devait rester enfouie. Mais si l'acte de mon
engendrement est resté enveloppé de mystère, j'ai su très tôt
qu'il n'était qu'une passade. Je l'ai compris quand maman m’a dit
avec réprobation que papa voulait m'appeler Narcisse. C'était
suffisant pour éveiller ma curiosité. « Je me suis opposé à
ça ! » m’a expliqué vigoureusement ma mère. Pour elle,
m'appeler Narcisse, c'était une sorte d'insulte, une déviation qui
n'avait pas lieu d'être. Elle était consciente que papa mon père à
travers cette provocation voulait s'attaquer à sa morale. Mon père,
sans doute, s'était lâché un soir de déprime ; il voulait la
conquérir de force. Il avait craqué, il reprochait à maman ma mère
son manque d'assiduité aux jeux de l'amour. Il y avait je crois un
conflit entre eux au niveau des rapports amoureux. Papa mon père
nous avait conseillé à mon frère et à moi de trouver une femme
qui aime faire l'amour, car il nous a avoué avoir souffert avec
maman de ses relations au lit, trop froides à son goût. C'était
après une soirée arrosée qu'il avait fait ces révélations. C'est
pourquoi, lorsque j'essayais de décrypter les secrets de ma
conception, je me doutais que papa mon père avait dû prendre maman
par surprise. Elle n'avait pas dû regretter ce jour, je le voyais au
sourire qu'elle envoyait à papa mon père sur la photo qu'il avait
prise d'elle. Sur la photo, elle tenait dans ses bras un très joli
bébé blond. Ce bébé, c'était moi, le futur Odysseus, avant que
ma vie fût défigurée par les récits d'Homère.
Suite
Les
relations de papa mon père et de maman ma mère n'avaient plus sans
doute la ferveur des temps premiers, le temps des grandes fièvres
amoureuses était passé. Ma mère, qui avait toujours été une
femme pudique, ne garantissait plus à mon père le minimum requis
pour satisfaire son insatiable ferveur amoureuse, celle qui datait de
leur première rencontre et qui remontait à l'époque de leur
mariage. Je recueillais dans les albums de famille les traces de leur
bonheur, mais ce bonheur, au fur et à mesure que les années
passaient, me paraissait s'estomper. Je lisais sur le visage de ma
mère à travers les photos qu'on nous avait légué les signes de sa
déception. Papa mon père, lorsqu'il ne parvenait plus à se
contenir, je m'en souviens, rentrait à la maison en claquant
déraisonnablement les portes des placards. C'était lorsqu'il était
un peu grisé. C'était le résultat de la dégradation de leur
intimité amoureuse. « Votre père ne m’a jamais frappé ! »
disait maman le jour d'après, comme pour se justifier. « Sa
mère l'a élevé dans le respect des femmes, il n'aurait jamais osé
faire ça, il vénérait sa mère ! ». Maman se confiait à
moi, elle avait besoin de me donner des explications sur le caractère
parfois sanguin de mon père. Lorsque j'apercevais sur les photos de
famille des éclats noir dans les yeux de mon père, et sur le visage
de maman des airs de tristesse, je savais qu'ils traversaient des
moments difficiles. Elle devait se confier à quelqu'un, elle m'avait
pris comme confident. Je ne peux que spéculer après coup sur cette
galaxie aimante que représentait l'union de mon père et de ma mère.
Toutes ces histoires font partie d'un mystère que je ne peux
intégralement déchiffrer. Papa mon père et maman ma mère sont
restés ensemble jusqu'à la fin, malgré l'immense champ de bataille
que constituait parfois au quotidien leurs disputes familières (vues
par l'œil consterné de l'enfant que j'étais). Pourtant, vers la
fin, devenus un couple réconcilié, je gardais d’eux une
impression de sagesse. Ils me rassuraient lorsque j'étais en
défaite, je leur étais reconnaissant d'avoir su me conserver un
havre de paix, où je pouvais venir me ressourcer lorsque j'étais en
perdition.
ODYSSEUS
Mémoires
En rentrant
de l'armée, je poursuivais dans ma chambre l'écriture délirante de
mes pièces de théâtre. Je me voyais en auteur critique. Je
travaillais dans la même usine textile ,j'étais assez actif
syndicalement. La vie idéale dont j'avais toujours rêvé devait
attendre,j'avais d'ailleurs tout le temps devant moi .J'en profitais
pour m'imprégner des écrits contestataires de tous horizons .Les
situationnistes ,dont j'ai adopté immédiatement les idées
représentaient un pan de la contestation intellectuelle séduisant
.La lecture des auteurs américains m'ouvrait de nouveaux
horizons;avec les penseurs contestataires je voyageais sur une
planète en perpétuelle rébellion. J'étais fasciné par les écrits
de William Burroughs; il incarnait un idéal de vie qui s'était
implanter dans mon cortex;il représentait la vie anarchique de
l'esprit. Je découvrais le monde de la contre culture américaine
avec du retard , des figures comme celle de Ginsberg, Alan Watts,
Timothy Leary, Jerry Rubin qui formaient le planétaire d'une vie
artistique dérangeante,étaient déjà derrière;mais elles
s'imposaient aux nouvelles générations.Les
situationnistes,appartenaient déjà à une époque ancienne lorsque
je les lisaient.J'étais issu d'une génération qui vénérait les
poètes dépravés les esprits rebelles et les opposants à l'ordre
bourgeois universel .J'étais admiratif des poètes provocateurs;je
ne voyais pas les poètes béats s'enculer dans leurs soirées
poétiques enfumée de marijuana ;je voyais qu'ils représentait
un idéal de vie libre à laquelle j'aspirais .Je n' idéalisais pas
l'homosexualité;je n'avais pas d'aversion contre elle;je ne
connaissais pas ces rites . J'avais été élevé dans un milieu qui
lui était hostile ,mais je n'avais d'idées sur elle.Je me souvenais
surtout que lorsque j'étais encore à l'école primaire, un de nos
voisins vivait seul avec sa mère. Il avait été surpris un jour
dans une douche avec un autre homme, cela avait provoqué des ragots.
J'avais porté un nouveau regard sur mon voisin, je ne pouvais
imaginer que derrière sa vie rangée se tenait cachés un tel
secret.Je ne pouvais pas facilement accepter qu'on puisse faire
l'amour d'une façon différente que celle qu'on m'avait enseigné
.Les premiers temps Lorsque j'ai compris en lisant Proust que ses
amoureuses étaient des hommes;j'ai eu du mal à faire la
bascule;après j'ai oublié.J'ai admiré Jean Genêt je trouvais sa
prose admirable.Je savais qu'il était homosexuel;je trouvais ça
exotique .Genêt était un rebelle sacralisé par Sartre. Il faisait
partie du monde exotique de la culture française. Après Sade,
Rimbaud, Verlaine, Rabelais et tant d'autres, il rentrait dans le
moule de la culture moderne contestataire à la française,il n'y
avait rien de de choquant à le lire .D'ailleurs lire Sade était un
plaisir pervers,qui me rendais mal à l'aise;je n'avais pas encore à
l'esprit l'idée que la transgression était un art à part entière
;c'était un plaisir fulgurant qui passait à travers la lecture ce
plaisir me paraissait parfois monstrueux . C'était une tradition en
France de consacrer des pages entière aux vices à l'infortune et
aux dérèglements de la morale traditionnelle.Si je me suis attaché
spontanément à Henry Miller;c'est parce qu'il représentait une
classe sociale qui était proche de la mienne ;il était issu d'un
milieu prolétarien;il était jouisseur idéaliste et parfois
cynique ; il défendait une conception anarchiste et virile de
la beauté qui me stimulait . Il défendait surtout une conception
métaphysique de l'existence .Il s'opposait à la culture
matérialiste qui était toute puissante;il était un excellent
publicitaire de son œuvre;il utilisait le sexe comme ingrédient
dynamique pour révéler l'hypocrisie de la société américaine.
Si moi, Odysseus, j'avais plongé dans les gouffres de la sexualité
Millériennes,pour me faire connaître ,je serais mort à coup
sûr;notre société n'a plus rien à faire du sexe.J'avais souscris
à une version de la vie amoureuse qui était aux antipodes de celle
de Miller. J'avais de l'admiration pour les poètes du moyen âge ,
pour les élancées mystiques des troubadours et pour Dante, le
grand poète italien ; je vénérais surtout les valeurs
morales véhiculées par les poètes païens .Si j'idéalisais
Miller, c'est qu'il représentait un de mes fantasmes . À travers
lui, je voyageais loin de mes propres façons de penser ;il
m'obligeait à regarder le vie d'un point de vue complètement
l'opposé que celui que m'avait inculqué ma mère .
ODYSSEUS
Souvent, je
reste assis sur le rivage pour contempler les silhouettes de mes
héros littéraires;elles s'agitent parfois dans mes rêves.Hier
,j'admirais leur allure, leur désinvolture, leur ferveur, ,leur
grandeur .je me disais qu'un jour deviendrais comme eux ;un
être surnaturel ;je rêvais de laisser dans la mémoire des hommes
une trace lumineuse aussi lumineuse éclatante et inaccessible qu'un
poème de Dante tombé du ciel..Après ma mort ,je rêvais d'une vie
éternelle.
Le
grand roman de mes mes déambulations physiques et psychiques en ce
monde(.IV)
ODYSSEUS
Souvenirs tronqués
La vie
laborieuse que je menais dans le tissage où je travaillais en
compagnie de mes petits camarades arpettes comme moi;je la vivais
comme une malédiction .A cette époque je cherchais encore ma voie,
bien qu'il fût claire que c'était dans la peinture qu'elle se
trouvait .C'était au départ mon don pour le dessin qui m'avait
fortifié dans cette conviction.Quelques années plus tard,vers mes
dix huit ans ,je croyais avoir trouvé ma voie dans la
dramaturgie;j'avais été refusé à l'école des beaux arts
d’Épinal;pour me venger ,je passais mon temps à écrire des
scénarios de pièces de théâtre. Je les écrivaient en crapahutant
dans mes machines;surtout, je m'échappais du monde en rêvant.
Quelques années plus tard en rentrant de mon service militaire ,je
combattais les injustices sociale;j'écrivais des pièces de théâtre
encore plus radicales que les précédentes ;je combattais aussi mes
anciennes manières d'aimer;j'avais commencer par me dévergonder;je
prenais du plaisir à séduire les jeunes filles sur les bals
populaires, je m'initiais à l'amour libre, je déconstruisais en les
mettant à nu les mécanismes pervers qui alimentaient la société
du spectacle.J'étais heureux d'une certaine façon car j'étais
libre de penser comme je voulais;j'appartenais à un monde qui était
libre d'inventer de nouvelles alternatives morales;elles conduisaient
à une vie radicalement meilleure.
Mémoire
suite
Devenir un
héros de la société émancipé;n'est pas chose facile ; cela ne se
fait pas sans quelques transgressions .Étant un jeune homme issu
des classes populaires élevé dans le respect de l'ordre
républicain;j'étais parfois pris au dépourvu par la façon dont
je devais gérer mon comportement moral . J'ai dû faire des efforts
constants dans mes pérégrinations urbaines à Paris pour ne pas
plonger dans une forme d'anxiété paralysante;surtout lorsque je
devais rentrer en lutte contre l'ordre social J'ai dû souvent me
faire violence;j'avais été élevé dans un monde d'intégrité
morale sans faille ,je devais faire des efforts constant pour
endiguer le flot d'anxiété qui m'enveloppait lorsque je devais
transgresser la loi . Lorsque je devais passer de la théorie à la
pratique.Il y avait une pompe à merde d'angoisse qui m'oppressait,
c'était immédiat.Une grosse et mortifiante pompe à merde
d'angoisse me tombait sur la tête. Je devais me battre en permanence
pour résister à ce surmoi hostile et puissant qui m'ordonnait de
me mettre à genoux et de m'aplatir sur le sol ,lorsque je
m’apprêtais à commettre une action répréhensible . Je me
battais contre une puissance invisible qu'on avait déposer en moi et
qui m’interdisait de transgresser la loi. (la loi républicaine
s’entend );un ange noir me freinait. C'était un dur combat de
lutter contre cet être anxieux et cela m'épuisait. Je devais lutter
. J'étais sujet à des sueurs, à des ralentissements, à des
phobies;parfois à des syncopes. Lorsque j'étais confronté à des
opérations de transgressions de la loi républicaine;je tombais dans
un marasme intérieur incompréhensible. J'avais conscience d'être
un héros vulnérable, je luttais pour un idéal égalitaire,
intellectuellement convaincu que je devais en passer par là pour
rétablir une justice sociale déficiente;mais une main obscure
puissante me ralentissait .Je m'affaissais ,je devais m'arrêter pour
pomper l'air ,à chaque fois, que mes stigmates d'anxiété me
reprenaient.C'étaient les mêmes symptômes bizarres qui
m'affecteront plus tard lorsque je prendrai l'avion;avant de pouvoir
me défaire de mes angoisses, j'ai dût lutter longuement ,j'ai dût
m'entraîner longuement avant de sortir de mes terreurs . Enfant, je
m'évanouissais à la vue d'une seringue;j'étais affecté d'un mal
étrange que m'avait transmit je crois ma mère lorsque j'étais dans
son ventre ;un mal d'angoisse puissant et dévorateur ;ce mal a duré
très longtemps;même devenu un adulte, lorsque je vivais dans un
corps d’athlète; je m'évanouissais encore à la vue d'une
seringue . Mon diabète ma obligé à aimé les piqûres,j'ai fini
dompter mes démons.
Quelques troubles réminiscences :
Le
droit d'habitat devait s'opposer à la misère sociale. Le squat
était un des leviers pour les plus paupérisés de disposer d'un
toit. C'était d'ailleurs un droit qui était reconnu par une
jurisprudence restreinte. J'étais un convaincu, mais je traversais
une période de désagrégation psychique qui me rendait plus
sensible et émotif que jamais.
J'allais
vers mes vingt-sept ans, une impérieuse nécessité de dériver
m'avait pris de court. J'avais besoin de me perdre dans le maelstrom
de Paris la cité merveilleuses , j'étais un aventurier qui errait
dans une ville aux allure de jungle. Je luttais pour garder mon
équilibre, mais il était devenu instable. J'avais perdu ma belle
assurance d'antan et mes points de repère familiers disparaissaient.
J'avais préjugé des mes forces ;je ne pouvais plus reculer,je
m'étais aventuré trop loin . Pourtant au milieu de tous ce chaos
je gardais une force vitale étonnante ; j'avais de puissantes
racines ,j'étais un enfant des hauteurs ,un montagnards .Les gênes
vigoureux transmis par mes géniteurs ;mon amour pour les forêts
vosgiennes de mon enfance;tous cela avait crée en moi ,un lien
profond avec la forces du monde intelligent ; je conservais en moi
les souvenirs heureux de mes marches en forêt ; depuis les
sommets je contemplais les vallées qui s'étendaient à mes pieds
,je savais lire dans le livre de la la nature, j'étais un être
profondément terrestre. Mes repères temporels semblaient s'être
effondrés,mais je conservais en moi l'instinct des choses. A
l'époque je vivais avec une jeune femme pétulante. Elle était en
lutte pour son émancipation..moi qui croyais avoir déjà fait la
mienne, je la regardais de loin ;je faisais corps avec ses
idées ,et surtout je caressais sans me lasser sa peau rose et
douce . J'étais souvent en proie à des hallucination;je me voyais
en exilé ,j'étais en train de créer une œuvre .L'idée de créer
une œuvre m'obsédait toujours. C'était je crois ma seule véritable
raison d'être à l'époque. J'avais des visions , je voyais une
œuvre intemporelle qui s'écrivait dans mes cahiers. Je marchais en
suspension dans l'air; des angoisses me torturaient . Mon obsession
d'écrire me projetait dans une vallée qui serpentait parallèle à
la celle du monde ordinaire ,je vivais dans un songe .J'avais mis à
jour une théorie des récits qui contenait les prémices d'une
vision poétique destinée à régénérée l'esprit de l'homme
occidental qui avait chuté dans les abîmes.
Ma vie
dérivait de plus en plus.Au fil des jours ;je me suis retrouvé en
prise avec le monde déambulatoire des errants .Avec ma muse qui
m’entraînait dans la contestation,je suis devenu squatter
.Plus tard ,j'ai transformé cette aventure en une ficion
poétique.Mon récit était autobiographique.J'avais tenté de
décrire ma vie héroïque dans Paris au côté d'une femme
imaginaire qui se faisait appelé «Désir», cette héroïne
reflétait mes propres désirs d'errance. « Désir »,
c'était la splendide jeune femme qui m'avait initié aux plaisirs
charnels a mon retour de l'armée;elle n'était pas entiérement
imaginaire ;elle avait existée,je l'avais rencontrée,j'avais fait
l'amour avec elle ;son coté sensuel anarchique et entiérement
spontané m'avait bouleversé .Ma nouvelle muse s'appelait à
présent « Feu d'or » j'effectuais des études
théâtrales quand je l'ai rencontrée;elle était en révolte contre
la société patriarcal.Elle était rentrée en guerre contre
l'hypocrisie de la société bourgeoise. J'ai tenté de construire
une fiction poétique que j'avais intitulé La
folle légende .Je
retraçais
une partie de ma vie
souterraine.
J'avais laissé comme d'habitude, mon manuscrit dépérir dans mes
cales ;j'étais dubitatif devais je me pourrir la vie à la
recherche d'un éditeur , ce manuscrit était si loin.Dans ma fiction
autobiographique, mon héros s'appelait Bel
Astre;Bel Astre errait dans Paname dans
l'espoir d'engendrer le grand poème qui annoncerait -Les
nouveaux temps Poétiques-. Bel Astre,
c'était mon double . C'était mon obsession à l'époque ,je rêvais
d'engendrer une révolution poétique. J'avais travaillé mon
manuscrit à des périodes parfois assez éloignées ,il était
presque bouclé .Je voulais mettre à jour le faste souterrain de
cette épopée artistique souterraine.J'avais commencé par écrire
la deuxième partie de la Folle
légende;elle
racontait l'histoire des squats
d'artistes à travers l'histoire de son groupe emblématique
Art-Cloche . . Dans mon esprit, la poétique urbaine des artistes
squatteurs des années 80 et du début des années 2000 avait des
correspondances avec la révolution beat qui avait eut lieu aux Etats
Unis;elle se s'inscrivait aussi dans une tradition poétique plus
ancienne qui débouchait sur les mystères du moyen âge .J'ai voulu
reprendre à mon compte le rêve du Roman
de la rose.Je considérais que les
mystères étaient toujours d'actualité . Andy Warhol glorifiait
l'épopée de la société de consommation à travers ses boites de
Campbell's Soup. Les surréalistes voulaient transfigurer la réalité
sociale à travers le rêve. Le groupe Transmigration (qui était
associé au groupe Art -Cloche ) voulait ouvrir l'œil pinéal des
humains.
Toute cette aventure insensée faisait partie de la Folle Légende.
J'ai abandonné dans un coin le tapuscrit de la
Folle Légende. Comme j'étais assis
au centre d'une nouvelle nébuleuse;celle de mes soixante dix ans ,je
me disais que faire réapparaître ce manuscrit ,alors que j'étais
tombé dans la nébuleuse de Zygmunt Bauman, celle de la société
liquide;une société ou tout devenait jetable;je pensais qu'il était
inutile de m'agiter que tout finirait par disparaître dans un grand
tsunami.J'avais la singulière impression d'être arrivé moi même à
ma date de péremption. Le temps filait plus vite que moi; ;j'avais
vu s'écouler ma vie plus vite que prévu.La seule chose qui pouvait
témoigner de mon passage sur terre ,c'était Odysseus,
une
fiction autobiographique .Je
m'efforçais de tenir mon tapuscrit à bout de bras ; je tentais
de protéger ce rêve dérisoire de mémoire « COMME UN SIMPLE
SONGE QUE J'ESPERAIS FAIRE EMERGER DU NEANT ».
ODYSSEUS
Comme j'ai
la sensation que la mémoire me fuit;pour évacuer le stress né de
la sensation de culpabilité que je ressens à chaque fois que
j'étale mes mémoires sur ces pages; Je relis mes brouillons.
Récits
Une page de brouillons,
datée de 2001 :
Lorsque
je me suis révolté contre l'ordre social vers mes quinze-seize ans,
j'ai immédiatement compris que le monde était surtout partagé
entre le monde des riches et celui des pauvres.Je me rebellais pour
accéder à une idée supérieure de l'homme .C'était la morale des
lumières qui m'animait .Si mes premières révoltes se sont faites
surtout contre l'autorité de ma mère;c'est surtout grâce à
Voltaire qu'elles se sont affirmées ,il incarnait pour moi
l'esprit des lumières encore plus que Jean Jacques que je n'avais
pas encore lu en entier .J'avais décidé de prendre mon sort en
main. Il n'y avait pas d'autre ennemi à combattre que l'injustice.Je
devais me consacrer à cette tâche jusqu'au bout..
ODYSSEUS
Discours
Mes
souvenirs chevauchaient des espaces inconnus. J'apercevais souvent
dans mes rêves et dans mes écrits (mes brouillons) des vérités
contestables et je m'étonnais pour certaines de les avoir soutenues
,et pour d'autres de les avoir combattues J'apercevais clairement
les limites de mes capacités à penser .
Suite
de mes brouillons
Un souvenir
de 2001:
Lorsque
je suis devenu étudiant en théâtre, c'était grâce à
l'intelligentsia de gauche qui avait réussi à créer une université
accessible à tous.J'avais trouvé ce prétexte pour m'enfuir de
l'usine ou d'après une loi d'éternel remplacement ,j'aurais du
devenir dans cette même usine contremaître comme mon père.Je
voulais goûter je crois à la vie d'étudiant.J'avais idéalisé
cette vie qui m'avait été interdire.Je voulais aussi concrétiser
ma vocation dramaturgique. J'avais écris plusieurs pièces ;mais je
commençais par fléchir;mon rêve de dramaturgie s'affaissait .
LA
FAC
Ceux
qui avaient cru en cette utopie (l'utopie du savoir) devaient se
rendre compte qu'elle était surtout une fiction. Ceux qui venaient
chercher ici une reconnaissance sociale ou un nouveau statut social
devaient se rhabiller. Les diplômes de la fac expérimentale
n'offraient aucune garantie sur le marché du travail. J'ai compris
que c'était le jeu du chat et de la souris,ici comme ailleurs, il
fallait se faire petit,voir ramper pour obtenir un soutien .J'ai
vécu ici au début ,des instants magiques ,puis j'ai commencé par
déchante;je me suis enfoncé dans les marges J'étais toujours
envahit par des rêves pharaoniques de création; des rêves
d'absolu me taraudaient;je voulais entreprendre de grands voyages .La
peinture avait ressurgit; ,ses folies m'assaillaient,je peignais
jusqu’à l'épuisement. Une voix surgie de l'ombre me dictait des
poèmes qui atteignaient des hauteurs vertigineuses. Le monde
m'apparaissait né d'une collision entre un astre solitaire (la
terre) et des entités invisibles qui cherchait leur place au sein
des nébuleuses divines qui hantaient le cosmos . J'étais persuadé
d'être un héros des temps nouveaux .
ARCANES
NOIRES
J'écrivais
des poèmes douloureux, chargés de métal blanc.Je me vidais le
cerveau, j'étais pris de vertige. Une vie nouvelle s'offrait à moi.
Elle resplendissait,je devenais certains jours un être lumineux,je
croyais m'être affranchis de mes limitations passées. J'avais
l'impression que je pouvais enfin me libérer;je pouvais me libérer
de mes dernières attaches. Je marchais dans le vide de la nuit ,je
n'avais pas peur des vagues puissantes que je voyais tournoyer autour
de moi;elles me grisaient. J'étais un aventurier ,j'ouvrais une
voie ,je traçais un sillage ,je marchais sur la voie originelle.
C'était ma vie intérieure qui m'occupait;j'explorais ma vie sous
des angles inédits.La peinture me reprenait,j'écrivais des
poèmes ;je noircissais des pages pour décrire mes troubles
existentiels ,j'étais à la poursuite du Graal . Parfois mon esprit
n'était entravé par rien, je nageais dans une vie irréelle; malgré
mes crises d'angoisses fréquentes ;j'aimais cette vie
aventureuse. Je devenais de plus en plus génial,et de plus en plus
instable psychiquement. J'avais oublié que j'étais parti pour faire
des études de théâtre,j'étais comme envoûte, pris dans un rêve
de dépassement héroïque , je me suis retrouvé au centre d'un
cyclone qui avait l'allure d'un volcan en éruption. Je voyait le
ciel qui rayonnait comme un charbon ardent ; dans une faille du
temps je voyais des êtres imaginaires qui me faisaient des
grimaces.Une nuit j'ai été attaqué par un monstre qui ma cloué
sur une planche;il détachait un un les lambeaux de ma
peaux;j'hurlais de douleur ; je voulais mourir; le démon m'en
empêchait ;il avait des pouvoirs surnaturels. J'ai respiré un
grand coup,puis je me suis évanoui .En me réveillant j'ai compris
que j'étais tombé dans une terrible dépression. Ma vie avait
basculé ;du paradis,j'étais tombé en enfer ;je devais
sortir de là.
LES
ARCHIVES D'ODYSSEUS
Relecture
48
TEXTES PEINTS
EXTRAITS DE DEUX CAHIERS
UN CAHIER ORANGE
UN CAHIER BARIOLE
TOUS DEUX DATES DE1981
LES TEXTES PEINTS
NOTE
A PROPOS DES TEXTES PEINTS
Notes: La plupart
des Titres des textes peints ont été écrits par moi à l'âge de
trente ans;j'ai voulu les présenter de façon à ce qu'on puisse
les lirent tels qu'ils on-t été rédigés à l'époque.,
AVANT PROPOS
Il m'est est
venue plus d'une fois à l'esprit de les supprimer ces vieux
écrits car je les trouvaient illisibles; A ce moment là ,je
considérais que ces écrits
étaient inexploitables ;
Puis finalement les prenant à bras le corps, (
j'avais décidé de voir ce que je pourrais en tirer) j'avais alors
découvert des
traces d'une présence qui n'était pas si vulgaire que
j'imaginais; je découvrais même avec étonnement "que je
savais écrire à cette époque" contrairement à l'idée
toute faite que j'avais de moi-
Il est vrai que tout ce que j'écrivais ne
parvenait pas à monter, à s'envoler, à naître,je considérais
mes textes inaboutis
pour la plupart.C'était des fragments d'écritures .
Je voulais qu'on les voient exactement comme ils
étaient, des textes peint "de l'intérieur"; comme si le
fait d'ajouter de la couleur ( une couleur parfois tragique) à des
textes d'apparence parfois insignifiants pouvaient faire en
sorte qu'ils se différencient, qu'ils deviennent plus intéressant;
plus évocateurs; comme si les mettre en valeur de cette façon,
c'était leur redonner de l'importance dans le programme invisible
d'écriture que je m'étais donné, (assister à ma naissance par le
biais de l'écriture) véritable EPHIPHANIE en fait programme
de renaissance que je mettais en exercice dans mes pages( à mes
meilleurs moments) sans être sur tout a fait que c'était bien
là un acte de naissance qui s'opérait, car ma conscience toujours
était aveugle et je dérivais ( malgré quelques éclats de
lucidité) . Je voulais peut- être peindre ces textes comme je
peignais à l'époque ( j'ai commencé en effet à l'époque, à
peindre sur des journaux; je peignais sur des journaux qui se
transformaient en des espèces de stèles ( des totems plats )sur
lesquels figuraient des signes primitifs que j'avais volé aux
anciennes peuplades archaïques, et que je déposais sur les images
(photographique) et sur les signes (typographiques) du journal comme
pour tenter de les mêler ou de les faire se
confondrent). J'imaginais peut-être de créer des textes tatoués,
comme des écritures ( tatouées sur la peau ou sur la page).Ce que
je tatouais; c'était sans doute et plus que probablement mes états
d'âmes, mes états d'être, mon impuissance à vivre et celle à
naître. Les textes peints appartiennent
à une tentative pour faire jaillir des figures
qu'on ne pouvaient voir à l'ordinaire".
C'était fdes
tentatives pour percer les secrets de l'être, c'était dans cet
sorte d'égarement là, que je me tenais alors.. C'est ce que je me
propose d'aller revoir ici.
ST.J.D'ASTRE
Mardi 12 Décembre 2000Shanghai.
SOMMAIRE
PREMIER CAHIER
-1-Texte peint
aux couleurs de l'attente P.3
-2-Texte peint
aux couleurs de la dissolution
-3-Texte peint
aux couleurs de la résolution
-4-Texte peint
avec la matière noire de mes chimères
-5-Suite des
chimères
-6-Texte peint
dans la couleur du ressassement
-7-Texte peint
dans la couleur de mes nuits passées aux messageries
-8-Texte peint
avec des couleurs claires
-9-Texte peint
avec la couleur de mes rêves d'écriture
-10-Texte peint
aux couleurs de mes racines
-11-Texte peint
dans la couleur de mes nouvelles résolutions
-12-Texte peint
dans la couleur de mes attentes
-13-Texte peint
dans la couleur de mes rêves adolescents
-14-Texte peint
dans la couleur des Mac.DO
-15-Texte peint
à travers ma fatigue
-16-Texte peint
dans la couleur du …
-17-Texte peint
de mes incertitudes
-18-Texte peint
avec la couleur de nouvelles résolutions
-19-Texte peint
dans la couleur de mes imprécations
-20-Texte peint
dans la couleur de mes délires
-21-Texte peint
au réveil avec du plomb ( texte peint à la verticale de moi - même,
texte
peint sans
grâce)
-22-Texte peint
avec les eaux d'une fontaine ou se baignaient quelquefois mes nuits
pleines
de Tristesse
-23-Texte peint
avec des riens
-24-Suite du
texte peint avec des riens
-25-Texte peint
dans le feu de ma vindicte
-26-Peint avec
mes hargnes
-27-Texte peint
comme on peint un tableau
-28-Texte peint
avec la couleur de la désespérance
-29-Texte peint
contre moi
-30-Texte peint
comme on dit…avec une très légère emphase
DEUXIEME CAHIER
-31-Texte peint
dans mes rêves
-32-Texte peint
avec mes anciens troubles
-33-Texte peint
comme un roman
-34-Texte peint
avec des souvenirs anciens
-35-Texte peint
avec la douceur des abîmes
-36-Texte peint
avec ma peine
-37-Texte peint
avec mes peines ( suite)
-38-Texte peint
aux trois- quarts sous hallucination
-39-Suite du
texte peint au trois -quarts sous hallu
-40-Nouvelle
suite des textes peints sous hallu
-41-Texte à
demi peint et abandonné
-42-Texte peint
entre deux anciens rêves
-43-Texte peint
avec mes désarrois
-44-Texte peint
avec ma peine (nouvelle suite)
-45-Texte peint
à la va vite
-46-Texte peint
sans beauté
-47-Premier texte
peint dans l'abîme.
-48-Second texte
peint dans l'abîme.
PREMIERE PARTIE
(1)TEXTE
PEINT aux couleurs de l 'attente
C'est une raison
puritaine? Qui commande peut-être à ce genre d'attitude; mais elle
est chez moi inscrite dans ma nature comme une seconde nature. Si je
n'ai pas envie de donner, je ne donne pas, et c'est ce qui se passe
aujourd'hui. " Pas avare , mais économe" disent les
Vosgiens. En tout cas, ce dénouement n'est pas fait pour me
déplaire; inconsciemment, je désirais peut-être réajuster ce lieu
( *) à mes passions, et lui redonner la possibilité d'être plus
autonome, car je pensais y attirer des femmes pour les subjuguer. Je
dois dire cela, avec un peu d'ironie, car je ne suis pas certain
d'arriver à mes fins avec la dose de légèreté que requiert ce
genre d'opération. J'ai décidé quoi qu'il en soit, d'abandonner
certaines rigidités de conduites liées à mes fantasmes de
création., j'ai comme une envie soudaine de m'éclater
d'abandonner mes vices ( mes tortures) et certains de mes
principes de morale devenus caducs. Il me semble avoir perdu
les semaines passées beaucoup trop de temps dans des opérations de
" survie" de la survie pure et simple. J'ai de nouveau
envie de vivre selon le rythme impulsé par mes désirs profonds,
leur laisser plus d'envergure pour s'exprimer, ne plus être à
l'aguet ; cela peut aller du voyage à l'écriture, en passant par
tout le reste soit théâtre et peinture; j'envisage même
ouvertement de me débarrasser de ce fil encombrant qu'est devenu ce
projet de thèse à rédiger; pour le moment faute de mieux; j'ai
décider de continuer à ramer dans mes nuits pour amasser du fric et
pour voir venir. Mais cette position ne me satisfera pas longtemps.
(2) TEXTE PEINT
AUX COULEUR DE LA DISSOLUTION
Point mort.
Lagune, mais
aussi lacune dissolution, terre plane ( jusque là ou le relief
s'enfuit à l'intérieur des terres).
Manque de cœur,
solitude, tristesse peut - être (pourtant il ne sert à rien de
pleurer, les larmes seraient en trop).
Il n'y a rien à
montrer (au public).
Les bancs ici
d'ailleurs sont entièrement déserts ( pas de public pas de
lecteur, pas encore) demeure seule le vaste corps horizontal de la
plaine et le sable qui la recouvre ( il n'y a pas d'herbe)il y a
seulement debout sur le sable ,un homme qui marche presque sans but.
Il avance à
pas comptés, comme un drôle d'oiseau
Il avance à
pas comptés dans ses mouvements
Premier
mouvement
Celui
de la peinture, toujours trop rapide sans doute alors qu'il
faudrait prendre le temps de s'asseoir pour sentir, il se lève,
s'active ( inutilement)il s'escrime avec ses pinceaux, et pour finir
il en sort des mondes absolument
étrangers à tous ceux qu'il connaît
Théâtre
Pour le
théâtre c'est la même chose
Toujours trop
rapide
Il court comme
un damné, il pique un grand sprint de coureur de font,
Mais il livre
une course trop rapide, pas assez intérieur cet homme!
Il court et
tombe il fallait si attendre!
Retour à la
case de départ il fallait si attendre!
Il court
toujours avec la même hâte!
Il a une quasi
incertitude sur ce qui va se produire dans son futur!
C'est pourquoi
il court.
(3)
Mardi…(sans
date) Résolution
TEXTE PEINT AUX
COULEURS DE LA RESOLUTION
Me lève à 19H
Ai dormis une
partie de la nuit 2H
J'hésite à ré
-attaquer l'étude sur B… A….je me pose des problèmes,
cela n'est pas bon…je dois pourtant poser des choix. C'est à
nouveau le désert intérieur.
Produire pour
produire, cela n'est pas bon.
Je continue (
récemment) une petite série de peintures sur journaux, en les
enduisant de vernis à vieillir ( opération dangereuse ) pour le
papier. De toute manière cela donne des choses moyennes.
Si l'acte de
peindre ne se rattache plus à un mouvement intérieur, il
m'intéresse moins; en tout cas je le sens déphasé presque inutile.
C'est plus généralement ma position EN l'intérieur DE ce monde qui
est devenue problématique " trop extérieure". Je sens
moins les choses et les rattachent donc moins à la vie, car ma vie
est trop pressée.
J'ai peut être
trop d'idée toutes faites sur la vie. Des projections dans la tête,
beaucoup trop d'images.
Il faut aimer les
hommes c'est la seule chose importante, je ne les aiment pas assez.
J'aimerais bien
rassembler mes forces pour en faire le point. Avoir des vues plus
claires sur mon destin au lieu de travailler au coup par coup selon
les humeurs et les coups de gueule; rejoindre la communauté des
hommes par le biais d'une activité qui m'offre satisfaction. Mais
ici à la place je m'offre un peu de tout et un peu de rien…je
manque de sagesse.. je panique sur l'avenir, je cherche trop à
entreprendre des choses extérieures à ma vie. Il y a un
mégalomaniaque qui soupire en moi.
Il me faudrait
rejoindre un temps des profondeurs ( celui qui me fait défaut en ce
moment) être moins spécifiquement rationnel en certains cas.
J'aspire à
l'être universel et non pas à la spécialisation, c'est peut être
ce qui peut me créer certains problèmes parfois.
Aujourd'hui
encore je manque de détachement ( ou de consistance) car j'ai du mal
à présent de sentir la position que j'occupe dans le mouvement
naturel des choses. Et s'est important je crois de bien s'accorder
avec soi même pour " se réaliser". Pour me réaliser je
m'occupe encore trop de moi sans doute. Je dois prendre le temps de
laisser venir les choses à moi; avoir ce qu'on appelle "de la
disponibilité intérieure"
(4) TEXTE PEINT
AVEC LA MATIERE NOIRE DES CHIMERES
Les orages sont
dans ma tête; absurde cette guerre des mondes intérieurs? Que
cherche le sujet en guerre? A trouver sa place dans le monde? La
satisfaction dans la contemplation d'une image qui se refuse à
lui? Je n'ai pas régler tous mes vieux conflits, ils demeurent en
moi à l'état brut; ils étaient demeurés tapis dans un recoin
d'espace; ils n'attendaient qu'un instant favorable pour resurgir;
ils ressortent exacerbés après tout ce temps passé à se
vautrer dans l'ombre. Leur donner du champs est nécessaire pour
qu'ils puissent s'exprimer. Ils prolifèrent en moi et
forment des petits et des grands tas de misère, qui fondent sur ma
vie à des heures régulières; ils portent surtout sur des questions
d'identité dirions nous; sur des images mentales obsessionnelles,
sur des désirs contradictoires. Je voudrais tout gagner, toutes les
parties du jeu, celles engagées dans des paris ( chimériques) sur
la création, être tout en même temps, et cela bien sur est
absurde.
(5)
SUITE DES CHIMERES
Je dois opérer
des choix silencieux; me défaire de certaines de mes chimères,
sinon je vais m'enfoncer, enfoncer encore plus mon restant
d'existence dans ce territoire "maudit" ou
loges mes sublimes folies intérieures; je dois m'éloigner de ce
marécage bruissant d'insecte, qui commence par puer avant de
succomber. Au surplus ici, il n'est question que du temps qui
m'obsède, alors que la bas quelques pas plus loin; la vie semble si
simple est si tranquille, elle semble souveraine.
20.2.81.
(6)
TEXTE PEINT DANS
LA COULEUR DU RESSASSEMENT
Des champs de
forces et de désirs se percutent, des étendues de ruse silencieuses
s'affrontent et travaillent ,ce sont des temps de supplicié,
ils sont de nature concrète, simple et stupide. J'ai dressé hier ,
comme on dresse des CHIMERES de multiples projets en théâtre, en
peinture, en écriture , j'ai en quelque sorte engagé des coureurs
pour courir après ces maudites chimères, ce sont ces coureurs qui
me tuent à présent " coureurs performance" comme je les
appellent ils me tuent à petit feux. Ils voudraient de la
consécration peut être et s'énervent sur les standards de la
compétition; car l'homme ne peut tout faire en tout cas tout d'une
seule fois; encore le pourrait il qu'elle intérêt de l' faire s'il
le fait comme moi, au prix de la folie.
(7) TEXTE PEINT
DANS LA COULEUR DE MES NUITS PASSEES AUX MESSAGERIES
Lundi 14H10.
Réveil embrumé,
me rappelle l'époque ou je trimais en usine la nuit ,
même impression au réveil; et en sus il y a des impressions de nuit
qui me remontent à la tête ,celles liées à toute la faune
cosmopolite qui travaille là (aux messageries) celle que j'aime et
celle que je déteste; je pourrais parfois avoir envie de la décrire;
cela servirait il à quelque chose?
Si ce devait
être, je commencerais par décrire ceux que j'aime, le premier
serait :
A…ce grand
Tunisien à la veste à carreaux rouges et noirs ( canadienne) son
éternel bonnet sur le crâne, il est fort en gueule, c'est un
personnage sentimental, qui réagit avec le cœur; avec des détours
calculés quand il veut produire des effets, mais…je ne suis pas
dupe. C'est lui qui ma guidé la première fois pour aller à
Bobigny. Il y a une sorte de connivence qui s'est crée entre nous
deux, une connivence que j'ai encore du mal à distinguer.
A….(je ne
retiens pas son nom ) me rappelle quelqu'un d'autre que j'ai
connu,( j'ai du mal à me rappeler qui…) peut être H…. qui
bossait aussi à l'usine ou j'étais dans les Vosges. Il a du sentir
(ou pressentir immédiatement) mes résistances et mes faiblesses,
mes points vulnérables; il m'a mit tout de suite au parfum (dans le
bain) le premier jour de mon arrivée, en m'initiant (tout comme H….
l'avait fait à la boîte ) aux combines et coup tordus qui ont lieu
ici (il la fait à sa façon…un peu brusque) en m'indiquant les
têtes à s' méfier; les têtes de cons, fayots, enculés,
chefs, petits chefs et apparentés qui risquaient de me rendre la vie
ici impossible si je ne les tenaient pas à distance. Peut être que
ce qui nous relie A…est moi, c'est notre sens de
l'individualité; nous sommes des têtes brûlées nous ne supportons
pas qu'on touche à notre individualité. Nous n'en faisons qu'à
notre tête…
(8) TEXTE PEINT
AVEC DES COULEURS CLAIRES
Ah ! comme
j'aimerais pouvoir mieux raconter les histoires pour avoir le plaisir
de montrer celle là, celle de mes compagnons de trime dans la nuit,
celle de ces individualités , montrer ces hommes de cœur, (ces
méchants parfois) ces simples hommes (et qu'ils soient homme
du peuple comme on dit homme du peuple comme moi c'est encore autre
chose).Pour écrire…je ne suis pas Aragon.
Si j'aime
beaucoup les romans populaires de K. ( comme ce roman Memed le
mince) c'est qu'une partie de moi se reconnaît dedans, des romans
qui décrivent la peine la dureté la révolte la solidarité les
bassesses et la haine des hommes cela ne peut pas être mauvais; j'ai
surtout envie de rencontrer l'homme plutôt que les cultures qui
l'ont façonné, plutôt que les classes sociales qui l'entoure;
(mais cette forme de naïveté chez moi je le sais, ne sévit que
sous un mode passager ); c'est un mode passager de conscience; car
quand je me réveil de ma naïveté, je sais que cultures classes et
conflits sont là; c'est pourquoi alors après avoir été naïf, je
commence par m'intéresser à la véritable nature des choses; c'est
la nature véritable des choses qui m'intéresse , mais alors
parfois, la nature presque à l'état brut , c'est pourquoi je peu
dire aussi que je m'intéresse quelquefois à la nature de l'homme
dans ce qu'elle à de plus élémentaire et de plus brut.( brut
et élémentaire comme certaines choses que j'écris sans m'en rendre
compte peut être).
(9) TEXTE PEINT
AVEC LA COULEUR DE MES REVES D'ECRITURE
Je
sens que j'aimerais accorder plus d'importance à tous ces
personnages qui courent à travers mes nuits, ils appartiennent
tellement à ma réalité qu'ils lui donne "chair" je dois
trouver des moments de liberté pour les
compter (et les entreprendre) car je voudrais les doubler à ma
propre réalité ( à celle que je vis dans les marges souterraine de
mes fantasmes de création).A LA FOIS PEINTRE SANS L'ETRE,A LA FOIS
ECRIVAIN SANS L'ETRE DRAMATURGE SANS l'ETRE, A LA FOIS ACTEUR SANS
L'ETRE, A LA FOIS ETUDIANT SANS L'ETRE…ambiguïté culturelle et
sociale; ambiguïté temporelle et spatiale, ambiguïté humaine si
l'on veut ( mais sans problématique outrée) sauf en des moments de
"vertige" ( car l'unité demeure en l'homme malgré
tout).Mais c'est l'intérêt de ce cheminement qu'il m'intéresse de
narrer un jour ( comme par ces diverses tentatives j'avais déjà
tenté d'en extraire les grands thèmes, à travers OKAPOULKOFOU et
Nuit aux pôles, et ce roman ( l'épopée d'un héros) ; et je ne
désespère pas un jour d'entreprendre l'épopée épique
surnaturelle et sociale de cette LONGUE MARCHE VERS LE MILIEU
DE MES RËVES ET DE MOI MËME.
Mercredi 26
Discothèque Beaubourg.
(10) TEXTE PEINT
AUX COULEURS DE MES RACINES
Ambiance
éclectique des gens déplacent des postes vidéo( un fond musical
autour du cou).*
Je viens à
l'instant de contempler un reportage sur la fête dans le Languedoc,
cela donne envie d'y être, de faire la fête avec eux; envie surtout
de nouer des liens affectifs culturels avec une collectivité; j'ai
pensé aux Vosges en voyant ce reportage ( dans l'est les traditions
carnavalesques n'existent pas ) en tout cas pas dans les Vosges. Cela
me manque parfois le contact vrai avec une collectivité. Mais la
collectivité me semble t'il n'a presque plus d'âme à présent et
son identité se perd, elle est partie ailleurs. Nous vivons en des
temps ou la mémoire se perd. Quand les racines culturelles d'un
peuple s'épuisent, c'est qu'il est devenu temps pour lui de renouer
avec son histoire, pour retrouver en elle de nouveaux motifs
d'affirmation. Je ne suis pas pour le nationalisme, je considère
seulement que la survie d'un individu comme celle d'un peuple passe
par la reconnaissance d'une identité culturelle collective ( ce qui
est à la base des racines de chacun) et que sans elle ( à
moins de s'affirmer à travers une identité culturelle de substitut)
chacun peuple et individu sera en passe de "périr". Dans
ce périssement, il se fera peut être une renaissance ( mais
rarement) le plus souvent l'assimilation se fera au profit d'autres
types de valeurs culturelles parfois si éloignées de celles qu'on
trouvait à l'origine, que celui qui se fera assimiler risquera fort
de perdre " sa première identité" son identité propre;
cela se fera au profit d'un double culturel qui créera en lui une
-identité artificielle-; artificielle si cette derrière est trop
éloignée de son vécu véritable. L’identité doit se construire
aux sources du vécu, sinon l’homme dépérit.
( 11) TEXTE
PEINT DANS LA COULEUR DE MES NOUVELLES RESOLUTIONS
Dimanche 29.
Soleil sur Paris.
Me lève à
13heure.
J'ai fais hier
soir la tournée "des amis" suis passé chez M.. qui
s'apprêtait à fêter ses trente ans, il y avait X… et C….*nous
avons bu du champagne et plaisanté, je suis remonté ensuite jusque
chez CILE...qui n'est pas rentrée d'Italie; seule COL.. se trouvait
la bas. Je suis allé plus loin, chez STON... et CAT.; j'ai passé la
soirée la bas, avec CAT.. et sa sœur CHRIS.. puis des amis
qui sont passés.
JE ME TROUVE A UN
POINT DE STATIONNEMENT , LE TRAVAIL NOCTURNE AU VOLANT DE MES J 7
SUCCESSIFS ABSORBE DE PLUS EN PLUS MON TEMPS ET JE CONSACRE DE MOINS
EN MOINS D'ENERGIE A MES PROJETS ARTISTIQUES DIVERS.
Je suis retourné
pour la première fois aux séminaires de V.. sur les DEA et
Doctorats; je n'avais dormi que trois heures; tout cela s'est passé
comme dans un rêve. Je me suis contenté de m'apercevoir que mon
travail sur la thèse en était resté" à un stade primaire"
comparé au travail de certains . Je suis venu chercher ici les
points d'appuis pour me relancer, mais je vais devoir fournir
beaucoup d'efforts si je veux présenter un travail " correct"
en temps voulu. Je vais sans doute réamorcer une ligne de travail
d'ici peu. Ce serais dommage d'arrêter si prés de la ligne
d'arrivée. Mais je dois combler certaines déficiences, et certains
retards; je peu tenter ( pour m'aider) d'utiliser comme support
analytique pour mon étude le travail de M… P ...* sur ce
qu'il appelle " la transculture" et trouver un rythme de
travail régulier, méthodique.
J'envisage
aussi de réamorcer certains " Travaux écrits". Je dois en
effet tenter certaines échappées dans l'écriture; mais pour cela
je dois consolider ma base " littéraire" si je puis dire,
faire preuve de plus de rigueur de travail.
(12) TEXTE
PEINT DANS LA COULEUR DE MES ATTENTES
Lundi 1er
mars
Après " une
étreinte" provoquée par la lecture de très beaux contes
arabes, je donne ( pour me justifier) quelques lignes dans ce cahier
( pour justifier mes journées) ou il ne se passe rien ( façon
naturellement de parler, car si on y regarde de plus prés il se
passe toujours quelque chose). APRES CETTE ECLABOUSSURE DE SOMMEIL
QUE LES NUITS PROVOQUENT,JE SUIS PRET A M'EVEILLER A L'HEURE PRECISE
OU JE DOIS REPARTIR POUR UNE NOUVELLE ESCAPADE DANS CES NUITS
BLANCHES " TROUEES DE TRAVAIL"( j'ai écris cette phrase
comme dans un rêve , comme si c'était de l'écriture automatique,
c'est pourquoi je l'aie soulignée).
J'ai fais une
nouvelle escapade à Beaubourg cet après midi, je voulais me
replonger dans l'étude sur B…et A…..*je m'aperçois que c'est
plus difficile que prévu; je dois me fouetter, ranimer mon intérêt
pour ce travail( efforcer d'éveiller mon esprit) en vue d'une
approche critique ( qui me fait défaut).J'ai acheté en sortant du
resto.U. rue M… trois bouquins , entre autre un sur Gauguin,
car Gauguin m'attire violemment à présent , sa vie, ses voyages,
ses toiles. Écrire une histoire de Gauguin pour le théâtre me
tenterais, mais comme j'ai déjà engagé de multiples projets sans
les poursuivrent résolument et le plus souvent sans asseoir
leurs bases, je me demande si ce coup de foudre pour Gauguin n'est
pas qu'une passade. Projet aussi d'une pièce à l'aide d'un titre (
pour stimuler son envol) …J'irai pleurer autour du Gange…contenu
encore imprécis, mais il porte en soi mon désir de renouer avec
l'écriture théâtrale; l'inconvénient c'est que je risque de
manquer de place pour laisser glisser tous ces projets, vu ma lenteur
à en concevoir un jusqu'à sa fin.. à moins qu'une inspiration
radicale ne me vienne en aide et me pousse soudain à écrire…
(13) TEXTE PEINT
DANS LA COULEUR DE MES RËVES ADOLESCENT
Mercredi
Certaines
sensations au réveil me bouleversent parfois, quand je m'imagine
tout à coup transporté dans un temps ( toujours plus lointain)
situé dans mon adolescence à la campagne, ou étant seul , je
découvrais avec passion " le plaisir et
la réjouissance qu'il y a à être seul"; je découvrais en
même ( est ce par hasard) la réjouissance infinie de l'écriture;
écriture accolée à certains états intérieurs; ou la seule
passion est celle de la nature, et des mots qui servent à l'écrire
( sensation d'un temps sans brisure) temps pur de l'écriture,
écriture invisible du temps. Temps pur de l'existence, non accaparé
par les "devoirs" de l'existence, sorte de mysticisme
intérieur ou la joie qui naît provient aussi de l'illusion
(littéraire) posée sur le monde. Temps fort des années de
formation individuelle ou l'écriture ( elle seule) jouait comme une
compagne; ou la compagnie d'autres écritures ( Rousseau,
Chateaubriand) me transportait dans un siècle ou n'existait pas
encore la terreur des médias; sorte de fuite hors du temps, bercée
par des étreintes avec soi même, avec les autres par le plaisir
d'être soi même dans l'écriture. Promenades dans la nature ( sur
le flanc de la montagne) promenade méditative chargée de
grandes espérances. C'est sans doute ce premier contact de
l'écriture qui me bouleverse; le retrouver un instant après tant
d'années d'errance et de misères ( intérieures) contact avec cette
écriture qui marque l'intimité du domaine intérieur et trace sa
voie silencieuse brutale solitaire royale; écriture de l'isolement
et des états méditatifs, plaisir de l'étreinte méditative; quand
le plaisir de vivre était plus puissant qu'aujourd'hui, malgré la
différence de l'âge. Vocation solitaire de l'écrivain, mon double
d'hier, que je m'oblige à délaisser pour des raisons particulières.
Trop tôt pourtant pour faire le point, pour m'arrêter dans
l'isolement de la campagne, dans les solitudes de l'écriture et dans
ses passions, ses étreintes, ses méditations, car je m'efforce
toujours de croire que j'ai des courses à réaliser, que le temps de
l'immobilité ne m'est pas encore donné, que les épaisseurs de ma
carrure sont encore trop visibles pour que je puisse corps et âme
m'abandonner au monde de la sainteté qui est intérieur. J'ai des
courses à mener à travers le temps. Le temps des réalisations et
ces courses aussi ont de l'ampleur et de l'apanage. Si je reste à
Paris, n'est ce pas une des raisons qui est que la ville m'oblige à
la conquête d'autres espaces ( moins intérieurs, plus sociables)des
conquêtes- de destin et de guerre
-. Ne suis je pas aussi un guerrier parti à la conquête du monde
Je suis le guerrier des songes intérieurs, et des passions,je doit
accepter mes destinées . Un jour peut être mes passions
rejoindront mes vies imaginaires …ce jour là je naîtrai !.
(14) TEXTE
PEINT DE LA COULEUR DES MAC DO.
Je suis allé
mangé dans un Mac Donald ce soir, cela m'arrive rarement, puisque
j'ai rarement du fric, mais j'ai déjà éprouvé d'autres fois cette
sensation de dépaysement lorsque j'y suis. C'est comme si
soudainement j'avais l'impression d'être un autre, et c'est une
sensation assez positive par certains côtés, puisque soudain
j'existe au milieu du monde, comme un acteur social; les femmes
peuvent me regarder et je peu les regarder ( je ne regarde
qu'elles) sans que cela ne pose de problème (de rapport) puisque
nous sommes entourés par des glaces, et la glace fait partie du
rapport; il n'y a pas comme dans le métro par exemple cet sorte de
voyeurisme du regard ( qui traque et qui s'empare à travers le
reflet teinté de la glace) de l'image de l'autre, position obscène,
car la plupart du temps, l'autre me fait face; et c'est ma peur ma
mauvaise conscience ou bien ma timidité mon manque de courage ou ma
perversité qui fait que je l'observe " de biais" en
quelque sorte, sans nouer de relation directe avec elle ( comme une
personne à part entière). Dans le Mac Donald l'artifice et une
convention ( comme la nourriture d'ailleurs) elle fait partie de
cette culture d'avant garde que nous as envoyée l'Amérique pour
donner l'impression à l'homme de la rue qu'il appartient au nouveau
monde.
( 15) TEXTE
PEINT A TRAVERS MA FATIGUE
Je manque à
certains égards de résolution dans mes projets, c'est souvent le
reproche que je me fais. Il me manque aujourd'hui "une force de
travail accomplie" pour organiser et développer" des
espaces de création". Je suis sous le coup d'une fatigue qui me
double en permanence, et j'aimerais parfois mieux résister à cette
sensation de glissement qui s'opère au contact "de ce travail
nocturne aux messageries" qui me sert aujourd'hui de
justification contre ces manques au niveau créatif. Je voudrais
faire effort pourtant pour atteindre à d'autres rendement; mais cela
suppose une dose de détermination qui n'est pas encore en moi.
J'accorde encore trop de prix à mes sublimes états intérieurs.( La
confusion des sentiments n'aide pas à se ressaisir).
Dimanche 15
.3.81.
( 16)TEXTE PEINT
DANS LA COULEUR DU ……..
Le printemps
s'éveille, je le sens au remue ménage que commencent par faire les
oiseaux sous mes fenêtres . Le printemps est toujours une
renaissance; une nouvelle sève monte dans l'arbre, et c'est à
nouveau le bourgeonnement. Des odeurs de campagne viennent donc me
chatouiller les narines et c'est tant mieux, car j'en avais mare de
cet hiver froid et pourri.
J'aimerais en
profiter pour faire le ménage dans ma maison, (y voir un peu plus
clair ) ensuite remuer la terre de mes jardins ,
réfléchir ,savoir ou semer et quoi semer.
Le besoin
d'écrire monte en moi, comme une jeune sève, mais mon arbre est
fragile.
( 17) TEXTE
PEINT DANS LA COULEUR DE MES INCERTITUDES
Je suis attiré
par la fable l'épopée et le conte sans que cela ne se traduise
concrètement par un travail ( qui irait dans ce sens) Si l'épopée
la fable les types de narration populaire me captivent; c'est que je
sens qu'il y a là une sorte de sociabilité de l'écriture; une
sociabilité de l'écriture qui rejoint le grand public,( c'est sans
doute cela qui m'intéresse). Car écrire pour n'être lu que par des
intellectuels à cessé de m'emballer ou pire écrire comme je
le fais ( pour un lecteur invisible) est difficile. Je sens qu'il est
possible à travers les principes de narration de la fable et de
l'épopée de renouer avec une tradition de la parole , - ou
l'histoire mise en jeu s'expose comme un bien public - , ou le
divertissement n'exclut pas ce qu'on appelle pompeusement ( la prise
de conscience) . Mais j'ai encore un peu de chemin à faire avant
d'être en état de pouvoir écrire de telles choses. Car quelle
épopée mettre à jour? Quelle fable? Quel roman réutiliser? Je
sais que dans ces journaux (intimes)que j'écris je pourrai demain
venir puiser quelques matériaux; pourtant les choses ne
m'apparaissent pas assez nettement encore . Je peu certes imaginer
des héros; mais mes héros hélas s'affrontent se bousculent au
portillon de l'histoire sans savoir laquelle ils doivent affronter;
le roman d'essence autobiographique se le dispute dans ma tête au
roman d'épopée classique . Je dois consacrer quelques heures de
réflexions ( à ce grave problème qui me tourmente par
instants) de façon à préciser ou je veux vraiment aller…
( 18) TEXTE
PEINT AVEC LA COULEUR DE NOUVELLES RESOLUTIONS
1 Avril 81
Grand rire sur la
surface de mes cahiers, au moins 7 à 8 cahiers commencés, l'un sur
INSTANTS L'AUTRE SUR DESTINS, un autre sur PEINTURES, et puis quoi
encore…Mais j'ai l'impression que les choses avancent peu. Je veux
trop saisir à la fois, et ce n'est pas possible. Je me dis qu'il
doit bien sortir quelque chose de tout ça un jour ou l'autre ( ce
n'est pas possible d'être aussi touche à tout).
Aujourd'hui je
suis libre à plein temps pour quelques mois, ( deux ou trois).
J'aimerais consacrer le meilleur de mon temps à cette étude sur
B.….A……mais la peinture me talonne…et ce que je produis est
trop fugitif trop rapide pour me satisfaire.
Ces signes
japonais pendus avant hier dans mon espace ( le début sans doute de
quelque chose) mais trop fugitif. Je suis un peu saturé de ces
courses de part et d'autre, je dois me donner le temps de saisir
davantage les rapports qui s'installent, et faire preuve de fermeté,
c'est à dire privilégié un rapport( celui de l'étude) en
approfondissant ce rapport, sinon je ne fais rien de bon, cela je le
sens avec de plus en plus d'évidence…c'est pourquoi une discipline
m'est nécessaire, je dois me donner un emploi du temps, trouver un
rythme et être à l'aise dans ce rythme( celui de l'étude).
J'ai vu une expo
cet après midi A…. et C…..* deux peintres qui quelque part me
servent de référence. J'aimerais au niveau pictural ( toutes
proportions gardées) faire preuve de plus de " consistance".
Pour peindre,
je dois me placer en dehors du temps.
( 19)
TEXTE PEINT AVEC LA COULEUR DE MES IMPRECATIONS
Mars
le 4
J'hésite soudain
à tracer des mots sur le ( plâtre blanc ) de la feuille.
Cette réalité
là à travers l'écriture, est ce bien moi qui la parle? Ou est ce
l'écriture qui la parle pour moi? Le centre d'une " solitude
totale" n'a jamais cessé d'exercer ses attraits devant moi. Et
c'est de nouveau comme une sorte de fascination qui agit, l'écriture
me tire et elle me recouvre en même temps ( elle m'enfouit) à
travers elle je m'extrais et pourtant en mains endroits je m'enfonce.
Cette écriture là qui s'écrit n'est qu'un simple moment de ce qui
m'appartient, puisque dans ma propre réalité, elle se refuse à
éclore, à s'affranchir elle se refuse à avoir des rapports
avec le monde; cette écriture là à la fin DEVIENT SA PROPRE FIN.
Quelque chose doit cesser, quelque chose doit éclore, quelque
chose doit cesser dans ce mouvement perpétuel qui va de mes doutes
ultimes à mes passions excessives. Je dois sortir de l'homme que
j'aurais voulu être, pour rentrer dans celui que je suis réellement.
Et cet homme à moitié femme est un corps en révolte contre les
impératifs de la tête ( et de l'histoire?) ce corps là se cherche
un partenaire résolu et sans peur, comme un corps d'écriture - ou
l'esprit et les sens se marient ( sans angoisse, sans fausse pudeur)
avec résolution-.
(20)
TEXTE PEINT DANS LA COULEUR DE MES DELIRES
Réguler
certaines visions non mûres
Les apprêter,
les extirper, les polir.
Mais les
genres s'entremêlent
A travers le
NOIR (strié, mordant) GRIFFER la plaque (Lisse et dure) de
l’apparence.
Besoin de ce
contact, mais…désarroi
Désarroi
devant l'impuissance momentanée..
JE CHERCHE A
CONSTRUIRE UN LIVRE DE POSSESSIONS
Aux tableaux
d'écriture illustré par l'auteur (Dante un second Dante) auteur
vivant peut être cette fois au XX ième siècle (mais
personne ne le saurait).
MOI.
L'écriture
sera t'elle ce lieu magique et enchanté (ou s'acharnant contre les
éléments hostiles) le poète va sortant de la nuit? De la
nuit ou son génie repose. Sortant il va pour démystifier
L'ARTISTE ET SES SUBLIMES POUVOIRS dit il.
Mais LUI, je
le vois devant moi.
IL CLAME
TOUJOURS SON DESARROI :
Il dit :
Je ne sais
d'ou me vient CE MANQUE A COMBLER, CETTE DOULEUR, je ne sais d’où
me viennent ces fièvres, ces tourments qui me rongent.
Souffrance
combat avec la cruauté la douleur, la lumière, et pour finir les
ombres, les couleurs, les cris et le silence terrifiant , qui tourne
en rond comme le PATHOS.
QUESTION
ABSURDE dit il , rien n’arrive je suis sur le point de m’écraser
sans retour.
MOI à lui à
ce poète maudit je dis :
RESTONS
DEBOUT , REFLECHISSONS, SOYONS CLAIR , PEUT ON CONCEVOIR QUELQUE
CHOSE DE CONCRET LOIN DU PATHOS QUI FAIT DURER LA
NUIT DE MALHEUR ,LOIN DU PATHOS QUI FAIT FUIR LA RAISON.
Jetons sur la
table comme un jeu nos arguments.
LE MIEN LE
VOICI :
CONCEVONS UNE
CHOSE QUI SOIT DIFFERENTES CHOSES , UNE CHOSE QUI SOIT A LA FOIS
PIECE DE THEATRE ROMAN EPIQUE ET PEINTURE CINEMA GRAVURE POESIE
GRAPHIQUE HOLOGRAMMES SONORES ET VISUELS , CHANT ET
CANTIQUE , LIEU PROFANE ET SACRE , UN FUSIONNEMENT ET UN
BOULEVERSEMENT QUI OBLIGE LE SPECTATEUR A L’EXTASE , ET AU
CHAVIREMENT, UN BOULEVERSEMENT METTANT TOUS LES SENS A
CONTRIBUTION . Établissons des règles simples pour construire ce
projet.
LUI ne me
voit !
IL CRIE .
IL SE
TORD .
Il hurle comme
dément !
N’écoute
pas mes arguments.
LUI
-
Quelle démarche intérieure furieuse rame en moi ici ! Besoin
de briser, attaquer de toucher …TOUCHER
LE CŒUR DE L'EMOTION. TOUCHER LA PIERRE DURE DE LA DOULEUR ;
Quelle est
cette vision aperçue lors de mes déroutes CETTE DOUBLE VISION
APOCALYPTIQUE .
D’UN COTE
ATTAQUER LES
NERFS COMME ARTAUD ATTAQUER LA SENSIBILITE ATTAQUER LA
CULTURE ;
D’UN AUTRE
RIEN D’AUTRE QUE DE SUBLIMES INSTANTS MARQUES PAR LE DESIR illustre
DE POESIE et PAR LA TRANSE SACREE DES ANCIENS VOYANTS.
MANUSCRIT D’ESSAI
LA
DIVINE COMEDIE DES MONDES PRESENTS.
-------------------------------------------------------------
DELIRE
(SCENARIO)
AINSI SE
DEPLOIT ENTRE LUI LE POETE FOU ET MOI SON ALLANT UNE FRESQUE QUE NI
L’UN NI L’AUTRE NE PARVENONS A maîtriser.
On voit DANS UN
PREMIER ETAT sur un écran immense.
L’Excitation
mentale du poète
ET LA PREMIERE
VISION CINEMATOGRAPHIQUE QU’ELLE ENGENDRE
Planche
Dantesque- Vision Théâtrale - Des mondes actuels , buildings,
avions ,trains, volcans , arbres immenses, animaux , foules en délire
passent et repassent, gros plans de visages et de ruines, gros plans
de ciels et lumières, gros plans de tempêtes et de terres sans fin,
gros plan de ciels et d’horizons sans fin gros plan d’eau aux
horizons sans fin.
Poèmes
symphoniques sur un immense écran ou la musique abstraite, se
mélange aux cris du monde .cris d’enfants d’oiseaux, de douleur
de plaisir, vagissements craintes folies, cris d’amour de
douleurs, de détresse d’extase etc..
Cris
DEUXIEME
ETAT
PARTITION
PEINTE
Ébauche de la
vision de son ALLANT sur un deuxième écran immense.
Fresque noir et
blanche à la plume ou à la gravure à l’eau forte .On voit
l’ALLANT peindre.
Les gravures
Correspondent aux états mental du poète vu par L’ALLANT
à travers ses visions, L’ALLANT représente le poète au moments
de ses descentes dans les gouffres intérieurs.
TROISIEME
ETAT ;
ESSAI
typographique et cinétique projetés sur un troisième écran
immense.
QUI MELANGE ;
UN
TEXTE
POETIQUE
QUI N’EST PAS ENCORE ECRIT
ET
QUI RESTE A ECRIRE
UUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH
PPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPPGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGGG
UNE
VISION POETIQUE D’UNE TRAVERSEE DES MONDES INTERIEURS DU POETE
MATERIALIS2E PAR UNE VISION CINEMATOGRAPHIQUE .
Traversée
de précipices de plages de paysages de neige et de déserts.
OOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOO
LE
CORPS NU DU POETE .
Nouvel
écran immense on aperçoit un homme nu en train de peindre une
grande toile (genre Pollock).
AU
MEME INSTANT SUR TOUS LES ECRANS S’INSCRIVENT ( en
clignotant) CES LETTRES
LA DIVINE COMEDIE DES MONDES PRESENTS VA S’OUVRIR
DEVANT VOUS APPRETEZ VOUS A L’EXTASE.
Des
danseurs vont apparaîtrent sur la scène, ils danseront des danses
extatiques aux airs de Bharata ,mais écrites dans une langue
inconnues.
Tous
les danseurs et les danseuses seront nus, ils danseront sous les
écrans immenses, ils auront le corps couverts d’une fine pellicule
de neige et de paillettes qui brillera et se dissipera dans l’espace
au fur et à mesure de la danse. Les danses cosmiques dureront des
heures durant.
L’hémicycle
qui accueillera le spectacle aura la forme d’une sphère lumineuse
.
PREMIERE PARTIE
POETE SURGISSANT
AU PIEDS DE LA VISION DU MONDE
DANTE RESSUSCITE
Reprise de la
divine comédie de Dante ( par phases) actualisée sous une forme
symbolique entièrement nouvelle. Visible sur tous les écrans
simultanés, reprise en rythme par les danseurs sur l’espace plane
en contrebas.
CECI EST UNE
FRESQUE NOUVELLE POUR UN MONDE
NOUVEAU°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
A TERMINER DANS
UNE PROCHAINE VIE
( 21)
TEXTE PEINT AU REVEIL avec du plomb
(TEXTE
PEINT A LA VERTICALE DE MOI MEME TEXTE PEINT PRESQUE SANS
GRÂCE).
Le 9.4.81.
Réveil tardif,
je m'étais promis de me lever plus tôt, je dois m'inscrire dans un
rythme . Je tente de retravailler sur cette étude; je me contente
pour ainsi dire de prendre des notes; mais mes capacités
d'absorption sont limitées. Je peu faire des découvertes qui
profitent à ma sensibilité, comme le début de lecture de ce livre
sur l'art de C……*mais je suis très lent à m'éveiller ( je suis
très lent à prendre conscience de moi-même ). Et c'est dans
et par cette voie ( la prise de conscience de moi même) dans
laquelle et par laquelle, doivent s'accomplir "mes destins"
( si je puis m'exprimer ainsi).Il me semble que c'est à ce niveau,
et seulement à ce niveau que les choses peuvent commencer à prendre
de l'intérêt ou de l'ampleur . Je n'ai pas encore pris conscience
de ma vie, JE SUIS TOUJOURS L'AVEUGLE QUI TRAVERSE DES PAYSAGES
HUMAINS SANS VRAIMENT SAVOIR CE QUI LA POUSSE ICI, A PART CETTE QUËTE
SILENCIEUSE ABSOLUE IRREPROCHABLE QUI SE DEROULE…
JE N'AI
PRESQUE PLUS RIEN, BEAUCOUP DES REFERENTS QUI ME SERVAIENT AUPARAVANT
DE POINTS DE REPERE SE SONT ESTOMPES.
Ma conscience est
encore trop ordinaire, trop empreinte des fantasmes, (des clichés)
des forme d'une civilisation régentée par la vue. Ce sont mes sens
qu'il me faut développer ( et en particulier ) celui qui fonde la
conscience de soi ( conscience de l'univers qui est en elle et de
celui qui l'entoure).
( 22) TEXTE
PEINT AVEC LES EAUX D'UNE FONTAINE OU SE BAIGNAIENT QUELQUEFOIS MES
NUITS PLEINES DE TRISTESSE
Cette nuit( ma
nuit est jalonné d'espaces vivants que je suis à peine à même de
sentir tant mon absence est grande).Cette nuit, il y a eut cette
nouvelle rencontre avec Aurélie, qui fut pour moi une sorte de joie
pure. Aurélie est une femme aux mille visages; je l'ai
rencontrée la première fois alors que je déambulais aux limites de
moi même en compagnie de cet acteur perdu qui avait pris les traits
et le corps de Balzac. A ce moment, Aurélie était perdue elle
aussi, et ce n'était pas sa beauté physique qui me surpris alors,
mais une sorte d'élégance profonde qui s'échappait de son être et
qui semblait provenir d'un siècle d'une rare beauté invisible (pour
l'essentiel) à mes yeux. Elle était perdue dans les fossés noirs
de son être, et son regard était tendu vers l'extérieur à la
recherche d'une lueur, c'est pourquoi elle fut happé par Balzac, cet
acteur entièrement aveugle qui dissimulait en lui une profonde
faiblesse, Balzac était le seul à pouvoir l'apercevoir,
car il avait été placé là pour ça par une main providentielle.
Aurélie cherchait une main pour la sortir de cet endroit du monde ou
elle glissait; elle était à la recherche de tout ce qui surnageait
sur les ruines de ce siècle et quand elle vit Balzac elle comprit
qu'il portait une auréole de mystère qui égalait la sienne.
Aurélie possédait en elle le sens du jeu, du grand théâtre. Elle
était peut être perdue, mais elle était perdue comme une femme
belle et profonde peut l'être ( lorsqu'elle conserve le sens
souverain de sa nature) devant la fourberie grouillante et
ruisselante de la race humaine. Aurélie était d'ailleurs
moins aveugle, moins atteinte peut être par la nuit que je ne
l'étais moi même; car elle avait senti instinctivement que Balzac
n'était rien d'autre qu'un " cave". L'acteur ne servait
qu'à dissimuler un homme perdu ( absent à lui même) un homme
enfouis dans le désir inaccessible de la femme, mais incapable de
l'aimer, sauf comme un enfant qui désir un objet pour en faire
l'objet de son plaisir. Mais j'aimais Balzac ; sans doute étais je
encore aveugle captif et séduit par le personnage qui s'était
manifesté à moi sous les traits ensorceleur d'un si bel acteur; je
ne m'attendais pas à trouver derrière lui, un tas si grand de
misère humaine.
( 23)
TEXTES PEINTS AVEC DES RIEN
Le plus difficile
dans l'écriture, c'est sans doute de trouver un rythme, et de s'y
tenir, disons qu'à ce moment là il faut une certaine résistance,
du souffle si l'on veut. Pour ma part je n'en suis pas encore là. Je
peu écrire certains passages qui me satisferont momentanément, mais
le plus difficile c'est de tenir sur une lancée, et de travailler
dans la respiration. Je manque d'entraînement sur les longues
distances; l'écriture spécifique liée "au journal " ne
prête pas dans l'immédiat à de grandes narrations, comme le
demanderait un travail sur la fresque ou sur l'épopée par exemple
qui exigerait une capacité d'énergie plus considérable.
J'en suis encore
au niveau d'écrire, à la phase de découverte, à la phase
d'apprentissage si l'on veut. Je sens circuler des fluides en moi, je
les laissent s'écouler, après j'examine. Dans le cas présent, je
suis plutôt mal en point ( je parle plutôt de l'instant présent).
Je n'ai pas le ventre plein, et c'est comme si ( dans ce cas
là) écrire devenait une difficulté supplémentaire; c'est comme si
je devais m'affronter à un gros tas de cailloux et les transporter
quelques mètres plus loin; lorsqu'on a le ventre plein, c'est un
effort qui s'effectue sans trop de difficulté ( à part la sueur)
mais lorsqu'on a le ventre vide, la sensation d'effort est multiplié
par autant d'efforts qu'il y a de cailloux ( pour chaque cailloux je
dois accomplir un nouvel effort à cause de mon ventre vide). Alors
sans doute dira t'on je devrais manger, abandonner ( ne serais ce
même que momentanément) ce rite d'écriture et reprendre des
forces…Je vais peut être le faire…mais c'est
ennuyeux…j'attendais 2H30 pour manger…car si je grignote
maintenant, je risque de couper ma faim, car il reste à peine une
heure avant d'aller manger…ceci est un détail pratique anodin
dirons nous, mais un détail qui a son importance . C'est que le
travail d'écriture exige des forces, une sorte…( Rupture je
picore) d'équilibre aussi bien physique que psychique. On peu
toutefois probablement être en proie à différents "états
intérieurs" et la sorte d'écriture qui s'associe à tel ou tel
"état intérieur" prendra alors telle ou telle "couleur",
ET C'EST PROBABLEMENT UNE CHOSE INTERESSANTE QUE DE POUVOIR PEINDRE
AVEC LES MOTS SELON LA NATURE DE L'ETAT INTERIEUR, ET DE S'EN RENDRE
COMPTE,CAR CE 'EST PAS TOUJOURS AUSSI EVIDENT QU'IL Y PARAIT A
PREMIERE VUE.
Écrire épuise,
et cet épuisement est celui d'un lutteur qui cherche dans le corps à
corps avec l'ECRITURE à " traduire une réalité intérieure"(
ou à décrire une réalité intérieure). Dans l'un et dans l'autre
cas, il est besoin de pas mal d'entraînement avant de se rendre
compte de la nature du combat qui est livré. ET C'EST A PARTIR DE
CETTE CONSCIENCE QU'ON A DE SOI A TRAVERS LA NATURE DE L'ECRITURE QUI
NOUS TRAVERSE QUE LE COMBAT PREND FORME. Il est donc toujours
question d'un rapport de soi à l'écriture; et c'est la nature de
l'écriture qui fonde un certain rapport à
l'émotion……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….fatigue………………………………………….déclinaison…………………………………………………………………………………………………………….à
prolonger
Lendemain 12H
(24) SUITE
DU TEXTE PEINT AVEC DES RIENS
Parfois j'ai
l'envie psychique de peindre; mais c'est une envie impulsive;
impulsive comme les jaillissements D'UN CORPS COMPRIME EN LUI MËME
QUI A BESOIN DE JAILLIR A L'EXTERIEUR COMME UN JEYSER; corps comprimé
à l'intérieur, dans une coque translucide qui me sert à la fois de
protection et de boîte à mensonge; mensonge peut être sur la
nature de mes désirs; puisqu'une bonne partie de ces impulsions là
sont d'ordre sexuelle, forces vitales qui ne trouvent pas à
s'exprimer autrement à l'extérieur, comme si encore en moi une
séparation sévissait qui appartiendrait à une forme d'isolement à
la foi consenti et refusé. Car je suis bien à l'intérieur de ce
ventre ( charnel, substantiel ) doré par des chaleurs animales
( sensuelles féminines). JE VIS SANS DOUTE DANS LE VENTRE PROTECTEUR
DE CETTE FEMME DEPUIS MA NAISSANCE, naissance qui n'a jamais
réellement eut lieu en réalité; je ne sais pas comment je me suis
arrangé pour me réserver cette place à part? C'est comme si je
portais en moi cette poche intérieure A LA FOIS VENTRE ET
LABORATOIRE, laboratoire de rêves, de projets, de fantasmes, corps
lové dans mon propre corps, et naissance sans cesse retardée, en
vue de naître autre " différent" mille fois plus fort;
afin de " naître homme". J'ai pu tenté de sortir de force
de cette membrane qui m'empêche parfois d'être intégralement moi
même; j'ai même tenté de 'expulser de force, et de me projeter
hors de moi dans un sursaut désespéré; alors que l'isolement
intérieur me conduisait à l'asphyxie Cette opération ultime,
extrême, ne m'apparaît pas encore clairement; je sais seulement que
ce jour là, j'ai bien failli rester "hors du monde" pour
toujours, si je n'avais pas rencontré une femme sur ma route à qui
je puisse crier mon " amour". Et des asiles de passage, ou
je puisse refaire ma santé, sans risqué d'être englouti par "
le monde".
LA CONQUËTE
DE L'UNIVERS EXTERNE SE POURSUIT,LA PREMIERE NAVETTE SPATIALE VIENT
DE DECOLLER ( Sans heurt) SUR LES PLAGES DE LA FLORIDE.
Quand la
compréhension intérieure de 'homme aura atteint le degré de
compétence dont il fait preuve à l'extérieur; NOUS ATTEINDRONS UN
NOUVEAU POINT, UNE NOUVELLE CONSCIENCE HUMAINE JAILLIRA DANS
L'UNIVERS.
( 25) TEXTE
PEINT DANS LE FEU DE MA VINDICTE
EXORCISMES
Colère
Je viens de me
faire tirer la recette du mois ( un peu plus de 1000F); j'ai failli (
sur L'instant, j'ai failli laisser éclater ma colère..). N'ayant
qu'un coupable ( imaginaire) à m'offrir en pâture , je suis forcé
d'atténuer ma vindicte. J'ai de grandes idées sur le coupable (
c'est ainsi qu'on se fait baiser la gueule par un petit truand d'la
poésie) bref, le coupable ne vaut même as la peine qu'on le désigne
tant sa petitesse est désobligeante. Je pourrais pourtant en faire
une description spontanée tant qu'à faire ( d'après moi, c'est un
zonard de quatrième zone qui n'a ni père ni mère, puisqu'il les
assassinent dans son for intérieur de petite salope; il ressemble à
une femme de mauvaise vie (à qui manquerais les plus purs attraits
de la féminité) pour n'en rester que les choses les plus sales.
Bref c'est un être lubrique et légèrement salace, à qui manque la
moindre parcelle de volonté; il s'identifie parfois à Méphisto;
mais c'est plus par le cul que par la bouche qu'il lui ressemble ,
c'est un être vénéneux, (donc à châtrer par le venin). Je me
propose quand je le reverrai de lui faire cracher sa braise par un
bout ou par un autre; si du moins d'ici là ma colère n'est pas
retombée. ALEAS JACTA ES
( 26) PEINT
AVEC MES HARGNES
Matinée
poisseuse
Je viens de
rencontrer mes voisins dans l'escalier; il m'est parfois difficile de
me rendre compte du " point de vue unique" ou je me place (
l'expression n'est pas heureuse peu importe), ce point de vue unique,
point de vue de l'ambiguïté me renvoi à l'image de celui pour qui
je me prend. Mes voisins ont l'âge de mes parents; ils me renvoient
à l'image de ce que je suis ( sans y paraître) à l'image
d'un fils prodige; aussi à l'image d'un enfant que j'ai du mal de
situer. Cette toile de vanité qui me sépare de mes origines qui la
tissée? Depuis le jour ou j'ai décidé " de fuir ma condition"
je suis devenu " en partie aveugle". L'orgueil terrible qui
est en moi n'a jamais pu accepter d'être un laissé pour compte;
j'ai toujours attendu avec impatience de pouvoir prendre ma revanche
sur le monde. En m'identifiant à l'artiste créateur je trouvais
peut être dans l'imaginaire de mes fantasmes, certaines
compensations à mes défaites passées ( et présentes).Un arriviste
revanchard s'est glissé en moi, un jour de grande humiliation, il
m'arrive de ne plus savoir le distinguer de ce qui m'est cher.
Il y a le point
de vue du haut, et puis il y a le point de vue du bas; tout se tient
ans cette confusion qui sépare les points de vue et dans cette
confusion…qui les entretients.
Lé 13.4.81
( 27)
TEXTES PEINTS COMME ON PEINT UN TABLEAU
Ai aperçu deux
expos en passant prés du forum des halles( de jeunes peintres).L'une
ma surprise, à cause de l'univers qu'elle dégage en surface; c'est
plein de petits bonhommes blanc saisit dans la réalité ; 'est à
dire que ces personnages semblent sorti d'un album pour enfants
tristes. Ces personnages n'ont pas de vie propre, et c'est sans doute
ce qui est surprenant ici; seule la couleur qu'ils portent sur eux, (
signe d'une fonction ou d'un univers qui les enveloppe) peut avoir de
l'importance. Ce qui est déterminant ici, c'est le masque blanc (
dans un premier temps) qui sert de visage et qui renvoi à une
absence de signification, en effet tous les personnages sont
construits de la même manière , à la manière d'un jeu de
construction pour aveugles ( masques blanc, mains blanches) chaque
suite construite renvoie à l'absence de signification au niveau des
rapports entre les hommes; chaque scène construite est la
préfiguration d'une autre scène qui peut la suivre ou bien la
précéder; pas de roman dans ces scènes . Cette vision du monde
m'est difficilement accessible, car elle suppose une sorte de naïveté
que je ne possède pas, ou bien que je ne conçois pas sous cette
forme, car ce qui retient mon adhésion à cette vision, c'est le
côté" préfabriqué et stéréotypé de la vision" comme
si le peintre qui passait par là, ne peignait pas la vie, mais son
absence; il montre les contours de la vie; mais en tout cas, il
montre une chose sans doute paradoxale ( à notre époque qui fait
semblant d'admirer l'inverse) c'est que le décor à plus
d'importance que l'homme qui le traverse. L'homme ici n'existe plus,
il est noyé par les signes, noyé par les formes qui 'entourent, il
est devenu lui même un objet singulier aux dimensions d'une toile,
de tout petit format.
Le 14.4.81.
La seconde
exposition qui avait lieu dans la même galerie ( une galerie -
marginale- ) ma beaucoup attirée, car elle participe de ma propre
sensibilité. Ces sont des dessins à l'encre de chine ( technique
bout de bois je crois) très graphiques, comme des instantanés
photographiques , des éléments de la vie pris sur le vif et isolés
dans un espace qui les met en relief.
Il y a cette
voiture qui passe ( la vitesse et le mouvement sont saisis par le
peintre qui en saisit l'instantané) devant cette voiture un homme
pousse une charrette. La juxtaposition de ces deux mouvements renvoie
immédiatement à l'espace environnant, il fait sentir l'âge ou nous
vivons mieux que n'importe qu'elle photographie ne le ferait; car il
nous suggère le mouvement et nous oblige à prendre conscience (
pour un temps très bref mais suffisant ) de cette simultanéité des
espaces qui s'affrontent et qui sont présents autour de nous.
Il y a l'automobiliste et l'homme à la charrette ( Il y a aussi le
rapport à l'espace que nous ne voyons pas, il y a encore quelque
part en Afrique en Asie ou en Amérique du sud un homme qui marche
avec une charrette). De même, il y a le balayeur, et l'espace vierge
qui demeure devant lui ( espace qui ma induit en confusion, il ma
fait prendre ( un instant)le balayeur pour un colleur d'affiche.) il
y a ces espaces plein, brisés par des lignes verticales ( qui sont
en fait des portières de voiture laissées ouvertes) prés des
piétons. Le peintre ici nous fait sentir cette simultanéité
d'espace et rend compte du mouvement qui en est à l'origine; c'est
sans doute ce qui constitue l'originalité de sa vision qui est
d'ordre perceptive et non illustrative, comme celle du peintre
précédent. Il y a le joueur de basket ou un éclat de lavis sur la
feuille crée la perception du mouvement, ou une simple ombre celle
du ballon projeté dans les airs crée la sensation d'un "
présence". Il y a aussi cette ultime petite chose qui
représente un homme tirant une charrette, un homme en train de
traverser un pont; c'est à celle ci que vont mes préférences,
malgré l'attirance que j'ai pour les autres; car cet homme m'a
semblé représenter " le voyageur qui traverse le temps"
il m'a fait penser à un des personnage de cent ans de solitude
( le fondateur du village) ce personnage extraordinaire (qui vit en
dehors du temps) qui ne suit que son idéal, et qui le poursuit en
dehors de ce qui se passe autour de lui. Il ma semblé sortir de
l'Amérique latine et traverser un pont en Europe, en tirant sa
charrette comme si tout ce mouvement autour de lui n'existait pas,
comme si la sagesse qu'il portait en lui, suffisait à son propre
univers cette sagesse ( qui provenait d'ailleurs) il l'avait
peut être transporté avec lui sur une simple charrette comme celle
là ( n'est ce pas le comble pour la sagesse ( cette reine fière )
d'être transporté sur une vulgaire charrette).
Paris le
14.4.81.
( 28) TEXTE
PEINT AVEC LA COULEUR DE LA DESESPERANCE
Lassitude,
lassitude avec deux T ou un seul T, avec un seul je crois comme
latitude; grande fatigue du corps et de l'esprit( c'est écrit dans
le dictionnaire). Quand je jette un œil sur ma vie, j'éprouve
parfois d'étranges sensations de vertige, de vertige et
d'impuissance; le doute sur ce qui fait l'objet de mes "
recherches" le doute sur mes capacité réelles "
d'artiste"( puisque je ne produit rien) rien qui vaille la peine
d'être nommé. Quelle est ma voie? En dehors de toutes ces pensées?
Mardi 28.4.81.
( 29) TEXTE
PEINT CONTRE MOI
Je suis rentré
des Vosges depuis Dimanche soir, avec une crève pas possible. Et la
voici qui continue. Suis resté couché toute la journée d'hier à
lire la descente aux enfers de Dante ( fortes sensations
contradictoires). Je suis encore fragile sur le plan physique. Mon
séjour dans les Vosges sans doute a été bénéfique, mais un
écart se creuse entre ma vie à Paris et ce monde là bas. J'ai pu
m'en apercevoir cette fois encore avec inquiétude , car je décelais
en moi des troubles de comportement lorsque que je me retrouvais en
présence d'amis. C'est comme si la distance jouant, je
m'étais enfermé dans une nouvelle manière de vivre ( ma façon de
vivre à Paris) et que je devais à chaque nouvelle prise de contact
avec mon milieu d'origine réajuster mon tir, limer mes prétentions,
mettre à niveau mes "prétentions et mes fantasmes". Mes
préoccupations trop "Intellectuelles"mon goût pour
l'aventure ,se heurtent à la façon de voir " des gens
simples". Ce contact m'oblige à reconsidérer mes façons de
voir .Les bases de notre culture sont vacillantes et c'est une erreur
que d'aller chercher trop loin des " raisons" à ce
bouleversemen,les gens simples se savent d'instinct. Il me faut pas
trop s'éloigner de l'expérience collective, cela rend encore plus
problématique l'existence humaine .
( 30) TEXTE
PEINT AVEC COMME ON DIT… UNE TRES LEGERE EMPHASE
Mercredi.
Notes
incessantes, notes répétées, moins comme une litanie que
comme un désir forcené de clarté. J'ai en effet le désir fou de
sortir de l'errance(et de me mettre au travail). Mais ma table est
encore pleine des restes de mes voyages antérieurs, pleine de ces
restes qui forment des tas ( des tas de vie encore non déchiffrés).
Pour pouvoir être efficient, il me faut lester ce qui m'empêche
d'avancer, donc faire le point sur mes terres. Mes terres sont
pleines de champs en friche, pleines de champs incultes. Il y règne
dans certains secteurs une grande anarchie; dans d'autres, un début
d'ordre s'installe. Je dois faire une effort considérable pour mieux
pourvoir à l'administration de mes domaines. Ce sera mon objectif
premier pour les mois et les années à venir; j'en ai marre en effet
d'être un aveugle sur mes terres, et de marcher à tâtons. Il n'est
pas bon pour un homme d'être à la menée de ses destins. Il est
très légitime pour un homme de pouvoir exercer ses pouvoirs; encore
faut il qu'il sache user de ses pouvoirs . Ainsi pourra t'il,celui là
qui se sera rendu maître de ses domaines de cohabiter avec ses
habitants ;anges démons, smples humains,cavaliers mendiants
canailles et forçats, vieillards et enfants; trafiquants, pervers,
hommes de foi ,homme de chair et homme de fer; le lâche et
l'intrépide, le tueur l'assassin et l'incontinent, l'homme de parole
et l'homme du reniement; toute l'humanité s'affaire dans son domaine
sans qu'il le sache. Hélas nombreux sont les rois borgnes,ou
aveugles;ils marchent sur l'étendue de leur domaine,comme des
divinités à qui manque l'humanité ;ils ne savent nullement
distinguer le bien du mal,ils confondent l'ombre et la lumière ;le
vrai et le faux ;l'ami et l'ennemi, le précipice avec les étendues
radieuses .Ils nous jetent dans dans le noir ,d'où nous voulions
nous extraire.
FIN DU PREMIER CAHIER ORANGE
TEXTES
PEINTS (suite)
DEUXIEME
PARTIE MAI 81
UN CAHIER AVEC
DES MOTIFS COLORES
( 31) TEXTE
PEINT DANS MES RËVES.
Le 4. 05.81
Je tente de
réamorcer des projets en suspens ( ou latents) - J'aimerais
construire une pièce d'une certaine envergure ( je vais m'y préparer
) il s'agit de - J'irai mourir près du Gange -. Rien n'est encore
assez précis, mais je suis bien décidé à la mettre à jour. J'ai
d'autres actions positives à mener à bien , les plus récentes, je
les aies accomplies récemment, elles sont dans l'ordre, la
construction d'un banc avec B…. à Épinay, et le coup de téléphone
que j'ai donné à A…..* des actions disproportionnés les unes par
rapport aux autres dirons nous, mais qui ont chacune leur importance.
Ce soir je suis pressé ( Pas le temps de moduler l'écriture).
( 32) TEXTE
PEINT AVEC LA COULEUR DE MES ANCIENS TROUBLES.
Le .5.05.81.
Temps difficiles
( se battre contre le vide) ce terrible corps à corps contre un vide
intérieur, qui vous ronge, vous ravive, vous étreint. Révolte
contre cette ténacité enveloppée ( d'ombres) et de cette
chose mystérieuse qui s'apparente à du sucre.
Mal physique qui
étreint et contre lequel je me bat, avec l'énergie ( désespérée)
d'un lutteur qui veut cesser une fois pour toute de se battre contre
ce ( rien) ce (vide?)*.(Je
luttais contre mon diabéte ,mais je ne le savais pas..) Misère
du corps qui crie famine. Misère du cœur qui crée famine; misère
de l'autre; cela suffit il à l'exercice de la guerre?. J'ai besoin
de saisir un corps amoureux. Ce qui me désarme dans ce combat
aujourd'hui, c'est ce ( vide) cette absence de réplique. Ici seule
la chair du vide , la chair inerte me répond. (Acharnement de ma
défense).Je me bat contre des restants de vieilles petites merdes,
qui ne se décident pas à foutre le camp de mes espaces. J'aimerais
les voir de face et les toucher, leur dire deux mots à ces ( très
ennuyeuses ) petites choses là. Je suis encore là , aveugle,
encore aveugle, comme si des arêtes s'étaient fixées sur mon
cerveau à certains endroits, m'empêchant de battre les abîmes qui
sont allongés face à moi. Je suis sonné, je me bat, je me bat les
mains ouvertes, la face contre l'abîme.
( 33) TEXTE
PEINT COMME UN ROMAN.
Le 10.05.81.
Il est sorti de
chez moi, avec son chapeau de paille et ses lunettes russes que lui
avait donné P……. *il s'est trouvé un pseudonyme Libermann, et
je trouve que cela est un très bon pseudonyme.
Ainsi M… est
rentré de son voyage dans le sud de la France, il ma conté une
bonne partie de ses périples. Nice Monaco, Aix en Provence, Cassis
et d'autres lieux encore, avec N…*ce peintre russe qui m'est encore
en partie une énigme. Il me semble les voir, renouant avec la
tradition invisible des artistes Européens; ils sont allés dans le
sud pour faire provision de lumière, et pour redécouvrir, je serais
presque tenté de dire les gens de leur lignage ( ceux qu'on visite
dans le sud dans des musées ensoleillés) près de Nice, ils sont
allé rendre visite au musée Fernand Léger, au musée Chagall et au
maître Vasarely. Vasarely et le peintre qui s'apparente le plus à
la démarche que tente N…( mis à part Mondrian). Nous avons avec
M…de longues conversations sur les rapports étonnants qui les
lient l'un à l'autre, lui et N…; cela se situe au niveau de la
peinture, et cette sorte d'osmose qui agit entre les deux est assez
exceptionnel; j'aimerais en parler plus longuement, car c'est pour
moi un sujet d'étonnement perpétuel, comme si par l'intermédiaire
de M…, j'étais le témoin ( indirect) d'une étrange alchimie qui
a lieu là et qui se produit entre les deux. Non moins étrange
d'ailleurs que le rapport qui nous lie et qui forme une sorte de
jonction entre l'écriture ( le théâtre) et la peinture. Il me
plairait de prendre pour " héros" les étranges
personnages que nous formons pour en retracer un jour l'épopée, ou
simplement l'histoire. Car n'est il pas singulier, pour le moins
exceptionnel ( comme le dirait Brecht) que dans ce temps ou nous
vivons, de tel hommes entreprennent avec une telle persévérance, un
tel acharnement- Le voyage fantastique qui les mènent
jusqu'au bout de leurs rêves, qui est aussi leur passion-.
Dans le cas de N… c'est de la peinture qu'il s'agit, dans celui de
M…c'est momentanément la peinture, mais c'est aussi 'écriture et
quelque part le théâtre, car cet individu est doué du "don
invisible" de sentit aussi bien dans un domaine que dans
l'autre.
( 34) TEXTE PEINT
AVEC DES TROUBLES ANCIENS.(SUITE)
Le 13.Mai.81.
Me voici de
nouveau planté dans ce journal avec des sentiments confus, comme si
des prismes d'identités multiples me traversaient l'intérieur du
corps. Naturellement, d'un côté je poursuis cette dérive
intérieure qui ma poussée à ce point de confusion extrême , ou
des parties ( contradictoires)se jouent en moi, sans que ma
conscience soit très claire. Les étendues du corps qui m'ont
placées ici, que deviennent elles? J'ai par moment la sensation de
devenir petit tout petit ( à la limite presque petit vieillard) je
deviens un petit ( petit) comme si je m'apprêtais à
disparaître.J'ai souvent jacter sur la renaissance, à présent j'ai
quelques doutes; mais les exposer ne sert pas à grand chose. Cette
maladie épuise mes forces.
( 35) TEXTE
PEINT AVEC LA DOUCEUR DES ABIMES.
Je me dit souvent
( car je me parle souvent à moi même comme les fous) seule une
femme peut me sauver, et en disant cela, je pense à A…* mais rien
n'est assez clair dans ma tête. Des comètes constellées d'humains
grisés par leurs affreuses manières circulent toujours en moi
(comme des ombres venues de la préhistoire) certains en parlant font
jaillir des lacs d'étincelles.( qui se répandent sur ma mémoire).
J'en oublie qui je suis;je me perd!..
( 36) TEXTE
PEINT AVEC MA PEINE ( SUITE).
Si j'avais la
conscience de dire les choses telles qu'elles sont cela m'aiderais
peut être à situer ma vie dans ce passage difficile, mais des
écrans invisibles me transpercent de leur milliers de
facettes. Je voulais accoucher il semble ( accoucher à terme ), je
voulais accoucher de moi sans tambour ni trompette, mais je suis
hanté par des peurs par des ( effraiements) sordides . Mon héros (
à face de chimère ) s'est engagé dans une passe difficile,
sortira t'il victorieux de ce combat ? Le cycle de mes infortunes
continue Mon voyage devrait suffire, mais entre dire et faire un
fossé s'est creusé.
( 37) TEXTE
PEINT AVEC MES PEINES (NOUVELLE SUITE)
Ce stage de danse
que j'effectue en ce moment ,* sorte de renaissance indistincte,
comment le décrire? Mes réalités oscillent à divers degrés. La
toile de mes jours est faite de hauteurs vertigineuses et de
profondeurs sans fin, comme si mon centre vital s'était soudain
laissé fléchir, et que ma force intérieure basculait ( soudain)
dans des abîmes indiscernables. J'ai voulu jouer au jeu des
puissances ;mais ma conscience demeure obscure.Des démons assiègent
mon âme . Cet enfant (le mien) était doué à la naissance pour les
choses simples ( c'est pourquoi il se confectionnait à une certaine
époque des guitares en contre-plaquée, il se construisait même des
barques en bois, il aimait les images et les parfumes qu'il trouvait
dans la nature, rien ne l'obsédait moins que ces images puériles
qui sont venues plus tard hanter la mémoire de l'adulte, pourquoi
l'homme qui se tenait derrière l'enfant avait il chuté?)L'homme
était devenu obstiné implacable, aventureux, homme sans nom, homme
sans âge, homme perdu. Qu'était venu chercher l'homme? Pourquoi
s'était il égaré?
( 38) TEXTE
PEINT AU TROIS QUART SOUS HALLU.
J'aimerais…
retrouver une certaine… emprise sur mes espaces…me retrouver par
la même occasion. Mais navigations intérieur ne sont certes pas
terminées…mais je suis un peu épuisé …épuisé par mes
facéties. M...*me plaisait beaucoup, mais… des interférences
sont apparues. Il y a en moi des figures qui se heurtent…
c'est à peine si je parviens à les dessiner.Renaître ,accepter les
contradiction…les contradictions comme nécessaires à
tout dépassement.
( 39)
(SUITE) DES TEXTES PEINTS AU TROIS QUART SOUS HALLU.
Paris le 29.
Ma vie est
couverte par des masques qu'il m'est impossible de voir SEUL…
c'est mes pensées ( ou plutôt mon ego)qui persiste et s'affirmer à
travers les masques .Un maître ambitieux et fatal s'est glissé en
moi; Il a prit l'aspect d'une femme dont la pointe du sein est
empoisonnée… cette femme est la même qui allaitait le jeune
Krisna.Le jeune Krisna dans la tradition hindoue va sucer le sein
pour en faire sortir le venin;alors le démon va s'enfuir…la jeune
femme purifiée devient une fleur raffinée. .Pour que la fleur de
la divinité, qui est en moi puisse éclore ; il faudrais que je
m'abandonne à la compréhension des phénomènes qui régissent
l'intérieur de nos âmes ;hélas ,un frein obscurcit ma vision!.
( 40) Suite
des textes PEINTS SOUS HALLU.
Cette danse que
nous avons débuté ensemble est à la fois une danse de mort et une
danse de vie, c'est une danse de plaisir et une danse de souffrance,
danse de joie et danse de peur aussi ;cette danse entre cette
divinité et moi ;c'est l'apogée du rite universel qui nous lie à
l'univers ;si nous parvenions à passer à travers les démons qui
font s'affronter en nous les dualités assommante,notre amour de la
vie deviendra l'attraction principale ;l'existence d'un principe (
égoïste) qui enferme la vie dans un lieu habituellement restreinte
,disparaîtra si nous trouvons le point de jonction qui réunit les
puissances du coeur et celles de l'esprit. Dans une vie prochaine ,
je la retrouverai;celle plus belle encore que la vierge immaculée de
mon enfance … et son cœur s'offrira.
( 41)
TEXTE A DEMI PEINT ET ABANDONNE
11Juin.
Mise au point.
La confusion
n'est pas levée, il me faut cerner mieux certaines fréquences .
Sur le plan de
l'étude B….A….je suis arrivé au point mort. Je risque
probablement e différer cette étude, mais en même temps rien n'est
sur. C'est que mes idées ici ne sont pas encore assez claires. Je
suis arrivé à un point ultime du conflit. Je peu renaître peu à
peu, renaissance spirituelle si l'on veut. Poursuivre néanmoins
certains objectifs que je m'étais fixé; même en même temps
retrouver la patience nécessaire à toute entreprise. Depuis
une semaine ( à peine) j'ai.......
( 42) TEXTE
PEINT ENTRE DEUX RËVES ANCIENS
État des lieux.
Beaucoup
d'interrogations sur des étendues variables.
Mes champs de
conscience sont encore séparés( trop distincts),mais cela fait
partie de mes limites, et ne pas les reconnaître serait laisser
champ libre à ce démon qui loge en moi et qui se considère à
l'égal d'un Dieu.Pourtant mes figures intérieures se précisent
mais aussi avec elle toute l'étendue de mes peurs et celle de
mes faiblesses, mais surgit aussi en même temps ma part de force et
de pouvoir. Toutefois, il est très difficile pour un homme de
faire le ménage chez lui lorsqu'il ne connaît pas encore l'étendue
de son domaine.
( 43) TEXTE
PEINT AVEC MES VIEUX DESARROIS
Il ne suffit pas
de vouloir renaître, encore faut il naître à une nouvelle
conscience de soi;
Dénoncer les lacunes qui me pèsent et
m'empêchent d'agir, cela suppose que je prenne conscience de cette
faiblesse sur laquelle je me lamente sans cesse et qui est la cause
de tout mon ancien désarroi
( 44) TEXTE
PEINT AVEC MA PEINE
Juin 5
Grande Ö grande
est ma faiblesse, grande est ma peine!.
J''effectue
depuis deux jours, les exercices de ( Baratta) . Hier j'ai atteint ne
sorte d'illumination avec le NA MOI R* des bouddhistes japonais ;je
reste sur mes gardes;c'est peut être pourquoi aujourd'hui après un
temps singulièrement long de pratique, je ne suis parvenu à rien,
sauf à bander, et à susciter en moi un désir sexuel ; il a fallu
que je me masturbe après cette séance, ne sachant trop d'ailleurs
comment me comporter avec mon pénis, laisser venir la jouissance (
l'éjaculation) ou la retenir;.Après cette séance je me suis aperçu
qu'il m'étais à priori assez facile de la retenir; pourtant j'ai
fini par éjaculer. Je pense que j'aurais besoin qu'on m'aide à
préciser mon attitude là dessus. J'ai peur de lâcher le mental;
mon mental résiste et s'accroche comme une bête. J'ai tenté en
récitant le mantra de fixer un point au mur. Je me suspecte
de pratiquer depuis hier et aujourd'hui en vue de trouver cet état
d'éblouissement comme celui qui est apparut hier dans l'après midi,
que je pourrais décrire ainsi: J'avais la sensation que mon corps
était extérieur à moi,que le mantra coulait de ma bouche comme une
sorte de fil continu; ma chambre devenait extraordinairement
lumineuse, les couleurs les murs, le papier , le blanc du tissu sur
le mur devenait scintillant; j'avais l'impression de pénétrer dans
un autre espace, dans une autre dimension et c'est à ce moment
qu'une sorte d'éblouissement s'est produit; d'abords
progressivement, ensuite de plus en plus net;. Cet état
d'éblouissement je le connais ,je l'ai déjà rencontré ailleurs,
mais de façon plus fugace, et ces scintillements aussi m'étaient
déjà apparus en d'autres circonstances; lorsque je m'entraînais ,à
voir le monde réel .
Tout ceci est
trop précoce pour m'épuiser en commentaires. Mes journées se
passent en dents de scie; je me dis que je suis devenu
complètement fou , mais alors complètement fou
.Je voudrais m'enfuir d'ici, pour aller en Bretagne
.Je suis traverse une étrange période, je ne sais ce qu'il
va advenir de moi; tout
se passe comme si je traversais un brouillard épais ,je dois
produire un effort considérable pour exécuter des actions en
apparence assez simple .
( 45) TEXTE
PEINT A LA VA VITE
Paris le 17
Je suis rentré
des Vosges hier soir. J'ai eu de bons contacts avec la famille . Je
suis remonté à l'occasion des législatives.Je traverse une période
de vie confuse. j'ai choisi de poursuivre malgré des réticences
d'ordre intellectuelles la récitation du mantra japonais . Cela
correspond à un besoin de régénérescence de mes centres
psychiques. Hier j'ai fais une rencontre encore un peu irréelle
celle de V…*Je l'aie rencontrée dans le train en remontant sur
Paris. Je ne parviens pas à m' expliquer cette attirance. Je suis
amoureux d'elle mais je ne sais pas à quel niveau. Je vais la
recontacter . Mon esprit cartésien est mit à rude épreuve les
temps ci.des événements totalement imprévisibles se produisent.
A..ma récrit; elle avait perdu mon adresse. Avec A…mes sentiments
sont toujours aussi confus. Aujourd'hui trois femmes hantent ma vie.
Avec E.. je n'ai pas fini d'éclaircir mes sentiments.A..m'attire,
et puis il y a cette rencontre avec V..255
Je suis amoureux de trois femmes .Sur le plan intellectuel,je suis
ralenti ; l'étude engagée sur Brecht et Artaud me fait peur
,vu l'énormité quantité de travail qui reste à accomplir.
J'aimerais trouver un second souffle!.
( 46)
TEXTE PEINT SANS BEAUTE
Nouvelle
dépression coup de griffe, mais il vaudrait mieux essayer de
conduire cela plus entièrement, plus simplement, plus
concrètement.; si je veux être à même de cerner ce qui fait
conflit ici bas, dans ma petite tête, dans mon domaine, dans ce
grand cinéma à l'intérieur duquel je me meus. Il m'est difficile
de trouver la sérénité la paix dirons nous dans cette période
d'instabilité que je traverse. La journée écoulée à été assez
lamentable si je ne m'abuse; toute en suspension, coupée d'éclats
et de travers. J'ai tenté de reprendre ce matin les contes et
histoires que je tente d'écrire ( contes et histoires d'occident*)
mais le cœur n'y était pas, je me suis contenté de l'écriture du
journal; sans doute parce que cela 'est plus facile. J'ai
mangé (ou plutôt bouffé) au resto-U le Mazet. J'ai acheté
ensuite une série de bouquins ( sur l'Inde, des contes arabes pré -
islamiques et en outre un livre sur le symbolisme héraldique du nom
).J'ai feuilleté ces livres en rentrant chez moi, avant d'aller au
cours de Baratta; feuilleté est le mot, car il m'est quasiment
impossible en ce moment de grande confusion de lire quoi que ce soit
d'une façon continue. J'ai récité le mantra dix minutes avant le
cours pour me donner du courage, j'ai aussi pensé très fort au
désir que j'ai pour V….. Dans la pratique de la danse
m'apparaissent parfois toutes mes vanités, et toutes les difficultés
qui se présentent; autant d'obstacles qui me renvoient face à ce
que je suis, UN GRAND DEBUTANT DANS L'ART DU KERALA.*
( 47)
PREMIER TEXTE PEINT DANS L' ABÏME
Il faudrait que
je puisse distinguer à l'intérieur de mes désirs parfois
paradoxaux, ce qui fonde ma division. Car le malheur de mon malheur
aujourd'hui, c'est d'être conduit par des conduites qui n'en sont
pas . En quelque sorte mené à vue par le train d'une confusion qui
est en partie faite de désirs non identifiés, d'images paradoxales
saisissantes. Remonter le cours de ces contradictions est impossible
. Des mondes apparaissent en moi, qui forment autant de continents
qu'il y a de désirs; Ainsi la projection infernale de mes désirs,
me transforme peu à peu en une sorte de gros caméléon, virant au
rouge selon l'heure, au rose ou au vert, au jaune ou au bleu
dans la demi heure qui suit. Ma sagesse en réduite à des bouts de
ficelle, elle ne peu plus contrer toutes ces divisions qui
m'accablent. Désir d'osmose, de communion, désir de paix, de joie,
de sérénité de dépassement de "soi".Les formules
sacrées exigent d'être habités par l'être tout entier.Une ultime
passion m'entraîne dans les excès, Comme il n'existe pas de
principes absolus, tout se relativise ici bas, tout m'exalte, mais
tout m'ennuie, tout me plaît, tout me déplaît. La source
incessante de mes maux se situe à l'apogée de ces territoires
multiples qui siégent sur un trône incertain .Reconnaître le
principe souverain, se soumettre à sa loi, serait beaucoup plus
sage, mais c'est à peine s'il a surgit qu'il disparaît .si je
l'avais en moi, ma vie ne longerait pas les abîmes.
( 48)
SECOND TEXTE PEINT DANS L'ABÏME.
10.Juin.
Ma
conscience se modifie, je suis livré à l'étendue d'un désarroi
nouveau celui qui reste après que les pensées sur lesquelles je
m'appuyais aient soudain chutées .
FIN
DES TEXTES PEINTS
ODYSSEUS
Ma vie
d’avant était déjà un roman
mirobolant
À la sortie de
l'armée lorsque je trimais encore dans mon tissage, j'avais
déjà commencé à m'injecter dans les veines des poèmes radicaux
tirés de mes lectures du moment. J'accédais à des figures sublimes
de style, rapides et élancées, que j'allais pêcher dans les livres
de l'industrie culturelle contestataire, qui était en pleine
expansion après soixante-huit. Je voulais ma part de butin. Je
rêvais secrètement d'horizons plus vastes, de mers immenses. Je
rêvais d'être emporté par les vents, je voulais muter. J'étais en
recherche d'une nouvelle liberté, d'une nouvelle conscience de
moi-même. Je voulais manger le monde à pleines dents. Je voulais
devenir comme mes héros du moment, les écrivains et les poètes que
j'admirais. Je voulais devenir un grand voyageur, un être fou, une
sorte d'être déjanté, un être beau mirifique ,admirable
,étonnant,extraordinaire sensationnel ,un être pourvu d'un appétit
féroce pour les choses de la métaphysique un être attiré par
l'esprit de dépassement; je rêvais d'être l’antithèse d'une
être normal. Je suivais un être imaginaire à la trace ;il
s'appelait sans doute Odysseus,mais je ne le savait pas .
LES
ARCHIVES D'ODYSSEUS (suite)
Après
avoir mis à jour les textes peints ,j'avais mis à jour une
poétique.Dix années environ s'étaient écoulées,depuis que
j'étais parti de mon pays natal. J'avais vécu une vie un peu
irréelle d'étudiant en théâtre à paname;puis j'étais tombé
dans un gouffre ;de ce gouffre d'où je cherchais à m'extraire
,j'avais tiré parti.Je voulais sublimer mes défaites ,rendre mon
âme plus brillante,j'avais plongé dans les arcanes de la langue
,je voulais renaître.
POETIQUE
INSTANTS
ECRITS
EPIPHANIQUES
ELEGIES - STANCES
TEXTES EPARS DES ANNEES 80 PLUS UN
RECIT ABANDONNE (TOUS ECRITS DANS UNE LANGUE INCERTAINE)
Un
cahier bleu à la couverture déchirée
EXTRAITS RECOMPOSES
SUIVI DE
DESTINS
EXTRAITS
REORDONNES
Un
cahier vert olive foncé
PREFACE
Tous
les éléments de la quête poétique ( que j'ai entrepris dans les
années 80) sont des échecs, les textes sont la plupart inaboutis,
fragmentaires parfois maladroits, du peu qu'il en reste j'ai
extrais ce que j'en donne à lire. On peu toutefois voyager (
dans une limite restreinte) en s'abandonnant à la lecture de
ces textes, et peut être même pourra t'on y trouver un léger
intérêt si on parvient à s'imaginer que celui qui les a
écrit se considérait comme un infirme de l'écriture. Les
infirmités qu'il se prêtent ne sont pas toutes visibles, car j'ai
fais disparaître beaucoup d'entre elles. Celui qui écrivait à
cette époque avait de la peine à écrire; dire pour autant que
c'était un mauvais poète ( pire un poète raté, cela à bien peu
de sens ( pour lui) car celui qui écrivait à cette époque était
bien (pire) (pire que tout ce qu'on imagine "dans l'ordre caché
du désordre "et qui puisse donner raison à ceux qui pensent
que c'est perdre son temps de toute façon que de courir après des
profondeurs cachées à l'intérieur de nous, qu'elles nous
échapperons toujours)- Cet homme était encore bien pire; car
c'était un homme en lutte acharné contre lui même (
il n'en existe pas de plus fragiles) il écrivait le plus souvent
uniquement pour survivre ( intérieurement) même s'il avait toutes
les peines du monde à dire les choses) L'écriture (sa
damnation ) se jouait de lui comme il se jouait d'elle; ce qu'il
recherchait était probablement au delà de toute poésie; il
s'imaginait que son sort était scellé à l'écriture et qu'il n'en
sortirait jamais, car l'écriture lui échappait, malgré tous les
efforts qu'il faisait pour la rejoindre. Certains de ses textes en
portent encore la marque ( malgré toutes les tentatives que j'ai
fais pour en épurer la forme) .C'est pourquoi il faudrait lire
ces textes, plutôt comme des TENTATIVES DE CONQUËTE DE SOI A
TRAVERS LA POËSIE plutôt que des manifestes poétiques.
SHANGHAI 3 Décembre 2000
INSTANTS
I
"La seule chose qui
apaise ceux qui voyagent dans l'inconnu est l'oubli"
Castaneda. Le
feu du dedans. P.264.
-
PREMIER -FRAGMENT D'ECRITURE INCERTAIN
Le
désir
Paris le 11.2.81
Cette journée
pourrait s'ouvrir sur un événement inattendu, sur une sorte de
découverte. On serait un jour de semaine parmi d'autres, il
ferait un peu de soleil sur Paris, il ferait néanmoins plutôt
froid . Je me serais réveillé à 14heure; il y avait une grève des
métros ; et j'aurais du me coucher à 8 heure au lieu de 7 au retour
des messageries ou je trimais en nocturne. Après avoir déjeuné ,
je me serais dirigé presto vers le centre Beaubourg qui est à
deux pas de chez moi . Je ne résistais plus aux lames de couteau que
le froid avait suspendu dans ma chambre. J’avais décidé de
partir errer, de n'aller nul part, à l’inverse de mes résolutions
des jours passés, ou la résolution de "peindre "
semblait me prendre tout entier. Mais ce jour là il faisait trop
froid; aller nulle part, ce n’était pas possible, je devais gagner
un abri, un abri assez vaste pour accueillir mon désir de me laisser
aller.Je voulais m’accorder le temps de n’être rien, rien
d’autre qu’un promeneur parmi d’autres.
LE
CENTRE POMPIDOU
Arrivé dans le
grand temple en aluminium qui reflétait l’art et la manière de
penser de notre époque ; je me mis à déambuler dans ses immenses
salles lumineuses .Et dans le vaste embuement de ma pensée ,un
événement singulier vint soudain me heurter sous la forme d'un
livre écrit par un ami . Il s’étalait solitaire sur le verre
d’une étagère .En voyant son nom écrit sur la page du livre ,je
cru revoir en chair et en os cet ami. Sa démarche bancale et son
allure nerveuse m'est revenu en mémoire .Je feuilletais le livre, de
tout son long ,je cherchais des traces de lui ; du moins celles que
ma mémoire avait gardé de lui.Je cherchais à travers les pages
d’écriture ,les traces intérieures de son être, celui que
j’avais connu .Je me suis assis pour lire .
VERTIGE
Bientôt je fus
saisit ,transporté, par une flamme . J'étais plongé dans la
réjouissance ; je sentais que la main d'un ami venait de me sorti de
mon îlot perdu au fond des océans , j'étais lasse de ma misère
quotidienne qui était faite de lambeaux .Je venais de plonger dans
une sorte de Graal;mon ami parlait comme un poète ; je sentais
s'élever un chant à travers ses mots qui formaient un vaste
territoire de sensations nouvelles qui m'agrippaient et
m'envoutaient;je regardais comment la sensibilité et la mémoire
imprimaient en moi les traces fulgurantes du passé;je voyais des
sons ,des atmosphères, des images empreintes de lumière qui me
plongeaient dans les souvenirs d'hier je suis resté debout pendant
quelques instants au milieu du temple d''aluminium .Je
levais la tête
au ciel ,il
n'y avait plus cet
abîme de nuit que j'avais l'habitude de croiser;il
n'y avait plus que des flammes rêveuses qui m'envoutaient.
UN GRAND TROUBLE
INSTANT II
Je plonge assuré
dans le miroir de mes craintes .Je crie je me plains!De quoi?. Je
crie ;cest ma façon d'aimer! Je suis victime DE MON IMBECILE
ARROGANCE.
Alors que
j'amorçais un mouvement imperceptible d'écriture ,la douceur me
pris . Je revois mon ami et son livre ,suspendu au dessus du temple
d'aluminium ;je viens chercher des caresses des vertiges .Sa
présence remplit de ses vastes empreintes les embruns d’un paysage
irréel. Il vient, s’égarer dans mon logis avec ses mots beaux
,lisses comme la peau d'un fruit. J’entends son cœur qui résonne
à travers une coquille d’argile. J’observe la lenteur de ses
gestes ; je regarde inscrite sur la paroi de ses deux
ventricules le visage de mes futures créations. Je peu dans un
grand geste de douceur ouvrir lentement mes espaces .J'ai besoin de
l'amour du ciel.
IMAGE
ENTREVUE DE MA DEFAITE
INSTANTS
III
UNE CHUTE
Mes nourritures sont
dévoyées.Au réveil ma gorge m'insulte.Ce matin ,je retrouve les
manies de ma vie inconsciente ;j aperçois des cicatrices. Ainsi, ce
matin, j'allume une première cigarette…je l'allume et
j'absorbe la fumée. Je fume, car je sens s’agiter le manque
sidéral J'ai besoin de téter la matière universelle de mon
manque viscéral . Ce manque viscéral creuse en moi sa caverne
et y déverse une obscure langueur ; ce mal me harcèle, il ne me
laisse pas de répit, il a besoin pour exister de se perpétrer en
moi. A chaque respiration de fumée, à chaque tétée, je comble
ainsi; le vide " du
mal de vivre qui me dévore",
à chaque tétée de fumée, je tente d'abolir la
difficulté que j'ai de vivre "ailleurs"
ailleurs, c'est à dire hors de la caverne initiale, ailleurs du nid,
hors du ventre maternel, loin de la mère qui ma capturée en
naissant . A chaque bouffée, je renoue avec celle qui m'a donnée la
vie; a chaque bouffée, je retrouve les spasmes intermittents de son
amour. , je me maintient dans l'obscurité aimante de son ventre ;
je suis l'enfant, le pas encore née ,celui qui suce le cordon
nourricier. Ma dépendance est irréversible. Pour naître et
renaître n'y a t'il pas d'autre choix? Pour naître n'y a t'il pas
d'autre choix ;je dois tuer ma mére ma mére bien aimée.
INSTANTS
IV
STANCE
OU DORT MA PROSE
Je cherche le
visage mon écriture dans la nuit qui est sans fin
Les
instants immobiles de ma vie. Ces instants sont semblables au
sommeil.Je chasse des paysages grandioses ; des machines à rêve
somptueuses traversent le soleil et foncent dans le ciel ;des
singes à queue longue arpentent mes cahiers d'écriture.Je suis
pris de panique ,je serre contre mon cœur les derniers
éclats d'un poéme qui s'agite dans mes bras en bâillant. Des
déesses m'ouvrent leurs cuisses et elle se jettent sur moi comme si
elle voulaient enfanter . Dans cette errance instable;je
cherche d‘instinct mon écriture; je ne la trouve pas!; un
faune me murmure à l'oreille ;qu'elle est déjà à l'œuvre dans
mes cahiers.
O
PASSANT FAIT LE SAVOIR AUTOUR DE TOI:
Je
suis lasse de parcourir ces immensités venues de nulle part
Je
suis lasse
Oui
lasse
de cette lassante destinée!
INSTANT IV
SUITE
DE STANCES EN FORME DE PROSE.
DERIVE
POETIQUE EN XI FRAGMENTS
Lorsque
la vierge
Est
renversée en arrière
Et que
son ventre, s'ouvre, et
se ferme
Coulisses
dextase
Aux poings
noirs
Je vois briller
une mer lointaine plus douce que
l'espoir
La Seine à des
ailes
Une chevelure
Décume rouge
Des doigts
éparpillés
Qui s'agitent
dans l'aurore
Un révolver de
corail à la main
J'appuie Sur
les veines roses
de ton âme
Et j'écris
des poêmes
sur ta bouche
___________________________________________________________________________________________
INSTANTS V
O TOI
Visiteuse blême
surgît du désert
Aveugle
prophétesse au regard de cristal
Je suis
recrocquevillé dans tes bras en proie à l'amour.
Je vois des
déesses verticales
Assises
Sur le corps
des astres lointains
Elles
tiennent mon vit
En l'air
Pour le faire
voir
INSTANTS VI
DANS LE MIROIR
Ce projet poétique d'écrire
est dressé comme un totem dans l'espacement de mes rêves ;je
ne saurais à quoi le comparer ; je sais qu'il n'est qu'une vague
tentative de percée ; percée vers lessentiel, pour déborder les
frontières qui m'agressent de toute part
Lentement j'achemine mes pas
dans la nuit verticale. Fidèle à mes exhortations, une déesse me
prend par le bras, et je m'élève dans l'azur comme si je n'y étais
pour rien ; comme si ma vie de poéte à l'essai n'était pas plus
qu'un rêve .
Un voile de cristal (ou
de soie) s'est jetée sur mon coeur ; fasse aux assauts du vent,il
est à deux doigts de se déchirer.D'où je suis, je vois
bouger sur un rivage lointain une femme aux cheveux d'or .Puis une
voix lumineuse m'interpelle .C'est sa voix.
Vent et solitude.
Je suis à
l'abandon, je me débat dans un lac de bronze enrobé de tes
étreintes.
Viens à moi
Aime moi
Même si ton
coude est dur
Il efface tous mes
sommeils
Il fait jaillir la
lumiere
dans ma bouche
Et je revis
INSTANTS
VII
Depuis mon esquif d'écriture
(noir somptueux) je regarde le ciel qui jette des pluies de cendre
autour du monde.
O MA DEEESSE
Dans ma bouche
tes seins ont un goût d'amande
O ma nuit toute
en détresse
Je baise tes
doigts
De pucelle
blanche
Aux lobes de
ton ventre
Sont suspendus
Des fruits
défendus
Avec ces mots
grossiers
Ecrits dessus
-
Pine de télégraphiste à sucer.
Jus
merveilleux -
INSTANTS VIII
Il faut chercher le grain de
lumière poétique,non pas dans l'azur ni dans l'être suprême.
mais simplement dans la frappe régulière des phrases; dans
celles qui forment le contact immédiat, spontané avec le monde
ordinaire qui s'offre à toi Poéte ,ces phrases banales qui
s'agitent devant toi sont le vrai Graal .
La venue de
l'automne
Navait pas
clairement frappé
De son glaive
les feuilles
rousses
Le village de
montagne
Ou je suis né
était
Perché au
sommet
Dune pente
Les nuages que
japercevais
A travers les
sapins
ressemblaient
aux hauts bords de la voix lactée
Je voyais un
enfant qui
Étendait son
écharpe
Dans les beaux
bras d'une amantes
Qui enserraient
son cou
avec amour
Lui,cétait
moi.
INSTANTS IX
Ici,je vois luire
le long corps de mes tourments.
Mais cette marge
même m'est devenue trop étroite.
Elle ne saurait
suffire à adoucir ma peine et calmer mes tourments.
POEME A ISIDORE
Pour me distraire je récite
des poèmes d' Isidore.
Comme lui Je me roulais sur
le tapis qui me servait de barque pour naviguer dans ma chambre.Je
donnais des coups de pieds à mon cheval en bois qui luisait dans
le salon de papa et maman.Il faut faire voir tout en beau disait
Isidore.Tout la douleur aussi!.
INSTANTS X
Je suis nu, je suis à
l'abandon de moi , à présent il me faut revenir . Je dois de
nouveau rentrer dans le grand corps à corps "ou se
tmaintient ma présence invisible en ce monde, C'est ainsi que les
choses doivent être.
ISIDORE SUITE
LA POESIE ET LA GEOMETRIE PAR
EXCELLENCE .
Depuis Racine, la poésie
na pas progressée dun millimètre. Elle a reculé grâce à qui?
Aux grandes têtes molles de notre époque. ,Grâce aux femmelettes
Châteaubriand,le mohican mélancolique; Sénancourt, lHomme en
Jupon; Jean Jacques Rousseau, le Socialiste- Grincheur; Anne
Radcliffe le Spectre -Toqué;Edgar Poe,le Mameluck des -Rêves-
dAlcool; Mathurin ,le compère des Ténèbres; Georges Sand,
lHermaphrodite- Circoncis; Théophile Gauthier, lIncomparable -
Epicier; Lecont, le Captif-du-Diable; Goethe, le suicidé pour
Pleurer;Sainte Beuve, le Suicidé pour -Rire, Lamartine, la Cigogne
Larmoyante, Lermontoff, le Tigre qui- Rugit; Victor Hugo,le Funébre
- Echalas- Vert; Mickiewicz , limitateur de Satan; Musset le
Gandin- Sans -Chemise-Intellectuelle; et Bryon, lHippopotame - des
jungles- Infernales.
Ainsi parle le brigand l
insoumis ,il execute les hommes anciens dune façon carabinée.
Dans son jus je dois puiser
force et bravoure.
INSTANTS
XI
silence
extase
J'ai aperçu la
grammaire poétique.Elle est en chacun de nous.
Déjà sa
flamme était droite et calmée
Sur la neige
alentour
Japerçu
Dante
Il déchira
Mon manteau
virginal en deux
Il
m'interpella;
Dans quelle
rivière nagent les chagrins?
Où ten vas
-tu en Pensée?
Vers quelle
terre ?
INSTANTS XII
D'être resté si
longtemps dans le noir, j'ai fini par perdre le souvenir du jour.
Je relis mes classiques:
Par la jonction
des Quatre Chemins?
Ladepte
conduit le souffle inspiré
Qui a franchi
la Grande Porte
Jusquà un
point situé
Au dessus du
Triangle de base
Là,il perçoit
lImmuable
La méditation parfaite
(DHYANABINDU UPANISAD)
INSTANTS XIII
Naissance
Ma deuxiéme naissance
s'accomplira donc ici, sans qu'il soit nécessaire de la hâter ;
elle s'accomplira dans l'instant où surgira une intelligence
poétique nouvelle ;l 'être qui m'habite n'aura de cesse dès lors
d'être lui-même.
Je chanterai
quand je m'éveillerai
des lieux
jamais encore visités des lieux mystérieux ou l'âme brille
comme un diamant
Je parviendrai
à conduire mes chants
Jusquau
sommet de la tête,jusqu'au lotus blanc
Là ou celui
qui meure,ne renaît point
Puisqu'il à
atteint le coeur du Graal.
ODYSSEUS
MEMOIRES
ODYSSEUS
SUITE DE MES PEREGRINATIONS
Une
ancienne moulure de mes Écrits
(2001) :
À
mes vingt ans, je voulais sortir de mon monde contrarié et
étriqué.J'avais
le sentiment que le monde (celui dans lequel je m'étais cantonné
durant mon adolescence),était en passe de finir;c'était un monde de
rébellion primitives et de défis idéalistes, un monde trop
statique qui devait évoluer. Je voulais en changer. Je commençais
par regarder mon passé différemment. J'étais une espèce rare (un
créateur autodidacte),de caractère instable et imprévisible,je
pouvais me fourvoyer par instant,car j'étais trop obstiné. Je
croyais au rôle de la pensée émancipatrice et de l'intellect.J'ai
entrepris l'écriture du Journal
d'un fou en campagne
à l'armée pour tenter de faire le point sur la situation .Je
voulais regarder l'état du monde par moi même;j'avais l'impression
d'avoir déjà beaucoup écris ; mais c'était une
illusion,juste une impression . Il devait y avoir une raison au fait
que je ne parvenais jamais à finir mes écrits,je manquais d'une
discipline intellectuelle. Je ne parvenais pas à déceler mes
faiblesses. Mon obstination me jouait des tours .Je repoussais
instinctivement le moment où je devais mettre à jour ,la chose que
j'avais imaginée et commencé par engendrée;quelque part,j'avais
peur de la voir naître,et ce faisant de la voir disparaître . Je ne
pouvais pas m'expliquer ça;le mécanisme de ma défaite - car s'en
était - m'échappait.Repousser le moment de voir naître ma création
( ce moment de joie indescriptible) c'était plus fort que moi,je n'y
arrivais pas. J'étais poursuivi par une indescriptible ivresse de
créer Je savais que si je terminais mon ouvrage, mon ivresse
partirait ;je ne voulais pas la perdre;j'étais passionnément
égoïste ;mais ce n'était pas volontaire;personne ne m'avait appris
à conclure;c'est à dire à couper le fil du cordon qui me liait à
ma création.Cela s'apprenait,je ne le savait pas;ou peut être que
butté comme j'étais je me refusais à le voir.Je pensais en
égotiste,qu'abandonner toute la beauté du monde derrière
moi;c'était me compromettre.Je ne tenait qu'à l'extase singulière
de créer ,elle me maintenait dans la jouissance de ce moment sublime
qui était celui de création en train de se faire. Tant que la chose
n'était pas finie, j'avais espoir de vivre sous une forme
d'éternité;c'est pourquoi,je me refusais inconsciemment de finir
mes ouvrages.
ECRIRE
POUR NUL PART
C'était
une défaite de voir mourir quelque chose de moi. Les sentiments qui
me liaient aux œuvres que j'étais en train de générer étaient
troubles. J'étais envahi par un sentiment de panique lorsque
j'essayais de finir les scénarios des pièces de théâtre que
j’accumulais derrière moi,je culpabilisais;mais,j'éprouvais aussi
une réelle jouissance à les voir nager dans un bain obscur . Je
m'étais mis sur la lancée du Journal d'un fou écris à l'armée à
écrire des pièces de théâtre une fois revenu au pays. C'était
avec excitation que je m'étais à jour mes synopsis. J'étais en
proie à une énergie sidérale, je me sentais pousser des ailes, je
m'étais lancé dans la construction d'une œuvre dramaturgique
gigantesque. La pièce Le
journal d'un fou avait
déclenché en moi un processus subit de création.Dans Le
journal d'un fou,je
parcourais le monde avec les yeux critiques d'un voyageur en révolte
contre les us et coutumes d'une société inégalitaire.Cette pièce
m'avait amené à regarder le monde de la création avec l'œil du
dialecticien autodidacte imprégné de distanciation Brechtienne.
Hormis le fait que le processus d'élaboration d'une pièce me
paraissait extrêmement jouissif ; c'était surtout l'instant où
la déconstruction du mensonge social qui lui avait permis d'exister
explosait sur la scène que je tombais en extase .J'étais le seul à
en jouir ,c'était dommage ;mais je ne désespérais pas ;mes
pièces verraient le jour plus tard.La plupart de mes pièces
restaient en l'état;sauf à de rares exceptions.Un jour j'avais
écris une pièce d'une seule traite, dans un moment de frénésie
presque surnaturel;je l'avais intitulé la La
vie fantasmagorico-fantastique d'Artur Plank.
Elle décrivait la vie d'un ouvrier de production à l'intérieur de
la société du spectacle. J'avais passé plusieurs nuits à l'écrire
dans un état second. Lorsque je l'ai terminée, ;j'avais
l'impression d'avoir vaincu Sisyphe;j'avais rompu avec le sentiment
de fatalité qui m'empêchait de terminer mes chef-d’œuvre.
ODYSSEUS
Création
Aujourd'hui
encore, je suis fasciné par mes résistances à conclure mes projets
littéraires. Je dois lutter contre mes tendances nihilistes. C'est
comme si à travers l'écriture une langueur négative m'emportait au
loin. Elle attise en moi un sentiment de perte. Lorsque j'écris, je
dois lutter contre un sentiment destructeur. Cette sensation me
projette dans des lieux empestés d'angoisse. Il y a quelques années,
conscient de mes lacunes, j'avais décidé de faire de cette
difficulté (de cette faille) l'objet même de mon travail de
mémoire. C'est en ceinturant mes failles, en les chevauchant comme
un cheval fou ou malade, que je voulais écrire. La littérature,
telle que je la concevais dans cette manière de voir, devait mettre
à jour la dimension objectivement éclairante de mes faiblesses. Je
devais mettre en relief mes failles, les affronter. Et de cela, de
cette immense introspection, une vérité
devait sortir. Je devais écrire en
montrant mes failles, les montrer sans les auréoler,juste les
montrer pour montrer ce qu'était la vie réelle . Odysseus. Ce héros
sublime ne m'avait pas encore enveloppé dans ses bras, et projeté
hors de moi dans de troubles espérances.
SOUVENIRS D'UNE VIE
DRAMATURGIQUE ANCIENNE
Pièces de théâtre que
j'écrivais à mes vingt ans.
À l'énoncé
de leurs titres je soupire:
Chant
d'amour chant de haine pour un spectacle défunt
Profs aux
balcons
Le
discours sur une planche
Le radeau
de la Méduse
Gool
Etc.
Je revois
les scènes que j'avais inventées pour décrire le monde qui
m'entourait. Visions ulcérées de la réalité.des jets d'écriture
sortaient de ma tête devenue un peu folle.C'était irréel de
revoir mes brouillons.Les notes que j'avais gribouillé
,pour un projet de pièce dont le titre -Chant
d'amour chant de haine pour un spectacle défunt-
me rappelait que j'avais des ambitions démesurées en matière de
dramaturgie.
Cette
pièce que j'avais mis en chantier avait l'ambition de montrer sur
une scène ,le spectacle gigantesque une partie de mon époque,.
Notre époque ( celle des années soixante-dix) étalée sur une
grande scène, c'était un délire intrépide qui m'avait fait
entreprendre durant plusieurs semaines un travail de titan qui
consistait à compulser des documents d'actualité capables
d'illustrer cette fresque gigantesque. C'était une pièce critique
qui délivrait un message critique. Je voulais mettre en scène les
folies de l'aliénation du monde qui m'entourait;j'accumulais les
notes,car j'avais en tête les représentation issues du théâtre
objectif; j'avais lu et vu assez de pièces de théâtre qui
traitait de la réalité ,pour m'en inspirer;je recevais chaque mois
une revue -Travail théâtrale – qui me donnait des information sur
la scène artistique engagée du moment .Je composais mes scènes
tout en marchant dans les prés ,dans ma chambre ,dans les cursives
de l'usine ou je travaillais ,j'étais comme grisé par mon
défi;parfois je m’arrêtais et je respirais à fond pour me
purifier l'âme. Ce que j'appelais «écrire»
à cette époque ,
c'était essentiellement -Prendre des
notes- ;je n'écrivais qu'en prenant des notes c'était
ma façon à moi de marcher dans la forêt fantasmatique de
l'écriture.
Ma
vie secrète de dramaturge:
(un
extrait de mes mémoires autofiction écrits en 2001):
Je
m'allonge sur mon lit, je ferme mes volets. J'aime l'ambiance claire
obscure qui favorise mes rêveries. J'ai dit à ma maman ma mère qui
s'inquiétait de me voir si souvent allongé dans le noir sur le lit
que je faisais une sieste. Elle hoche la tête, car elle me trouve la
mine inquiète. Je la rassure et lui dis de ne pas s'en faire, que je
vais bien. Plusieurs fois, j'ai vu son regard se poser sur moi avec
un air anxieux. Je ne voulais pas lui dire que j'étais un metteur en
scène héroïque qui réfléchissait à des scènes de théâtre.
C'était déjà compliqué de réfléchir au contenu de ma pièce.
Je tentais d'écrire cette pièce uniquement dans ma tête. Elle ne
m'aurait pas compris si je lui avais dit que j'étais un futur
dramaturge ,un espèce de génie . Elle aurait certainement pu croire
que j'étais devenu fou. C'était pour moi plus commode de lui mentir
; ça paraissait normal d'être allongé pour faire la sieste, plutôt
que d'être allongé pour écrire une pièce de théâtre. Même si
Jean Cocteau faisait fréquemment la même chose, elle ne m'aurait
pas compris. Un poète à le droit d'imaginer des pages d'écriture
plongé sur son lit, lorsqu'il s'appelle Jean Cocteau. Mais Moi, je
n'étais pas Jean Cocteau,j'étais seulement Jean, son fils. Je ne
voulais pas expliquer à maman ce que c'était d'écrire des pièces
de théâtre, ça aurait été trop compliqué. Maman ,accompagnait
depuis de nombreuses années mes délires introspectifs. Je crois
qu'elle devait imaginer le pire lorsqu'elle s'interrogeait sur mes
activités;qui lui semblaient, dans son for intérieur plutôt
totalement déraisonnables. Cette chose que j'appelle «ma vie
secrète d'écrivain et de dramaturge» qu'était elle pour maman
?.Que valait-elle pour elle? .Si elle l'avait découvert;il s'en
serait fait je crois une idée affreuse J'ai noirci jusqu'à
maintenant des centaines et des centaines de pages sans jamais
réussir à m'imposer comme écrivain et encore moins comme
dramaturge à l'époque de mes vingt ans;époque ou j'aspirais à
être reconnu comme tel.Elle qui n'a jamais lu la moindre ligne de
ce que j'écrivais hier , comment aurait elle pu ,m'imaginer en être
exceptionnel;un génie ne né pas tout seul il né avec des
imaginations qui l'entourent. .Comme elle ne voyait rien de ce que
j'écrivais; forcément, elle imaginait le pire pas le meilleur . Je
sais qu'elle surveillait en secret ma vie de scripteur ; Pour elle
j'étais un être incompréhensible.Je brouillais volontairement les
pistes pour qu'elle n'arrive jamais à me déchiffrer;j'avais du mal
moi même à me relire ,tellement je torturais mon écriture pour
qu'elle ne puisse pas me lire.Maman pensait probablement que mes
activités d'écriture,c'était un moindre mal par rapport aux
activités subversives que j'entretenais avec les syndicat,qui lui
faisait peur ; écrire c'est certainement une perte de temps;mai;mais
elle n'embêtait personne;mes activités avec le syndicat étaient
dangereuses;elles remettaient en question l'ordre établit,ça lui
suscitait des angoisses.C'était uniquement parce qu'elle m'aimait
qu'elle les toléraient. A-t-elle jamais lu la moindre parcelle de
mes écrits secrets;ceux que je laissais traîner derrière
moi?.J'en doute;je sais qu'elle les épiaient en cachette lorsqu'elle
faisait le ménage dans la chambre.Je suis comme Kafka,je suis un
génie enfermé sous une bulle dont maman ma mère est la gardienne
,Elle a de grandes ailes d'or, comme les scarabées de Kafka elle est
comme comme une souris qui tourne autour de moi, épiant mes moindres
gestes. J'ai un peu plus de vingt ans, je viens juste de rentrer du
service militaire; n'ai jamais pondu la moindre chose qui vaille,mais
je suis un génie potentiel.Elle m'observe en silence dans l'espoir
qu'un jour je deviendrai normal aussi normal qu'un fils normal doit
l'être.
ODYSSEUS
Écrire
Je voulais
retrouver le jeune homme héroïque que j'étais hier;mais dans le
journal de bords que je lisais ,j'étais déçu je ne retrouvais pas
l’être héroïque que j'avais cru être.Ce journal,ce n'était
pas un roman. Il décrivait ma vie réelle ;il la décrivait de
trop prêt sans doute .J'étais à la recherche d'un être beaucoup
plus romanesque;je cherchais au fond de moi ,un être fantastique.
Dans mon journal intime,je détaillais un peu trop mes états
d'âmes;je faisais l'inventaire de ma vie ,j'étais sans recul . Je
voulais obtenir une image de moi idéale ;mais dans la vie réelle
,j'étais différent ;j'étais poursuivi par des affects qui me
perturbaient.Dans mes mémoires commencées en 2001, je voulais
réinventer l'histoire de ma vie ;je voulais créer un style
romanesque. J'avais besoin de témoignages originaux pour pouvoir
sublimer ma vie Mes anciens brouillons, écrits à l'époque de mes
vingt ans, me paraissaient soudain vulgaires . C'était la même
impression que j'avais en relisant mon journal,il me semblait qu'il
montrait un être contrarié;j'aurais voulu qu'il montre un être
moins tourmenté;je me pensais plus serein.J'ai compris que je
devais réinventer ma vie ;,je devais la travestir ;c'était
plus excitant.En relisant mes journaux ;je découvrais que j'étais
un être complexe .Je devais mettre de l'ordre dans mes récits ;je
voulais tout en restituant ma vie réelle mettre à jour un récit
qui donne à voir ma vie sous une forme plus romanesque.Cela
m'interrogeait;je me demandais ,si j'étais capable de montrer la
vérité .Je devais pour la montrer être impitoyable ;mettre
de côté peut être mes obsessions romanesques.
ODYSSEUS
Mes
Écrits (retrouvés)
des années 70
28 pages
corrigées dans les années 2000, non révisées
J
Journal
en miettes I
Photo
de ma main, prise par un ami dans les années 1970
LES
ECRITS
MON
JOURNAL INTIME ECRIT Fin 1972 - Début 1973
Bribes
(Cahier orange)
Pour
une dialectique de tous les instants
Autopsie
amoureuse
Mercredi 3
octobre 1972 :
Matin.
Boulot, mal
en point par rapport au mental ; la veille, état de névrose,
contradictions internes, mal de peau.
Écrit,
projection poétique, lettre à Y…, lettre fictive. Me rend
parfaitement compte au fond de moi, que c'est idiot d'écrire des
choses de ce genre sans avoir réellement l'intention de les formuler
dans la pratique ; d'ailleurs, vis à vis de Y..., je suis passé par
des états d'esprit plus ou moins incontrôlés ; à présent, il
subsiste de moi à elle, par rapport à l'idée que je m'en fais, une
ambiguïté certaine.
À l'époque
où je sortais avec B..., M..., J..., je recevais sur elle des
impressions bien plus générales, des impressions imprévues dont
certains détails peut-être fondamentaux m'échappent. Et sans
doute. C'est dommage.
Toutes
les projections qui m’assiègent actuellement ne font en réalité
que traduire mon désir de baiser Y…
Désir
de la posséder, comme on désire posséder une chose inaccessible
pendant trop longtemps, et qu'en enfant coléreux, je veux obtenir à
tout prix.
Je
pense d'ailleurs que l'état amoureux dans lequel je suis tombé pour
Y… n'était que la forme détournée d'un désir initial
insatisfait. En réalité, j'avais simplement envie de faire l'amour
avec elle, j'avais simplement envie de la baiser.
J'ai
craché pendant ces quelques jours plusieurs poèmes (ce qu'on
appelle des poèmes), autre projection qui marquait mon incapacité
réelle à faire le pas vis à vis de Y... C’est à dire incapacité
ou impossibilité de dire à Y… ce que je ressentais en réalité
pour elle. Une sorte d'attraction purement physique.
C'est
pourquoi il n'y a eu que des poèmes d'ombre.
J'en
suis venu à réclamer la dissolution de cette poésie d'écriture.
Je me dis qu’il faut que je m'arrête d'écrire, comme un poète
d'écriture. Ce jour-là seulement, je deviendrai poète.
(Mouvement
à préciser !)
A
PLACER AILLEURS
Ici
un jet d'écriture inséré dans cette partie du journal .Je l'ai
écris plusieurs années plus tard ,lorsque j'ai tenté de me
remémorer mes rencontre avec Axelle
Il
y a le con des cons, qui est tout et que nous appelons le super-con.
La rosée y brille d'un éternel éclat. Le con d'Axelle était de
ceux-là. Elle était dans l'attente que je la fende religieusement.
Elle était aussi timide que moi, mais elle était quand même dans
l'attente que quelque chose se passe… Elle m'avait amené dans une
pièce déserte à deux pas de la cuisine, il n'y avait personne à
part nous. On entendait la musique d'un bal qui se tenait à quelque
distance de la maison où elle habitait. Je l'avais enlacée, j'avais
placé ma tête sous son cou, et doucement je l'avais aidée à
retirer son pull. Elle s'était allongée sur une table base et
j'avais mis ses pieds sur une chaise. Je lui avais demandé de
retirer son pantalon, ce qu'elle fît sans manière. Elle s'attendait
je crois à ce que je lui fasse l'amour, mais dans la position où
elle était, c'était difficile. Elle était allongée sur des
coussins, son corps blanc resplendissait sous la lampe du salon qui
était restée allumée. Je voyais le grain de sa peau qui
frissonnait. J'étais resté habillé, j'observais, fasciné, son
corps nu. C'était comme si elle m'avait offert un trophée et
qu'elle attendait que j'en fasse bon usage. Mais j'étais incapable
de lui faire l'amour, je ne savais pas comment m'y prendre. Je vivais
entre deux frontières, l'une réelle, l'autre imaginaire. Il y avait
mon désir de la prendre et celui pervers de la regarder en train de
jouir de mes caresses. Je glissais lentement mes doigts dans l'espace
gluant de son con. Je les retirais et les glissais à nouveau
lentement en fourrageant dans ses parties intimes ; je me penchais
pour lécher ses seins et ses cheveux, je voyais les poils noirs de
son con qui luisaient sous la lampe. Elle ne disait rien. Mes doigts
s'enfonçaient de plus en plus profondément dans son con, celui-ci
devenait de plus en plus humide et dégageait une odeur forte et
légèrement écœurante, je voyais ses joues qui devenaient toutes
rouges et cela m'excitait. Je me disais qu'elle avait peut-être
honte que je la tourmente ainsi avec des caresses contre nature. Je
savais qu'elle attendait plutôt que je lui fasse l'amour d'une façon
conventionnelle, mais, j'avais peur de lui faire un enfant.D'ailleurs
nos caresses et nos jeux sexuels faisaient partie d'un rituel
amoureux codé. Elle semblait y prendre plaisir, et pourtant je la
sentais parfois gênée d'être utilisée comme une planche à
caresses, car je voyais bien qu'elle aurait souhaité être déflorée
d'une façon honnête et beaucoup plus directe. J'étais un jeune con
qui avait peur de s'engager;car je craignais que cet amour fût sans
retour possible.
(Non
daté) :
Ce
matin ,trou noir
Je
pratique le jeu raffiné du repli sur moi-même.
Je
suis à cet instant même au cœur d'une grande débauche
contemplative.
J'ai
le sentiment qu'une rupture radicale s’impose, je dois changer de
vie.
ODYSSEUS
En
relisant mon journal intime, je me demandais si c'était moi qui
l'avais écrit..Il
me semblait que c'était un autre que moi qui l'avait rédigés .Je
voyais ,se déployer devant moi les états d'âme d'un être
cyclothymique en proie à des obsessions
amoureuses. J'étais certes pourvu d'une sensibilité extrême;mais
je ne me souvenais pas d'avoir été la proie d'une frustration ; je
croyais que j'étais envahit par le besoin d'écrire; je découvrais
que derrière mon désir d'écrire;il y avait en moi un être
envahit par des pulsions amoureuses qui rendaient ma vie héroïque
moins glorieuse que je croyais .
Journal
en miettes 1972 (suite)
Nous
sommes en octobre, j'ai décidé de me remettre à écrire sur divers
projets de pièces et de romans d'un point de vue purement
didactique, dans l'intention de perfectionner ma maîtrise de
l'expression. Je pense que j'écris mal, que tous mes écrits sont de
mauvaise qualité.
Programme :
Notes
pour diverses études / projets.
Sur les
techniques romanesques.
Réflexion
sur le sens de l'écriture.
Sa
réalité dans la pratique, ses impératifs.
Réflexion
sur l'instrument qu'est le langage, sur sa vérité, sur sa fonction.
Poursuivre
dans le théâtre la réflexion intermittente déjà commencée.
Projet de
graphisme. Peinture japonaise.
Préciser
les projets poétiques.
Renouvellement
de l'écriture poétique.
Sentir
l'équilibre à développer entre l’intellectualité (la fonction
déliée de la pensée) et l'intuition, la sensibilité.
Il y a
une dimension illimitée ; celle-là, je la pressens sans bornes ;
c'est la vision détachée et transparente de l'essence.
L'essence
du signe, tout un vertige.
Là,
l'examinateur n'existe plus comme ni comme juge ni comme critique ;
ni comme analyste, ni comme opérateur ; il est seulement le témoin
; le pur témoin de la vie mélodieuse qui germe (en lui) et autour
de lui.
SANS DATE :
J'ai
besoin d’éliminer en moi toutes les tensions, les crispations, les
exactions qui développent dans toutes les parties de mon être une
imperceptible douleur, une douleur artificielle.
Mourir à
l'extérieur, pour m'absorber à l'intérieur.
Dentiste :
330 F
Impôts :
330 F
Assurance :
300 F
Suit une
liste de dépenses. Essence, cigarettes, etc.
Le cahier se
termine sur un brouillon adressé à C…
C…
ma
Chérie.
Un petit
mot pour toi,
Un mot
pour toi ma reine !
A cet
instant précis ou je t'écris ,je n'ai en fait qu'une seule envie;je
voudrais m’étendre, à côté de toi; serrer tes seins magnifiques
dans mes mains;m'endormir, à tes côtés;tout en mettant ma.
Chose.,là où tu l'aime!.
Je
t'embrasse.
À samedi
JEAN
ODYSSEUS
2020
Pour
reconstituer mon vie à l'époque,de mes vingt ans ,je ne pouvais pas
puiser uniquement dans mon journal,car mon journal décrivais ma
vie d'un point de vue trop autocentré . Je parlais à peine dans mon
journal des pièces que j'étais en train d'écrire, je prenais
surtout plaisir à décrire les affres de mes passions. J'avais
l'impression subite que je vivais dans autre monde. Les pièces de
théâtre dont j'ai parlé plus haut,celles qui s'entassaient sur ma
table,je ne les voyais pas;j'avais à peine la volonté de les tenir
secrètes;je dressais sans me gêner, la liste de toutes celles que
j'aurais aimé encore écrire. J'avais beaucoup de projets en
cours ;mon esprit errait souvent ailleurs, je voulais m'emparer
du monde sans me soucier de la façon dont je pourrais y
arriver;j'aspirais à percer l'essence des choses;j'étais dispersé ;
je combattais sur plusieurs fronts,j'avais tout le temps devant moi
;je voulais répondre à toutes mes envies. Dans mon journal ,
j'écrivais pour un public imaginaire ; je me confiais à moi même
J'ai détruit , plus tard mes notes de dramaturge . J'ai aussi
détruit une autre partie de mes anciens journaux;je les trouvais
nuls. J'ai conservé certaines pièces comme le journal d'un fou en
campagne;ou le manuscrit de la vie fantastique d'Arthur Planck
;vestiges de ma vie de dramaturge.Lorsque je retrouve après tant
d'années ces brouillons ;j'ai l'impression d'assister à la
disparition d'un mythe;celui de ma vie héroïque de dramaturge. Je
me croyais génial ;j'étais simplement poursuivi par de
fougueuses obsessions: Aujourd'hui ,je ne suis suis
éloigné de ces fantasmes . Hier, je pensais que je pouvais
facilement atteindre les cimes. Aujourd'hui, je me suis ravisé;j'ai
abandonné derrière moi ,ces sublimes passions.Bien que cela ne
soit pas tout à fait vrai ;je me suis vu récemment écrire une
nouvelle pièce de théâtre.J'ai remis les pieds dans cette folie
j'ai toujours gardé en moi un goût prononcé pour les projets
innacomplis.
ODYSSEUS
2020
Un fragment de ma folie ordinaire.
LE SONGE FAIT
PAR UN POETE
QUI VIVAIT
AILLEURS
Une pièce de
théâtre en trois actes
SCENE
I préliminaire.
Dispositif
scénique.Une grande scéne et quatre petites scènes de chaque côté
à gauche et à droite.
La
grande scéne est dans le noir ,seul une des petites scénes de
droite est éclairée.Dans la nuit au loin on aperçois une planéte
qui ressemble à la terre.
Sur
une des petites scénes le poète.
Le
poète:
A
propos de la terre ,je vous dirai qu'elle ne me manque plus.
Celle
que j'aperçois d'où je suis,n'est pas celle que vous croyez.
Notez
bien qu'entre temps trois terres au moins sont passées sous mes
pieds
Je
vis dans l'éternité
Pour
moi le temps est relatif
J'ai
été conçu par un rêve.
Grâce
au rêve je continue à vivre.
Le
temps est relatif.
Nuit.
SCENE
II.
La
scéne principale est éclairée.Un personnage en carton siège sur
un trône au centre de la scéne.Une musique étrange sort de
derrière la scéne.
UNE
FEMME AUX CHEVEUX BLANCCENDRES ENTRE EN SCENE. Elle porte sur le
visage un masque taché de couleurs.
Sir,j'ai
quitté la terre d'Ostrasie pour rejoindre votre palais.
Je
voulais vous dire que j'ai eu un fils dans un temps ancien;un fils
qui vous ressemblait.
Il
était coléreux et faisait des rêves étranges.
Il
disait que le ciel,s'obscurcirait le jour ou ils disparaitrait.
L'enfant
naquit sous une si fatale étoile
Que
le soleil comme tache de sang
Semblait
provoquer la lune en un combat furieux
Les
deux flambeaux du ciel luttaient avec toute leur lumière
Sinon
avec toutes leurs forces.
Lorsqu'il vint au monde cet
enfant qui n'était pas de ma chaire
Mais
d'une chaire qui m'était étrangère ,cet enfant m'apparut
comme
un don du ciel.
Pourtant à son arrivée une
éclipse se produisit et j'ai pris peur.
Si
il revenait ici je sais qu'il n'hésiterait pas à fouler comme un
tapis
Mes
cheveux blanc,car il est d'une nature impitoyable
Comme
le sont d'ailleurs tous ceux de la race dont il est issu.
Cette
race n'est pas heureuse;c'est celle des humains.
Ce
fils j'en ai hérité après un songe que j'ai fais un jour d'été
Sur
la joyeuse terre d'Ostrasie
Je
m'étais baigné dans un lac,
Je
vis qu'un homme m'observait depuis la berge
Il
ne ressemblait pas aux hommes d'Ostrasie
Il
avait un corps de lumière
Et
un sourire d'ange.
Je
suis tombé immédiatement sous son charme
Je
ne peu pas dire pourquoi.
Ce
charme est propre aux humains
Il
était semblable aussi acceuillant et gracieux
que
le surgissement de la rosée matinale
sur
l'herbe bleu d'Ostracie.
Nous
avons fait connaissance.
Nous
avons marché sur le sol d'Ostrasie
En
nous tenant la main
Comme
si nous étions de la même chaire.
J'ai
écouter ses paroles
Puis
j'ai voulu connaître son pays la terre .
Il
ma amené dans un vaisseaux blanc
Sur
une planéte aux reflets bleus d'extase
J'ai
vécu dix années durant,
Une
vie de douleur d'effroi
et
de bonheur total en sa compagnie.
Puis
un jour je me suis réveillé,dans le noir .
Que
s'était il donc passé?.
Un
geste de sa part avait suffit à obscurcir ma vue.
Un
jour je l'ai vu s'emparer du livre de la sagesse antique
Que
j'avais emmené avec moi d'Ostrasie
Il
la déchiré sous mes yeux en riant.
Ce
jour là j'ai découvert son vrai visage.
Nuit.
Sur une scéne
vaguement éclairée .Apparaît un premier spectre.
Sire!N'écoutez pas râler
cette curieuse créature
Elle est une ressurgence
des temps anciens
J'ai cru comprendre
qu'elle avait vécu
à lépoque où les
humains régnaient encore sur la terre
Elle a conservé l'usage
de la parole
Car les puissances
surnaturelles
lui ont donné le pouvoir
de durer
Mais elle a perdu la
raison
Nuit
Sur une autre
scéne vaguement éclairée .Apparaît un second spectre.
Il y a un regard
que l'on devrait porter sur la vie
Avant d'en arriver à parler
des horoscopes
Même les planétes
élémentaires
Traversées par des seismes
violents
N'ont jamais été
comparables
A cette étrange planéte
bleu qu'est la terre
Une voix off
venues des profondeurs
Une
créature en provenance de la terre
On devrait la respecter
Car elle a beaucoup souffert
Le spectre:
Dans
ton royaume la mort ne compte pas
Voix off:
Dans
ton royaume roi
La maladie n'existe pas
Ni la souffrance non plus
Ni hélas le bonheur
Tous les êtres sont comme
toi
Fait du carton impérissable
Que les Dieux d'Ostrasie
Ont su rendre aussi
intelligent
Que les sublimes trous
noirs
Qui dorment silencieux
Au coeur des étoiles
Le spectre:
Tu
dois regarder cette femme
Comme le souvenir
lointain
D'une époque ou le monde
Etait différent du
nôtre!
Nuit
Sur la scène principale qui demeure éclairée
le roi carton demeure toujours
assis sur son siège.
Sur une autre scéne apparaît le poète:
Le poète:
C'était
une époque agitée par les tremblements de la nature humaine.
C'est à moi Sir de
répondre,comme étant celui qui est le plus
intéressé par ces
histoires,car je suis celui par lequel elles sont
arrivées.
Si elles nous sont
parvenues,c'est par l'entremise de mes songes.
Ma mémoire en a conservée les
traces.
Ma mémoire est ce qui reste de
cette ancienne nature.
Dans ton monde roi tout n'est
que prodige,car ta nature est
prodige,dans le monde d'hier
tout n'était que fuite et passage
le monde n'existait que dans le
coeur des créatures qui le peuplaient
C'était un monde assurément
étrange.
Noir.
Sur la scéne principale passe un cortége fait de neige
artificielle et
d'êtres en carton.
Le
premier carton:
Je
m'appelle Thalés!
Le
deuxiéme carton:
Moi je m'appelle
Euclide!
Le
troisiéme carton:
Qui dans l'univers
gouverne aux étoiles!
Premier
carton:
Qui resplendit
supérieur aux étoiles!
Deuxiéme carton:
Qui nomme
l'univers!
Troisiéme carton:
Qui lui donne son
nom!
Premier carton:
Qui sinon toi !Toi
sérénissime et très noble créature!
Entité
magistrale d'extraction supérieure!
Etre
d'essence sublime qui a pris l'apparence du carton.
Deuxiéme carton!
Qui gouverne!
Troisiéme carton:
Qui administre!
Premier carton:
Qui légifére!
LA SUITE A VENIR
_______________________________________________
ODYSSEUS
Écrire
des pièces de théâtre,est une activité déraisonnable ,surtout
lorsqu'on sait d'avance qu'elles ne verront jamais le jour .Je
comprend mieux pourquoi j'ai passé hier une partie de ma jeunesse à
en inventer .Je croyais que j'étais irrémédiablement perdu pour
ce genre de défi;je m'aperçois que non !. Je continue de
m'accrocher à un rêve d'écriture magistral qui n'est visible que
pour moi.Je n'écris désormais que pour jouir de délicieux rêves
de théâtre qui s'échappent de moi .Que personne ne me lise importe
peu.J'écris pour la bravoure,pour le panache pour la beauté du
geste. De toute façon ,si je parviens à faire éditer mon Odysseus
,je suis certain que mon génie n’apparaîtra pas aussi
resplendissant que je le vois dans ma fort intérieur;je suis sans
doute le seul à en saisir toute la brillance exceptionnelle ; .Suis
je fou?Oui je crois!.Mais qui ne l'est ?.Je suis de bonne
volonté, quand je dis ça !.Si je continue à écrire ,c'est
que je n'ai pas abandonné la recherche de la vérité. Mon esprit
s'est obscurci, ma perception du monde s'est entaillée, elle est
rétrécie, mon désir d'élévation pourtant n'a pas décliné ;je
persiste à penser que la vérité est toujours à portée de ma
main.Il me suffit de taper quelques mots sur mon ordinateur pour que
mes visions éclatantes de la beauté du monde me reviennent. Je suis
toujours emporté par des élans de fureur héroïque , je voudrais
m'envoler pour ailleurs. Obtenir quoi ? Que puis je espérer de
plus?.Je sais que la vérité m'échappera. Je suis démunis
devant elle.
ODYSSEUS
Cogitum
(Penser)
Aujourd'hui
,j’ai le choix de me reprendre ;mes mémoires ne sont pas
bouclées .Puis je arriver à une état de lucidité originaire ?.A
ce que les anciens appelait « l'épochè » (à la
suspension du jugement).Pas vraiment .Je suis un penseur modernes,je
dois me débrouiller tout seul avec -
mon cogito !-.
MON COGITO
Mes
journaux témoignent d'une divergence fondamentale entre ce que
j'étais hier et ce que j'aurais aimé devenir. Mes mémoires me
montrent toujours sous des angles qui divergent . Les traces de mes
cogito capricieux dérivent à la surface d'un lac qui reflète la
complexité de mon moi originel. Les traces de mon cogito se
reflètent dans l'eau d'un simple verre d'eau. Mon moi originel n'est
pas plus grand que ce verre?Alors moi Odysseus je soupire.Que fais
tu là,me dit une voix venue des grands espaces .Moi je réponds têtu
– Tu le sais bien,,je cherche à
recouvrer mon moi originel !-.
ODYSSEUS
A
chaque fois,que je changeais de vie , je voyais apparaître un monde
nouveau. Lorsque j'étais adolescent;je voyais apparaître le monde
dans lequel j'aurais aimé vivre. Je m'efforçais d'en détailler les
formes . Vers mes trente ans,je nageais dans un bonheur
nouveau;c'était
presque sans m'en rendre compte que j'avais accédé à ce monde
idéal. J'avais dût mobiliser toutes mes ressources pour en arriver
là,j'étais devenu peintre;j'avais brûler mes essais d'écriture
qui me rappelaient trop mes défaites . je
voulais rendre ma vie plus légère et savoir (avant de mourir)
,pourquoi j'étais né.
ODYSSEUS
UNE
MISE AU POINT
Nous
étions en 2020, j'allais sur mes soixante-douze ans. Une bagatelle !
Je m'affairais sur mes mémoires (Mon Odysseus).
En tant que peintre, ma survie économique était à son zénith. Je
peignais toujours avec plaisir, mais les efforts que je devais
fournir pour surnager me ralentissaient. J'avais le sentiment que je
coulerais bientôt. Si ce n'étais pas de mon fait, ce serait à
cause de la pandémie qui sévissait. Quant à mes écrits (car de
nouveau j'écrivais), je poursuivais à travers eux une aventure
intemporelle qui me procurait, certes de la joie, mais je savais que
cette aventure risquait de ne jamais atteindre son but. Mon
autofiction Odysseus,
risquait de ne jamais voir le jour. Même en tentant de réduire
mon aventure à un seul tome ,je craignais de ne pas arriver à la
faire publier.J'avais du mal à surfer sur les vagues de mes écrits
.Je vivais dans l'incertitude ; cela m'allait malgré tout;car
si j'écrivais pour les autres pour leur faire connaître ma
destinée;j'écrivais surtout pour me réconcilier avec moi même;je
voulais avant de mourir apprendre à m'aimer ,plutôt qu'à continuer
à me détester .
REMINISCENCES
J'avais
passé une partie de mon temps par le passé ,à m'inventer des vies
extraordinaires .Tout ce que mon esprit engendrait continuerait à
exister après moi ; Je croyais fermement à l'éternité.
J'écrivais pour un public invisible. Ce public était assis au
milieu du vide sidéral Il était entouré d'étoiles comme celles
qui peuplent la voûte céleste. Derrière chaque étoile se tiens un
être sensible pourvu d'une âme.Une âme supérieure veille sur la
terre bleue cristalline;elle pleure un peu car elle là voit qui se
dégrade .Mon œil de poète incertain; navigue dans la matrice du
temps ; je vois briller le vaste fond d'éternité qui demeure
caché dans le vide sidéral (là où reposent les forces de
l'univers). D'où je suis,je vois Odysseus mon double qui chevauche
de grands coursiers;il est suivi par une foule d'aèdes qui
chantent ses exploits;ils savent parler aux hommes;je voudrais
tellement parler comme eux.
ODYSSEUS
UN
SURPLOMB DE MEMOIRE
Retour
rapide à ma vie d’hier
La plupart
de mes notes dramaturgiques avaient été brûlées. Il ne restait
presque plus rien de mes anciens délires. J'avais tout de même
sauvé quelques papiers. J'ai réussi à retrouver une note qui
parlait d'un projet de pièce que je voulais écrire. Dans ce papier,
j'avais dressé une esquisse d'un héros que je voulais mettre en
scène. Il s'appelait Gool, c'était un être handicapé. C'était
difficile de mettre en scène la cruauté humaine, mais parfois il
fallait en passer par là. Les bourreaux de Gool, étaient des
simples d'esprit, des êtres un peu attardés qui persécutaient Gool
sans juste même savoir pourquoi ils le faisaient.C'était le côté
sombre de la nature humaine Je ne comprends pas aujourd'hui
pourquoi j'avais pu avoir envie d'écrire une pièce aussi difficile
.
Un
brouillons tiré de mes écrits sur GOOL
daté 2001..
Gool
gommait d'un seul trait la mesquinerie et les critiques, car il était
pourvu d'une puissante gaieté qui lui faisait voir le monde
différemment de la plupart des gens. Lui était handicapé,
sérieusement handicapé. Dans la gaieté de Gool, certains voyaient
de la provocation. Gool, quant à lui, pensait que son handicap était
un effet de la bonté du ciel qui était sans limite car Dieu ou le
ciel l'avaient pourvu d'une joie de vivre détonante. Ce que les gens
normaux considéraient comme précieux dans la vie, leur normalité,
cela lui paraissait assez banal, car lorsqu'il les observait au
quotidien, lorsqu’il les observait, il les voyait souvent tristes,
en colère, déprimés ou complément insatisfaits. « Le prix
de la vie ! Le prix de la vie ! ». Voilà ce qu'il répétait
en marchant avec ses jambes qui se dérobaient sous lui. « Le
prix de la vie n'a pas de prix ! ». Comme il articulait mal,
les gens croyaient qu'il se plaignait. « Leeuh prix d'la vie a
pas pris ! ». « Tais-toi charogne ! Tu vas attirer
l'attention sur nous ! » lui lançaient ses gardiens. Gool s'en
foutait, sa gaieté permanente était le fruit d'un miracle
extraordinaire. À chaque nouvelle parole qu'il prononçait pour dire
à ceux qu'il rencontrait « Réflé...chi.ssez ! La vie
n'a… pas de prix ! », j'étais assailli de sentiments
contradictoires à son égard, car je voyais son terrible handicap et
je voyais aussi le terrifiant décalage qu'il y avait entre sa
perception de la vie et la mienne. J'admirais, effrayé, la splendeur
et la simplicité d'être qui était la sienne. Il contemplait le
monde à travers son bonheur d'exister qui semblait sans limite. Il
voulait communiquer à tous sa joie d'exister. Il se mouvait, je
crois, dans une dimension infiniment supérieure à celle qui était
la mienne. Détaché de son corps, il était rempli d'une joie
intense si permanente que je ne m'expliquais pas. Il m’a fallu
quelques temps avant que je réalise que Gool vivait en permanence
avec l'amour de la vie. Gool vivait chaque seconde de sa vie comme
une extase. Chaque seconde qui passait renouvelait son bonheur infini
d'exister. C'était un ange noir d'une beauté insupportable pour
ceux qui ne connaissaient que la beauté banale et la laideur
ordinaire des hommes.
ODYSSEUS
Je ne
fais pas référence à mon enfance en pensant à Gool.
J'avais eu une enfance relativement heureuse. En écrivant mes
synopsis, j'exerçais mon besoin d'écrire. Je prenais plaisir à
dessiner mes scènes. Mes planches dessinées mettaient en scène des
spectacles instantanés, c'était plus facile de les fixer sur le
papier en les dessinant . Un jour, j'ai assisté au spectacle de Bob
Wilson L'enfant sourd.
C'était dans une grande ville de l'est de la France. Bob Wilson m’a
ouvert le regard. J'ai compris qu'on pouvait écrire des pièces
uniquement en rêvant, c'était fascinant. Je pouvais écrire des
pièces en rêvant. J'ai écrit (car j'avais le don d'imitation) une
pièce inspirée de l'enfant sourd de Bob Wilson. La pièce a été
écrite ;mais passer de l'état de rêveur à celui de metteur
en scène me paraissait un trop dur labeur ; une fois mon rêve
couché sur le papier, je l'ai lâchement abandonné. Comme toujours,
j'étais une énigme pour moi-même. Je me demandais pourquoi mon
travail, une fois bouclé, ne m'intéressait plus. La seule pièce
que j'ai réussi à terminer, en l'écrivant entièrement d’A
jusque Z, c'était La vie fantastique
d'Artur Planck. Elle avait enthousiasmé
un ami peintre qui en avait lu les premières séquences.C'était une
pièce pro-situ. Il voulait absolument qu'on la monte. Je l'avais
écrite d'une seule traite dans un état second. Je m'allongeais sur
le divan de la salle à manger familiale et j'observais le lustre
paré de perles en verre scintillantes qui dansait au plafond. À
travers les éclats de verre qui dansaient en lançant des myriades
d'étincelles, j'apercevais des passages de ma pièce qui
s'écrivaien. J'ai écrit cette pièce en un temps record ; je
dormais peu, j'avais les nerfs à fleur de peau, j'avais un peu
l'impression de devenir fou. Mon cerveau courait à toute vitesse
devant moi. Cette pièce,écrit juste après Le
journal d'un fou en campagne,
témoignait de ma fureur d'écrire. J'avais inventé à son usage
une partition qui donnait, séquence après séquence, les tempos
organiques des scènes que j'avais construites. Je me suis aperçu
plus tard que Bob Wilson faisait de même, mais lui, contrairement à
moi, concrétisait les choses. J'étais resté un éternel rêveur,
incapable de hisser mon travail sur une scène réelle pour le
concrétiser . J'étais un génie nihiliste.
Un jour j'ai retrouvé des pages du manuscrit au fond de mes cales
.Je me suis mis à imaginer que j'étais un écrivain célèbre et
qu'on avait retrouver par miracle une partie de mon chef-d’œuvre.
C'était merveilleux de pouvoir contempler mon manuscrit.
ODYSSEUS
Un
écrivain imaginaire
J'avais
été toute ma vie un écrivain imaginaire .Cela m'avait prit très
tôt Je choisissais des lieux propices à l'inspiration. Je voyais
des pages d'écriture qui défilaient devant moi. Elles suivaient le
rythme de mes pas et de ma respiration ;mes marches m'aidaient à
les faire défiler.Dans les pages d'écriture que je voyais défiler
devant moi il y avait déjà le grand roman que je rêvais d'écrire
. Je voyais mon génie scintiller au dessus de moi . Mes écrits
formaient une couronne de lauriers au-dessus de ma tête. Je voyais
ma mémoire s'enflammer.Parfois, j'étais tellement bluffé par mes
visions ,que je ne savait plus ou j'étais .Je pleurais à chaudes
larmes devant certains passages de mes écrits J'étais transporté
dans une monde imaginaire j'avais la sensation ineffable d'être un
grand homme. À travers la lecture de mes textes trafiqués ; je
devenais un immense réciteur un écrivain flamboyante. Je n’étais
pas loin de me prendre pour un immortel. Aujourd'hui, lorsque je
revois ces moments délicieux, il ne reste presque plus rien de
cela . Mon génie a disparu !.Heureusement il me reste des
brouillons.
UN BROUILLON
DE (2001):
J'écrivais
dans un décor fabuleux. En escaladant cet endroit, j'oubliais mes
soucis, mes tracas, l'humiliation d'être obligé de trimer dans un
lieu aussi mortifère que l'usine. J'aurais aimé n'être qu’un
oisif comme les artistes que j'aimais et admirais;peindre, écrire,
dessiner, cela était ma seule raison d'être. Ma vie à l'usine
ressemblait à une expiation. Seuls les moments merveilleux que je
passais à rêver me guérissaient de mon mal d'exister. Un mal
mystérieux m'avait jeté un sort;je devenais triste tout à coup
,je plongeais dans la mélancolie.Soudain le chant d'un rossignol
me propulsait dans une divine rêverie. Chaque fois que je
l'entendais, je plongeais instantanément dans mes chimères.Ce chant
exerçait sur moi un chantage merveilleux .
Suite
Et, me
plongeant dans cette partie de ma vie, je revois le front de
Chateaubriand qui flottait dans l'azur;le regard bleu de Goethe
défiait une mer agitée, Montaigne écrivait uniquement pour moi.
Lorsque je me retourne sur ces années, j’aperçois les contours
d'un livre qui était en train de s'écrire;ce livre faisait baigner
ma vie dans un songe. Je disposais dans ce livre des épisodes emplis
de beautés .Je voyageais en compagnie d'êtres admirables qui
m'initiaient à la poésie et à la navigation céleste . Je
rencontrais des êtres inspirés qui me montraient comment écrire
des livres surnaturels ; je me voyais vivre dans la compagnie d'une
déesse aux yeux d'or . Elle m'attachait des ailes sur le dos et je
m'envolais pour des mondes inconnus. Dans des moments d'exaltation
plus intenses; j'écrivais des poèmes pleins d'allant. Ma mémoire
livrée aux délices de l'abandon imaginait des théories littéraires
. J'ajoutais à mes rêveries des spéculations personnelles. Je
dissertais de longues heures sur les origines de l'art ,et de
l'humanité .Malheureusement j'étais sans ordre ;j'avais l'art
de compliquer les choses ;j'allais dans toutes sortes de
directions .
ROMANTISME
Je prenais
plaisir à marcher dans les prés qui faisaient face à la montagne
que je voyais depuis ma fenêtre. J'y avais accès en grimpant sur le
même chemin que je prenais lorsque, dans ma petite enfance, j'allais
jouer aux Indiens avec mes amis. Je connaissais ces lieux par
cœur.J'étais désormais un futur écrivain ;protégé par les
arbres et les sapins,je me répandais en inventions littéraires,
j'avais grandi. Assis dans l'herbe des prés, je lisais à présent .
Les livres me sauvaient de la détresse où j'étais tombé depuis ma
rentrée dans le monde du labeur. Le chant d'un rossignol annonçait
le début de mes transports. Aujourd'hui à travers son écho je
retrouve les émotions qui m'emportaient l'âme ;le temps s'arrête,
je tombe un état second.;je perds la notion du temps je crois
m'évanouir Les échos d'une phrase que j'avais jetée en l'air hier
,me reviennent en mémoire. Je renoue avec mes vies héroïques, je
retrouve les scènes magiques qui me transportaient dans un monde
presque divin. Je replonge dans le monde lumineux de mes chimères.
L'espace magistral de ma vie reprend forme .Je redeviens le génial
poète que j'ai toujours été;j'écris des textes ardents qui
soulèvent mon imagination pour la faire rentrer dans un monde encore
plus fantastique que le monde réel.
Résurgences,
ressouvenir… Autres réminiscences
ODYSSEUS
Les
textes que j'ai rédigés dans les premières versions de mes écrits
me semblaient éblouissants à présent, je le trouvent maladroits.
Je m'étais rebellé contre la charge littéraire imposé par les
classes riches aux classes pauvres ;ma révolte contre la langue
était devenue une révolte idéologique .J'avais survolé en courant
,le travail critique de Meschonnic (Henri
Meschonnic - Sur le rythme
et sur la théorie générale du langage
et du problème poétique).
J'avais cru retrouver chez
Meschonnic les mêmes maux qui me
poursuivaient en imagination;mais j'avais quand même pillé
Meschonnic, de la même façon j'avais pillé Derrida. J'admirais ces
écrivains juifs qui s'attaquaient comme moi à l'ordre du monde
d'une façon obsessionnelle ;je les admirais ;j'étais sous le
charme;mais moi je m'attaquais à la langue française parce que
j'étais un révolté viscéral;je luttais contre la société des
nantis;eux luttaient pour une certaine idée de la langue que leur
culture ransgressive d'origine leur avait transmit.
AUTRES
REMINISCENCES
Une autre
version de mes souvenirs :
Aujourd'hui,
je revois en silence, les près immenses, les arbres amis, les
insectes minuscules, les petits animaux cachés qui accompagnaient ma
vie d'écrivain en herbe,vers mes quinze ans.Je retrouve les
premiers grands émois de ma première vie d'écrivain imaginaire. Ma
vocation d'écrivain est née incontestablement durant cette période
de grande exaltation, de grande confusion et d'illumination. Je
revois les grands sapins qui me servaient de refuge quand j'étais
malheureux, les genêts jaunes qui entouraient mes lieux de
méditations passagers, ceux qui me faisaient plonger dans des
rêveries fécondes. J'avais à cette époque un avantage : je
pouvais instantanément transformer le monde réel en monde
merveilleux, j'étais tombé dans un monde surnaturel. J'aménageais
des cachettes dans des endroits connus de moi seul. J'y enterrais des
bouts de papier sur lesquels j'avais inscrit des mots magiques.
J'enfouissais mes glorieux écrits en les accompagnant d'objets
divers à qui je prêtais des pouvoirs. C'étaient de simples
morceaux de bois, des pommes de pin, des cailloux, une médaille de
la vierge, des crayons de couleur ; toute une armée d'objets
singuliers que j'embrassais avant de les enterrer. C'étaient des
biens précieux qui devaient me permettre de retrouver la mémoire
des instants précieux que j'avais vécus ici;je jouissais encore du
pouvoir magique de transformer chaque choses en autre chose.Je me
revois assis sur une pierre en train de penser à ce que deviendrais
plus tard, mes trésors. Je m'imaginais qu'en les retrouvant,je
retrouverais les pouvoirs qui m'avaient fait voir le monde d'une
façon presque surnaturelle.J'ai tenté plusieurs fois de retrouver
ces espaces devenus un peu sacrés dans mon imaginaire;mais à chaque
fois, une force mystérieuse m'empêchait d'y accéder. Ces lieux
magiques étaient des lieux qui échappaient à tout entendement et
la civilisation n’y exerçait pas ses droits. Seul un être
redevenu innocent pouvait y accéder . Je n'étais plus innocent.
ODYSSEUS
Mémoire
(suite)
Les
genêts, dont certains portaient encore des fleurs d'un jaune
éclatant, me servaient de points de repère pour m'orienter dans mes
territoires. Je me racontais, assis sur une pierre, des histoires
fantastiques. Je respirais le bonheur d'être en vie, je poursuivais
un bonheur sans faille. Ma vie était un rêve qui m'envoûtait en
permanence. Je n'espérais rien d'autre de la vie que conserver ces
trésors nés de mon imagination. Lorsque je parcours de nouveau
d'une seule traite le monde merveilleux de mon enfance, je n'aperçois
presque plus mes cauchemars d'adulte, j'aperçois surtout en écho
mes cahiers de poésie ; des cahiers de poésie qu'on
m'obligeait à apprendre par cœur. J'y prenais plaisir. J'avais une
sorte de vénération pour mes cahiers de récitation. Je découvrais
,des êtres sensibles différents du reste du monde : Verlaine,
Lamartine, du Bellay, Eluard ou Rutebeuf, c'étaient là des êtres
imaginaires que je vénérais. Ils me distrayaient de mes harassants
problèmes de robinets, ils étaient comme ces herbes folles qui me
fouettaient les jambes lorsque je courais dans les prés. À
l'époque, mon cerveau n'était pas encore abîmé par mes rêveries
littéraires. Il fût une époque où je ne pensais qu'à jouir de
l'instant. Je ne pensais pas qu'un jour un fou obsédé d'écriture
me talonnerais ,pour écrire mes mémoires,je n’aimais que
l'ivresse d'être libre et de vivre sans attaches .
Une vue de
mon cahier de poésie de l'école élémentaire :
ODYSSEUS
MES
ECRITS IMAGINAIRES
J'ai
recomposé deux extraits de mes écrits imaginaires réalisés à
mes quinze ans, à l’époque où je m’exerçais à l’art
d’écrire.
Je
composais mes récits avec des passages volés aux auteurs que
j'aimais ,Rousseau, Chateaubriand, Elie
Faure, Baudelaire etc.Cette manie ma poursuivie plus tard;à l'époque
d'art-cloche je faisais obstinément la même chose.
ODYSSEUS
Comment
entretenir une vie héroïque en soi
Dans
mes souvenirs de pré adolescence les pages que j’écrivais étaient
éternelles puisqu'elles étaient tirées pour nombre d'entre elles
de la prose insubmersible des grands auteurs. Je réalisais des
textes travestis et embellis par la prose de mes auteurs fétiches.
Je découpais quelques morceaux de leur merveilleuse prose et je les
collais dans mes propres écrits. Je trouvais mes textes ainsi parés
incroyablement plus beaux. Lorsque je relisais mes textes, je ne
savais plus qui les avait écrits, car j'avais omis de préciser la
place occupée par mes plagias. Je retrouvais quand même le
sentiment glorieux qui m'avait fait écrire ces textes, Ces belles
phrases alignées sur la page me semblaient des trésors;trésors
qui commencent à vaciller sous l'effet de la distance. Au lieu
d'admirer mon génie du moment, je ne voyais plus à présent que le
mouvement maladroit de mes tentatives pour écrire. Je déprimais
pour moi écrire hier était une entreprise glorieuse mais
harassante ! Aujourd'hui, je suis affecté par le même symptôme
mais encore plus démesuré. À chaque nouvelle relecture de mes
tapuscrits, j'ai l'impression de m'enfoncer dans un labyrinthe et qui
plus est remplit de sables mouvants. J'aurais bien aimé retrouver
l'éclat joyeux de mes tous premiers textes vus à travers
l'imagination fulgurante de mes rêveries pré adolescentes;à
l'époque je trouvais mes écrits géniaux. Aujourd'hui, lorsque je
me relit il me semble que je suis devenu presque sans génie. Les
les sensations exaltantes que m'avaient procurés mes premiers
textes, je ne parvenais plus qu'à peine à les retrouver. Je
n'étais plus capable d'atteindre cette forme d'exaltation que
j'avais vue se former en moi lorsque je rêvais que j'étais un futur
écrivain génial. Je me disais que j'étais pas loin d'être un
écrivain raté, que c'était là le sort réservé à tous ceux qui
s'étaient égarés dans la forêt des rêves de gloire et
d'éternité .
ODYSSEUS
Je
cherchais à capter une goutte d'éternité, « une forme d'écriture
pure, idéale spontanée, immédiate»,. Lorsque je ne la voyais pas
surgir ,j''étais terrassé, déprimé, j'avais l'impression d'avoir
trahi mon idéal de vie supérieure. Je voulais devenir, un écrivain
de l'au-delà, un écrivain de la beauté pure éternelle, je voulais
capter un morceau de l'éternité. Je n'arrivais que rarement au
degré de perfection que j'aurais aimé atteindre. Il y avait
toujours en moi quelque chose qui s'effondrait au dernier moment.
Chaque fois que j'espérais atteindre « une forme éternelle
d'écriture », une anxiété me rattrapait;elle me prenait à
revers. Je doutais d'arriver jamais à la hauteur de ce que je
voulais atteindre . Mes sentiments se heurtaient à ma géographie
mentale qui était instable. C'est pourquoi, très tôt,j'ai été
poursuivi par l'idée que j'étais peut-être destiné souffrir
éternellement. En revisitant mes nombreuses tentatives pour écrire,
lorsque je me suis mis dans l'idée de me remettre en selle pour
écrire ce que j'appelle Mes
Brouillons, vers l'an 2001, je me suis
surpris à voir dans cette tentative un espace fantasmé qui
ressemblait beaucoup à celui de ma naissance dans le ventre de
ventre de maman. Mes brouillons reflétaient le trouble qui était
inscrit dans mes gênes;je devais plonger dans une cicatrice ancienne
. J’ai cru que je tenais là un fil . J'étais comme Ulysse qui
cherchait à regagner une patrie mythique .Mes récits contenaient
une partie de l'histoire de l'humanité ; l'humanité errait à
la recherche d'elle même. Les premiers récits que j'avais engendrés
à mes vingt ans racontaient déjà l'histoire cet exil . La fiction
que j'avais entrepris d'écrire Okapoulkofou,
était une version du retour aux origines ;c'était une fiction
autobiographique du désir que j'avais de regagner le ventre maternel
;l'espace poétique qui dormait au fond de sa psyché,c'était le
ventre de maman.
ODYSSEUS
Une
autre version de cette dérive ,apparaît dans les textes poétiques
écrits en 1981. A travers
ses textes engendrés six années après la rédaction d’Okapoulkofou
(mon mémoire de maîtrise ) ;je poursuivrai ma quête d'absolu
.Quelques temps auparavant ,j'hésitais sur le sens à donner à ma
vie ,je m'interrogeais .
SUITE
DE MES TEXTES D'ERRANCEE
1977
UNE PAGE
Revoir
mon visage de l'époque me renvoi à la vie pleine de contrastes qui
m'animait.J'avais tenté de décrire ma destinée dans mes
brouillons.
J
1981
ODYSSEUS
Un
brouillon.
J'étais
un écrivain façonné par une altérité inexplicable. Mon manque de
mémoire n'était pas le seul en cause, il me semblait que les remous
de la langue y avaient leur part. C'était pourquoi j'étais depuis
plusieurs années le plus souvent plongé dans l'incertitude pour ce
qui concernait l'élaboration de mes écrits. Ne pouvant ni freiner
ni arrêter la sensation de disparition qui imprégnait ma vie, je
devais me résigner à ne voir apparaître que l'empreinte éphémère
de son mouvement. Je prenais des notes;je tentais de photographier
l'empreinte de ma conscience qui vacillait .C'est cette façon
d'écrire qui m'allait le mieux. C'est cette façon d'écrire
éphémère qui me livrerait demain le fameux roman dont j'espérais
un jour accoucher. Les écrivains amnésiques comme moi qui
théorisaient à
tout bout de champ sur
leurs états d'âme provoquaient sans doute de la lassitude et même
du désarroi chez le lecteur.Pourtant si on voulait les lire, pour
comprendre leur désarroi ;il fallait accepter de se plier pour
un temps à leurs lubies.J'étais bien conscient de ça,j'en étais
conscient ,car à l'époque je n'écrivais pas pour gagner des
lecteurs;j'écrivais uniquement pour me trouver.
Suite
de mon roman existentiel
Les
Écrits (suite)
Le soliloque
de la mémoire à l’époque post-moderne
Suite
magistrale du roman de ma vie
Un
texte tiré de la première version des Écrits,
datée de 2001.
Les
souvenirs des époques mélangées que j'essaye de faire réapparaître
ici resteront toujours imprécis ;les choses de ma vie se
brouillent et s'emmêlent . Pour tenter de retrouver quelques bribes
de mon passé,je dois faire beaucoup d'efforts, ma mémoire est
capricieuse. C'est pourquoi il m'est difficile de tracer le vrai
portrait de celui que j'étais hier sans m'égarer un peu. Il y a
pourtant des fils qui mènent à ma vie ancienne. J'ai retrouvé dans
mes archives mes essais d'écritures située dans des temps très
éloignés,dans un temps où j'étais, il me semble, encore vierge de
toutes souillures. En me relisant, j'ai cru entendre subrepticement
le chant du rossignol;et j'ai cru un instant revivre des émotions
que je croyais avoir perdues. Presque simultanément, la lecture des
rêveries de Rousseau que j'avais fait récemment avaient ravivé ma
passion pour un certain type de littérature romantique. Je me suis
dit que je devrais me mettre à relire plus fréquemment des passages
des promenades solitaire de Jean Jacques. En me plongeant dans la
lecture des rêveries je pouvais retrouver en moi un goût pour le
vagabondage que j'avais presque oublié. Je me souviens qu'à une
certaine époque , j'aimais m'allonger sur mon lit et me remémorer
des moments de ma vie;je revoyais
le visage de maman,celui de mon père, le visage de mon frère,
celui de ma sœur,je revoyais la statue de la vierge aux belles
élancées installée au sommet de la colline qui surplombait ma
chambre;puis je me revoyais parcourir les allées de l'usine
éreintante où je travaillais,je revoyais incidemment le visage
des amis qui trimaient avec moi .Je me disais dans ces moments que si
je pouvais écrire un roman qui retracerait les années joyeuses et
malheureuses du passé.;je parviendrais peut-être en m'enfilant
dans mes rêveries à retrouver quelques lambeaux authentiques de ma
vie de cette époque. Des lambeaux d'émotion que j'avais refoulés
se jetaient devant moi en ordre dispersé:je devenais en imagination
un véritable écrivain .J'étais dans cette optique surtout curieux
d'observer comment j'allais pouvoir organiser mes souvenirs .Je
n'avais pour dessein, en m'engageant dans cette aventure,que d'écrire
au fil de mon inspiration. C'est pourquoi j'avais donné un nom à ce
projet,je voulais l'appeler « Les
mémoires improvisées ».
ODYSSEUS
Texte qui figure
dans la première version des Écrits
(2001)
:
Hier, j'avais gribouillé sur une feuille une liste de souvenirs qui
m'étaient venus spontanément en tête concernant mon passé. Les
parties en gras sont celles sur lesquelles j'ai déjà commencé par
écrire ;les autres en plus petit sont celles sur lesquelles
j'espérais me mettre à écrire.
Les
trois scouts - La promenade à motocyclette
- Un
rêve étrange - Le rouge gazon -
L'abbé contestataire -
La crèche révolutionnaire - J'admirais
plus Voltaire que Jean-Jacques La grève - Un premier grand amour que
je n'ai pas su garder - À propos de Jean-Jacques et de ses enfants
- - Le sourire d'une jeune fille que j'avais dessinée- Œcuménisme
- Teilhard de Chardin - Dieu .-Mes
lectures difficiles - La vie paisible - Marches sur la haute montagne
- Un PDG bien sympathique -- Robespierre - Paysages de neige -
Hérémétisme ou érémitisme (voir dictionnaire) de mes dix-sept
ans - J'étais un révolté - Le maillot rouge - Les beaux lacs
vosgiens - Paysages montagnards - Je m'enfermais dans une tour
d'ivoire plus haute que les montagnes qui m'entouraient pour me
protéger sans doute. J'avais oublié qu'à cette époque, je
consacrais la plupart de mon temps à l'étude de la peinture et du
dessin - J'avais conçu une architecture extraordinaire - Des amis
non conformes -Yoga - Mes universités - Hegel - Spinoza - Un vieil
étudiant qui s'appelait Duval - Un ami de la CGT - Colleur d'affiche
et syndicaliste - PSU
-
La chorale - Ma promenade préférée - Etienne - Je me méfiais des
étudiants - Promenade derrière le château - Mes lectures de Karl
Marx - La télévision en noir et blanc - Le théâtre communal - Le
bel abbé - Alain Robin, Pierrot etc. - Permis de conduire.
Cette liste
que j'avais établie était décousue. J'avais dressé mes
souvenirs,sans tenir compte de la chronologie. Ces souvenirs se
rapportaient à des parties de ma vie qui se situaient vers mes
quatorze et dix-sept ans, sauf pour certains qui ont eu lieu plus
tard (à l'armée). Je doute à présent que cette méthode soit la
bonne pour reconstruire l'histoire de ma vie, mais j'avais décidé
de procéder ainsi.
J'avais
aussi écris cette mise en garde . -Lecteur mon ami si tu veux
remonter plus en avant dans l'imbroglio de ma foutue existence, il
faudra te taper les récits mal alambiqués qui vont suivre. Ces
récits sont des histoires banales que j'ai essayé de rendre
captivantes ,mais comme je suis un auteur sans expérience,je laisse
souvent venir à moi les choses les plus diverses sans les
organiser;je suis finalement un écrivain assez bordélique.-
ODYSSEUS
(Les
mémoires improvisées,dont voici la première version)
Comment un
rêve peut naître de la mémoire photographique:
Les
trois scouts
C'est la
première version de mes souvenirs que j’ai jeté sur le papier :
Sans
la photo que j'ai retrouvé ;je doute que mes souvenirs aient pu
exister. C'est grâce à cette photo que mes souvenirs ont pu se
déployer. Il a fallu cette photo pour que réapparaisse ma
mémoire.Les trois scouts semblaient appartenir à un rêve que
j'avais fait il y avait fort longtemps. Ma mémoire ne se souvenait
presque plus des détails de cette vie très lointaine. J'avais à
peine seize ans à cette époque. J'avais du mal à réaliser que
c'était moi qui étais debout avec eux, sur la photo. Les trois
scouts travaillaient tous les trois comme gratte-papiers, l'un pour
une société privée, les deux autres pour la sécurité sociale.
Moi j'étais apprenti dans une usine textile .
ODYSSEUS
DANS MON SOUVENIR
Je voyais surgir une Épopée qui troublait ma mémoire;je la voyais
qui dévalait sur la page de mes mémoires à mon insu.
Dans
cette épopée ,il y avait un local
C'était
celui de la Jeunesse Ouvrière
Il était
situé dans une ancienne usine textile.
Dedans se
tenaient des réunions, je m'en souviens
C’était
l'abbé G... qui les animait
Je
l'appelais Pascal
C'était
un prêtre charismatique
Survolté
et dynamique,
Il nous
transmettait sa foi en Dieu,
il ne
mâchait pas ses mots,
Emporté
par une ardeur peu commune
Il nous
entraînais à penser par nous même.
Il
dispensait en prêche tous les dimanches matin
Des
sermons un peu fous
Qui
effrayaient t les gens bien pensants
Beaucoup
craignaient
Ses coups
de gueule,coups de gueule
Qui
étaient aussi vivaces que ceux d'un loup.
A cette
époque tout le monde n'allait pas à la messe
Mon père
qui était païen,n'y allait pas
Mais il
aimait disait il
Le
franc-parler de Pascal.
Qui
fréquentais les même bistrots que lui.
SUITE
TRAUMA.
Je me
sentais plus jeune que mes camarades,
J'osais à
peine intervenir dans les débats
Qui
avaient lieu lors de ces réunions
Un jour,
un de mes camarade, me désigna du doigt et me dit agressif
Pourquoi
tu ne parle jamais ! Jeannot Tu t'en t'en fout ? »
Hormis
le fait qu'on m'avait montré du doigt
Je ne me
souvenais plus de ces parties de ma vie
Celle
dont je me souvenais
C'était
celle où on m'accusait injustement d'un délit
Un délit
,que je n'avais pas commis
ODYSSEUS
Sur ma
mémoire somnambulesque
Dans
mon roman de mémoire,je ne savais plus si celui qui écrivait pour
moi ,écrivait aussi contre moi .Je cherchais ma propre manière
de raconter ,et j'avais du mal de la trouver.J'avais l'impression
d'être affecté par un trouble de la
perception .Dans mon fort intérieur ,j'avais tendance à dramatiser
les choses;je me souvenais plus facilement des scènes de mon
enfance où j'avais été maltraité et accusé à tort ,plutôt
que celles ou on j'étais glorifié où désiré .
ODYSSEUS
Il
était étrange pour le moins que je me souvienne plus facilement de
certaines scènes de ma vie que d'autres. Les souvenirs qui balisait
ma mémoire ,semblaient masquer l'entrée obscure d'un souterrain.
.C'était ces associations d'images fortuites qui me conduisaient à
remonter péniblement le fil du temps.J'avais pris en photo les
trois scouts, un jour où nous nous promenions sur les chaumes. Ils
étaient debout sur un rocher. Aujourd'hui le rocher existe sans
doute encore ;mais mes amis eux ont disparus .Lorsque je repense
au lieu où se tenaient nos réunions, je n'apercevais plus qu'un
vide énorme;et surtout un grand supermarché. C'était dans ce
supermarché que je venais faire mes courses en compagnie d'Iris (au
temps où maman vivait encore). Une bonne vingtaine d'années
s'étaient écoulées entre temps;le supermarché avait remplacé le
local ou se tenaient nos réunions,car ma mémoire avait gommé le
lieu de nos réunions .Je comprends mieux à présent, pourquoi en
faisant mes courses dans le supermarché,j'avais toujours une
imperceptible sensation d'amputation . Je marchais sans même m'en
rendre compte à travers une partie de mon passé. Ainsi, je sais
aujourd’hui,que ma vie était remplie de souvenirs orphelins.Je
croyais voir des fragments d'éternité dissimulés dans ma
mémoire;c'était une illusion ;j'étais aussi un amnésique il me
suffisait de faire quelques efforts pour me plonger dans mes
souvenirs pour m'en apercevoir.
ODYSSEUS
(2019)
DIVERSIONS :
Les éléments
visibles et invisibles
Qui
formaient la trame de mon passé
Se
dérobaient fréquemment sous moi.
Mon idée
supérieure de la vie
Avait
changée
Raconter la
totalité de ma vie,
Ce sublime
dessein
Était un
mythe
Je ne
pouvais retrouver
les
fragments d'éternité
Qui étaient
cachés dans ma mémoire
Qu'en
occultant
Tous ceux
que j'avais oublié.
Je pouvais
me raconter des histoires sublimes
Mais je
savais peu de choses
Que
sommes-nous ?
D'où
venons-nous ?
Où
allons-nous ?
Je n'avais
pas réponse à ces questions.
ODYSSEUS
(2019)
Suite
de fragments de mes anciens écrits
Fuite de ma
mémoire
Texte
qui figure dans la première version des Écrits,
datée de 2001 :
Un roman
Sur Saint
Jean :
Cet
incident que j'ai rapporté plus haut concernant son inaptitude
À
s'exprimer dans une réunion où les avis étaient partagés
L'avait
marqué suffisamment pour qu'il retienne la leçon.
Il avait
reçu un coup une dague de ce garçon, un certain Brutus
Qui
l’avait déstabilisé.
Brutus
lui avait enfoncé une dague en plein cœur sans crier gare,
Il
s'était sentit sur l'instant complètement désarmé.
C’est
pourquoi il avait remercié intérieurement le camarade
Qui était
venu à son secours et l'avait défendu.
C'était
la leçon à retenir.
Saint
Jean s'était dit : « Je dois garder en mémoire cette
scène et la graver dans mon esprit ; à l'avenir je ne devrai jamais
juger ou mésestimer mes semblables. Me comporter comme ce camarade
l’a fait avec moi, c'est faire preuve d'un grand manque de
discernement et d'un grand manque de bon sens. Je devrai à l’avenir
de ne pas commettre la même erreur, car il suffit d'un simple
jugement émis à la hâte pour condamner un homme désarmé et
innocent à l'échafaud ! Et je détesterais faire ça. Je
trouve cela infâme ! ».
ODYSSEUS
Celui que
j'appelle Saint Jean dans la première version de mes mémoires était
à ses seize ans un être moral qui n'acceptait pas l'injustice.Le
souvenir de cette blessure qui lui revenait en tête,montrait combien
il était sensible aux jugement des autres.Souvent par la suite Il
fermait sa bouche de peur de commettre une bévue ;il avait
gardé en lui une trace de cette ancienne blessure.Pour lui, le
véritable héros était un héros moral.Ce héros devait défendre
les plus faibles.Il croyait surtout ce héros ,en une force sublime
et transcendante qui donnait sa forme poétique au monde.
ODYSSEUS
La
forme poétique du monde
Il
croyait que la poétique cette langue première (issue du ciel)
pouvait réconcilier des parties de nous en apparence opposées.
Malgré le chaos qu'il voyait parfois régner en lui et un peu
partout entre les hommes, il avait le sentiment qu'une harmonie
céleste régissait le monde C'est
probablement pourquoi j'avais retrouvé, bien des années plus
tard,en observant Saint Jean des similitudes avec Odysseus mon
double actuel.Odysseus était persuadé qu'une forme de transcendance
régissait le monde et qu'elle lui conférait une forme d'éternité.
Un
extrait de mes Écrits
(2001) :
L'abbé
que j'avais pris comme modèle à mes seize ans dénonçait toutes
les formes d'humiliation, il enseignait des modèles de vertu qui
étaient issus d'une vieille école de pensée que je vénérais. Je
retrouvais dans sa pensée une partie de Montaigne, une partie
d'Elie Faure, mais aussi une partie de Chateaubriand des héros que
je vénérais . Je doutais toujours de tout. L'abbé, lui, ne
semblait pas douter, il était un homme de foi;il serrait dans les
replis souvent froissés de sa soutane noire un vieux missel dans
lequel il plongeait de temps en temps pour raffermir sa foi mais
aussi pour la remettre en cause .Cette pratique de l'examen de
conscience;c'était pour moi le modèle d'une conscience en éveil.
Je voyais en la personne de l'abbé un héros. C'était un être
humain qui émergeait du lot, un être humain capable d'exprimer ses
sentiments et de décrire ses convictions et ses faiblesses sans
rougir. Il le faisait avec une rigueur et une persistance qui faisait
la plupart du temps défaut à tous les autres hommes. Il savait
écouter et défendait sa parole avec une force que j'admirais, même
si la rudesse avec laquelle il le faisait pouvait parfois me
heurter.Je me disais qu'au final, si un tel homme existait, c'est que
le monde n'était pas entièrement perdu. Ce monde impitoyable
portait en son sein des êtres intelligents aussi éblouissants et
aussi admirables que tous les héros charismatiques surdimensionnés
que je vénérais en silence dans le secret de mon cœur. Ces êtres
admirables, capables de charisme, d'ardeur et de générosité, ne
vivaient pas seulement dans les livres ou dans mon imagination. Ils
étaient des êtres bien réels;l'abbé était l'un d'eux,et moi
j'étais Saint Jean une sorte de héros intemporel ,j'étais l'un
deux en imagination.
ODYSSEUS
SUITE
DE MES MEMOIRES INTEMPORELLES :
Le
Rouge Gazon
Le
Rouge Gazon, c'est le nom d'un lieu-dit situé sur les crêtes (sur
la ligne haute des montagnes qui font séparation entre l'Alsace et
les Vosges). Une colonie de vacances était située à cet
endroit.Relativement à cette histoire ,je peu à présent affirmer
que dans ma vie d'hier,je n'étais
pas seulement un jeune homme emporté par des passions littéraires
flamboyantes,un être parfois en proie à des révoltes violentes
;un être admirateur des êtres charismatique comme l’abbé.J'étais
aussi un être un troublé par des affects profonds,un être d'une
sensibilité à fleur de peau ;mon univers intérieur
contenait des joyaux que je tenais en réserve;ma vie n'avait de
sens,que parce que j'aimais;j'aimais surtout en secret l'éclatant
sourire d'une jeune fille que je gardais uniquement pour moi;c'est
pourquoi elle se dérobait à la vue du monde .Je me demandais
pourquoi
le gazon rouge avait gravé un tel sillon dans ma mémoire;j'avais
Seize ;si le gazon était si rouge,c'est qu'il était imprégné
du souvenir obsédant impérissable ;de la jeune fille dont
j'étais tombé amoureux quand j'étais enfant .Mon cœur s'était
emporté pour elle;elle avait éclairé ma vie d'une lumière si
vive que j'avais cru qu'une flamme ardente le rongeait de
l'intérieur. Je poursuivais ses allées et venues comme un
fou,depuis la fenêtre de notre maison,ou je guettais son apparition
chaque jeudi ; je la portais aux nues, j'aurais voulu la serrer
dans mes bras, lui retirer son pull et dénouer ses nattes. J''étais
amoureux d'elle à en mourir. Je vénérais son image ; son image
animait mes pensées jour et nuit. Elle était allongée sur les
berges de ma mémoire, elle était semblable à un flocon de neige
tombé sur ma main. Je le regardais fondre en silence, sans pouvoir
lui dire que je l'aimais. Tout cela me faisait souffrir. L'image
adorée de cet amour me hantait . Son feu ne s'éteignait
jamais.j'avais aimé, adoré et vénéré cette jeune fille;je
l'avais subséquemment installé sur un piédestal imaginaire d'or et
d' ivoire.
Passage
des Écrits
de 2001, remodelé en 2018:
SAINT
JEAN
Il observait
par la fenêtre les contours dorés de la vaste montagne. Il
regardait le flanc des roches grises et bleues et les nuages roses
qui s'allongeaient à l'horizon. Il regardait le ciel limpide et
phosphorescent qui jaillissait au-dessus des sommets. Les reflets
d'or d'une chevelure lui apparurent lovés à travers les nuages.
C'était le visage adoré d'un déesse qui surgissait à l'instant
dans ses pensées. C'était elle !. Elle, qui était venu le
surprendre. Elle, qui illuminait le dos râblé de la montagne Il
apercevait son visage à travers ses souvenirs. Fleur de soleil,
fleur de rivière, c'était l'image d'un paradis ancien qui lui
revenait en mémoire.
Ô toi,
déesse dont le sourire éclaire mes rêves
Ce matin,
sur une dune lointaine
J'ai
aperçu ton image
Tes
nattes blondes flottent toujours dans l'azur
Dans mon
cœur somnolent toujours tes baisers
« Pourquoi
suis-je si vulnérable ? » se demanda-t-il .
Je
t'aimerai éternellement dans mon souvenir
Mes mains
ne caresseront jamais ton corps de lait
C'est un
autre qui t'enlacera
C'est un
autre qui t'amènera dans sa maison
C'est un
autre qui soulèvera ton voile de vierge
Un autre
qui s'en saisira
Ma bouche
lampe éteinte rivière bleue ne baisera jamais tes lèvres de jade.
ODYSSEUS
Un
poète égaré
Passage
des Écrits
2001, transformé en 2018 :
C'était la
même (la même déesse blonde), celle dont j'ai parlé plus haut.
C'était elle. Je la dessinais sur la même table où j'écris mes
mémoires.J'avais douze-treize ans, je la dessinais avec un sens de
la démesure et une passion qui me surprenait moi même .J'avais
installé mon campement dans la salle à manger;la belle table
vernie qui servait à accueillir les repas les jours de fête me
servait de bureau ;.je voyais mes défiler mes émotions , mon cœur
était troublé ,je sentais monter une fièvre en moi; cela me
ravissait.Mais à présent j'écrivais ,uniquement pour me délivrer
d'elle.
ODYSSEUS
Une fée
m'apparaît
Mon rêve
d'hier
ressurgit
Elle
tient dans sa main une ramure d'or.
Elle est
comme un soleil.
Je peux
poser sur sa bouche
Un baiser
somptueux
Cette
apparition,
Me jette
dans les bras
de
l'enfant amoureux que j'étais.
Mais ce
n'est qu'un mirage
Hier
,sur la table octogonale de la salle à manger je n'écrivais pas je
dessinais .Je dessinais l'image adorée de ma bien aimée;j’apercevais
son image en rêve et je la sculptait avec passion ;je voyais
l'agitation m'envahir,comme à chaque fois que j'étais cerné par
des sentiments violents ;une vaste agitation m'étreignait. A chaque
fois, je devais me frayer un chemin à travers cette agitation;. Ce
sont ces troubles qui me reviennent en mémoire lorsque j'essaye
d'écrire le roman improbable de ma vie d'hier. La déesse blonde de
mes douze ans, était une déesse surgie du ciel ;c'était une
délicieuse vision qui m’envoûtait et me terrassait à chaque
fois que je la voyais surgir devant moi.
C'était
la deuxième jeune fille que j'aimais d'amour fou, la première avait
été une autre jeune fille que j'avais aperçu déguisée en
indienne un jour de carnaval ;elle habitait un restaurant prés de
chez nous . Ma déesse blonde était aussi belle,peut être même
d'une beauté supérieure. Je l'attendais tous les jeudis lorsqu'elle
sortait de ses cours de catéchisme. Je me postais à l'entrée de
notre couloir situé au troisième étage de l'immeuble de la maison
des commis ;je l'observais à travers les carreaux. Elle avait deux
nattes qui tombaient de chaque côté de son visage. J'aimais son
visage. Il m'attirait et me fascinait. Elle portait une jupe et un
pull bleu marine, des socquettes blanches et des sandales, comme en
portaient les jeunes filles qui faisaient partie de l'association des
guides locales. Je l'aimais ,son apparition m'embrasait l'âme. Pour
m'éviter de me languir entre deux apparitions, je la dessinais,
c'était par ce biais que je la gardais en vie jusqu'à son prochain
passage.
J'étais la victime d'une
passion.Plusieurs fois dans ma vie j'ai failli mourir en serrant
contre moi l'image d'une femme aimée.J'avais les mêmes symptômes;
tremblements, excitation,arythmies parfois évanouissements. J'étais
la proie d'une maladie.Lorsque je l'ai revue bien des années plus
tard ,j'étais étonné qu'elle ait le même visage .J'avais
l'impression que c'était un autre que moi qui l'avait vénéré.
Un jour ,elle m'adressa la parole.Elle
était franche et même un peu saillante, elle parlait chiffres et
bénéfices,c'était la fille d'un commerçant. Elle ironisait sur
le monde ouvrier. Elle me parlait de haut. Elle me donna le coup de
grâce lorsqu'elle dit : « Les
ouvriers sont tous bêtes ils ne tiennent même pas une comptabilité
de leurs dépenses ! ». Sa
beauté que je vénérais ,déclina d'un coup . Ma sublime déesse se
transforma n fille d'apothicaire .En la regardant,je ne pouvais pas
m'empêcher de repenser à l'amour violent qu'elle m'avait inspiré
.Comme j'étais obstiné, je me demandais si, faisant fît de tous
mes préjugés, je ne pourrais pas continuer à l'aimer, bien qu'elle
soit si complètement différente de moi.Une voix disait tout près
de moi.
Va
l’eau
Va
en l’air
T’épuise
pas à aimer
L'amour
est un mirage
ODYSSEUS,
2018
Mon roman a
du mal de prendre forme
Les pages
qui surgissaient dispersées sur mon ordinateur ,n'étaient que de
piètres souvenirs;ma vie d'hier était moins idéale que j'imaginais
.Je venais de relire un autre de mes brouillons ;je me demandais
si je devais le jeter à la poubelle ou bien l'utiliser ici comme une
ultime preuve de ma vision changeante;ma vision capricieuse et
changeante du monde rendait mes mémoires instables .
Un brouillon
écrit en 2001:
MA
DEEESSE.
Elle
était l'enfant d'un couple d'épiciers qui tenait un bazar dans une
partie basse du village. Dans un premier temps, comme je l'aimais
toujours, je lui trouvais du bon sens et je me disais qu'elle n'avait
pas entièrement tord dans ses réflexions, mais comme j'étais
ouvrier, je savais aussi que ce qu'elle disait avec un léger mépris
en parlant d'eux ne s'appliquait qu'à certains d'entre eux, et qu'il
révélait surtout une forme de préjugé et un léger mépris pour
ce milieu, car elle était d'un autre bord. Maman ma mère, qui était
fileuse, tenait parfaitement ses comptes à jour et beaucoup d'autres
femmes d'ouvriers en faisait autant. Cela me confirma dans mes
appréhensions. Un fossé me séparait de ma déesse . Je l'aimais
toujours, car j'étais resté attaché à son ancienne image, mais
une barrière se dressait à présent entre nous. Nous avions cessé
de faire partie du même monde. Après avoir réfléchi, je me dis
qu'il fallait refuser d'adopter le point de vue d'un épicier pour la
conquérir, même si je savais que c'était la seule façon de
pouvoir la séduire. L'amour que j'avais conçu pour elle s'effrita
dès l'instant où je pris cette résolution. Petit à petit, elle
m'apparut moins sublime. Pourtant, à chaque fois que je la croise
(cela m'arrive encore lorsque je reviens dans mon village), me
revient en mémoire le portrait magique que j'avais fait d'elle.Son
visage rieur, ses tresses blondes et sa tenue bleu marine à col
blanc appartiennent toujours au grand rêve solaire et solitaire qui
m'accompagnait dans mon enfance. C'était un beau rêve. Lorsque je
ferme les yeux, je revois en filigrane la jeune fille aux yeux rieurs
dont j'étais tombé amoureux. Je vois passer devant moi cette vision
angélique, cette apparition me comble. Mon amoureuse avec ses nattes
dorées incarnait pour moi le bonheur absolu. Elle n'a jamais deviné
l'amour héroïque que je lui ai porté, le culte absolu que je lui
ai voué est toujours resté caché au fond de moi. Je suis
d'ailleurs étonné de voir,que je suis reste attachée à la
courbe sublime de mes anciens souvenirs. Une prose trompeuse enchante
toujours ma mémoire ;lorsque je repense à elle je revois une
déesse.Et un poème de Lorca me revient en mémoire.
Il met un
étrange turban
De nacre
à l'écume
Et rime
avec la mer
Autant
que la voile.
Lorca.
Poésie IV
ODYSSEUS,
2018
-Les
gémissements poétiques de ce siècle ne sont que des sophismes-.
Lautréamont.
Poésie.
C'est sans
doute une entreprise vaine que de vouloir me corriger. Mes récits
dévalent une pente Emporté par mon élan, je poursuis sans
débander la course de mes souvenirs
La
reprise d’un roman laissé à l’abandon
Les écarts
narratifs de mes écrits sont comme les écarts de ma mémoire :
ils glissent, imperturbables, sur ces pages sans que je puisse les
fixer comme je voudrais. J'ai retrouvé dans mes brouillons un autre
récit dans lequel je tentais de dessiner le portrait de l'abbé;cet
homme de Dieu m'avait beaucoup marqué à mon adolescence. Revoir
l'abbé ,c'était rendre hommage à un être sublime que j'avais
admiré. Mais c'est aussi l'occasion pour moi de me poser la question
sur la forme que devait revêtir mes écrits. Aujourd'hui que je
commence seulement à l'idée de les faire paraître;le souci de
l'anonymat ne revêt plus la même importance qu'hier ;il y a
peu de chance que ceux qui les liront puissent s'y reconnaître.
C'est plutôt égoïstement en pensant à ma tranquillité que je me
refuserais à les publier (moi étant).Si je m'aperçois qu'ils sont
trop médiocres, j'aurai le réflexe salutaire de les supprimer;j'ai
peur d'être médiocre. À une certaine époque, je rêvais
d'enfanter des choses sublimes ; aujourd'hui je me vois ,comme un
être imparfait !. j'ai cessé pour partie d'être le héros
sans failles que j'aurais aimé être hier ;à travers mon
songe de dépassement j'avais perdu la raison .A présent je voudrais
percer les mystères de la vie avec plus de simplicité ;pourtant je
sais que c'est le propre de la nature humaine de s'égarer.
ODYSSEUS
Suite
du roman de ma vie
Un abbé hors
normes.
Je
l'appellerai Pascal, c'est que j'ai encore l'ancien réflexe de mes
brouillons ,en l'appelant Pascal je me retrouve dans ma peau d'hier.
Un brouillon que
j’ai failli éliminer:
Je
me dis à présent que ma tentative d’écrire sur l’abbé n’était
peut-être qu’un simple moyen d’écrire sur ma mélancolie. J'ai
appris par expérience que les hommes (dont je fais partie) ne
peuvent s'empêcher de juger à tort et à travers leurs semblables.
C'est pourquoi aussi je dois bien réfléchir avant de balancer
devant leurs yeux n'importe quoi. C'est pourquoi, lorsque je revois
Pascal, ce curé rouge au charisme chavirant;je me dis que je dois
serrer les freins et prendre garde de ne pas balancer n'importe quoi
à son sujet. On m’a annoncé sa disparition, je l'avais presque
zappé. Je l'avais vu assis juste un peu avant qu'on m'annonce sa
chute, dans la position d'un bouddha prêt à accéder à
l'illumination. J'étais convaincu que sa vie, qui était pour moi un
modèle de transcendance, l'avait fait accéder aux plus hauts degrés
de l’enstase, qui est le stade suprême de la libération pour les
bouddhistes. Je le voyais fréquemment assis en pleine méditation
sous un arbre sacré, j'avais de lui une idée lumineuse,
fantastique, presque irréelle. Contre toute attente, j'ai reçu de
lui de mauvaises nouvelles. On me disait qu'il avait sombré :
il s'était subitement mis à boire. Pour moi, c'était presque
impossible qu'une telle chose lui arrive, car je le voyais toujours
comme un titan. Il m'avait impressionné par son énergie et par sa
volonté. Sa foi me paraissait invincible. Il donnait l'impression de
sauter les obstacles et de les faire disparaître. J'avais du mal à
admettre qu'il ait pu chuter si radicalement, d'une manière si
terrifiante, car la chute dans l'alcool me paraissait une
abomination. Son visage se superpose à présent dans ma tête, à
celui de Pasolini, peut-être à cause de la mort ténébreuse du
poète assassiné sur une plage. Les deux n'avaient rien à voir
pourtant, à part peut-être leur visage qui semblait taillé dans un
cep de vigne, et le fait qu'ils soient tous les deux Italiens. C'est
moi qui cède à un sentiment tragique.Je revois mon passé auréolé
par mon imagination. Hier, je voyais Pascal comme un stylite perché
sur une colonne. Il était un prêcheur du désert. Il s'agitait
devant mes yeux, et mes yeux déformaient tout. Je ne le voyais pas
comme il était, je le défigurais, mon imagination l'illuminait.Ma
lecture régulières des chefs-d’œuvre littéraires, fabriquais
des êtres chimériques;je voyais soit des êtres fabuleux partout
soit des monstres . Un conteur fou écrivait des histoires
imaginaires sur la tranche de mes livres. Je ne voyais le monde qu'à
travers le prisme de mes chimères. Je revois comme en rêve le
visage frêle du jeune homme exalté,obstiné, buté et révolté que
j'étais;à cette époque je voyais en Pascal le seul être
intellectuel qui avait assez d'éclat pour me faire avaler sans
broncher le sort de la destinée humaine. Il se tenait debout,
marchant sur les eaux d'une mer en furie ; Il faisait vibrer
d’une beauté singulière l'espace mélancolique de ma vie;il était
comme un archange dans l'azur. Il marchait au centre, du monde avec
une folle énergie...
ODYSSEUS
Suite
de mes mémoires,suite de ma vie héroïque imaginaire
Voici
ce que j’écrivais dans mes récits de mémoires :
Passage
des Écrits
(2001), repris et transformés en 2018.
La
construction d’une crèche révolutionnaire par Michel-Ange
J'étais
un être paradoxale.Dans la même époque, celle où je travaillais à
l'usine, vers mes quinze ans, je m'étais découvert une grande
ambition : je rêvais de devenir Michel-Ange. C'était une de mes
folies. J'en avais plusieurs, mais celle-là dominait. Je connaissais
la vie de Michel-Ange presque par cœur, j'avais acheté un livre sur
lui, je rêvais de l'égaler. Pascal le prêtre rouge, m'aida à
réaliser mon ambition. Très tôt, je m'étais inscrit à des cours
de peinture par correspondance.
Je passais mes journées en dehors de
l'usine à dessiner et à peindre.Mes amis voyaient en moi un artiste
.C'est pourquoi ils m'avait désigné pour intervenir sur un projet
de construction de crèche comme cela se faisait à l'époque La
crèche devait être installée dans l'église paroissiale du
village, celle qui avait de beaux piliers de grès roses et gris. Je
me voyais comme un nouveau Michel Ange. Emballé par a tâche que
m'avait confié mes amis ,je m'étais mis à l'ouvrage;je voulait
frapper les esprits en construisant une œuvre extraordinaire. Comme
j'étais admiratif de Michel Ange;j'aurais voulu égaler ses chef
d'œuvres ;mais je savais rester modeste ,j'avais proposé à
mes contemporains une crèche découpée dans du carton;c'était -
Ma chapelle Sixtine- à moi !-.
Un brouillon
: J'ai placé une
variation du même texte en annexe à la fin du livre I (page 209).
J'avais
découpé dans du carton une grande église que j'avais peinte,
j'avais peint l'église à moitié détruite. Je voulais que l'image
frappe, c'est pourquoi l'église était grande. Même à moitié
détruite, elle occupait un vaste espace au centre de ma crèche.
J'avais disposé au milieu du décor trois hommes grandeur nature
eux-mêmes découpés dans du carton. Peints de couleurs vives, ils
représentaient l'humanité. Il y avait un noir, un blanc et un jaune
; ils tenaient tous dans leurs mains des dés à jouer de grandes
dimensions. À la place des points qu'on trouve généralement écrits
sur les dés, j'avais écrit des mots « Amour, Foi, Passion,
Haine, Justice » etc. On m'avait donné carte blanche, j'en
avais profité pour représenter dans ma crèche les symboles du défi
lancé à l'homme dans sa course pour l'existence. Si l'église était
en ruine, c'était la marque d'une faillite plus que la contestation
de l'ordre traditionnel. Si le petit Jésus figurait bien ma crèche,
il n'en était pas le héros principal. Le héros principal, c'était
l'homme mis en face de ses contradictions. Cette crèche, c'était
mon chef-d'œuvre ; elle marquait une rupture symbolique avec le
cycle biblique de mon enfance. Elle révélait mes aspirations à
l'émancipation avec ce qui lui était apparenté dans mon esprit la
transgression. La rédemption des âmes devait passer par la remise
en cause des acquis passés. Elle passait par l'art et par la
création, car l'art et la création étaient les seules choses
capables d'émouvoir et d'éveiller les esprits tombés dans
l'égarement ; c'était là tout mon message.
ODYSSEUS
Roman
Contrairement
à mes attentes, ce ne fût pas la crèche qui fît scandale. C'était
le texte que j'avais écrit, qui s'égrenait sur une bande
magnétique .On
m'avait demandé d'écrire ainsi qu'à mes camarades jocistes,des
textes sur notre croyance;ils devaient être diffusés à la messe de
minuit. Certains textes étaient apaisés et restaient polis, le
mien était polémique .Emporté par une fougue littéraire ;
j'avais déversé mes convictions dans mon texte ,sans mesurer
l'impact qu'il pouvait produire sur l'assistance. Je critiquais les
croyants qui attendaient sagement que le ciel leur tombe sur la tête.
Je
rejette ton monde église,
Car je
n'y vois plus Dieu.
Je
rejette ton monde église,
Car sur
la face éblouissante de tes saints,
Je ne lis
plus la compassion etc.
Je
rejette ton monde église,
Car
tes fidèles errent avec des yeux absents
Dans
les demeurent du ciel .
Si
j'ai retrouvé le fragment de texte que j'avais écrit à cette
occasion;j'ai l'avantage d'avoir oublié le reste. Ce texte avait dû
jaillit d'une seule traire de mon cerveau .Ce qui m'inquiétais au
sujet de ce texte ; c'était moins les réactions du public,que
les réactions de maman ma mère. J'étais en guerre contre elle;son
amour de l'église m'était devenu insupportable.Je ne crois pas;qu'
elle ai assisté à l'office.J'étais en guerre contre tout ce qui
symbolisait l'autorité .J'étais soumis à des sentiments
contradictoires; j'avais décidé de me révolter. A la même époque,
je lisais aussi Montaigne, que j'avais pris comme modèle ,car je
voyais en lui ,un homme de raison. Je regardais surgir de moi
,étonné un être combatif en révolte contre la folie conservatrice
des croyants ordinaires qui abaissaient la beauté éclatante de la
destinée humaine,pour la réduire à des choses matérielles .
ODYSSEUS
Fragments
de brouillons.
Passage
des Écrits
(2001), repris et transformé en 2018 :
J'étais devenu,
presque s'en m'en rendre compte, le disciple le plus radical de
l'abbé. Avec mes camarades, nous étions rentrés dans un combat
pour exiger notre part de vérité, nous le faisions avec l'extrême
ardeur de la jeunesse. Pour Pascal, la jeunesse était le fer de
lance d'un Christ émancipateur et révolutionnaire. Son pari, il
nous le disait ouvertement, c'était de croire que l'homme était
capable de s'élever au-dessus de sa condition et de s'élever, grâce
à la foi, vers cette part de lumière qui transfigurait tout. Il
rêvait d'un monde transfiguré par la parole de Jésus... Moi, Saint
Jean, son disciple, j'étais surtout un jeune homme en révolte. Je
voulais trouver ma voie, j'étais né pour créer, le reste
m'importait peu. Mes transports et mon exaltation allaient être
freinés par la dure réalité, mais j'aimais cet affrontement. Si je
voyais en rêve ma destinée, je la voyais belle, insolente .Mais
certains jours, je me rétractais;je ne voyais plus que le sort
malheureux qui m'était fait. Je me sentais comme Kafka prisonnier
d'une citadelle. Mes rêves de création s'effondraient, j'étais
emporté par des visions catastrophique.Je me voyais renaître en
révolutionnaire intransigeant ,je m'identifias à Robespierre .
J'abritais en mon sein un être inflexible aux mœurs indomptés.Au
visage impitoyable de Robespierre vint s'ajouter celui de Lénine.
Maman ma mère s'effraya,car j'avais épinglé le visage de Marx sur
mon bureau. Je voulais en homme prométhéen, de changer le destin
de l'humanité.Je me voyais davantage en insurgé de l'âme qu'en
révolutionnaire,implacable.Quelques temps plus tard, devenu un autre
en imagination, j'avais décidé que je serais un grand dramaturge.
Je m'exerçais à écrire des pièces de théâtre solaires
.J'observais ravis ,le monde depuis mon génie naissant. J'étais à
la fois peintre écrivain et poète.J'avais une mission artistique à
accomplir.
Cinquante
ans plus tard;je dois me rendre à l'évidence ;cette mission a
échouée ;j'ai l'impression surtout d'avoir rêvé ma vie . Je
suis assis au pied d'un grand mur de sable qui a la forme d'une mer
éternelle .Je vénère la mer, et ses mirages;je suis sujet aux
mêmes contradictions qu'hier ;je crois à une vision
surnaturelle du monde;mais je suis aussi un adepte de la pensée
positive;je crois à la beauté des enseignements humanistes;je suis
pourtant un peu perdu;car le monde dans lequel je vis me paraît de
plus en plus inintelligible .
ODYSSEUS
Le roman du monde
Aujourd’hui, en l’an 2019 :
Moi,
Odysseus, si je n'avais pas directement fait l'effort pour lire dans
mon passé, je n'aurais pas aperçu ma vie sous des angles si
contradictoires. J'étais un être agité par un nombre fantastique
de dérèglements. Je devais lutter en permanence contre le pire de
mes ennemis, et cet ennemi c'était moi-même. Lasse;j'aurais voulu
laisser errer mes sentiments dans le désert jusqu'à la fin des
temps. Je m'étais fabriqué une morale de guerrier égotiste
Certaines nuits, enflammé par ma solitude, j'étais capable de tuer,
avec parfois beaucoup d'humour, cet ennemi implacable qui jour et
nuit me faisait face;cet ennemie c'était moi. Je croyais savoir ce
qu'un homme doit faire pour vaincre l'adversité, puisque
l'adversaire,c'était moi-même.Je voulais affronter la mort
,l'esprit joyeux .Je regardais mon double Odysseus, plonger dans le
Graal de l'éternité;j'aurais voulu être lui car j'admirais depuis
toujours les héros capable de transcendance.Mais serais je capable
d'être légal d'Odysseus ?
ODYSSEUS
Suite ramassée de mon histoire
Aujourd'hui,
mon sacre d'écrivain jamais réalisé est plein de récits
autobiographiques abandonnés. Ce n'était pas des récits
littéraires,c'étaient des esquisses de contemplation de moi-même,.
C'étaient des brouillons, des artefacts, des calques sans fin de mes
déambulations. Je sais qu'un jour, une main mystérieuse découvrira
peut être mes récits et se les appropriera.Je resterai pourtant un
écrivain clandestin. Je ne suis Odysseus que pour un temps ! .A
travers mes brouillons le livre éphémère de ma vie à jailli ;il
emprunte là ,un chant qui en surprendra plus d'un car il n'est
jamais fixé..
ODYSSEUS
Les
Écrits (suite)
Un
brouillon 2001 que j’ai remis sur pieds :
Autoportrait
Saint
jean, mon alter ego, découvrait à l'âge de raison que le monde
n'appartenait pas seulement à Dieu et qu'il n'était pas fait
d'êtres emplis de pure bonté et de générosité, comme on avait
essayé de lui faire croire dans son enfance. Dans la réalité, les
hommes étaient emplis de férocité. Les plus riches, les plus
féroces, les plus retors et les plus aguerris se réservaient les
plus belles parts du butin, souvent sur le dos des plus faibles. La
vie n'était qu'un combat sans fin où les plus forts et les plus
malins se distribuaient les biens de ce monde avec un total
sans-gêne. Au fur et à mesure qu'il croissait en maturité, Saint
Jean voyait s'agrandir la face sombre du monde. Sans doute, sa
sensibilité, qui était extrême, s'employait-elle à tout rendre
encore plus sombre. Mais il n'y pouvait rien, il avait vu le monde à
découvert depuis qu'il avait ouvert les yeux et les tremblements
hypocrites de son spectacle l'avaient profondément déprimé. Si
l'homme nouveau, que Saint Jean appelait parfois de ses vœux
lorsqu’il se remémorait les passages fougueux que l'abbé lui
jetait au visage (pour lui rappeler qu'il était un être voué à la
lumière, il voyait bien qu'à présent, le plus difficile était de
pouvoir accéder à la beauté, à la vérité, à la bonté et à
toutes ces choses sublimes dont l'abbé lui faisait miroiter
l'existence. Pour accéder à ces choses sublimes que l'abbé lui
montrait et qui se trouvaient cachées au sein de l'univers (comme
dans un puits sans fin), il devait, comme lui, pour les trouver,
exercer sa pensée. Il devait exercer une pensée éclairée pour
trouver la dose de lumière qui était nécessaire pour affronter
cette existence ténébreuse. Il devait, comme lui, exercer son âme
à pénétrer jusqu'au fin fond de l'univers .c'était dans le fin
fond de l'univers que gisait la lumière. Cette façon de penser de
l'abbé ,désormais il l'avait faite sienne.
ODYSSEUS
(suite
Roman
Un
passage Écrits
en 2018 :
À
travers mes diverses tribulations, j'ai appris à saisir la vie au
rebond, car j'ai souvent observé que le mouvement de la vie (surtout
celui de ma vie) était d'une constance naturelle imprévisible. Il
suffisait parfois d'attendre qu'une porte s'ouvre pour que l'espace
qui était trouble l'instant d'avant devienne plus clair l'instant
d'après. Je croyais en mon génie. J'apercevais des êtres somptueux
sur ma route, des saints, des esprits révoltés,et des
illuminés;ceux-là irradiaient littéralement et mon esprit
irradiait avec eux. J'aurais voulu intérieurement leur ressembler.
Certains de mes amis que j'admirais étaient des héros descendus du
ciel pour déposer sur mes joues tendresse et douceur.Je me
réjouissais de les voir marcher à mes côtés. Ils rachetaient
l'idée odieuse que je me faisais des hommes. Quand je les voyais, je
retrouvais le souffle de l'innocence ,ils volaient comme des anges à
mes côtés. J'aurais voulu écrire l'histoire extraordinaire de leur
vie;mais au lieu d'écrire la leur j'écrivais la mienne ;j'étais
obsédé par ma propre histoire ,surtout par l'héroïque fragilité
de ma vie.
Souvent, ma
mémoire se contredisait et vacillait.
Pour
me distraire, je crois me souvenir que je lisais Tintin
au Congo ou la vie d'Astérix. Je
feuilletais mes Spirou. Ces livres d'images me rassuraient . Tous ces
illustrés étaient étalés en vrac près du siège des toilettes
familiales, ils me rappelaient ma passion pour les récits
d'aventure. Quelques années plus tard, ayant déjà un peu vécu,
je contemplais dans le sommeil de mes certitudes philosophique les
abysses du génie humain ;les grands penseurs à l'écriture
austère remplaçaient mes Bandes dessinées Je pensais que ma vision
du monde s'était élargie, j'avais un sentiment de fierté ,je
pouvais accéder à des œuvres qui représentaient le sommet de la
pensée .C'est lorsque j'ai découvert en livre de poche l'œuvre
magistrale de Spinoza (que je lisais part fragments) que suis arrivé
au comble de la félicité;les écrits de Spinoza me rendaient
heureux. Je n'avais que dix-huit ans,mais je me sentais que j'avais
atteint à une nouvelle forme d'extase. J'avais en le lisant la
sensation que la vie était un long voyage qu'il fallait garder
secret . En le lisant ,je voyais se dérouler devant mes yeux les
paysages splendides de mes vies futures Je marchais au milieu
d'espaces immenses , j'escaladais de hautes cimes avec un esprit
léger, rien ne m'effrayais. J'étais transporté dans une dimension
sublime.Je marchais sur les eaux en compagnie d'un esprit
supérieur. ;pas une vague pour me faire chavirer,pas une pensée
négative pour me faire chuter ,tout me semblait facile. J'avais
l'impression d'avoir hébergé un être céleste dans ma poitrine .Le
génie de Spinoza me faisait accéder à une façon de penser
surnaturelle;je volais dans un espace libéré de la pesanteur
,plongé dans sa douceur, j'avais l'impression d'avoir atteint une
forme d'éternité.J'étais heureux.
Alors
lorsque je prenais de la hauteur ,j'avais fait ce constat.,je ne
voyais plus le monde de la même façon lorsque je le regardais avec
l''âme de Spinoza;je le voyais beaucoup plus lumineux.Les grands
fauves imaginaires qui s’avançaient vers moi pour m'effrayer ,je
les regardais droit dans les yeux;alors ils appuyaient doucement leur
tête contre mes joues ,ils devenaient dociles .Il suffisait que je
me transforme en un être spirituel pour le monde prît la forme
d'une beauté sans équivalent Je devinais à cause de cela qu'il
existait une autre univers caché derrière le premier . J'avais la
conviction qu'un être épris d'un amour absolu gouvernait l'espace
et le temps .Il connaissait par cœur le vaste océan qui avait
engendré la vie ;à son contact ,je relativisais mes tourments,
je retrouvais la simplicité et l'éblouissement des mondes
supérieurs que j'avais aperçus dans mes rêves lorsque je rêvais à
la forme originelle du monde.
VISION
J'étais
souvent en décalage. Je marchais dans ma chambre comme sur les eaux
d'un fleuve aux reflets d'algues et d'or, c'était divin, et parfois
terrifiant, car je me retrouvais seul au centre d'un monde
éblouissant. Cette sensation exaltante m'enivrait et me troublait.
Je me rapprochais du songe d'immortalité que j'avais fait un jour où
j'étais tombé d'un mur, et qu'une main mystérieuse m'avait soulevé
et sauvé d'une mort inévitable.
ODYSSEUS
Un Brouillon :
Passage
des Écrits
(2001):
Le
lendemain, ou les jours suivants ces moments d'extase qui m'avaient
pris, sorti de mes rêveries solitaires, je retrouvais l'usine
blanche. Je devais affronter mon désarroi. Mon entrée à l'usine
était l'équivalent d'une épreuve, une épreuve terrestre.
J'arpentais la jungle de mes métiers à tisser en héros, j'étais
comme un damné qui tombait, enchaîne au pieds d'un colosse. Je me
prenais pour un martyr, j'avais aiguisé mon esprit, j'avais l'esprit
en feu, j'essayais de m'extraire de la jungle où la destinée
m'avait propulsé. J'effectuais mon labeur en continuant à rêver à
une vie cosmique exaltante. Je voulais sublimer mes défaites. Je
tentais de dresser devant moi la fresque complète de ma minable et
si sublime existence. Je ne savais pas écrire, mais je savais rêver,
je pensais à Dante dont j'admirais le génie poétique pour dessiner
mes plaintes,mais je n'étais pas à sa hauteur. Mes essais de
poésies s’abîmaient dans la furia indécente des machines à
tisser et s'écrasaient sans gloire sur le sol froid.Mon génie
s'effondrait sur le sol bétonné du tissage. J'étais un poète
ralenti par la férocité du monde.
ODYSSEUS
CHANTS
-Au
milieu du chemin de notre vie
Je
me retrouvai par une forêt obscure
Car
la voie droite était perdue-
Dante
Canto I. L'enfer.
Chant I
Ma vie
éclatante sombrait dans des récits étroits
Je
voulais devenir un être supra naturel
Je
voulais me détacher du monde des hommes,
Au-dessus
de moi
Une force
ascensionnelle décrivait
Des
cercles d'or.
Chants II
Je voyais
des brises blanches
Glisser
sur des mers sublimes horizontales
Elles
provoquaient
Un
mouvement
D'aquaplaning
Qui
ridait la surface
Du ciel
Je
cherchais à atteindre le ciel
Chant
III
Des
océans de lumière agitaient l'air.
C'était
dans une autre dimension
De
l'espace que se tenait la beauté radicale
que
j'espérais atteindre.
ODYSSEUS
(suite)
Un
autre jour , j'ai découvert ,
Les Upanishads du yoga, le Zohar et
le livre du Tao. Du jour au lendemain, j'ai compris que des êtres
immortels nageaient en permanence dans le cosmos. Ils lisaient dans
le secret des âmes,ils auscultais en permanence le fond lumineux de
l'humanité. J'étais sujet à des extases . Je voyais apparaître le
visage de Dieu sous d'autres formes. Il était assis sur un buffle,
il avait pris l'apparence d'un serpent Australien, il était devenu
Bouddha;assis au pieds d'un arbre,il méditait sagement ;un
stylite debout sur une colonne dans un désert brûlant lui caressait
la joue.J'étais sujet à des visions.
J'étais
déjà Odysseus
Un
Odysseus avant l'heure.
Assis
dans ma chambre des commis
Je
contemplais les vérités éternelles
J'étais
sauvé par le haut
J'observais
la beauté du monde devenu
Aussi
surprenante qu’une immense étoile Illuminé par la gravité
d'un Dieu
à l'amour impersonnel
Puis un
jour j'ai tout oublié.
Je suis
parti pour Paname
Je
voulais vivre une vie ordinaire
Une vie
d'aventurier
J'ai
oublié que j'étais un être supra-naturel
ODYSSEUS
Un
roman difficile
Suite
de ma saga
On
comprendra par quel côté je peux détester l'homme qui s'est mis en
tête
d'écrire cette saga, cette histoire inventée, ce conte, cette
légende, soi-disant celle de ma vie. Cet homme fait partie des
crétins prétentieux qui encombrent l'humanité avec leurs précieux
moi et leurs grandes convictions d'écrivains universels. C'est ainsi
que je voyais, ce matin, au réveil (bien peu triomphal),
l'apparition de mon ouvrage Odysseus.
J'étais franchement désabusé et certain d'avoir failli avant même
d'avoir commencé à coucher l'intégralité des récit retraçant
ma vie d'artiste mégalo et inquiet . Ce récit, Odysseus,
ce récit de mes vies fantasmées et réelle, m'oblige à me lever
chaque jour à sept heure et à taper jusqu'à onze les vérités et
les fictions engendrées par mes vies héroïques imaginaires. « À
quoi bon ajouter davantage de mots à cet ouvrage .
Il vaudrait mieux renoncer».C'est
ainsi que je pensais ce matin,alors que j'avais cessé de me voir en
héros.
ODYSSEUS
UN
SOLILOQUE
Il est
étonnant que la confrontation avec les idées qui animèrent une
partie de mon adolescence, dans le souvenir que j'en ai gardé, donne
naissance à cette espèce de déferlement de mises au point sur les
fondements éthiques de ma vie . Est-ce aussi l'objet de mes écrits
de mettre en scène ces conflits ? Récit d'initiation ou roman
d'aventure, roman épique ou psychologique, roman d'ébranlement
existentiel ;dans quel registre placer mes mémoires ? À l'époque
de ma petite enfance, j'étais le héros d'un roman imaginaire plein
d'entrain .Quelques années plus tard ,je rêvais de conquérir des
causes grandioses et d'y mêler des convictions universalistes; je
luttais pour conquérir une nouvelle forme de gloire;je posais les
questions que tout homme instruit doit se poser dans la vie Qui
suis-je ?. Dieu n'est-il qu'un mirage ? A-t-il un visage ?
Et moi qui suis je dans tout ça? .Je croyais à un idéal de
liberté ; Les défis orgueilleux de ma jeunesse se sont-ils
évaporés ? .La lutte pour la survie n'est elle pas de nouveau à
l'ordre du jour;les plus forts menacent toujours les plus faibles;le
chaos est impressionnant .Hier je
croyais déceler au fin fond des galaxies les signes d'un ordre
secret, mystérieux universel..Aujourd'hui , le doute m’a
repris;tout cela n'est t'il que mirage ?.
ECRIRE
J'ai
surtout pensé à une certaine époque conquérir la vérité par le
biais de mes écrits,
je venais à d'avoir vingt sept ans
. J'avais pris des notes qui contenaient une théorie qui définissait
ma vision magistrale de la vie
Dans
ce cahier ou j'écrivais .J'avais mis à jour une idée extravagante
et sublime de l'écriture.Cette idée de l'écriture que j'appelais
-une théorie- devait pouvoir sauver le monde de sa déchéance.Je
cherchais à mettre à jour une écriture qui était l'équivalent
du Graal;c'est à dire un super-idéal à atteindre .J'espérais que
cette écriture mènerait à la libération;à la mienne et à celle
de tous ceux que tourmentait la réalité . Lorsque je feuillette
les pages de ce cahier, je retrouve une partie de ma folie;j'avais
une fascination pour les mondes extravagants et irrationnels .Je
revois les délires qui s’agitaient à la surface de ma
mémoire ;des théories imaginaires l’assiégeaient ,des
théories que je trouvais géniales. Je rêvais de mettre à jour une
nouvelle forme de lecture. Aujourd'hui, lorsque je relis les pages
de mon cahier, j'aperçois encore les chimères qui m'animaient, je
revois mon désir obsessionnel de mettre à jour un espace de
contemplation ou puisse se refléter la profondeurs des sentiments,la
beauté subtile des émotions et la singularités de chaque
pensée;toutes ces écritures se chevauchaient sur la page .Je
voulais montrer la métamorphose du temps et de l'espace sur mes
cahiers;empêché d'écrire par l'idée trop sublime que j'avais de
l'écriture, je théorisais sur l'apparition d'une écriture miracle
.Je voulais mettre à jour des paysages nouveaux capables de
transcender le monde banal. Je voyais se dessiner à travers les
pages hallucinées de mes essais et brouillons une littérature
intemporelle;elle devait opérer une mutation dans l'esprit du
lecteur.J'étais toujours à deux doigts d'atteindre le sublime ;le
sublime se reflétait à travers les superpositions d'écritures
transparentes qui s'échappaient de mes cahiers.J'avais une vision
holographique de la réalité. À présent,je crois apercevoir encore
à chaque détour de mes brouillons (à leur relecture) l'esprit de
spéculation vertigineux qui m'animait . J'étais en train de mettre
à jour un nouveau monde. J'étais un voyant qui écrivait pour le
futur. Persuadé d'avoir mis à jour une nouvelle manière d'écrire,
puisque j'en avais prédit l'apparition, je m'exerçais à en
dessiner les premières manifestations,à travers des parties
d'écriture que je couchais à la verticale du papier . J'appelais
ça « des récits ». Ces récits étaient les visions d’une
poésie spatiale tactile ,que j'essayais de faire surgir du néant
J’avais une idée fictionnelle de l'écriture. Dans mon dénuement
face à la page blanche, je m'inventais une écriture nouvelle ,elle
creusais en silence des sillons qui contenaient les espaces d'une
nouvelle ère visionnaire. Je voyais dans mes brouillons surgir le
langage d'une civilisation pourvue d'une intelligence
supérieure;j'écrivais pour des extraterrestres.
ODYSSEUS
Aujourd'hui
,lorsque je parcours en somnambule mes essais d'écriture je longe
un long labyrinthe de fantaisies fait de textes diffractés et de
récits à glissières qui étaient supposés contenir la nouvelle
écriture des temps nouveaux. J'avais une sorte d'instinct qui
m'avait fait pressentir quelle devait être la stratégie à adopter
pour écrire mes mémoire , c'est à dire « le roman du
futur » .
STRATEGIE
LITTERAIRE
C'était
écrit en toutes lettres dans mon manifeste. « Tirer
des modes d'expositions aléatoires des récits la puissance même
d'une découverte ». « Trouver
un mode d'investigation du réel tiré de l'écriture elle-même ».
C’était la voie à suivre ;cet
instinct de découverte que j'avais en moi, c’était déjà
potentiellement ce que ce fou Odysseus essayera à nouveau (sans
doute vainement )de mettre en branle dans mes récits quelques vingt
ans plus tard . Je le sais, je le flaire à l'instinct. Odysseus a
repris ce grand rêve d'écriture magique à son compte. Son rêve
est transcendantal. Il veut faire pénétrer le lecteur dans le cœur
d'un roman métaphysique dont l'écriture est en principe la seule,
la principale et l'unique héroïne. Ce rêve qui m'excitait hier et
faisait vibrer toutes les cellules intelligentes de mon corps;j'avais
à présent la sensation que ce rêve appartenait à une autre
époque de ma vie et que je devais l'abandonner,car il était une
illusion. A mes trente ans, j'étais régulièrement en proie à des
visions démesurées. Elles me harcelaient et prolongeaient les
délires que mon esprit enfantait. Okapoulkofou
(mon essai raté) représentait le premier volet de cette folie qui
s'était emparée de ma vie. C'était dans la nature de mon
caractère de plonger dans des extases involontaires ;mon sens
inné de la démesure m'y poussait . Hier, je revendiquais cet
héroïsme que j'assimilais à du génie ;Je voyais le monde
avec les yeux d'un être illuminé par une flamme ardente que le ciel
avait déposé dans mon berceau. J'avais la sensation d'avoir été
touché par la main d'une divinité .« Tirer
des modes d'exposition aléatoires des récits la puissance même
d'une découverte » :
c'était déjà ce que les surréalistes préconisaient avant moi à
leur époque.Moi je pensais qu'ils n'avaient pas été assez
loin;c'est pourquoi, j'avais fondé avec mon ami M... le groupe
« Transmigration ». Il me suffit de relire le premier
paragraphe de notre manifeste pour me rendre compte de la forme
poétique extravagante et délirante qu'avaient pris nos passions.
Extrait du
texte du premier manifeste «Transmigration» (1980) :
CERTAINES
FRONTIERES, CERTAINES LIMITES, CERTAINS TERRITOIRES SONT EN TRAIN DE
BASCULER. Les Transmigrationistes déclarent qu'une révolution
invisible est en train de s'accomplir.Elle est indissociable d'un
nouvel état de perception. Cette nouvelle perception obéit à des
lois universelles invisibles. ELLE REVENDIQUE POUR TOUS LES ETRE QUI
PEUPLENT L'UNIVERS LE DROIT A L'ÉTERNITÉ.
ODYSSEUS
Même,les
civilisations les plus solides ont fini par périr ;c'est pourquoi
revendiquer une forme d'éternité ,et prôner l'abolition des
frontières était utopique . J'étais atteint à cette époque ,et
mon ami avec moi par des rêveries pleines d'innocence. De ma psyché
sortait des feux qui brouillaient mes visions. Je naviguais sur des
mers imaginaires Mon voyage m’entraînait vers des mondes illuminés
par le feu de mes visions intérieures J'étais un nouvel
Odysseus J'avais lu et relu plusieurs fois les ouvrages
mystiques de Castaneda * Je pensais que l'homme avait été conçu
par une intelligence qui conservait l'essence poétique du monde
dans ses mains . L'homme des temps modernes devait retrouver cette
essence poétique . Les artistes du vingt est unième siècle
devaient renouer avec les traditions de pensée des alchimistes ; ils
devaient élaborer les nouveaux alphabets solaires des temps futurs
avec l'aide de la science moderne et de la technologie. Les Trans
migrateurs marchaient sur leurs pas .Il était normal à cette
époque ,de s'aventurer en utopie .
DES MONDES
PARRALELES
La
méditation immobile enveloppait le mouvement inaltérable et la vie,
la conscience en éveil engendrait des transformation biologique et
spirituelle qui pouvaient se transmettent à toutes les espèces.
Mes visions Transmigrationistes étaient issues de cette culture
alternative néo libérale transgressive qu'annonçaient déjà à
leur façons les révolutions psychédéliques des années soixante
et soixante dix .Nous étions une génération qui vivait en
imagination dans un espace hors temps;nous étions tous plus ou
moins à la recherche d'une poétique de la conscience .Ces visions
spirituelles qui nous tenaillaient; paraissent aujourd'hui
dépassées;il nous semblait à nous pourtant qu'elles faisaient
partie d'une mutation naturelle de la conscience humaine.Nous étions
les enfants du baby boom et de la télévision couleur;nos rêveries
qui semblent en décalage avec ce que Zygmunt Bauman appelle -L'ere
de la civilisation liquide- nous
emportaient dans un espace romanesque joyeux fantastique et
héroïque.C'est pourquoi en regardant nos vies d'hier;j'ai
l'impression d'assister à une suite de grandes rêveries
intemporelles .J'ai écris un texte Transat ,***; ou j'ai tenté de
retracer mes errances dans ces années baignées par la puissance
somnambulique de ces rêves de transcendance.Transat,
est un récit autobiographique ,une demi fiction,maladroitement mise
en scène ;je voulais montrer mes dérives héroïque .Hélas
,je n'étais pas sans maladresses j'étais déjà un écrivain
brouillons .
*
Carlos
Castaneda est devenu mondialement connu grâce à la publication de
son livre Les
enseignements de Don Juan. La
première édition de la même avait un prologue d’Octavio Paz. Le
texte inclut les conversations de Castaneda avec Don Juan Matus, avec
qui il aurait entamé un processus d’apprentissage pour devenir un
chaman.
Selon
Castaneda, Don Juan était le chef du dernier groupe de sorciers
d’une longue dynastie. Dans ses livres, cependant, Castaneda
combine la sagesse Yaqui avec les traditions toltèques et même
certains aspects des arts
martiaux.
Du point de vue anthropologique, son travail n’est pas vérifiable
et manque donc de validité.
L’un
des aspects qui a le plus attiré l’attention sur son travail est
la description des états de conscience altérés, induits par
des hallucinogènes.
Apparemment, Don Juan l’a initié à l’utilisation
du peyotl. Castaneda
n’a pas présenté les journaux de terrain de l’expérience, ce
qui laisse penser que Don Juan n’existait même pas. Pour les
crititques, le récit n’est rien de plus que de la fiction
littéraire.
**
Revue
trimestrielle fondée en mai juin 1989.
***
ODYSSEUS
Visions
prémonitoires
Un jour où
je jouais au ping-pong;j'avais vu surgir, une balle qui tournait sur
elle-même au ralenti.Je venais de faire l'expérience ,que la
conscience était extensible et que notre notions de l'espace et du
temps était juste relative. Les hommes avaient réussi à l'aide de
leur intelligence à pénétrer les lois de la physique et de la
dynamique qui semblait régenter l'univers, mais ils étaient
incapables de percer la dynamique surnaturelle qui régnait
derrière.Derrière les lois physiques existaient des lois
surnaturelles ; elles étaient difficiles à saisir car elles ne
reposaient pas sur des perceptions ordinaires. Il y avait un fossé
qui séparait le monde des perceptions ordinaires des perceptions
surnaturelles . Pendant longtemps ,j'ai été persuadé que l'homme
n'avait qu'une conscience limitée de l'espace et du temps . C'est
seulement en prenant de l'âge que je me suis mis à admirer
davantage ,le génie humain. À cause de mes visions métaphysiques,
lorsque j'avais trente ans ; je tenais pour peu les hommes de
science .Ma passion excessive pour les univers parallèles mes
penchant pour les rêveries transcendantes ,me portaient à
dévaloriser la part de la volonté humaine. Ma conception du monde
reposait sur des visions intuitives. Il y avait un fossé que je ne
parvenais jamais à combler entre le monde de mes rêves et le réel
.J'ai plongé dans le chaos d'une vie poétique pour échapper à
l'ennui d'une vie dominée par les bulldozers de la pensée
rationaliste .La poésie me servait de brise glace égaré par mes
vision intuitives, ,je suis devenu un poète somnambule, j'ai dérivé
dans un monde poétique qui ressemblait à une banquise remplie de
lumière sublimes . Éblouis par mes songes , je m'éloignais de
plus en plus du monde réel. Je ne voyais plus le monde tel qu'il
était, je le voyais avec les yeux de mon égarement qui était d'une
beauté total. Aujourd'hui encore, lorsque je ferme les yeux, j'ai
l'impression d'errer sur une banquise blanche qui engendre des rêves
démesurés et des délires;mais je sais à présent grâce à
science,que la banquise bien quelle soit encore d'une grande
beauté,va bientôt disparaître.Je suis devenu davantage
rationaliste.
ODYSSEUS
J'étais
dans ma chambre à Paname, j'étais assis dans la posture du
méditant, je pratiquais depuis quelques semaines des exercices de
respiration;je voulais atteindre l'énergie supra naturelle cachée
dans les espaces lointains océaniques ,et là stupéfait ;j'ai
vu surgir la beauté sidérante du Graal .Cette puissance
vertigineuse ;je ne le savais pas ;c'était celle de la
Kundalini* .Je me suis retrouvé instantanément
immergé dans son feu .J'ai vu
ma vision du monde s'agrandir d'une façon surnaturelle: moi, assis
dans ma chambre au centre ville de Paname ;j'avais la sensation
de ne faire plus qu'un avec l'univers .Je ne faisais plus qu'un avec
lui. L'immensité des espaces stellaires, était rentré en moi ;
j'avais atteint par je ne sais quel hasard le feu ardent et démesuré
du Graal.Je voyais l'énergie céleste de l'univers resplendir en
moi, j'étais étonné,;orgueilleusement ravi de réaliser que le feu
de l'univers et moi ne faisions qu'un… Je venais également de
comprendre que la puissance du Graal était supérieur à tout ,et
qu'elle pouvait aussi bien anéantir;que me porter aux nues.
Le
Graal
Cette
vaste conscience que j'appelle le Graal me rendit muet à cause de
son indiscernable beauté. ;c'était si énigmatique et tellement
éblouissant ,que j'avais peine à réaliser ce qui se passait
.Je senti bientôt qu'une force
m'aspirait ;j'étais tétanisé ,cette puissance m’effrayait; une
peur animale me saisit,une peur panique.Comme subsister dans ce monde
abyssale qui tentait d'aspirer mon ego réduit à néant ?.J'avais
recueilli sur un cahier le moment j'avais fait l'expérience de ma
plongée dans les abîmes (célestes);c'était l'année
1985,j'écrivais - Mes
récits du seuil-.
Récits
du seuil
1985-1986,
un cahier à couverture coquelicot.
04
mai 1985 Paris.
Depuis
deux jours, j'ai l'impression que mon corps se dilate ,il devient
léger, il est rempli d'énergie. Depuis que j'ai pris la posture
du yogi;j'ai l'impression que je flotte dans l'air.;ma chambre
devient toute blanche.; des molécules iridescentes dansent dans ma
chambre .
Le
6 mai :
Aujourd'hui
, j'ai repris la posture du yogi .Après mes exercices de respiration
,j'ai senti des picotements au bout des doigts, et une vague
d'énergie puissante m’a submergé. J'avais l'impression que ma
conscience était en train de muter . Je nageais dans un espace
lumineux. Mon corps devenait immense,c'était effrayant, inattendu et
d'une beauté absolue.Tous mes sens vibraient d'une intensité
nouvelle. J'étais plongé dans l'espace du ciel. C'était beau,
troublant et d'une beauté totale! Le temps n'existait plus. J'’étais
sans trouble.
Cet
instant sublime d'une harmonie parfaite dura un temps qu'il m'est
impossible à décrire .Je m'appuyais sur le va et viens de ma
respiration ;comme on ne peu pas décrire l'éternité,on ne d'écrire
le rythme de la respiration lorsqu’on est au sommet d'une montagne
ou l'air est infiniment plus pur qu'à l'ordinaire.J'avais
l'impression d'être entraîné dans le sillage d'une beauté plus
féconde que toutes celles qu'on peu imaginer même dans un monde
idéal.Cet instant me ravi sans que je puisse en décrire le subtil
nectar.J'étais projeté dans un espace serein et magnifique;d'une
beauté sans égale, bien au delà de tout ce que l'on peu imaginer
lorsque nos esprits sont transportés dans les rêves .
Lorsque
j'ai repris ma respiration quelques instants plus tard ma joie
disparu ,je sentais mon corps qui m'échappait ; j'étais aspiré
par une force qui voulait m'avaler .J'aurais voulu retrouver ma
forme humaine ,mes pensées banales ,je paniquais .Dans un réflexe
ultime de survie,je me suis jeté dans le vide;j'ai alors retrouvé
mon corps .J'étais assis sur une chaise dans ma chambre sous les
toits ;j'étais encore sous l'effet du transport surnaturel que je
venais de subir .Je peinais à retrouver mes esprits. ;j'avais
l'impression malheureuse de m'être débiné;j'avais eu peur;peur de
disparaître peur surtout de me perdre et d'errer à jamais dans
l'espace du Graal.La vie céleste était sans doute supérieure à
toutes choses,mais mourir pour accéder au Graal je n'y étais pas
préparé..Je n'étais pas un saint.
Ce
que j'appelais à l'époque la puissance du Graal, c'était celle de
la Kundalini. Je venais de faire l'expérience de la puissante
Kundalini;qu'évoquaient d'une façon si flamboyante dans leurs
récits les auteurs des Upanishads
du Yoga
. Je voulais atteindre le Graal . J'aspirais à me libérer du monde
terrestre .Une forme de grâce m'avait permis de côtoyer l'essence
divine que contenait l'univers ;mais je m'étais tout de go ,effondré
devant la puissance du feu céleste. J'avais juste pu recueillir en
moi le parfum surnaturelle de cette flamme.Dés ce moment ,je ne
perçu plus le monde comme avant;je voyais que le monde était animé
par une intelligence bien supérieure à celle que j'imaginais
.J'étais ébloui par ce que je venais d'entrevoir .Mon âme était
prisonnière de mon corps terrestre .Je compris que je ne pourrais
pas atteindre le Graal sans renoncer à ma vision étroite de
l'espace et du temps;et si le Graal devait me prendre et me jeter
dans l'océan de lumière du ciel;c'était avant toute chose,parce
que le ciel aurait consenti auparavant à m'ouvrir les yeux .
ODYSSEUS
Dans
mes cahiers ,j'ai retrouvé étales quelques poèmes que j'avais
jetés sur la page pour glorifier mes transports.
UN
CHANT
Poème
sur les dunes
À
la déesse KU aux milles résonances de son nom
À
l’usage de l’éveil
Sol
sans dieux
Sans
miroir
Où
est l’âge ?
Je
sens ta respiration qui fait le siège de ma respiration
Je
guette ton corps comme on guette la rose et ses parfums
Puissance
divine
Où
sont tes mains
Où
sont tes yeux ?
Je
n’ai que mes rêves pour me souvenir de toi
Tu
gît là
Parée
et parfumée
Aussi
splendide que les sables
J’ai
vu ton âme s'embraser dans des cristaux de feu
qui
avaient la splendeur du Graal
Je
sais à présent pourquoi
Tu
trafiques avec les alchimistes
Pourquoi
tu embrasse les pieds rosés du Bouddha
Dans
ton cœur j'ai vu une fleur de ciel
Et
dedans j'ai aperçu ton âme immortelle
ODYSSEUS
(Suite
de ma vie d'artiste errant dans une jungle mystique)
Transat
Je me
souvenais d’avoir tenté décrire vers la fin des années 1990 un
récit qui retraçait mes tentatives pour voyager dans l’inconnu.Dans
ce récit, Transat,
je tentais de décrire mes voyages en compagnie du groupe T°° .Des
poètes exaltés qui se faisaient appeler d'un nom bizarre ,ils se
disaient Transmigrateurs ou encore Transmigrationistes) -Ces poètes
rêvaient d'une vie désordonnée mais surnaturelle ;ils étaient
parti comme moi ( relativement inexpérimentés) à la conquête de
la vraie vie.J'aurais à rougir si je devais étaler ici tous mes
essais d'écriture ratés,dont Transat fait partie Ces anciens
écrits me rappellent que j'étais un être porté à la démesure
,un être plein d'ambition, mais peu habile pour mener à bien toutes
mes entreprises de transmutation .
La série des cahiers qui contient les manuscrits
de Transat.
ODYSSEUS
Aujourd'hui,
je suis enveloppé d'incertitude sur le sort de tous mes récits.Sur
ceux abandonnés de Transat sur mes essais poétiques ,sur mes essais
de mémoire improvisés ,et naturellement sur ce tout nouveau récit
Odysseus,qui
m'entraîne dans une nouvelle
direction aussi obscure que les autres .Pourtant je suis obstiné;et
j'ai décidé !.Là où Odysseus va je vais !. Je vais là
où il va !.Lui c'est moi;moi c'est lui !.Ainsi je vais là
ou il m'entraîne ;je suis dans son sillage !.C'est du moins ce
que je crois;car je m'imagine que lui et moi ne faisons qu'un !
.Pourtant je suis encore douteux ; Odysseus , est le résultat
d'une fiction sublime qui hante ma mémoire . Odysseus ,n'est rien
qu'un rêve qui m'anime;c'est un rêve de sublimation, de
métamorphose et vaguement d'immortalité;ce n'est peut être rien
d'autre qu'un mirage;pourtant cette fiction qui m'anime ,contient une
grande part de moi;elle contient l'essence même de ma vie;c'est
pourquoi je m'y accroche; c'est pourquoi elle me tient ,et que je
veux la perpétuer,car elle contient une partie du rêve de
l'humanité.
ODYSSEUS
Sur la
naissance de mon roman autobiographique
Toutes ces
expériences accumulées, toutes ces vies
passées n.me
reviennent en mémoire comme dans un songe que j'aurais fait à la
suite d'une chute.J'avais pas plus d'une douzaine d'années ,je
venais de tomber d'un mur haut de plus de quatre mètres et j'aurais
dû me fracasser la tête sur les pierres d'une rivière en
contrebas, mais une main mystérieuse m'avait emporté dans les
airs;cette main m'avait sauvé d'une mort certaine. .Ce jour là,
j'avais vu Saint Jean, mon double, apparaître en face de moi ,et
j'avais eu la sensation que j'étais un être protégé.
J'avais acquis la certitude que j'avais été sauvé afin
d'accomplir une mission. Je ne savais pas quelle sorte de mission
c'était ,mais ma mémoire qui avait conservé des traces de cet
événement me disait que c'était important. Une main rédemptrice
m'avait épargné à afin que s'accomplisse une part de la destinée
. Si le ciel m'avait épargné, c’était qu'il y avait forcément
une raison. Même à travers mon scepticisme qui a toujours été
très ardent, j'ai toujours gardé en moi la conviction que je
n'avais pas été sauvé pour rien. J'avais forcément une mission à
accomplir en ce monde.
ODYSSEUS
A bien
y réfléchir ,je n'ai jamais depuis cet événement cessé, même
au plus profond de mes défaites, de vénérer la vie. J'avais une
mission à accomplir Je n'ai jamais cessé de croire que ma vie
avait un sens, et que ce sens me venait du souvenir que j'avais gardé
en moi de ce sauvetage.. Tout se passait sans que j'ai besoin de
formuler la chose ,toute ma vie découlait de l'illumination que
j'avais reçu le jour où une main mystérieuse m'avait sauvé de la
mort. « Mon Dieu c'est un miracle
que tu sois toujours là, je t'avais déjà cru mort ».
Ce furent les premières paroles de maman lorsqu'elle me vit
réapparaître sain et sauf . J''ai compris à travers les
tremblements de sa voix qu’une chose étonnante venait de
m'arriver. Cette voix s'est perpétué en moi, probablement
inconsciemment. Elle me rappelait le miracle extraordinaire que
j'avais d'être en vie Je l'avais perçue comme une invitation à me
rappeler que j'avais été sauvé;c'était comme si on m'avait
accordé la vie une seconde fois. C'est pourquoi je m'étais
astreint à conserver en moi le souvenir de cet instant . Je voulais
garder en moi le souvenir de cette voix.Cette voix jaillit du fond
des entrailles de maman,m'avait réveillé;elle m'obligeait
regarder l'envol des oiseaux dans le ciel , la nage silencieuse des
poissons dans l'eau;les insectes fragiles qui escaladaient les
grandes tiges de s herbes avec une admiration sans bornes .J'ai gardé
longtemps en moi le souvenir de cet instant délicieux où j'avais
été soulevé dans les airs par une main mystérieuse et sauvé de
justesse du néant. Puis un jour, j'étais encore enfant ,j'ai
oublié.J'ai fini par oublier le vol des oiseaux, la danse subtile
des poissons dans l'eau;le cri sorti du cœur de maman s'est peu à
peu effacé de ma mémoire.Une ombre grise m'attirait vers le sol;je
venais d'être jeté pieds et mains liées dans l'univers des
adultes;j'étais atterré,je ne décelais plus en moi l'enchantement
d'être en vie.
J'ai
dû attendre quelques années avant de me remettre sur pieds ;j'avais
quelques années de plus;j'avais ouvert un livre; et j'avais vu
sortir de ce livre- Le cri de maman!-;il
contenait ,c'était assez étonnant toute l'histoire de l'humanité;ce
livre avait fait ressurgi le souvenir de mon sauvetage ancien ;il
m'invitait à regarder le monde avec l'assurance que j'étais un être
sauvé des eaux !.La main qui m'avait soulevée du sol;c'était
la même qui écrivait ce livre;c'est elle qui me disait de faire
confiance en la vie ,un être invisible veillait sur moi ;ce livre
-Le dictionnaire illustré de le philosophie- me sauva la vie;j'avais
vu de nouveau ce jour là, surgir le cri de maman et la magie du
ciel se répandit en moi.C'est la même magie qui surgit du ciel une
bonne vingtaine d'années plus tard ,j'étais étudiant en théâtre
à Paris ;des ombres grises me couraient de nouveau après;mais
de la bibliothèque de l'Arsenal où je m'étais réfugié pour
étudier;j'avais vu surgir un homme extraordinaire à l'aspect
lumineux;il était assis sous une hutte,il avait les jambes
croisées,il sortait d'un livre sur l'Inde ;j'entendis
subitement de nouveau le cri de maman !.Et l'instant d'après
le chant mélodieux de sa voix me réveilla .J'étais joyeux;je
sentais mon âme vibrer ;je venais de retrouver mon âme
d'enfant ;je senti la magie du ciel se répandre en moi ;les
ombres qui obscurcissaient ma mémoire disparurent;et une puissante
lumière déposa en moi la certitude inébranlable que j'étais
destiné à ouvrir une voie à travers la société matérialiste;une
voie qui ressemblait à celle divine des Rishis *.
ODYSSEUS
SOUVENIRS
DE MA VIE ADOLESCENTE
Passage
des Écrits
(2001) :
Lorsque
j'avais seize ans, les réunions qu'on avait avec Pascal notre mentor
se tenaient en général chez lui, dans sa chambre, à la cure. La
cure se trouvait (et se trouve toujours j'imagine) à proximité de
l'entrée du cimetière de mon village natal. À l'époque dont je
parle (les années soixante), il n'y avait pas de syndicat
d'initiative à l'angle de la rue qui mène à la cure, il y avait
simplement le garde champêtre qui habitait là. La route pour
accéder à la cure était la même que je prenais quand j'allais
cueillir des myrtilles et des framboises, ou selon, des champignons.
Elle débouchait sur un chemin qui menait sur un sommet qu'on
appelait la croix de mission à cause du fait qu'elle était
surmontée d'un grand Christ noir en bronze cloué sur une croix
blanche en béton. Ensuite, le chemin regagnait la forêt. La croix
de mission est située sur l'une des deux montagnes qui surplombaient
mon village. Aujourd'hui, rien n'a changé ou presque, sauf une
modernisation des habitats. Sur la montagne en face, il y avait une
grande Vierge patinée de vert que j'apercevais depuis la fenêtre de
ma chambre. J'ai vécu toute mon enfance et toute ma jeunesse
jusqu'à l'âge de vingt-quatre ans au milieu de ce décor. Je
m'étais tellement imprégné des lieux que j'aurais pu les dessiner
presque entièrement les yeux fermés.
Mon
roman (ma mémoire)
Dixième
fragment de mes anciens Écrits.
Passage
des Écrits
(2001), repris et transformé en 2018 :
Le souvenir
que j’avais gardé de la chambre de Pascal n'était pas vraiment
éblouissant. Pascal avait aménagé sa chambre d'une façon
négligée. C'était celle d'un vieux célibataire. Moi, je ne la
trouvais pas confortable. Je la trouvais assez triste. Pascal menait
une vie à la dure, une vie de prêtre spartiate. Le jeune prêtre
(dont j'ai curieusement oublié le prénom) accordait lui plus de
place, j'imagine, à l'art de vivre et peut être, pourquoi pas, aux
plaisirs solitaires. Sa chambre dégageait un parfum légèrement
troublant. Fraîchement débarqué du séminaire, il n'était pas
disposé à offrir son corps en martyr à la religion, il était
l'opposé de Pascal qui n'aurait sans doute pas hésité devant le
sacrifice. Mais les comparer avait probablement peu de sens, car l'un
et l'autre incarnaient deux époques différentes. Deux époques qui
se reflètent dans le miroir de mon esprit comme deux mirages
opposés. La vie les manières et les attitudes décontractées du
jeune prêtre traduisaient la mutation qu'avait dû accomplir la très
Sainte église catholique pour s'adapter à la nouvelle époque,
celle des années soixante-dix, années qui était liées à
l'accélération de la consommation des produits en série, les
produits manufacturés. Saint Jean (mon héros) vouait une
admiration presque sans borne à Pascal, mais il savait que Pascal
était le représentant d'une époque en voie de disparition ;c'était
l’enseignement décontracté et beaucoup moins conventionnel du
jeune prêtre qui incarnait la nouvelle mutation entreprise par
l'église. Avec le jeune prêtre à figure d'Apollon, ses rapports
étaient beaucoup plus amicaux, presque parsemés d'intimité. Quand
il était venu pour la première fois s'installer à la cure, il
avait établi d'emblée avec ses interlocuteurs une sorte de lien
amical et intime qui le rendait plus accessible ; d'ailleurs, il ne
portait plus la soutane noire à l'ancienne, il portait un costume
gris avec des chemises et des pulls élégants, ce qui lui donnait
une allure plus décontractée, plus moderne qui tranchait avec le
côté plus rude et plus frustre de ses collègues, prêtres à
l'ancienne qui caracolaient autour de lui en soutane noire austère.
Ils appartenaient à l'ancienne école. Lui avait un visage tout
neuf. Il ressemblait à un Apollon. Il avait un beau visage ,il
relookait le visage du Christ qui prenait à son contact des allures
d'insolent séducteur.
Autre
fragment de mes anciens Écrits
Passage
des Écrits (2001) :
La
cure (le bâtiment) ne serait pas si mal si elle n'était associée
dans l'esprit de mon héros Saint jean à l'image austère du célibat
et à la vie spartiate des prêtres successifs qui se sont succédé
dans ce lieu. Ce lieu destiné à héberger les hommes d'église
m'était toujours apparu profondément énigmatique. J'avais du mal à
concevoir qu'on puisse vivre à longueur de vie dans un lieu aussi
austère ; il est vrai que mon sentiment à ce sujet a évolué au
fil du temps. Mon sentiment s'est transformé avec l'apparition du
jeune prêtre qui a surgi, fort sympathique, fort beau, comme un
David marchant au milieu d'un gué. Il transformait la vision
ascétique qu'incarnait Pascal, il était un prête en chair un homme
traversé par des désirs confus. J'étais tombé sous son charme. Sa
décontraction et sa légèreté faisaient contraste avec l'austérité
virile de Pascal. Il y avait en lui un côté raffiné, il semblait
plus féminin, plus proche de l'acteur de cinéma que du prêtre.
Lorsque je venais le voir dans sa chambre, j’avais l'agréable
sensation qu'un relooking formidable s'était produit dans ce lieu
habitué aux austérités. Le jeune prêtre avait transformé ce
temple du sacerdoce en lieu d'existence joyeux ; à cause peut-être
du fait que sa beauté qui irradiait comme un feu insolent au milieu
d'une plaine froide, j’avais l'impression d'assister au triomphe
d'une époque nouvelle, une époque libérée des préjugés de la
tradition.
Suite
un peu aléatoire de mon Roman autobiographique
Un
autre fragment sur Saint Jean mon héros.
Des
Écrits (2001) :
Saint
Jean n'avait pas avec Pascal, malgré l'estime qu'il lui portait, le
même rapport de proximité qu'il avait avec le jeune prêtre. Il y
avait entre lui et Pascal une distance dont il n'a jamais pu
exactement savoir à quoi elle tenait ; c'est pourquoi il la mit sur
le compte de son jeune âge. D'ailleurs, je l'ai déjà noté, dans
ces réunions, il faisait figure d'élève face au prêtre qui
restait un maître, une sorte d'initiateur en chef. Il faisait aussi
figure de benjamin, car ses camarades étaient tous plus âgés que
lui de quelques années. Saint Jean avait nettement le sentiment
d'être le plus jeune, c'était une chose qu'il ressentait d'ailleurs
d'une façon plutôt positive. La fraîcheur de son âge qu'il
sentait jaillir en lui le tenait éveillé, il était plus jeune
qu'eux, il aimait ça ! Il avait la sensation qu'il pouvait apprendre
plus vite de la vie en étant placé au milieu de gens plus mûrs que
lui. Il voyait ça comme un avantage qu'il devait exploiter. Ses
camarades à cause de leur âge étaient censées être plus
réfléchis et plus posés, il pouvait apprendre d'eux. Ils avaient
franchi certaines étapes d'une initiation que lui n'avait pas encore
atteint. Mais il pouvait les observer, et cela l'aidait à comprendre
les choses. Du moins, à les décrypter. Il n'avait pas droit comme
eux aux longues conversations intimes avec Pascal. Ce genre de
conversations, c'est avec le jeune prêtre qu'il les aura quelques
temps plus tard. Saint Jean, pour l'instant, admirait chez Pascal son
aisance, sa rigueur, sa façon de parler franche et directe.
Pourtant, Pascal pouvait avoir quelquefois des paroles crues qui
pouvaient blesser. Son caractère volontairement abrupt pouvait
choquer. À cause de sa trop grande franchise, il pouvait heurter. Il
regardait Pascal comme une personne d'une force morale exemplaire, il
admirait sa vitalité, sa force de caractère, son aisance
intellectuelle, mais au fond de lui, il n'aurait pas aimé suivre ses
traces. Il trouvait sa vie de missionnaire trop austère.
ODYSSEUS
Suite
des pérégrinations de ma mémoire
Ma mémoire
va parfois à contrechamp.
Un
autre passage de mes Écrits
(2001), revu en 2018 :
J'ai placé
ici un chapitre qui temporisera peut-être la vision un peu trop
lyrique et romanesque du roman d’initiation que j’ai tenté
d’esquisser à propos de ce héros, Saint Jean, qui est censé
incarner une partie de ma vie passée. La vision incertaine de
moi-même et des temps anciens m’invite aujourd’hui à une
certaine prudence, car des doutes incessants affectent ma mémoire.
Un côté un peu ridicule et bancal de moi-même m’a invité à
écrire des choses contradictoires sur ma vie. Les relisant
aujourd’hui, je me demande si j’ai bien fait de les garder.
UN BROUILLON DATE DE
2001.
Les
impressions que je dépose ici sont bien trop réduites, je sais,
mais c'est tout juste si je peux avoir encore accès à mes souvenirs
pour situer les contours d'un roman qui se situe dans une autre
époque de ma mémoire, dans une époque lointaine où Odysseus
n'existait pas encore. C’est pourquoi, avec le recul, certains
événements de ma vie me donnent parfois l'impression d'être
disposées dans un passé lointain qui appartient à un autre que
moi-même. Il me semble à présent que mes capacités à me souvenir
sont terriblement limitées. On dit généralement que les capacités
à se souvenir de la plupart d'entre nous se dégradent dès que nous
commençons à arriver à un certain âge, que nous serions astreints
à une vie dans la jouissance de nos souvenirs qui serait fatalement
limitée par le vieillissement. Si je tente de sauver mes souvenirs
aujourd'hui, avant qu'ils ne s'évaporent, c'est que je suis obsédé
par la peur de ma disparition ; cette obsession stupide ne me permet
pas de jouir pleinement de la vie ,car un homme obsédé par la fuite
du temps ne jouit plus de sa vie, il la subit. Pour remédier à
cette malheureuse disposition d'esprit, il me faut ralentir ma
manière de penser et arrêter de me prendre pour Cervantès. Je ne
suis pas le prestigieux conteur que j'ai toujours cru être,il
m'arrive fréquemment de m'égarer et de de dire n'importe quoi.Si la
beauté des choses est essentielle, il est encore plus essentiel de
dire la vérité,même si la vérité se retourne contre moi.Je suis
conscient d'être la victime d'une illusion. Mes souvenirs sont
parfois le fait d'une distorsion.Je suis comme l'écrivain qui
revoit sa vie d'une plume rapide au fil de ses souvenirs.L'écrivain
décrit les fragments d’une toile qu’il peint chaque jour à sa
manière d'une façon différente ; il me fait croire, que ce
qu'il d'écrit c'est la réalité. Mais ce n'est pas la réalité
qu'il montre, c'est
juste la mémoire des choses qu'il porte en lui. Dans
la réalité, les choses de la vie ne sont pas organisées d'une
façon si minutieuse que celles d'un roman ;pour qu'elles
deviennent un roman il faut les réinventer,de façon à ce qu'elles
deviennent encore plus vraies que la réalité. Ce que l'écrivain
montre, c'est une humanité issue de son cerveau. Une humanité
imaginaire circule à travers ses mots et ses phrases, mais ces mots
et ces phrases ne disent pas toute la vérité;elles contiennent
aussi des mirages.
Un
malheureux souvenir.
Le
jeune prêtre avec qui je m'étais lié et que j'avais en admiration
me dévoila un jour un pan de sa vie secrète. Un après midi où
j'étais parti pour l'aider à inspecter une maison qui servait de
colonie de vacances.Il me parla de sa mère,il avait besoin de
parler.Il m'invita, sous prétexte de repos à m'installer dans une
chambre;là il me parla de sa vie.Il me reparla à nouveau de sa mère
et de ses démêlées au séminaire.Sa mère semblait avoir pris une
importance centrale dans sa vie ;je compris qu'il avait besoin
de se confier. Je compris surtout qu'il cherchait à me révéler
certains secrets qui lui pesaient .Il m'invita à m'allonger sur un
lit à ses côtés sous prétexte que c'était plus agréable pour
parler entre amis;nous parlâmes quelques temps ; puis son
attitude changea soudain;il me pris la main et il m'invita à le
regarder,et sans autre façon ,je le vis se masturber.Il m'invitait
à l'imiter. J'avais l'impression de me retrouver avec mes petits
amis d'enfance qui jouaient à touche-pipi sur la cime du grenier où
nous venions de temps en temps pour nous cacher. J'ai repoussé sa
main, doucement ;je n'avais aucun désir de me branler.
J'admirais son visage et sa beauté, mais ce jour-là,ces attributs
me parurent sans effet. Je n'avais pas l'intention de me livrer à
des jeux sexuels qui me rappelaient ceux que pratiquaient Panthère
Noire, mon voisin à l'esprit un peu ralenti. Il voulait nous y
forcer étant enfant et moi je le fuyais. En réalité, j'étais
profondément déçu de me rendre compte que mon ami le jeune prêtre
au visage d'apollon que je croyais sincère en amitié;n'avais qu'une
idée en tête;c'était celle de satisfaire un penchant sexuel. Je
croyais que sa vocation religieuse était d'une pureté totale;mais
je venais de m'apercevoir qu'elle était motivée par quelque chose
de moins noble . Il était obsédé par des désirs secrets qui le
rendait finalement bien peu fiable;puisqu'il ne pouvait pas s'en
détacher. J'étais déçu,car je croyais en sa sincérité. Depuis
ce jour, je me suis détaché complètement de lui. Il m'avait été
pénible de voir que ses histoires avec sa mère avaient créer chez
lui une espèce de trouble et une fausseté qui avait fait dévier sa
vocation.Le ressentiment qu'il avait contre elle,me semblait provenir
du fait qu'elle avait encouragé sa vocation;et qu'il lui en voulait
à présent;car il la rendait responsable du refoulement sexuel que
cela avait dût crée chez lui depuis toujours . J'étais tombé
dans une grande déception, car j'avais beaucoup aimé et idéalisé
auparavant son engagement sacerdotale ; je croyais à son
désintéressement et à notre amitié.Je venais de m'apercevoir
avec tristesse ... que tout cela était du vent.
Paysage
lointain
SUITE DE MES
MEMOIRES :
La
mairie du village où j'étais né était depuis longtemps sous la
dépendance des patrons des usines textiles . Ils étaient les
véritables maîtres, et nous, plus que probablement les esclaves
dociles. L'église bien pensante, omniprésente et versatile bouchait
partout les trous de la contestation. Elle servait (avec ses
sacrements) à appointer les bonnes (bonnes, et très bonnes)
consciences et à les canaliser pour le profit de tous (selon une
maxime que tous connaissaient et approuvaient) : « Travail,
ne pète pas plus haut que ton cul ! Respecte tes chefs et tes élus,
les curés et le Bon Dieu, tais-toi, sois sage et sois humble et
soumis pour le bonheur de tous ! Dieu a créé le monde un jour de
joie et de ripaille, les patrons, les politiciens, les curés et les
évêques et les chefs militaires sont ses représentants. Il n'y a
pas lieu de s'en émouvoir ni de bouleverser cet ordre ».
Il est inutile de se révolter, de se gratter le cul comme on dit
vulgairement. C’est normal que ça se passe comme ça, puisque
c'est ainsi depuis l'éternité ! Saint Jean, mon double ulcéré, a
refusé, du haut de ses quinze ans et demi, de se plier aux
injonctions morales de son époque. Lorsqu'il a compris de quoi était
faite l'obscène société dans laquelle on l'avait confiné, il
s'est rebellé. Mon double Saint Jean, se rebellait du haut de ses
quinze ans contre l'opaque destinée.Il était en lutte contre son
principe même. Il s’était rangé du côté des rebelles depuis le
jour où il avait vu un instituteur devenu plus tard un petit notable
fortement imbu de sa personne (un con) lui foutre une schlague,
uniquement parce qu'il avais pincé le cul d'un de ses camarade dans
le rang, Saint jean avait gardé comme une brûlure l'empreinte de
cette main sur sa joue . Depuis, il avait décidé qu'il ne
supporterait plus les être infecte comme ce genre de type . Il
était obstiné, d'une sensibilité excessive, et sans doute aussi
plein de ressentiment .Il avait gardé de cette attaque perpétrée
avec une extrême sauvagerie une rancune tenace.Il détestait
désormais tous les êtres serviles qui étaient incapables
d'enseigner aux hommes l'amour de leur prochain;il avait décidé
de rentré en lutte contre leur bêtise et leur extrême
sauvagerie .
UN AUTRE
BROUILLON.
MA
VIE EGAREE DANS LES EAUX TERRESTRES.
Lorsque
j'ai vu les lumières artificielles aveuglantes qui m'accueillaient
le jour de ma venue au monde, moi, être innocent et plein d'ardeur,
j'ai compris que le monde des hommes ne faisait pas dans la dentelle.
C'est un fait. Lorsque j'ai senti, après rupture du cordon, le choc
violent de la rentrée de l'air dans mes poumons, j'ai réalisé en
criant comme un dément que la naissance était un acte d'une
brutalité inouïe. Mais il était trop tard pour retourner en
arrière ; je devais avancer!. Aujourd'hui encore, je retrouve
l'instinct grégaire du nourrisson pas encore né, qui se rétracte
avant de faire sa rentrée dans le monde. Une partie de moi se
souvient et reste à la traîne. Je marche parfois au ralenti,
retrouvant d'anciens réflexes protecteurs. Je traîne des pieds
avant de bouger. Je regarde mon visage d'homme jamais né dans la
glace de la salle de bain;je suis étonné de l'apparence qu'il a
prit.je me parfume abondamment le visage avec de l'eau de Cologne; je
retrouve à travers ce parfum le monde idyllique de ma vie
d'avant.Je redeviens un être innocent qui respire le parfum du
paradis;le parfum à l'au de rose que portrait maman ma toujours
attiré;en le respirant J'entendais résonner sa voix .Je me
retrouvais en train de capter les inflexions de sa voix.Maman parlait
d'une voix brouillée,un peu opaque;elle parlait de la guerre de
14-18 et du grand-père disparu dans les tranchées, des folies de ma
grand-mère, de l'existence stupéfiante des camps de la mort pendant
la dernière guerre. Tout ça je l'entendais depuis son ventre alors
que je n'étais pas encore censé être né.Je nageais dans une bulle
de félicité parfaite;j'attendais innocent de pouvoir naître.Depuis
là ou j'étais « Je
regardais les feuillets sublimes de mon extraordinaires Odyssée;ils
s'écrivaient au sein de l'ineffable paradis dans lequel je gîtais
heureux comme un pas encore né ».
ODYSSEUS
Suite de ma
vie héroïque
Passons à
une autre version de ma vie
Passage
des Écrits
(2001) :
Malgré tous
mes efforts pour rendre ce monde cohérent,il demeurait toujours
aussi incertain
Après
des années d’errances et d’incertitudes, j’ai découvert que
je pouvais penser le monde par moi-même;je fus heureux et
soulagé;mais l'instant d'après ,j'ai déchanté car je m’aperçus
de la difficulté que j'avais à faire coïncider le monde avec
l'idée que j'en avais.
SOUVENIRS
Je
vivais dans ma jeunesse dans plusieurs mondes imaginaires. Ces mondes
se superposaient dans ma tête comme des objets qu'on entasse dans
une malle destinée à voyager. Je ne voulais pas faire du sur-place.
J'avais la conviction que demain je partirais ailleurs, car j'avais
décidé que mon destin m'appartenait. Pourtant, j'étais freiné par
une sorte de harangue qui assiégeait mon esprit. Un être fataliste
l'occupait. Je ne savais d'où il venait, il me disait que je ne
parviendrais jamais à sortir de cette maison de fou dans laquelle on
m'avait jeté. J'étais dépendant principalement de mes peurs et de
mes préjugés, je me disais que je ne pourrais jamais sortir de la
citadelle où l’on avait emprisonné mon âme et mon égo depuis le
jour de ma naissance. De même, aujourd'hui, je suis devenu le
prisonnier de la nouvelle citadelle que j'ai construite pour assurer
mes trajets habituels. J'ai surtout l'âme embarrassée par des
langueurs. Je dois retrouver l'ancienne obstination qui m'avait faite
vainqueur de ma vie à l'heure où ma timidité me rendait
malheureux. Hier, je gravitais à l'ombre du mur protecteur de la
famille. J'abritais mes rêves et mes créations dans un espace
restreint où mes rêves foisonnaient. Adolescent, je me débattais
dans un monde hostile. J'avais cru que la seule manière de pouvoir
résister c'était de lutter de face. Puis j'ai compris avec un peu
de recul que c'était bien de se tenir secrètement à distance. Ma
vraie patrie, je l'avais construite à l'intérieur de moi, je
l'observais, allongé dans l'espace de mes rêves. Je revenais
souvent à l'idée que j'étais un être fabriqué de toute pièce
par l'amour de maman.C'est grâce à elle que j'avais été sauvé de
la catastrophe .J'avais vu très tôt que j'étais protégé par
l'amour inconditionnel qu'elle me portait .Un jour j'ai décidé
de « rentrer dans la vraie vie ».
Je nourrissais l'illusion secrète de conquérir une nouvelle
liberté ; j''ai cru en travaillant,que je serais plus
libre;mais passé ce moment de griserie, j'ai senti que j'étais
pris au piège. Je m'étais transformé en soldat de plomb .Papa mon
père, qui avait été un excellent soldat de plomb trouvait normal
que j'en sois un. A son époque il portait un képi sur la tête, des
jambières et des galoches. Il était
devenu soldat de plomb à l'âge de treize ans.Cela faussait mon
jugement sur lui,j'aurais aimé le voir comme un héros ,mais j'avais
du mal d'apercevoir un héros dans un enfant d'une autre époque.. Je
ne pouvais pas le voir autrement qu'en enfant condamné à turbiné à
cause de sa condition sociale,car je me marxisais .Je me refusais de
rattacher sa vie à la mienne, car j'avais le sentiment de vivre à
une autre dimension . Forcément, ma vie ne pouvait pas ressembler à
la sienne;j'étais un nouveau soldat qui s'était réveillé ;
Je m'étais révolté ,j'étais rempli d'un sentiment d'hostilité.Je
m'étais mis à détester des choses qu'il semblait avoir vénéré .
Sans doute ce sentiment d'hostilité se modifia avec le temps.Je
savais qu'en dernier recours, j'étais tout seul pour affronter la
vie. Le sentiment tragique de la vie de Miguel Unamuno, ouvrage que
j'avais aperçu vers mes seize ans dans la vitrine d'une librairie et
que j'avais emporté dans ma chambre pour le dévorer d'une seule
traite , est resté gravé dans ma tête. La dimension philosophique
et par conséquence humaine de cette tragédie me revient à
l'esprit; je crois en fait qu'il remontait avant ma naissance. Je
veux dire avant ma sortie du ventre de maman. Là, je percevais à
travers les enlacements sonores et les borborygmes ,les troubles de
ma destinée. Je sentais bien que ma vie à l'extérieur du ventre de
maman serait d'une étrangeté totale et qu'elle serait totalement
différente de celle que j'avais imaginée en barbotant dans les eaux
bienheureuses du paradis intra- utérin qu'était le ventre de maman
. Il est même possible que ce soit en écoutant mon père raconter
ses histoires farfelues depuis le ventre de maman où je
l'écoutais ;que l'envie d'en écrire une moi-même me soi venu
à l'esprit. L'envie d'écrire des romans d'aventure ne m'est
peut-être venue que des récits fantastiques un peu disloqués que
racontait mon père à maman les jour ou il avait trop bu et qu'il
l'enlaçait par surprise.
ODYSSEUS
PAPA MON PERE
Passage
des Écrits
(2001) :
Je
connaissais la vie héroïque de papa,mon père à travers les récits
qu'il m'en faisait. Mais c'est seulement ,lorsque j'ai eu sous les
yeux la mienne que j'ai compris de quoi il parlait. Étant enfant ,
je croyais voir se dérouler les
rêves américains à travers ses récits d'aventure personnels . Je
croyais que mon père voyageait en imagination comme moi ,dans la
seule société idéale la société américaine;celle que
j'admirais à travers mes bandes dessinées.Puis j'ai compris après
coup que la jeunesse de papa ,mon père se passait ailleurs en
France,dans les années 1900 ou 1930. C'était un monde trop éloigné
de moi pour que je puisse l'idéaliser. J'ai seulement fait le
rapprochement avec cette époque...son époque ,quand j'ai vu surgir
dans ma tête mes nouvelles idoles. Il y avait dedans ,les
dadaïstes, Mondrian, le Bauhaus, les surréalistes Kirchner,
Duchamp, Henry Miller, toute une série de figure que je commençais
par vénérer,car j'avais effectué une mutation,j'étais devenu en
âge de devenir moi même un nouvel héros. La vie spirituelle que
j'espérais conquérir , c’était la même que celle de ces héros
. Leurs exploits m'emportaient l'âme .J'avais le sentiment d'être
comme eux un être unique destiné à accomplir des exploits.Je
n'admirais plus mon père comme durant mon enfance ;les
exploits qu'il avait accomplit,ne rimaient plus avec mon idée de
l’héroïsme;je ne voyais que des héros littéraire ou des
créateurs de génie,peintres ,cinéastes,philosophes etc..; les
exploits de mon mon père sur sa mobylette,ses actions glorieuses
dans la résistance ,son fameux coup de billard;les belles truites
qui faisaient sa fierté ,son aura de contremaître qui savait parler
aux femmes ,tout cela me paraissait dérisoire;je n'aimais que des
héros glorieux qui avaient su se transcender.
ODYSSEUS
MA
VIE HEROIQUE DU DEBUT RESSEMBLAIT A UN MAUVAIS ROMAN
Je
veux parler de cette histoire qui à commencée quand je suis rentré
comme apprenti,dans l'usine ou travaillait mon père;ce n'était pas
exactement la même usine ;mais dans une autre située juste en
face. C'est si éloigné de ma mémoire que je peine à me rappeler
le jour précis ou j'ai pénétré dans ce lieu. Je me souviens
surtout de l'angoisse que j'avais lorsque je devais franchir le
matin, vers cinq heure, le portail de bois gris et rouge qui
marquait l'entrée de l'usine. Ensuite je retenais ma respiration
car je m’apprêtais à franchir le rideau en plastique opaque qui
me séparait de l'océan tumultueux du grand tissage blanc.J'étais
plongé tout de go dans un vacarme assourdissant ; un bain de
lumière qui faisait office de jour traversait les espaces. Le bruit
assourdissant des machines m'enveloppait corps et âme .Je
m’efforçais d'avancer dans cette antre immense;des odeurs de
tissu et de graisse titillaient mes narines.Je me revois encore à
moitié assommé ,franchissant la tempête sonore qui déferlait
vague après vague dans l'immensité du tissage. J'étais
complètement groggy au début. Je n'avais pas le temps de me
rétablir;je devais tout de suite passé à l'action;c'est à dire
courir comme un fou à travers les coursives du tissage. Je devais
approvisionner les machines à tisser en bobines;je naviguais comme
somnambule sur une mer déchaînée . Je devais me dédoubler,
bondir de droite et de gauche ,m'adapter immédiatement,devenir
docile,je m'exécutais,je ne devais surtout pas être ralenti.Je me
dédoublais,je devenais un oiseau fou;j'y prenais presque plaisir,car
j'aimais la compétition;un défi m'était lancé,je devais le
relever .Je devais maintenir mon cap au milieu d'une houle
puissante .Laisser mon désarroi de côté, devenir un étranger à
moi-même, m'anéantir, me forcer à aimer cette lutte ;je
venais de rentrer dans la vraie vie !C'était terrible et
excitant .Un monstre totalement indifférent à mes états d'âme,se
précipitait sur moi,je devais le vaincre. C'était ça mon
objectif,je devais vaincre mon désarroi..Au bout de quelques temps
je m'étais habitué;je pouvais me permettre le luxe de rêver tout
en accomplissant les tâches ordinaires .Dans mes meilleurs
moments, je rêvais que j'étais ailleurs ;je me voyais monté sur
une nef magistrale; j'accomplissais des exploits héroïques,j'étais
plongé dans un délire. Un coup de sifflet strident me faisait
brutalement retomber les pieds sur terre. À l'autre bout de l'allée,
je voyais mes petits camarades héros comme moi d'un combat
titanesque qui luttaient contre un géant qui leur livrait des
provisions;c'était Jo le manoeuvre qui apportait des bobines ;mon
tisserand me faisait signe à grand renforts de gestes; je devais
intervenir urgemment. Si les machines s'arrêtaient ,c’était une
catastrophe.J'étais réveillé d'un seul coup... Je m'accélérais,
courais, bondissais ;généralement je sortais victorieux de cette
épreuve et je m'en félicitais,car j'avais été assez habile pour
me saisir d'un tas de bobines . Je n'étais pas seul dans cette
épreuve;mes petits camarades héros comme moi de cette course
frénétique pour assummer leur rôle de rameur;effectuaient comme
moi cette tâche parfois en riant ,en criant et en bousculant tous
ceux de droite et gauche qui se métaient en travers de leur route ,
nous devions passer l'épreuve du feu ;c'était ça notre vie
héroique et rien d'autre.
Roman
ODYSSEUS
Les premiers
visages d’Odysseus
Passage
des Écrits
(2001), repris et transformé en 2018.
ARCHIVES
J'ai
retrouvé les fiches de paye datant de ma rentrée dans une autre
usine ;c'était une boite électronique. Les fiches étaient datées
de décembre 1962,j'avais quatorze ans . Quelques mois plus tard, je
m'en étais échappé ,je rentrais au tissage.Je poussais devant moi
une charrette remplie de bobines. Mes petits camarades qui étaient
rentrés en même temps que moi dans l'usine textile faisaient de
même. Nous nous connaissions tous. Nous avions souvent usé nos
culottes sur les mêmes bancs d'école. On nous appelait « les
rameurs ». Nous devions alimenter les
machines à tisser en trames;c'étaient l'équivalent de petites
bobines aplaties. Il fallait travailler plusieurs années comme
rameur avant d'accéder au rang de
« relayeur ».Le relayeur secondait
le tisserand;c'était un poste un peu plus prestigieux. Passés
relayeurs, nous devions parfois attendre plusieurs années pour
obtenir la place convoité de tisserand.Devenir tisserand, c'était
une sorte d'apothéose.Si j'avais été un vrai romancier, j'aurais
raconté cette partie de ma vie à l'usine sans doute beaucoup mieux
que je ne le fait.Je ne sais plus pourquoi ,mais je m'étais mis à
comparer ma vie à l'usine quelques temps plus tard ;à celui
des esclaves .Entre temps,je m'étais révolté .J'avais
l'impression d'avoir été sacrifié ;un système social injuste
et surtout inégalitaire m'avait jeté un sort,on m'avais condamné
à trimer.J'étais devenu la victime d'un complot.Mon seul désir
c'était de peindre et d'écrire;je n'aspirais qu'à l'étude de la
beauté je voulais m’enivrer en permanence de choses nobles et
raffinées.Je devais passer mes journées,à pousser une charrette
remplie de bobines et courir dans un immense tissage .Il y avait là
une injustice flagrante. J'avais le sentiment d'avoir été trompé.
On m'avait trompé sur la beauté de la vie. Raconter l'histoire de
ma vie;c'est à dire celle d'Odysseus à ses débuts,c'était
raconter l'histoire d'un traumatisme ; l'horreur amicale dans
laquelle m'avait plongé l'univers abracadabrant de l'usine avait
déformé ma vision. Les divers sentiments d'injustice que
j'éprouvais dans cette vie laborieuse étaient peut être, moins
violents peut-être que les visions capricieuses et tourmentées qui
me revenaient en tête ,depuis la citadelle de mémoire qui m'agitait
aujourd'hui. Plus excessifs ou moins excessifs mes sentiments;je ne
savais plus ?.Les caprices de ma mémoire accentuaient certains
aspects de ma vie . Ma vision de la vie à l'époque de mes quatorze
et quinze ans n'étaient peut-être pas aussi tourmentées que je le
dis. Lorsque je revois mes débuts dans le purgatoire de l'usine, je
peux apercevoir aussi,le plaisir que j'avais à me plonger dans le
travail assommant et répétitif de gestes appris par cœur. Puisque
je pouvais jouir de mes rêveries tout en travaillant,je n'étais pas
si dépité .Au début,je me souviens ,comme je commençais à gagner
un peu d'argent que j'étais même fier de travailler ;travailler
c'était aussi m'affranchir de l'école et devenir indépendant.Je
devenais un peu plus autonome,c'était gratifiant . Mes révoltes et
mes sentiments d'injustice qui étaient réels finirent,toutefois
par prendre le dessus . Je ne voyais plus le monde avec la même
candeur des contraintes nouvelles s'abattaient
sur mes épaules ,un sentiment d'injustice me prenait au corps
;surtout je me sentais impuissant ;j’étais
comme sous l'effet d'une drogue que je m'étais administrée
moi-même.,je n'étais pas responsable de mon malheur pourtant j'y
consentais .Je trouvais le monde tordu, et biscornu,.Je m'étais
soudain réveillé de mon rêve d'indépendance;j'avais un peu la
gueule de bois;j'avais pris conscience que ce monde était gouverné
par des lois qui étaient capricieuses surtout injustes;ne pouvant
m'y soustraire ,j'avais choisi de les combattre .Je vivais le monde
de l'usine comme un monde désenchanté;mais,j'avais décidé de
faire de ma vie une aventure. J'avais l'idée ambitieuse de refaire
mon éducation.C'est pourquoi ,je lisais beaucoup.Mes lectures me
procuraient des joies immenses qui compensaient les durs effets de
la réalité. J'avais une telle soif de savoir que je me précipitais
sur toutes sortes d'ouvrages. J'aimais beaucoup l'histoire de France
.J'avais surtout beaucoup d'admiration pour les penseurs et les
écrivains français .A cette époque j'admirais beaucoup Voltaire.
Voltaire, avait la réputation d'être un esprit libre;j'avais besoin
d'avoir à mes côtés « un esprit libre » .Je voulais
m'émanciper de l’atmosphère laborieuse et esclavagiste de
l'usine;je devais à ma façon faire résistance;m'émanciper de ses
rites et préjugés. J'avais besoin d'avoir plusieurs penseur à mes
côtés pour éclairer ma route.la verve et l'esprit satyrique de
Voltaire m'était utile .Voltaire avait combattu l'injustice et subi
toutes sortes de brimades ,je m'appuyais sur lui c'était un grand
philosophe des lumières;j'admirais son esprit acéré,.
Il était fils d'un notaire,
moi simple fils de
contremaître,mais je le lisais sans penser à ça.Quelques
temps plus tard,je me suis entiché de Rousseau;mais c'étaient les
discours enflammés de Robespierre qui m'avaient galvanisés .J'étais
rentré dans une période de transport révolutionnaire ;
Robespierre incarnait la révolution fait homme. Je me suis retrouvé
dans le camp de Robespierre. Il me vengeait de mes déboires. Je
lisais avec délectation ses discours qui fustigeaient l'ancien
régime.J'étais avec lui emporté par une verve et une vindicte
violente ;au plus fort de ma révolte ,je demandais la tête du
roi, et des des ministres et présidents corrompus qui gouvernaient
la France .La France des années 1964,était la même que celle
d'avant 1789 ;je ne la voyais pas républicaine;elle était
royaliste ;j'étais emporté par un feu qui m'aveuglait;je lisais
Robespierre en arpentant mes machines à tisser ;je comparais
mon sort à celui que subissaient sous l'ancien régime tous les
roturiers, tous les laquais, tous les gens de peu;je faisais partie
de la plèbe, j'étais agité par des idées de revanche ; j'étais
en révolte contre l'ordre établi.
SUITE DE MA
VIE ANCIENNE
Je regardais
la société comme un empilement d'inégalités qui se transmettaient
de père en fils et d'une génération à l'autre. J'avais du mal à
accepter ces règles qui était selon moi trafiquée. Je m'étais
promis de m'en affranchir. Dans cette période troublée, mon âme
tourmentée s'était mise à douter de tout. Je doutais surtout de
l'honnêteté intellectuelle des gens qui enseignaient les vertus
républicaines; je me méfiais de ce qu'on appelait aujourd'hui les
élites. Certaines figures nobles échappaient à ma vindicte.
Montaigne ,faisait partie de ces figures nobles ,je le plaçais au
dessus du lot.J'avais étalé sur ma table d'écrivain en herbe les
Essais édité en collection de poche. Ils étaient toujours à
portée de ma main. J'en avais fais mon livre de lecture fétiche.
Montaigne m'apaisait, c'était un être intemporel. Il apaisait ma
vindicte;il m'aider à contempler le monde d'une façon plus sereine.
Dès les premiers instants où je l'avais côtoyé, j'avais senti
qu'il serait pour toujours un ami .
Je puisais dans ses essais des réflexions qui m'animaient
durant des jours entiers;je marchais dans les prés en méditant sur
ses essais. Mon exaspération grandissante vis à vis de la société
me conduisis à entreprendre la lecture de Marx;dans sa vision
critique , je trouvais un soutien. Marx ma persuadé que
j'appartenais à un autre monde. J'ai commencé par entreprendre une
lecture critique systématique de mon passé après la lecture de ses
écrits. J'ai voulu renoncer au monde humaniste;car je le regardais
comme une conséquence de mon aliénation;je confondais le
capitalisme avec toutes sortes d'outrances dont l'humanisme bourgeois
faisait partie .Dans la réalité je n'avais pas renoncé à mes
anciennes idoles littéraires.J'aimais toujours autant Chateaubriand,
bien qu'il fût monarchiste. J'aimais voir errer Don-Quichotte sur la
couverture de mes livres, même s’il était un héros aristocrate
décadent. Je me souvenais toujours de Voltaire comme d'un esprit
brillant. Mes camarades de travail qui critiquaient ma passion pour
la lecture ( je lisais au milieu de mes machines à tisser)
avaient sans doute de bonnes raisons de fustiger mon comportement.
Ils voyaient peut être dans mon appétence pour la chose littéraire
une sorte d'obsession stupide . S'ils avaient pu lire ce que je
lisais ,ils m'auraient peut être pris - Pour un petit con
qui voulait péter plus haut que son cul - en admirant des
auteurs compliqués issus du monde bourgeois,je devenais peut être
leur ennemi sans m'en rendre compte;car j'essayais de m'échapper de
mon milieu social . C'était comme si je cherchais à accéder à un
monde qui n'était pas le mien. C'est dans cette ambiguïté
troublante que j'ai vécu une partie de mon adolescence à la fois
studieuse (j'étais autodidacte) et laborieuse,j'étais désireux de
me désincarcérer de ma condition sociale. Je vivais sur un tas de
fumier tout en respirant le parfum des fleurs émancipatrices
vénéneuses qui poussaient dans mes livres. Je ne parvenais pas à
m'expliquer ces passions enflammées contradictoires qui coexistaient
en moi, entre mes détestations pour le monde bourgeois et mes
admirations pour l'esthétique bourgeoise,j'étais pris entre deux
feux. Je pensais faire acte de résistance en lisant,en dessinant en
me cultivant ; en réalité, je ne faisais peut-être qu'affirmer un
désir égoïste de conquérir le monde en héros littéraire pour
m'extraire d'une situation épouvantable.Ma condition sociale était
à chier,je devais m'évader ,fuir le monde laborieux;accéder à
l'aide de mon imaginaire artistique, à un statut social supérieur
soi disant plus gratifiant.
ODYSSEUS
Sur l’état
de délabrement de ma mémoire
C'est par
les interstices d'une mémoire sans cesse changeante que je dois
contempler mes souvenirs. Je ne sais plus dans quel registre les
placer. Je suis victime de plusieurs vague de réminiscences
contradictoires au sujet de mon passé. Réminiscences qui
m'inquiètent, car elles ajoutent de la confusion à ma vie. Plutôt
que d'éclairer mon passé, j'ai parfois le sentiment qu'elle
viennent l'obscurcir à chaque fois un peu plus.
SOCIALITE
Dans
notre famille, c'était maman qui était la plus instruite (Elle
avait fait un peu plus d'études que papa mon père) . Pourtant elle
me regardait de temps en temps, lorsque j'étais plongé dans mes
livres,au milieu de mes obsessions artistiques, comme un être
bizarre étrange et profondément incertain. Elle était souvent
désespérée en me voyant. Elle ne comprenait pas mon penchant
excessif pour la chose artistique,surtout pour l'écriture. Elle
avait toujours encouragé, mon désir de peindre elle ne pouvait pas
me le reprocher. Pour elle, j'étais surtout resté un enfant ,son
enfant;un enfant qu'elle avait vénéré, peut être idéalisé, mais
surtout un enfant difficile;ma condition l'interrogeait. Mon père,
bon vivant, ne se souciait pas des problématiques obscures qui
torturaient mon esprit. Il avait des passions terre à terre. C'était
un artiste de l'ombre, un jouisseur. Mes aspirations à une culture
sophistiquée auraient paru pour lui une bizarrerie s’il les
avaient déchiffrées. Mais il ne cherchait pas à les déchiffrer.
J'étais son second fils, il me regardait surtout comme un second
couteau moins aiguisé que le premier qui lui ressemblait davantage.
Je savais qu'il préférait mon frère qu'il considérait plus proche
de lui selon ses idées. Mon frère aimait le football, le football
était la grande passion de mon père. C'était ça qui les
rapprochait ;il projetait peut être sur mon frère ses ambitions de
footballeur ;mon frère était son premier fils,il l'aimait
comme un reflet de lui même qui ne pouvait pas mentir. Moi, je ne
correspondait peut être pas à son idéal de virilité ;je me
remplissais trop l'esprit de nourritures abstraites;j'avais été
conçu dans des circonstances un peu spéciales.J'aimais mon père
et sa barbe dure;lorsque j'étais enfant je la caressais avec
fierté;je l'admirais lorsqu'il se rasait avec un rasoir étincelant
qu'il essuyait sur une feuille de feutre;je voyais mon père comme un
lutteur héroïque à cause des photos des livres de lutte qui
traînaient au grenier. Il avait pratiqué, en plus de la lutte, la
boxe française dans sa jeunesse. C'était un danseur, il aimait
séduire. Il aimait par-dessus tout faire la fête. Il raisonnait
pour moitié en homme des bois, pour moitié en homme des villes.
Pour compléter les ressources de la famille il coupait du bois. Il
aimait le travail viril .Il passait une partie de ses heures
libres à pêcher la truite ou à chercher des champignons. Lorsque
j'étais adolescent plongé dans mes activités secrètes,il devait
me regarder comme si j'étais atteint par une maladie bizarre. Je
n'étais pas de ce monde je vivais ailleurs;je voulais ressembler à
mes héros littéraires .Ces héros étaient des êtres de chair
;les miens étaient des êtres sans doute trop abstraits pour lui
;ils n'avaient pas la consistance des héros populaires qu'il
admirait, à ses vingt ans comme Rouletabille, ce détective jovial
qui égrenait dans les feuilletons créés par Gaston Leroux tous les
charmes des récits d'aventures de la période avant le cinéma. Les
auteurs que j'admirais étaient aux antipodes de ceux de mon père,
sauf quelque uns que nous avions en commun :,dont Michel
Strogoff et Zorro qu'il regardait parfois avec moi à la télévision,
les comiques populaires, tels que Bourvil,et Fernandel nous
faisaient rire tous les deux. Je n'avais pas vraiment conscience de
ce qui nous séparait ,plutôt de ce qui nous liait. Je nageais trop
souvent dans mes rêves, assis entre le désespoir et les idées
sublimes qui m'enivraient;j'admirais des héros inatteignables des
héros absolus .C'est pourquoi j'admirais Don Quichotte ,Montaigne
Chateaubriand ,Proust; ,Balzac et d'autres issus de mes divines
lectures .Si plus tard ,Céline et surtout Henry Miller
m'apparurent ;plus proche;c'est qu'entre temps j'avais viré ma
cutis.Les héros sublimes que j'idéalisais sous des formes
diverses,ont changés,j'étais devenu un autre.Dans mon
adolescence,mes écrits ;m'enfonçaient dans l'idée que
j'étais potentiellement un génie Mes brouillons m'emportaient
dans l'espace sidéral et mon âme errait avec eux dans les hautes
sphères J'ai l'impression, en revoyant ces années, d'avoir produit
le meilleur et le pire de mon existence.En parcourant, l'hiver ou
l'été, les chemins, les sentiers, les ravines des montagnes qui
venaient s'étendre et s'effondrer aux alentours de mon village,je
croquais en imagination l'âme de ces contrées qui avait imprégnée
ma courte vie;je me retournais la nuit dans mon sommeil en rêvant de
mes gloires futures,écrivain architecte peintre de génie ,j'étais
tout ça à la fois . J'étais en lutte, j'avais la rage au ventre,
j'étais possédé par le désir d'entreprendre, de conquérir,je
voulais me dépasser.mais surtout, j'étais désireux de
m'affranchir des lois tyranniques de la société ,j'étais un grand
révolté . Je voulais m'élever hors de tout, et contre tout ,et
surtout conquérir le monde. Je m'étais hissé dans une sphère
éblouissante qui semblait sans limites ; mon imagination me
fixait tout le meilleur et le pire.
ODYSSEUS
Transports
Passage
des Écrits
(2001).
Lorsque
je me suis entiché de Proust vers mes dix sept ans ,j'étais
emporté par un violent désir d'écrire. Je retrouvais en partie la
même passion que j'avais eu en lisant Chateaubriand,vers mes quinze
ans Je me sentais pousser des ailes, je me trouvais des affinités
avec ce génie issu du monde bourgeois;un monde que je connaissais
mal ,un monde qui était à l'opposé du mien . J'avais conscience
que le miroir très sophistiqué que me tendait Proust me trompait,
mais j'avais besoin de me confronter à l'univers sophistiqué qu'il
me tendait . Proust m'aidait à faire évoluer un grand rêve
littéraire;je
voulais devenir en écrivant un être intemporel.J'étais
jaloux de Proust, car j'aurais aimé, comme lui, passer tout mon
temps dans la contemplation de ma vie intime. J'adorais
l'introspection,et j'éprouvais beaucoup de plaisir à plonger dans
les arcanes de moi même . Mais comme j'étais pris dans l'engrenage
d'une vie de labeur ,j'étais freiné dans mes entreprises d'auto
contemplation.Pour me stimuler ,j'avais érigé un rituel qui me
permettait de rentrer de plein pieds dans l'univers de Proust . En
rentrant de l'usine ,j'enfilais la robe de chambre couleur lie de
vin que m'avait offert maman pour mon anniversaire.Je contemplais mon
reflet dans la glace;je me délectais de cette image que renvoyait le
miroir ;j'avais l'impression de voir Marcel en face de moi.Je
commençais à lire mon contre Sainte Beuve .Je lisais avec
délectation ses répliques;celles qu'il faisait à sa maman ,je
respirais l'odeur du parfum que dégageais les phrases de Marcel. Je
me glissais dans sa vie;je m'abandonnais à son génie .De temps en
temps je m’arrêtais pour écouter la musique de ses phrases.
J'étais emporté par une inspiration j'allais bientôt écrire des
choses géniales . Je passais ma main sur la belle table en bois ciré
qui me servait de bureau;des volutes d'écriture intemporelles se
déversaient sur moi Je baignais dans une joie aussi intense que
pure, j'éprouvais un sentiment de plénitude total persuadé que
j'étais devenu la réincarnation de Marcel ! J'écrivais en pleine
euphorie, j'écrivais, j'écrivais, j'écrivais sans relâche,
persuadé que mes écrits qui s'allongeraient sur la page était de
la même veine que ceux de Marcel. Je plongeais avec ravissement dans
mes brouillons;puis relevant la tête pour contempler mon
travail,j'apercevais,les traces que mon écriture folle avait déposer
sur mes feuilles ; j'avais souvent du mal à me relire;je
contemplais les choses géniales que je venais d'écrire persuadé
qu'elles contenaient les mêmes grandeurs intemporelles que
j'admirais chez Marcel. Une chose me ralentissait ,je n'apercevais
pas à travers les traces somptueuses de mes écritures,l'écriture
admirable de Marcel ; elle n'étaient pas mes écritures aussi
brillantes que celles de Marcel ;le maniement des mots
m'échappait.Souvent je m’effondrais ;je perdais toute
confiance en moi;mon espoir de devenir un écrivain aussi génial
que Marcel disparaissait. Je m'allongeais sur mon lit et là
replongeant dans mes rêveries , je retrouvais presque
instantanément les impressions merveilleuses que j'avais eu à la
lecture du Contre Sainte-Beuve.Je
retrouvais dans mes rêveries les sensations voluptueuses que j'avais
éprouvé en lisant Proust ;je devenais un être sensible ,un
nageur, obstiné, désireux d'atteindre quelques îles
insubmersibles.Je devenais l'écrivain génial que j'avais toujours
été - depuis toujours-
;c'est à dire depuis un temps infini .
ODYSSEUS
(suite)
Mes rapports
avec maman ma mère étaient aux antipodes de ceux que Marcel avait
avec la sienne. écrire comme Marcel me paraissait glorieux;mais si
j'avais dût écrire comme Marcel à cette époque;c'eut été avec
les yeux d'un Marcel prolétarien,car il y avait un tel fossé entre
lui et moi, que même si j'avais pu écrire d'une façon aussi
sublime que la sienne, ce que j'aurais pu écrire aurait probablement
contrarié la vision des lecteurs amoureux de Proust.J'étais un être
révolté qui luttait pour sa survie , je rêvais plus que je
n'accomplissais. J'étais persuadé que l'injustice commandait le
monde. C'était ce sentiment d'injustice qui creusait entre moi une
façon de voir différente de celle de Marcel .J'étais en guerre
contre le monde ;Marcel était dévoré lui par une ambition plus
singulière;il cherchait à échapper à toutes les misères que la
vie lui faisait;mais sa capacité d'émerveillement était intacte;il
cherchait à retrouver des sensations et une sensibilité qui le
sauverait de la mort à venir;il était à la recherche d'une
dernière bouffé d'air avant de disparaître -il appelait ça le
temps perdu .Marcel appartenait au monde éthéré des riches,il
aurait aimé devenir un aristocrate,mais il ne l'était pas sauf par
moments en écrivant; il parcourais le monde avec les yeux d'un
rêveur agilement inspiré par les écrits des penseurs les plus
intransigeants ;éveillé par son génie,je m'étais réveillé un
court instant ;j'avais vu luire à la lecture de son contre
Sainte Beuve ,l'âme d'une époque transfigurer par la grâce de son
génie. Mais surtout j'avais cru comprendre qu'en écrivant je
pouvais me libérer du poids de la vie.La vie qui me pesait me
paraissait plus légère après l'avoir lu;c'est pourquoi j'aurais
aimé écrire comme lui ;je l'admirais pour ça;écrire pouvait
changer la destinée. En écrivant je pouvais déchiffrer mes
souffrances et contempler mes transports amoureux;je pouvais tenter
de transcender ma vie en la mettant en scène . J'aimais toujours
Chateaubriand, Montaigne et Rousseau, et je restais un fidèle
admirateur de Spinoza. J'avais découvert Stirner, Proudhon et
beaucoup de penseurs critiques dissidents. Lorsque je pensais à
mes passions pour les livres, mes sentiments restaient les mêmes :
les artistes riches et les artistes pauvres se ressemblaient. Je les
voyais rarement avec l'œil critique de l'idéologue ou du
dialecticien que j'étais devenu un tant soit peu en lisant Marx à
la va-vite. Ces différences au fond de moi me paraissaient
fallacieuses . Je ne voyais plus, lorsque j'étais absorbé dans mon
désir de lire, que la beauté des phrases et ma passion pour les
mots. La lecture attisait ma joie de vivre .Ce qui était beau et
rafraîchissante, c'était simplement le plaisir de la lecture. Cette
passion pour la lecture m’a sauvé du désir fanatique de
l'exécration auquel j'aurais pu m'abandonner si j'avais céder à
certains de mes penchants critiques ;si j'avais cédé à la
vénération d'une seule idée comme m'y incitaient certains penseurs
extrémistes,j'aurais pu être un des leurs. Heureusement ,je
restais viscéralement attaché au culte égocentrique de la liberté
de penser.C'était devenu ma manière la plus légitime de voir.
ODYSSEUS
Ma
sensibilité, au cours de mon adolescence s'est exacerbée. Je voyais
souvent l'injustice là où peut-être elle n'était pas. J'avais
réfléchi à la question. Je m'étais convaincu assez tôt que le
caractère d'un individu était ce qui déterminait sa nature.
J'avais adopté une lecture marxiste de la société, mais je gardais
toujours une vision individualiste du monde. Je pensais au fond de
moi que c'étaient les qualités propres d'un individu et non son
conditionnement social qui déterminaient ce qu'il était. C'était
sa volonté propre qui devait le guider et elle devait lui permettre
de dépasser ses conditionnements sociaux. J'étais convaincu que si
l'individu en avait la volonté, il pouvait s'affranchir de la norme
sociale. C'est aussi pourquoi, dans le fait que je sois obligé de
travailler pour gagner ma vie, j'y ai vu, tout au début, une chance
et un défi. C'était un défi que me lançait la nature. Je devais y
faire face et y répondre. C’est pourquoi j'avais admiré un
certain temps Lincoln, le président américain anti esclavagiste.
C'était vers mes quatorze ans. J'avais appris qu'il était issu d'un
milieu populaire. Il avait réussi, grâce à son acharnement et à
sa volonté, à se hisser à la tête de la nation américaine.
C'était pour moi l'exemple éclatant que l'individu pouvait
transcender les clivages sociaux instaurés par la société. Je me
voyais, à cette époque, vers mes quatorze ans, beaucoup plus
américain que français, car je lisais beaucoup de BD. Elles me
donnaient une image de l’Amérique presque idéale. Je contemplais
la géographie américaine et les progrès engendré par ce pays avec
admiration. Avant de sombrer, vers mes seize et dix-sept ans, dans
les bras de Marx, j'avais eu dans ma vie d'avant une vraie passion
pour l’Amérique. Moi, Odysseus,à l'âge de quatorze ans, je me
sentais comme un penseur perdu au centre des abîmes, je me sentais
l'âme d'un grand solitaire. J'espérais rejoindre Jack London, au
paradis;c'était le premier grand écrivain américain que j'ai
admiré avec passion, bien avant de tomber, quelques années plus
tard, dans les bras du fils de tailleur qu'était d'Henry Miller.
Vers mes treize ans et demi, j’avais dévoré Croc-blanc
d'une seule traite. Toute la vie aventureuse de Jack London me
plaisait, je connaissais par cœur ses démêlées dans la vie. Je ne
rêvais que d'une chose en le lisant, c'était de me constituer une
dose d'individualisme et de génie sauvage aussi ardent que le sien.
Il faisait partie des grands auteurs solaires, ceux que les
américains appelaient des
« self made men ».
J'avais presque effacé de mon esprit cette période de ma vie où
j'admirais sincèrement l’Amérique.Certains héros l'incarnaient ;
Jack London en faisait partie. Je ne rêvais alors que d'aventures,
de défis de toutes sortes. Je ne me voyais pas en marginal où en
paria;je me rêvais en héros positif ,j'étais un aventurier.
J'avais un goût très prononcé pour les causes improbables,les
explorateurs me fascinaient. J'avais un penchant pour les héros
inaccessibles et flamboyants. Je ne craignais rien. Je croyais en mon
étoile, je voyais à travers le ciel se dessiner ma destinée elle
formait une trace lumineuse qui m'émerveillait et m'enchantait.Tout
ça;c'était juste un peu avant que je plonge dans le purgatoire de
l'usine.
ODYSSEUS
Suite
impromptue
Passage
écrit en 2019 :
Aujourd'hui,
j'affirme qu'errer a toujours été pour moi une forme d'apaisement.
C'est parce que j'avais découvert qu'il n'existait pas de voie
lactée assez grande pour combler mes rêves d'élévation et de
transcendance que j'avais adopté cette stratégie pour survivre
Celui qui erre n'est jamais fixé, il n'est jamais établi, il n'a
aucune certitude, il doit sans cesse se tenir en éveil.
Cette situation est inconfortable,mais elle donne de l'élan .Si
je devais m'attaquer à toute la masse de confort et de médiocrités
que j'ai laissé s'installer en moi,je craindrais de ne pas pouvoir
faire face;alors je me suis réfugié derrière une idée sublime de
la vie. Si je voyais toutes les lâchetés qui se dissimulent
derrière cette idée du sublime , je pourrais m'effondrer,c'est
pourquoi ,j'ai décidé de marcher sans m’arrêter .Et si ,je
reste étendu sur la rive à présent ;c'est uniquement pour
méditer devant le grand fleuve qui s'écoule.A travers lui, je
regarde ma vie qui passe .Je me contente d'être à l'unisson des
sensations contradictoires qui m'atteignent; je contemple en rêve
les milliers de pages de brouillons, que j'ai abandonne derrière
moi.;ces brouillons,c'est devenu le roman d'Odysseus;dedans je peux
contempler les fastes immobiles de l'éternité ;je me donne
l'illusion de rejoindre les chants d’Homère;je serre dans mes
bras le visage d'Orphée comme l'avait fait avant moi la jeune fille
peinte par Gustave Moreau..(Photo du tableau ).
J
Journal du 22
Mars 2019 :
Rivage
Rêveries
immobiles
Rien
que le ciel bleu, d'un bleu limpide en fond d'horizon, juste quelques
blancs lacets qui traversent la beauté du ciel. Un pigeon perché
sur une partie du toit reste seul à rêver. Sur un fragment du mur,
près de l'escalier là-bas, l'ombre d'un sapin dont je vois juste la
cime. L'autre partie est cachée par le mur de l'atelier qui me fait
face. Je suis assis ici et j'observe nonchalant le ciel. Le soleil
qui me réchauffe va bientôt disparaître ; dans quelques
instants, la chaleur de ses rayons ne m'atteindra plus. Ma principale
tâche, c'est d'assister à la disparition de cette très noble
entité. C'est une tâche qui n'est pas compliquée, mais il faut
quand même la mener à bien. Sur le fragment de mur près de
l'escalier, j'aperçois seulement l'ombre du pigeon. À cette heure,
le soleil se retire. Je sens la froideur qui revient. Je profite de
ces derniers instants pour boire mon thé. J'observe sur le ciel
légèrement bleuté une grande traînée blanche, c'est celle d'un
avion. Il est à peine seize heure, nous sommes au début du
printemps, le vingt-deux mars de l'année deux mille dix-neuf.
J'aperçois des fleurs qui émergent de chaque côté de moi, le
soleil est parti. J'ai froid. Un superbe éclat de lumière jaillit
de l'immeuble là-haut !.A présent,je dois partir, j'ai froid
.Ce monde est plein d'imprévus. Derrière l'immobilité de chaque
chose, je vois se profiler un
mouvement secret .Ma
vie n'est pas si banale que je croyais;elle peu encore m'émouvoir
,moi Odysseus je peu encore jouir de la vie avec un certain panache.
Dans ce
monde
La beauté
n'advient que par cours instants.
Elle
surgit comme une brillante voie lactée.
Qui
laisse apparaître dans son sillage
D’infiniment
petits voiles de clarté
ODYSSEUS
DANS MON
JOURNAL J'AI ENCORE ECRIS CA.
Ce
matin ,je me suis réveillé à mon heure habituelle, vers six heure
trente.
J’ai
adopté ce rythme,depuis que j'ai pris l'habitude d'écrire une ou
deux heures le matin
Lorsque
j'ai ouvert la porte qui donne sur la terrasse ;
J’ai
aperçu une brume épaisse qui colorait le paysage.
Dans la
brume, on distingue de nouveaux reliefs
Savourer
leur présence et écrire me plaît
.
Je
voulais coucher sur le papier mes impressions du moment.
Un livre
à mes côtés.
Les
rêveries de Rousseau,
J'en lis
et relis abondamment des passages.
Je trouve
dedans de quoi accompagner mon voyage solitaire
A travers
l'écriture.
Mes
rêveries font du sur-place.
ANNEES
2019
ODYSSEUS
AUTRES REVERIES
Un
oiseau chante, j'écoute le son d'un avion invisible qui vol là-haut
dans l'azur, j'observe la substance de ma vie à travers les reflets
du paysage. Je recherche quoi ? À vrai dire… Rien… peut être à
capter les élancements de mon cœur et les vacillements de mon âme.
Je ne recherche rien, je regarde les brumes qui s'élèvent aux
abords des immeubles et leurs ombres transparentes me suggèrent de
me tenir à bonne distance de tout. Je veux m'abriter dans le miroir
de ma mémoire À travers elle, j'aperçois mon présent, mon passé,
et certains fragments du monde qui fuit. Le chant d'un oiseau
m'indique que je suis juste un rêveur de passage ...l'éternité
m'aspire.
ODYSSEUS
POURQUOI J' ECRIS
En
relisant Un petit éloge de l'errance
(Folio) de Akira Mizubayashi; professeur franco-japonais je vois
ressurgir de vieux rêves. Mes pensées se jettent sur moi . Ma vie
embellie par l'étendard imaginaire de ma prose n'est plus qu'un
ancien mirage. Je suis repris par l'idée changeante que ma vie est
un désert ;je ne vois plus se dessiner l'harmonie tant désirée.
Les fragments autobiographiques de ma vie dévalent sans ordre ,ils
se jettent dans un roman imaginaire .Est ce que je cherche
uniquement à satisfaire mon ego en écrivant ?
ODYSSEUS
(suite
sombre)
Juillet
2019 :
C'était,
je crois, après la lecture de ce livre -Autobiographie d'un yogi que
je m'étais retrouvé dans l'embarras- .Ce livre m'avait captivé,mais
l'instant d'après, la simplification extrême de son propos me
heurtait. J'avais fais il y a fort longtemps l'expérience de la
Kundalini cette puissance cosmique magistrale m'avait porté si
haut que j'aurais voulu la revoir .J'avais pu, durant une fraction
de seconde, entrevoir la beauté stupéfiante du ciel et j'étais
sidéré. C'était le livre des Upanishads
qui m'avait permis de faire ce voyage.
En plongeant presque par inadvertance dans l'autobiographie d'un
yogi,* j'avais l'impression de replonger dans le labyrinthe de mes
déambulations anciennes.Dans les années 70.,j'étais étudiant en
théâtre ,je marchais sur les pas d'Artaud. J'étais à la recherche
d'une transcendance .Quelques temps plus tard, en poursuivant mes
études, j'avais découvert les Rishis. J’avais trouvé en eux le
savoir céleste qui hantait mon imagination;ce savoir datait de
l'Inde antique bien avant l'époque des Vedas. J'avais gardé sous la
main Les Upanishads
du yoga un
livre qui datait du temps de mon adolescence. Assis
sur une chaise, j'avais pratiqué les exercices de respiration des
Upanishads
.J'avais vu surgir le feu de la
Kundalini.,cela m'avait éblouit.L'autobiographie d'un yogi me
ramenait à cette partie de ma vie .Les sorciers indiens d'Amérique
du sud pensaient pouvoir accéder à l'éternité en sautant dans le
vide;c'était ce que disait Castaneda*. C'était un voyage
illusoire,peut être utopique en tout cas dangereux ;je vénérais
ces folies . En pratiquant les exercices de respiration du yoga;je
sautais dans le vide Je voulais atteindre l'éternité.J'avais
entrevu le Graal ,j'avais été éblouit ,mais je ne l'avais pas
atteint; .J'avais compris qu'on n’accède pas à l'éternité
par un effort de volonté Accéder au Graal c'était un don du
ciel,il était donné à des être humbles et innocents .J'ai
poursuivi ma vie déjanté;j'ai continué à explorateur le
labyrinthe de ma psyché et à vénérer les êtres surnaturels
qui étaient allongés aux côté du Seigneur Bouddha Je restais
assis sur le bords du rivage;je contemplais les beauté du ciel.
Moi, Odyssée, je regardais le ciel sans vouloir le dévorer.après
toutes ces années d'errance, je croyais être devenu sage .
ODYSSEUS
Mars
2019
Un
voyage à Athènes
(7
heures) :
Dans la
chambre de l'hôtel Parnon, j'ai finalement installé mon ordi sur un
bout de table. Je me demandais si j'allais le faire ; je n'avais
pas envie de me lever, j'étais légèrement déprimé. Après notre
arrivé à Athènes hier en fin d'après-midi, nous nous sommes
promenés dans la partie de la ville où nous avions échoué. Notre
hôtel était confortable, mais un peu éloigné du centre. Assez
surpris et décontenancé par l'apparence de celle ville, nous avions
la curieuse impression avec Iris d'être tombés dans un monde
hostile. Les murs de la ville étaient sales, tristes et couverts
d'une multitude de tags. La nourriture, pourtant, était présente en
abondance dans tous les magasins. La variété des pâtisseries
m'étonnait. Je marchais en compagnie de ma moitié dans cette ville
fantôme plutôt bruyante. Cette ville était remplie par toutes
sortes de pulsations. Une faune cosmopolite peuplait cette partie de
la ville ; il y avait beaucoup de migrants en transit ici. Nous
voulions rejoindre le Parthénon (l'Acropole) à pieds, sans même
avoir idée de là où il se trouvait. J'avais l'impression de
traverser une ville fantôme. Le conte éblouissant de la Grèce
antique se transformait en cauchemar. Athènes ressemblait à une
ville misérable;elle était couverte de signes primaires et
d'écritures sauvages.
07 Mars 2019
au matin:
Dieu
soit loué ! Ce matin, il faisait un beau soleil. Après une nuit de
sommeil,nous nous étions remis de notre cauchemar d'hier .Il
suffisait simplement de prendre la ligne rouge du métro pour
accéder à l'Acropole, la ville base n'était qu'une infime partie
de la ville réelle, nous a expliqué le réceptionniste, un jeune
homme au regard bleu.
Il nous a donné un plan.Des amis
tagueurs m'avaient fait l'éloge d’Athènes, je ne savais pas à
quel point c'était vrai,hier j'ai compris ! .Aujourd'hui tout
semblait différent;la présence de nombreux touristes qui marchaient
comme moi, avec leurs portables dans la main,ne me dérangeait pas,je
marchais avec eux vers l'acropole .Le temps s'était dilaté.
J'avais relu récemment Le
Colosse de Maroussi.d'Henry Miller Le
voyage qu'avait fait Miller en Grèce,m'avait subjugué. Il
continuait à déverser ses histoires enchantées sur le monde avec
une belle vitalité .J'aurais voulu faire comme lui.La civilisation
occidentale avait vu le jour sur cette montagne blanche l'acropole ;
moi, touriste de l'ère liquide j'observais la dimension sublime,
intemporelle, presque irréelle de ce monument; mais j'étais devenu
sceptique sur les chances de survie de notre civilisation.
Les épaves
rouillées de nos satellites erraient déjà dans l'espace;elle
faisaient un tâche sombre sur la voie lactée . C'était un rêve
de fin des temps qui m'accompagnait depuis quelques temps; j'avais
cessé de croire à la civilisation des lumières.Les beautés
technologiques, les merveilles d'ingéniosité architecturales, les
splendeurs nées de nos génies scientifiques, les incroyables
avancées de la science ,les intelligences artificielles,
l’exploration récente de notre système solaire tout cela me
laissait de marbre.
9
mars
Hier
,j'ai cru apercevoir sur la colline de l'Acropole, rocher calcaire
situé à 156 mètres au-dessus de la mer,
un éclair joyeux ;en
escaladant les rochers de l'Acropole ,j'ai vu mon esprit
voyager
Je me suis vu en citoyen de l'ère
Kali Yuga (qui dure selon la cosmogonie hindoue 432 000 ans), ;il
nous resterait d'après cette vision 427 000 années à
vivre avant d'atteindre une hypothétique renaissance .J'avais le
vertige;je me foutais de connaître l'heure de ma renaissance. Je me
souvenais seulement d'avoir visité le splendide musée
d’Athènes;j'en étais ressorti ravis, comblé, presque écrasés
par tant de beautés;je regardais ces trésors depuis la cime d'un
nuage ;je m'estimais surtout heureux d'être en vie;c'était la
seule chose qui comptait.
Nous
repartons demain pour Paris.
ODYSSEUS
Quelques
plus ou moins bon poèmes que j’ai écrits pendant notre séjour
à Athènes :
Poèmes en
souvenir de LA DAME EN ROUGE
La
fleur est revenue
Elle berce
le grand rivage
Écoute
cette voix
Elle
descend
Du mont
joyeux
Où sont
éparpillées
Les
écailles du ciel
Un grand
dauphin gris se dresse dans le blanc de l’azur
Sa
cambrure folle
Jette
Des
icônes
Bleues
cristallines
Près des
eaux
Du rivage
Au-dessus
des vagues
Un oiseau
rase l'écume
Le baiser
bleu des vagues jette
Dans les
eaux claires de la mer
Une
traînée de soie
La déesse
rouge des temps ancien ma rejoins
Elle
tient une rose à la main
A ATHENES
J'erre
avec Iris ma compagne chinoise dans une ville endormie
Sur la
ville pleuvent des chiures
D’or et
d'argent
Oracle DE
L'ANTIQUITE
Hier soir
Des vaches
hindoues
Étaient
Enlacées
à
La voie
lactée
Sur les
blancheurs de l'aube
La déesse
contemplait l'azur
Tenant
dans ses mains un bol d'absinthe
Mon
âme fatiguée
Absorbait
La rosée
du matin
Un dauphin
mâle
En forme
d'enluminure
S’éloignait
du rivage
J'ai
aperçu
les
hanches arrondies d’Aphrodite
Un sein
rose
flottait
sur les vagues
ODYSSEUS
À cheval
sur l'aube
Valse de
l'amour dans tes bras
Je suis
Odysseus le marcheur céleste
À cheval
sur l'aube
Un pied
dans l'étrier
Je règle
mon compte à un songe
Dis-moi
Sphinx
Car
la question demeure
Ces
nouveaux argonautes
Dont le
cœur intrépide fonce dans l'azur
Sont ils
prêt à s’asseoir
sur le
tintement de la pluie !
POSTFACE
Comprendre
le monde
Un
texte libre issu de mon journal pour boucler le premier fragment du
livre d’Odysseus .
18 février 2019 :
C'est
peut-être en regardant le ciel ce matin, un ciel cuivré d'étoiles
à peine où à demi cachées, un ciel gris, noir baigné par les
lueurs du parapluie cosmique qui enserre notre planète, un ciel
badigeonné par des traînées meurtrières d'une beauté sidérale,
de simples traînées de laines ramollies laissées par les avions,
nos anges en fer brillant comme des oiseaux. Je regardais le ciel
dans l'air frais du matin, à peine éveillé, je regardais le ciel
par-dessus les dômes de la cité où je vis, encerclé par les
immeubles blanc dorés de la banlieue. Je regardais le ciel ébloui
par sa beauté sidérale.
J'ai
revu ma vie comme dans un film. Hier j'étais venu sur le marché,
près de la grande tour qui s'élance au milieu de Paris.J'en avais
profité pour m'allonger sur mon transat . J'avais passé ma matinée
à attendre un aimable amateur; j'avais toujours espoir d'en voir
surgir un. Le jour commençait à se lever. Pourtant, je suis rentré
dans un rêve. Dans ce rêve, je me voyais écrire la suite de mon
Odysseus.
Aussitôt après, je vis surgir des visages . Dans mon rêve, tout se
mélangeait car je vis aussi Andy Warhol, la star très médiatique
du pop art, qui regardait dans un miroir. Moi, j'avais pris de
l'ecstasy et je me voyais en train de marcher dans un squat lumineux
dans Paname. Je me souviens, je venais de prendre la résolution
(sous l'effet des psychotropes) de me lancer dans l'art. J'étais
sous l'emprise d'une inspiration proche des poètes surréalistes et
des penseurs soufis. Je marchais à côté de Warhol;je l'avais
rencontrés dans un vernissage à la galerie Hans Mayer de
Düsseldorf. Nous avons rédigé un manifeste sur une table d'un
bistrot. Nous étions convaincus qu'une révolution gigantesque
allait bientôt survenir. Je vivais un rêve insensé, je voulais
conquérir le Graal,je cartographiais mes états d''âme sur mes
tableaux ; je contemplais le monde à travers le regard des
Rishis, tout cela me revenait à l'esprit ce matin. Je revoyais un
morceau du rêve que j'avais fais devant une grande tour aux
allures de gratte-ciel .À mes côtés,un poète parlait d'une
femme, elle chevauchait un rayon d'or, ;une mèche blonde
défaite éclairait sa silhouette.
Que sommes-nous donc, ô chère ?
Vivons-nous
encore sur terre ?
Du temps
passé, de ses heurts,
Reste à
peine une rumeur...
Boris
Pasternak - Rendez-vous (1957) / De l'anthologie de la poésie russe
(P. 357)
Je vis
défiler ma vie
Odysseus
mon double
Se
reconnaîtra t'il
Dans ce
fameux bazar
Dans ces
lignes imparfaites ?
Fin
du Livre I
ANNEXES
/ NOTES
Note
01 (Page 07)
La
postmodernité est un concept de sociologie historique qui sert à
désigner la dissolution, survenue dans les sociétés contemporaines
occidentales à la fin du XXe siècle, de la référence à la raison
comme totalité transcendante.
Note 2 (Page
07)
« Saint
Jean D'astre » est le premier pseudo que j'ai utilisé pour
écrire.
Note 03 (Page 09)
Photo
figurant sur la première page des Écrits
; elle montre celui que j'appelle Odysseus (mon double) à l'âge de
vingt ans.
Note
11 (P.81)
J'ai utilisé
cette photo,Page 81, car elle donnait une idée approximativement
correcte du penseur que j'aurais aimé être.
Note
12 (P.88)
Je me
souvenais surtout d'une pièce dont je ne parlais pas dans mon
journal et qui me tenait à cœur. Elle s'intitulait Profs
aux balcons. Cette pièce était une
satire de l'éducation à la française. J'avais rassemblé sur petit
balcon bien visible du public un échantillon de professeurs de
toutes sortes ; ils représentaient une caricature violente de
l'enseignement, puisqu'ils enseignaient à l'aide d'insultes, de
harangues et de mots obscènes. Leurs élèves étaient attachés où
ligotés sur des tables d'écoliers. Cela montrait à quel point
j'avais une haine de l'école à cette époque, surtout une haine du
système d'éducation à la française, pour mettre en scène de
telles horreurs. Je voyais l'école comme une machine à démolir les
individus, j'étais acerbe et critique, je mélangeais les scènes
réalistes et les scènes imaginaires. Je ne sais plus d'où je
tirais mes références pour fustiger ainsi l'enseignement. Je
m'étais peut-être souvenu que j'avais reçu une forte gifle lorsque
j'étais élève à l'école primaire ; la seule que j'ai reçue
de ma vie. Je l'avais reçue d'un enseignant que je trouvais arrogant
et pédant. J'ai peut-être voulu me venger sur lui en caricaturant à
l'extrême le corps professoral. Pourtant, les scènes de Profs
aux balcons ne se déroulaient pas à
l'école primaire, mais dans un lycée où je n'avais jamais mis les
pieds. Je me contentais de déverser par le biais du théâtre une
hargne que j'éprouvais contre tout le système d'enseignement
officiel. Je travaillais sur une grille de lecture critique.J'avais à
l'esprit les scènes du Revizor
de Gogol, un certain type de références dadaïstes;des scènes du
Baal de
Brecht, que j'admirais à cause de leur caractère éruptif et
anarchiste,. Des réminiscences de l'œuvre de Jarry en tête, une
esthétique dramatique me renvoyait à ce qu'on appelait à l'époque
le « théâtre panique » J'adorais mettre en branle des
mécanismes qui dévoilaient l'hypocrisie hystérique des classes
petites, moyennes et supérieures que j'apercevais depuis ma tanière.
Ma tanière, c'était le monde du prolétariat textile où je vivais
en permanence. C'était comme ça : je voyais la société de
mon époque avec les yeux d'un révolté, d'un anarchiste, mais aussi
avec ceux d'un esthéticien marxiste influencé par l'écriture
dramaturgique de Brecht. Si je voyais les professeurs comme des
pantins, ce n'était pas que je les haïssais ; j'avais une amie qui
était enseignante et elle n'était pas un monstre. Je voyais la
société dans son ensemble comme un système de castes. La France
républicaine était dirigée par des petits notables qui
enseignaient l'art d'asservir plutôt que l'art d'être libre. Ils
usaient de leurs pouvoirs pour rabaisser les individus qui étaient
sous leur domination. J'étais en guerre contre la société
inégalitaire, je raillais les outrances du système élitaire
français. J'étais assez timide, doux et même relativement gentil
dans mon rapport avec les gens, mais je portais en moi un polémiste
acerbe,j'étais un penseur radical qui dénonçait l'hypocrisie.
J'examinais la société française avec l'œil d'un rebelle. Je
déconstruisais le système social par le biais de mes satyres portés
à l'état brut. J'avais une pièce intitulée Le
discours sur une planche,de la même
veine que Professeurs aux
balcons.J'avais placé penseurs;des
philosophes des scientifiques des hommes politiques , mais aussi
des hommes de spectacle sur une grande planche. Ils récitaient à
tour de rôle, et parfois ensemble, des discours (d'une beauté
mécanique comme celle qui traverse souvent les médias sonores). Des
hommes maquillés en femmes ( critique ironique de la hiérarchie
sociale) ils déversaient de l'huile sur les planches. Il en
résultait les pires choses le spectacle prenaient la forme d'une
pantalonnade ridicule et grimaçante. Sans doute cette pièce avait
pour but de me venger de ce que je devais absorber à longueur de
journée à la télévision. La vue répétée des caricatures de
discours pompeux et artificiels enfilés les uns après les autres
dans cette boîte à conditionner les esprits me donnait des
haut-le-cœur. J'étais convaincu de la nécessité d'user de la
satyre .J'aurais aimé être comme Daumier que j'admirais ; Je
regardais ce monde impitoyable avec une certaine délectation. J'en
observais tous les défauts ,pour mieux les combattre.Ma passion pour
la caricature était antisociale. Mon agressivité dramaturgique me
sauvait de la déprime. J'étais un héros clandestin qui sapait en
silence les fondamentaux de la morale bourgeoise. Je pratiquais la
vivisection sociale. Pourtant, si je croyais profondément à mes
activités dramaturgiques souterraines, j'avais peu d'illusion sur le
fait qu'elles puissent jamais émerger. J'avais un gros
défaut ;lorsque je m'imaginais mettre en scène mes pièces
pour de vrai ,j'étais démuni. J'étais trop timide et trop
orgueilleux pour les faire valoir ;si je pouvais admettre sans
peine que mes créations avaient des défauts, je considérais avant
tout qu'elles étaient géniales. Elles m'encourageaient à
développer de grandes rêveries ,qui m'enveloppaient dans le plaisir
futile de pouvoir engendrer.Ces pièces de théâtre étaient des
défouloirs.Elles étaient d'un égoïsme total. Pour moi, la
création, le fait de pouvoir créer, imaginer ou engendrer des
choses suffisait à mon plaisir. La concrétisation des choses me
paraissait secondaire. Cela m’a souvent amené durant ma vie à
engendrer des projets gigantesques que j'abandonnais derrière moi en
m'étonnant d'avoir pu les créer, mais surtout en m'étonnant de les
avoir abandonnés en route.J'ai abandonné régulièrement milles
projets derrière moi ,sans me douter que cela faisait partie d'une
stratégie nihiliste mise en place par mon ego ; je laissais mes
projets à l'abandon sans trop m'inquiéter, car je pensais que le
plaisir de les avoir imaginées était suffisant.Heureusement avec le
temps ,j'ai réussi à me convaincre de la nécessité d'en faire
émerger quelques uns.
Note
15 (Page 134)
Une
page des brouillons sur le même thème :
Le
moment où il prit conscience que sa vie pouvait revêtir un sens
nouveau, ce fut le jour où il se mit à œuvrer à son chef-d’œuvre.
Cette
crèche construite avec fougue et passion représente à bien des
égards une scène marquante de sa vie héroïque d'adolescent
idéaliste. Je dois me rappeler qu'à cette époque, ce qui primait
dans sa vie, c'était encore bien plus la passion de la peinture que
celle des livres. Il devait déjà à cette époque être inscrit
aux cours grands maîtres de peinture par correspondance ; ses
après-midi ou ses matinées en dehors de l'usine, il les passait à
dessiner et à peindre. L'histoire de la crèche est dans mon
sentiment de narrateur intimement lié au fait qu'on le montrait
déjà parmi les siens, comme un garçon presque exclusivement
passionné d'art, et surtout de peinture. C'est d'ailleurs
probablement pourquoi l'abbé (celui que j'appelle Pascal) et ses
camarades lui avaient confié le soin de réaliser cette crèche.
Les camarades de Saint Jean avaient décidé, connaissant ses
talents, de lui confier la réalisation de ce travail artistique qui
demandait un minimum d'aisance et de savoir-faire. Saint Jean avait
pour tâche d'illustrer à l'aide de son art une nouvelle manière
de voir qui était celle du groupe de Jocistes contestataires
galvanisés par l'abbé.
Le
temps est père de vérité.
Onzième
fragment de mes anciens Écrits
Passage
des Écrits
(2001), repris et transformé en 2018 :
Épiphanie
(Naissance à lui-même).
Cette
crèche qui marquait une rupture symbolique avec le cycle biblique
de son enfance révéla à Saint Jean ses propres aspirations à
créer, et il lui sembla que l'une des portes de sa rédemption à
lui devait passer par là. Par la création et par l'art. En même
temps que la révélation d'une profondeur subtile qui émergeait en
lui, la crèche marquait, éblouissante, la manière qu'avait l'abbé
G. (Pascal) d'enseigner à ses ouailles la parole de Dieu. Il laissa
la jeunesse dont il avait contribué à l'éveil s'exprimer en toute
liberté (Saint Jean était sans doute sa meilleure apparition).
L'abbé s'abattit tel un faucon de lumière sur l'assemblé des
fidèles en leur montrant du doigt Saint jean et ses camarades qui
étaient rentrés dans le combat pour la vraie, la pure et dure
vérité. Ils étaient rentrés dans ce combat avec l'extrême
ardeur et la candeur de la jeunesse, la jeunesse était le fer de
lance du Christ émancipateur et révolutionnaire que soutenait
Pascal. L'homme de foi était capable, avec le secours de Dieu, de
triompher de son existence médiocre. Dieu, cet être omniscient
intemporel, réglait en silence les destinées du monde et offrait à
chacun la possibilité de s'élever au-dessus de sa condition
terrestre. Saint Jean écoutait Pascal, ce prêtre au charisme
étincelant, il admirait son enthousiasme, sa générosité et sa
foi qui semblait sans faille, mais lorsqu'il se penchait sur cet
être de lumière, son propre cœur déambulait ; il observait
depuis le blanc tissage où il travaillait le calvaire où
s'écrivait sa destinée. Il ne voyait pas Dieu, il ne voyait que le
monde des hommes, leurs intrigues et leurs faiblesses. Seuls les
plus fort ordonnaient sans pitié les choses du monde. Dieu semblait
absent. Avant que celui que j'ai nommé Saint Jean dans un temps
ancien, puis Odysseus dans un temps nouveau ne prenne conscience que
pour s'éveiller à la vie il fallait beaucoup de persistance, et
surtout croire à ce que nous appelons un rêve extraordinaire qui
est la vie elle-même, il nous faudra apprendre la patience.
.
« Que
lent est le Vent - que lente est la Mer - et lointaines leurs palmes
! »
Billet
adressé à Sarah Tuckerman / Quatrains
et autres poèmes brefs
/ Emily Dickinson (P.185)
« Le
temps est père de la vérité », disait Rabelais.
Note
17 (Page 157)
Ces
jours-ci, j’ai repris une seconde fois l'immobilité, mais rien ne
s'est produit .J’ai retrouvé seulement un état extatique .
La jouissance que j'éprouve à ce moment est semblable à la montée
d'un orgasme. Alors, une bouffée d'énergie enveloppante fait
apparaître des iridescentes dans ma chambre. Je n'ai pas retrouvé
la sensation de lévitation si affolante que j'avais ressentie
précédemment;celle qui me donnait l'impression d'être soulevé et
transporté dans un espace hors-temps ,sans limite.
Je dois
entraîner mon corps -à cet état de perception étrange- que
j'ai observé lorsque je pratique la respiration alternée. La
respiration et l'attention jouent un rôle clé. Si je concentre mon
attention sur un point d'arrêt de la respiration (apnée), et si je
reviens à une respiration alternée, narine gauche fermée,
narine droite ouverte,- un phénomène de lévitation survient
presque immédiatement -. Les foyers de tensions et de résistance
du corps se dissolvent ;un afflux d'énergie puissant provoque
une facilité à respirer amplement - comme un nouveau né-.
J'ai localisé une partie de ma respiration à la base du ventre. Je
m'en suis servi pendant un certain temps comme point d'appui pour
poursuivre ma lévitation. Je n'ai pas enregistré clairement le
passage ou la montée (de la lévitation) se fait . -Ou bien je le
vois, mais je ne me l'explique pas-. Je me trouve désarmé
devant l'apparition d'un tel état .
C'est
lorsque la conscience ordinaire se dissout et saute à un autre
plan de conscience qu'un monde- sans limite ou hors limites
apparaît-. A ce moment ,survient la sensation de former -un
tout avec le tout-, et cet état surgît (étonnamment) à
l'apogée -d'une simple respiration-. C'est le cosmos
universel qui resplendit;il resplendit surtout -après une très
longue apnée-. C’est ce qui s’était déjà passé la
première fois. J'en ressors ébloui, mais je dois m'arrêter, -car
je ressens souvent à cet instant des points de tension derrière la
tête-. Mes points de tension se trouvent toujours derrière la
tête. Ce sont les mêmes que ceux que j'avais lorsque je pratiquais
très longtemps des mantras dans ma période bouddhiste.
Note du Dimanche 5 mai
1985 :
Après ces
états -de dissolution extatique -décrits plus haut ; je dois
noter certains effets secondaires qui m'invitent à prendre garde à
mon équilibre psychique- -. Ma vue souffre,une sensation de
déséquilibre survient. Je perds pieds avec les réalités.Mon
centre de gravité interne me semble se rigidifier. Je ressens une
tension extrême derrière la nuque, et mon regard, je dirais mes
nerfs optiques, sont tendus à l'extrême. C'est pourquoi, j'ai
décidé d'arrêter mes exercices de respiration. Je risque en effet
de provoquer un déséquilibre plus profond si je m'aventure plus
loin dans des zones que je n'ai pas les moyens spirituels d'investir.
Ma conscience n'est pas assez claire , je me laisse trop séduire par
des effets secondaires : l’iridescente ; la luminosité, etc.- Mais
il ne me semble pas que ma conscience intérieure se trouve
agrandie-. Je dois faire preuve de sagesse, et ne pas vouloir
pousser plus loin une investigation qui me semble trop volontaire et
qui risque de devenir artificielle. Je dois remettre cette expérience
à sa véritable place ; je dois trouver le chemin qui mène à la
prise de conscience naturelle de soi à soi vers le Soi.
Précisions
sur l'état de réceptivité qui résulte de la pratique méditative
:
Lorsque
la grande respiration est atteinte ; aucun effort ne devient
nécessaire ; toute volonté superflue s'envole d'elle-même, pour
laisser place à un grand calme. Toutes les crispations inutiles se
dissipent. Le corps central de la respiration redonne au corps
physique sa place exacte par une sorte de mécanisme auto naturel.
D'une certaine façon ; la présence du corps physique devient
secondaire, au sens où la présence physique de ce corps n'est plus
ressentie comme un obstacle. Le corps physique devient une présence
moléculaire qui s'harmonise avec le flux des énergies
respiratoires.
Note du 15
mai au soir
(J'ai
pris ces notes juste après la réunion du groupe T°)
J'ai
repris une fois encore la posture immobile et l'afflux des énergies
est revenu, un peu comme auparavant, mais cette fois, j'ai fermé les
yeux. J'ai donc senti plus distinctement l'afflux énergétique
monter en moi. Toutefois, j'ai arrêté la séance après un moment,
car j'étais mal,j'étais perturbé.
Le
lendemain, c’est comme si une grande douceur s'était déposée en
moi. Je la sentais présente, mais dans la journée et aujourd'hui
encore, je n'étais pas bien centré. J'avais le sentiment qu'une
force m'étirait la tête et l'enveloppait d'un étau doucereux et
transparent, sentiment de ne pas être centré, sentiment léger
d'irréalité. Ma décision de suspendre
les séances est devenue plus ferme, car le sentiment d'irréalité
qui existe toujours crée un flottement invisible entre moi et les
choses. Je ne me sens pas bien;j'ai le sentiment de planer,je
ressens un trouble en moi. Je dois retrouver mon axe intérieur.
Ce
matin, je sentais, et je sens encore, le besoin de m'alléger. Je me
sens lourd, lourd dans mon corps, lourd dans mes vêtements.
Je dois acheter d'autres chaussures, plus légères,
trouver un pantalon plus léger également et traverser cette période
avec le plus de légèreté possible. Avec transparence et légèreté,
mais aussi avec vitalité. J'ai besoin de trouver une forte vitalité
pour réveiller mes espaces devenus trop évanescents .Les problèmes
matériels font pression sur moi. Je dois
utiliser l'obstacle matériel qu'ils me posent pour m'alléger encore
davantage -Me
réveiller intérieurement dans l'action-.c'est
la nécessité qui commande.Je suis
acculé à changer et à me transformer.
Sans date:
MES FAILLES.
J’aimerais
que ma réflexion trouve une prise. Mettre en route un processus de
réflexion suppose qu’une dynamique s’installe. Quelque part,
j’ai le sentiment que la réalité profonde du monde m’échappe.
Est-ce que je désire m’affranchir de mes entraves ?
Krisnamurti que je suis en train de lire ouvre une porte, mais est ce
que cette porte qu’il ouvre, je désire réellement l’entrouvrir
avec lui ? Krisnamurti ouvre une porte à la compréhension, il
ouvre une porte à ma propre compréhension, mais ma propre
compréhension a-t-elle le désir de se manifester ? Se libérer
du connu, m’affranchir de mes propres conditionnements, porter un
regard neuf sur les choses, cela ne peut s’opérer que si j’accepte
de laisser tomber toutes mes rigueurs mentales. Mon désir de
comprendre, est-il plus fort que mon désir de m’affirmer ? Le
processus entier de ma pensée est conditionné par un réflexe
d’affirmation. Affirmer ma propre identité me paraît encore plus
important que de comprendre le fonctionnement intégral de mes
pensées. C’est que j‘ai peur d’une recherche qui déboucherait
sur la non-affirmation de mon ego. J’aurais peur de m’y perdre,
d’y perdre des plumes. L’idée de me séparer de mes désirs me
paraît insurmontable. J’associe cette chose à un état de
destruction. L’idée même que cette chose soit possible ne m’a
jamais effleuré en vérité.La source de attachements est trop
profonde. Je ne saurais m’en libérer par une simple prise de
décision. En réalité ,j’ai une connaissance de moi-même assez
superficielle, cela découle de ma paresse. Je préfère me laisser
vivre, plutôt que de faire effort pour me comprendre.La
compréhension m’échappe. Je suis trop ancré dans mes désirs.
Mes désirs sont indistincts, flous et changeants. Je sens, que je
dois abandonner toutes mes références.
Non daté :
Équilibre
sur un fil, je suis en attente. Attente de quoi ?
Le fil est
souple, pourtant d’une grande fragilité, le fil est tendu, trop
tendu peut être ?
Mon action
est arrêtée à cause de quoi ?
Le mouvement
de création s’est arrêté aussi.
Est-ce
seulement des causes matérielles qui m’arrêtent ?
Je n’aime
pas ces moments (ces moments où la dynamique du silence me fait
peur).
J’hésite,
je reste sur place, cette immobilité m’effraye, car je sais
instinctivement qu’elle est dangereuse. Ce n’est pas une
immobilité voulue. Je me suis arrêté uniquement par peur du vide.
Le vide me
fait peur.
Marcher dans
le vide n’a pas de sens me dit mon intellect.
Mon
intellect crée l’obstacle. Il est le fabricant de mes peurs.
UN AN PLUS
TARD
8 mai 1986 :
Nécessité
de reprendre quelques notes « hors temps » en quelque
sorte. Je suis spirituellement en phase de transit, sans doute est-ce
pourquoi je paraphe par hasard ce cahier en suite à ce qui est donné
dans ces pages. J’aspire toujours - à
une transformation intérieure-, je
n’aimerais pas qu’elle s’accomplisse sous le couvert d’une
fuite, En écrivant cela, je me sens un peu stupide, mais je ne
trouve pas d’autre formule pour m’expliquer.
Je
suis partagé entre le désir de me laisser aller et de dériver pour
nul part.L’ennui et la monotonie m’effleure ces temps-ci .
J’ai
repris ce matin la posture centrale. Je sens qu’une pratique lente
et régulière de la posture est nécessaire - si
je veux ouvrir ma conscience -
.
BIBLIOGRAPHIE
Quelques
inédits de J
Les archives
d’Odysseus
:
- Tiempo nuevo
(Roman)
- Les
écrits bruts (contiennent les
brouillons autobiographiques de J, ainsi que ses brouillons poétiques
(1970-2019)
- Les chroniques et
journaux intimes rédigés par J. depuis l'âge vingt ans, des
extraits archivés de ses pièces de théâtre, dont une partie du
Journal d'un fou en campagne,
écrit durant son service militaire, le manuscrit de La
vie fantasmagorico-fantastique d'Arthur Planck,
des extraits de son essai poétique sur La
Folle légende des squats célestes
Livre I et livre II, une autoédition de sa monographie artistique.
En préparation :
- Odysseus
Tome I, Livre II.
CHAPITRES
Avis aux
lecteurs P.05
Préface P.11
Avis aux
lecteurs P.15
Ma vie d’avant
celle-là P.19
Okapoulkofou (le
voyage) P.25
L'art du
soliloque P.27
La nouvelle poésie
moderne P.32
Mes premiers écrits sur
Saint Jean P.38
Une page de
dénonciation P.43
Qui suis-je
? P.45
À la poursuite de mes
chimères P.49
Le tisseur (léger
fragment de mémoire) P.54
Mes écrits
anciens P.57
Voyage dans ma
mémoire P.64
Intrusion dans ma vie
réelle / Journal en miettes P.83
Deux brefs extraits de mes
écrits imaginaires P.101
Poétique I - Saint Jean
D'astre P.104
Rivage
P.113
Un poète égaré
P.127
La reprise d'un roman
laissé à l'abandon P.132
Un roman
difficile P.147
Transat
P.160
Odysseus
aujourd'hui P.162
Suite de mes
pérégrinations P.168
Suite de ma vie
héroïque P.173
Rêveries
immobiles P.187
Annexe, notes
P.207
Bibliographie
P.215
Biographie du
peintre P.218
BIOGRAPHIE
DU PEINTRE
JEAN STARCK est né en 1948 dans les
Vosges. Il travaille dans l'industrie textile durant quelques années,
puis, en 1974, il part à Paris pour y étudier le théâtre. Il
rêvait alors d'être dramaturge. En 1979, il abandonne ses ambitions
théâtrales et renoue avec la peinture qui fut sa première
vocation. Il revient à la peinture en 1979 à travers ses Travaux
de Renaissance,
série remarquée par Jean Dubuffet, qui lui achète plusieurs
peintures pour les placer dans une annexe de ses collections
personnelles. « Lorsque j'ai recommencé à peindre, en 1979 »,
dit-il, « je l'ai fait à la suite d’une crise
intellectuelle. J'ai survécu à cette épreuve grâce à la
peinture. C'est pourquoi j'ai appelé ces travaux peints des Travaux
de Renaissance ».
Durant cette période, je replonge dans la peinture avec frénésie
et peint avec tout ce qui me tombe sous la main, en utilisant du
carton, des matériaux d'emballage, et surtout des anciens livres et
des journaux. Je peint avec du café, du noir de fourneau, parfois
avec du mercurochrome. Jean Dubuffet, tombe amoureux de mes
peintures, et m'achète entre 1980 et 1982 une trentaine d'œuvres. À
la même époque, je crée le groupe Transmigration avec mon ami le
poète Manuel Rodrigues et d'autres artistes amis. Le groupe
Transmigration travaille sur les origines cosmiques de l'humanité :
« Regarder le monde
comme un primitif, peindre sans peindre, peindre comme un chaman ».
C'est la formulation que j'utiliserai durant cette période pour
qualifier ma démarche. Chercher à capter l'origine sacrée de la
peinture, retrouver les gestes premiers du peintre,redonner une
dimension cosmique à l'humanisme ,c'étaient les objectifs que
s'étaient donnés les Transmigrationistes Dans la foulée, Je
participe au mouvement Art-Cloche, mouvement néo dadaïste né dans
un squat artistique parisien. Le groupe devient l'inventeur
emblématique d'un style d'art urbain qui s'incarnera dans ce que les
médias appelleront « L'invention des squats artistiques en
France ». Les artistes du mouvement incarnent une impertinence
qui égale celle de Dada, Cobra et Fluxus, dont ils revendiquent la
filiation. Ils créent avec des matériaux de récupération,
détournant les objets par des techniques de collage et de
d'assemblages hétéroclites. Le groupe Art-Cloche lance le mouvement
alternatif d'occupation et de recyclage des friches urbaines.
Entre1979 et 1989, il se déplace en Europe et établit de nombreux
échanges avec les artistes urbains européens qui travaillent dans
la même optique. Le groupe Art-Cloche, dans les années 80, devient
de plus en plus médiatique. Il engendre une scène alternative
urbaine qui a ses prolongements à travers les ventes d'art publique
(les ventes aux enchères). Les nombreuses manifestations qu'il crée
engendrent un mouvement qui va perdurer, puisque en 2001, le Palais
de Tokyo consacre une rétrospective au mouvement, conférant une
dimension historique à ce dernier. En 2004, Je crée le N.A.U.
(Nouvel Art Urbain) qui réactualise ma période urbaine. Après une
rétrospective de mes travaux à Épinal, je continue à peindre dans
une veine de plus en plus libre, car je n'ai jamais cessé de
revendiquer l'art de créer, comme celui d'une liberté totale. À
partir des années 1990, j'entreprend d'écrire des chroniques qui
décrivent mes errances dans l'art. En 2001, je rassemble celles-ci
pour en faire un roman que j' intitule Les
Écrits (Mes brouillons).
(jamais édité ) En 2020, je décide de reprendre mes écrits est
d'appeler ça Odysseus.
À cette occasion, j'utilise un pseudonyme J.
PAGE
123 LIVRE 2
LE JOURNAL D'ODYSSEUS
Avril 2019.
Je me demandais ce matin
où le voyage de celui que j'appelais Odysseus allait le mener.J'en
étais à peine au début du commencement de mes récits,et je
désespérais de jamais parvenir à rendre clairement l'objet de ce
voyage qui avait prit toute une vie.Je relisais les notes que mon
alter ego avait déjà pris sur ce voyage;je me demandais,si ce
roman
existenciel dans l'état où il l'avait abandonné était bien celui
que je voulais écrire.On ne sera pas étonné à la lecture de mes
réflexions de trouver de la pertinence à cette tentation que
j'avais à présent de voir à l'oeuvre dans mes anciens écrits
-un
roman de l'écriture-
.En suivant la trame des récits que j'avais déjà rédigé,je
croyais assister à l'engendrement d'une oeuvre littéraire en
marge de la littérature .Les
notes que je fixais quelque fois en marge de mes manuscrits ,comme
celle que j'ai placée un peu plus bas;étaient destinées à faire
partager au lecteur mes façons d'écrire,et mes façons de penser.
J'avais placé cette note ici ,car je tentais d'effectuer un
rapprochement avec ma vie d'adolescent et mes obsessions d'homme mûr
.Certaines de mes obsessions d'homme mûr rejoignaient directement
peut être sans que j'en soit tout à à fait conscient ma vie
lorsque j'étais encore un simple adolescent;m'étais revenu à
l'esprit à cet instant ,un texte que j'avais écris,dans mes
chroniques de 2008 ;j'avais pondu ces jours là sous l'effet de
l'excitation ou de la fébrilité un texte intitulé -Fragment
d'écriture en expansion vers l'infini-
,il
me venait à l'esprit que les textes que l'homme de soixante ans
pondaient ,ne correspondaient plus qu'à une vaine tentative pour
faire coincider ma vie réelle avec une vie fictive qui était fait
de grandeur spirituelle et faisait
que ranimer ce désir d'immensité
;et que je ne parviendrais jamais à atteindre le désir d'éternité
qui mé'treignait depuis toujours .Si en
faisait partie ;c'est pourquoi je
plaçais réguliérement sur ma route des signes qui me rappelaient
son existence ;c'était uniquement pour ne pas manquer à mon devoir
de mémoire;car un jour je m'étais promis de ne jamais abandonner
mes rêves d'absolu et mes désir de transcendance.En me relisant
j'avais que
l'adolescent avait déjà aaperçu
quelques quarante années en arrière le jeune adolescent qui
vénérait Spinoza comme un maitre presque absolu et je m'étais
promis de lui rester fidéle;d'autant que je me reconnaissait
aujourd'hui encore dans son affection pour le philosophe solitaire.
Mais dans le vif de mes brouillons ,il y avait aussi des moments de
folie qui m'invitaient à être plus discerne;car bien souvent
j'écrivais aussi des conneries .C'est pourquoi je les avaient
placées sur mon chemin,pour me rappeler que j'écrivais aussi un
essai ;à travers cet essai j'essayais aussi de me rende compte de
mes bétisses ; si dans le vif de mes brouillons se tenait un roman
;il y avait aussi une réflexion sur les vérités et les mensonges
de l'écriture.
actuel d'écrivain)
RÉFÉRENCES
E EXPOSITIONS
1988 :
Vive l’Art Cloche
dans le métro Parisien
/ Galerie Art-Cloche / Paris
1990 : Foire Internationale d’Art Contemporain -
OFF / Paris
1992 : Galerie Zebra / Amsterdam (Pays-Bas)
1992 : Galerie Le Minotaure / Michigan (États-Unis)
1993 : Galerie MU / Vittorio Venetto (Italie)
1995 : Salon d’Art Contemporain de la Bastille /
Paris
1997 : Exposition privée / Hong-Kong (Chine)
2000 : Biennale Internationale de Shanghai (Chine)
2002 : Rétrospective Art-Cloche / Palais de Tokyo
/ Paris
2003 : Exposition collective avec les artistes de
l’Institut des Beaux-Arts de Kunshan (Chine)
2004 : Osaka (Japon)
2006 :
Exposition La
Métamorphose des matériaux
/ Paris
2006 : Tas d’esprit et Dada Art-Cloche / Shanghai
(Chine)
2008 : Atelier nomade / Norwalk / Los Angeles
(États-Unis)
2008 : Galerie Marie-Claude Duchaussal / Paris
2010 : Exposition au CRANE / Bourgogne
2011 : Marché Street Art / Saint-Sulpice / Paris
À partir de 2010, il rejoint la galerie
« l'Imprimerie » de Chartres puis celle d’Amiens
À partir de 2012, la galerie « Paris » au
Luxembourg
À partir de 2015, la galerie « Lithium » à
Paris.
Autoédition :
La
collection privée d’un artiste squatteur
- Jean Starck / Nau Éditions
Trente
années d’activités artistiques souterraines
- Jean Starck / Nau Éditions
Un
primitif moderne IV Catalogues
- Jean Starck / Nau Éditions
L’exercice
de l’Art - Jean
Starck / Nau Éditions
BLOGS
Jean Starck est
répertorié dans le Bénézith, qui est la référence officielle du
marché de l'art (volume 13) et dans de nombreux autres sites de
vente, dont Art-Price.
NOTICE
A PLACER EN FIN DE LIVRE
Odysseus
est une
autofiction.
Le
«moi» épique de J, mon alter ego, cherche sa place au sein d'un
monde bouleversé par les aléas de la mémoire. J, mon alter ego,
tente de se remémorer sa vie à travers les brouillons de mes
anciens écrits. Ces brouillons servent de fil à cette odyssée. J,
mon héros, c'est moi, transformé au fil du temps en un autre, en
une sorte d'Odysseus. Ce «moi» imaginaire est en voyage. Il
reconstruit ma vie à travers les diverses tentatives romanesques et
poétiques que lui livre mon passé. C'est avec ça qu'il doit se
débrouiller, c'est avec ça qu'il doit construire une histoire. Le
narrateur voyage dans sa mémoire comme sur les mers. Il est
Odysseus, il se perd, se retrouve et les récits (les récifs) qu'il
met à jour deviennent des épopées qui se désagrègent ou se
restaurent au fil de sa mémoire (ma mémoire). Pour J, ce sont
uniquement les poètes (les visionnaires) qui racontent l'histoire.
Odysseus est le héros mythique, énigmatique, admirable, qui court,
silencieux, à travers ma vie.
J,
13 décembre 2018
ANNEXE
Voila ce que je
disais J de Transat :
page
152
TRANSAT
date de 1998. Cette tentative de roman, marque un tournant dans le
travail d'écriture de J- Comme le dit J à plusieurs reprises dans
ces pages, Transat n'est que la tentative de reconquête d'un projet
d'écriture qu'il avait conçu une quinzaine d'années auparavant,
alors qu'il était encore dans l'incertitude sur sa vie.Ce projet de
roman qui le hantait à l'époque, portait un autre titre il
s'appelait - Nuit
aux pôles-
. J ne parvint jamais à accoucher de ce roman mythique. C'est
seulement en 1998, qu'il tente de retourner sur les traces de son
passé d'écrivain raté. Il tente d'exorciser à travers l'écriture
de Transat , sa vie ancienne. Il tente à la lumière de sa vie
présente, (qui est devenue radicalement différente ) de
reconstruire les visions qui formaient l'armature de Transat.
C'est
à travers l'écriture de Transat qu'il met à jour presque sans s'en
apercevoir au début, le travail des - écritures
simultanées-
qui va devenir une stratégie clés dans la rédaction DES ECRITS.
Naturellement
comme à son habitude, J abandonne la rédaction de Transat au bout
de quelques mois. Il n'oublie pas toutefois de sous titrer ce travail
d'une façon à ce qu'il n'y ait pas de confusion sur sa destination,
il fait de Transat - un roman inachevé -.
Deux
ans plus tard ,vers l'an 2000, il s'attaque à là rédaction DES
ECRITS ( qu'il intitule encore (au début) - les
mémoires improvisées-
son projet est de raconter sa vie ( sans plan préconçu) c'est à
dire d'une façon spontanée. ). Très vite il s'aperçoit , qu'
écrire sans se corriger, est une entreprise , presque impossible;
mais surtout, il redécouvre à travers la rédaction des ECRITS une
forme de principe narratif - spatio-temporel - qui était celui de
Transat - c'est le principe des narrations simultanées. Pour rendre
compte de la complexité d'un être ( le sien ) il doit inventer des
procédés narratifs inédits ( inédits
jusqu'au moment ou il découvrira plus tard chez Jacques Roubaud une
partie de ceux là qu'il avait mis à jour )
Il redécouvre pour l'instant une partie des procédés narratifs
qu'il avait mis au point dans Transat et il tente de les
perfectionner.
Le
principe narratif qu'il exploite se résume grossiérement en ceci
:Un individu n'est pas composé d'une seule forme, mais de plusieurs,
c'est toutes ces formes ( l'une après l'autres ) qui doivent êtres
exploitées si on veut rendre compte de l'étendue de soi.
Les
ECRITS synthétisent toutes les obsessions d'écriture de J. et
Transat en est la préfiguration . Dans Transat il tente déjà à
travers un certain - projet
de mémoire-
de reconstruire sa vie , (sans être jamais certain de jamais y
arriver, car il découvre que la vie lui échappe, que la vie est
mouvement). A partir de cet instant J comprend que c'est le mouvement
changeant de la vie qu'il doit d'écrire . Dans Transat c'est ce
mouvement changeant qu'il tente de capter; il le fait comme le ferait
un écrivain sysmographe ( un scripteur) auquel il va s'identifier
souvent par la suite.
Dans
Transat J est à la fois un nomade et un observateur détaché de lui
même , et surtout peut être un nomade et un observateur détaché
et parfois énervé de
sa propre écriture ,
car ormis sa propre vie, c'est aussi la vie troublée de l'ecriture
qui l'intéresse, celle instable de ses écrits présents celle
imparfaite de ses écrits passées.
Persuadé
qu'il est depuis toujours, qu'elle porte en elle ( l'écriture) des
secrets qui bouleverseront la vie des hommes toute entière
lorsqu'ils seront révélés, ll n'a de cesse de la mythifier.
Transat
ne sera disponible à la lecture que sous une forme fragmentaire(
c'est un projet inachevé) .Comme la totalité des manuscrits n'ont
pas été mis en forme, il faudra attendre quelques temps
vraisemblablement avant de pouvoir en consulter des passages.Nous
signalerons le jour venu leur mise en consultation sur le blog.